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Résumé Le Provencal

du 12 mai 1976

 

O.M. : LA DOUCHE "ECOSSAISE" !

Les Nantais l'emportent logiquement face aux Marseillais (2-1)

La victoire contre Angers a-t-elle contribué à décontracter l'O.M. plus qu'il n'était souhaitable ? Après le tirage au sort des demi-finales, l'équipe marseillaise avait-elle l'esprit davantage tourné vers la Coupe ? Ce sont pourtant des questions que l'on peut se poser après cette défaite contre Nantes, et la troisième de la saison au Stade Vélodrome. Toujours est-il que cet échec, alors que Marseille se reprenait à espérer en son équipe favorite, a jeté un froid sur les supporters.

L'O.M. fit pourtant de louables efforts pour renverser une situation contraire. Mais, à ce moment-là, les Nantais avaient deux buts d'avance (ils avaient même failli avoir trois). Vous avez compris que cette équipe marseillaise, pas pire ni meilleure qu'auparavant, avait encore une fois gaspillé pas mal de minutes précieuses. Après les joies de la Coupe, c'était en tout cas une sorte de douche froide.

UNE MI-TEMPS POUR RIEN

A la mi-temps, les spectateurs marseillais, qui sont on le sait intransigeants, avaient sifflé le retour aux vestiaires des deux équipes. On ne peut pas dire, bien sûr, que l'O.M. et Nantes avaient offert un spectacle inoubliable. Mais enfin, les deux formations s'étaient tout de même efforcé de pratiquer, chacune avec ses moyens, un football le plus agréable possible. Que le résultat de leur entreprise n'ait pas toujours été positif, c'est un fait. Mais, disons-le honnêtement, nous avions vu pire cette saison au Stade Vélodrome.

Ceci précisé, et pour donner de ce match une idée aussi fidèle que possible, ajoutons que les Nantais, sans doute plus concernés que leurs adversaires par le résultat, n'ont jamais donné l'impression, au cours des quarante-cinq premières minutes, d'être des prétendants au titre de champion de France.

Si le match était de qualité quelconque, ils portaient une grande part de responsabilité. Si l'on excepte quelques tirs de Michel, pas très dangereux au demeurant et un coup franc de Gadocha, Migeon n'eut pas à se surpasser pour garder ses filets inviolés. Nous attendions mieux, avouons-le, de cette équipe nantaise, dont on disait, il n'y a pas si longtemps, qu'elle était un successeur possible des Stéphanois. Un jeu plaisant, étudié, fouillé même, mais qui restait au bord de compte d'une désespérante inefficacité.

Et l'O.M. dans tout cela ? Et bien, nos braves joueurs marseillais faisaient preuve comme à leur habitude d'une louable bonne volonté. Les uns et les autres se démenaient même comme de beaux diables pour surprendre leurs adversaires d'un soir. Mais toutes leurs actions, il faut bien l'admettre, étaient menées, non pas dans le désordre, mais du moins sans grand génie, et en tout cas sans vivacité suffisante pour contourner la défense nantaise, bien regroupée autour de Rio et de Denoueix.

Le tout donna un 0 à 0 à la pause. Un score nul, ce n'est pas nouveau, qui ne fit rien pour faire dresser le public sur les gradins. En fait, c'était l'O.M. conforme à l'image qu'il nous avait montrée pratiquement depuis le début de la saison. Un honnête artisan du football, qui essaie de faire son métier le mieux possible, mais qui, hélas, n'est pas toujours habité par l'inspiration. Nous aimerons trouver des arguments, voire des circonstances atténuantes à cette équipe olympienne, mais si elle dut s'incliner, hier soir, devant une formation nantaise qui était bonne à prendre, répétons-le, elle doit en premier lieu s'en accuser elle-même.

UN COUP DU SORT

Cependant, voyez-vous, quand deux adversaires, pour toutes les raisons que vous venons d'exposer, ne parviennent pas à s'imposer de façon évidente, c'est souvent le sort, ce fameux coup de pouce du destin, qui finit par les départager. C'est exactement ce qui s'est passé, hier soir. Rien à dire que le premier but de Triantafilos, qui était en somme la conséquence logique de l'ascendant que commençaient à prendre les Nantais.

Mais il arriva ensuite une succession de petits malheurs à l'O.M., il faut bien ajouter que l'équipe marseillaise, hier soir, n'avait pas besoin de cela. Butte refusée à Robert Buigues dans le même temps but accorder à Rampillon. Ce qui faisait tout de même une sacrée différence, une différence d'autant plus grande que l'action du dit Rampillon ne paraissait, ni plus ni moins valable sur le plan du règlement, que celle de Buigues, mais enfin c'est le football. Précisons encore, qu'en plus de cette mésaventure, les Marseillais furent sanctionnés d'un penalty par l'arbitre M. Bancourt.

Ne cherchons pas à savoir si ce coup de pied de pénalité fut sévère. Un penalty par décision l'est toujours. Ce qu'il faut dire, en revanche, c'est que Triantafilos manqua la réparation, ou plutôt Migeon arrêta, avec brio, le tir de l'avant-centre Nantais. C'était bien joué, mais cela faisait, tout de même beaucoup d'avatars pour une seule équipe. Et l'O.M. n'ayons pas peur de nous répéter, aurait très bien pu s'en passer, sur sa forme approximative de la soirée d'hier.

Maintenant, il faut se garder de dramatiser la situation. Les Olympiens ont certes perdu une rencontre de prestige, qui plus est devant leur public, ce qui à notre sens, est le plus important. Ils ne seront donc, pas champions de France, et ne pourront vraisemblablement pas enlever, pour la saison prochaine, une place européenne. Mais sur ce plan, soyons honnêtes, nous étions déjà plus ou moins fixés.

Il reste, heureusement, la Coupe de France. L'O.M. doit y reporter tous ses efforts et tâcher, ainsi d'offrir un trophée à son fidèle public. Ce serait la meilleure façon de redorer le blason d'une saison en demi-teinte. Ce sera, aussi, notre conclusion. Puisque cette défaite nantaise servir de leçon dans l'entrevue prochaine avec les Nancéiens.

Jean FERRRARA

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M. MERIC : "Vous avez le bonjour de l'arbitre"

J. Zvunka : "Nous avons manqué de fraîcheur"

Une fois n'est pas coutume : les bouteilles de champagne, qui sont traditionnellement dans les vestiaires marseillais, étaient restées hier soir à demi-pleines. C'est que, en vérité, on n'avait guère envie de sabler le champagne dans le camp phocéen. Ce n'étaient que des visages allongés, et il fallait bien chercher pour trouver un sourire.

Migeon qui, on le sait, et un gai luron, n'était pourtant pas d'humeur à plaisanter : "Je ne sais pas si Robert était hors jeu ou non, mais ce que je puis vous assurer, c'est que Rampillon a marqué, lui, le deuxième but en l'étant et de beaucoup. Pour ce qui est du penalty, je savais que "Tintin" tirait souvent sur le côté droit des buts, j'ai donc tenté un coup de poker en me lançant, et j'ai réussi. Mais je vous avoue que si, du plat du pied, il avait changé la trajectoire de son ballon, c'était le contre-pied intégral".

À ses côtés, Marius Trésor récupéré. Tout au secours la tête, on pouvait l'entendre dire : "Pas d'excuse à faire valoir. On ne méritait pas de gagner. Ils étaient plus frais que nous. Cette défaite aurait pu nous priver d'une place en Coupe de l'UEFA, mais les résultats de la soirée me consolent, puisque je vois que Nice et Metz ont prient le bonus, que Sochaux a fait nul à Reims. Même victorieux, nous aurions eu bien du mal à accrocher une place qualificative".

Jules Zvunka analysait le match : "A l'évidence nous n'avions pas récupéré des efforts que nous avions concédés voici trois jours contre Angers pour nous qualifier. Nous avons eu du mal à changer de rythme, et contre les Nantais ça ne pardonne pas. En deux mots, je mets notre défaite, en grande partie, sur le manque de fraîcheur physique. Cela dit, j'avoue que le but refusé à Buigues a sans doute eu une influence sur la suite des opérations".

Albert Emon, qui a fait sa rentrée dans de mauvaises conditions, se montrait pourtant philosophe : "L'équipe nantaise perd rarement à l'extérieur et ça ne m'étonne pas. Ils jouent à dix au milieu du terrain. Certes, l'arbitre ne nous a pas fait de cadeau. Un but en plus pour Nantes, un en moins pour nous. Mais je crois que l'équipe d'Arribas n'a pas volé son succès. Il nous reste désormais à faire le maximum en coupe de France, et là, croyez-moi, je suis optimiste. Nous battrons Nancy en demi-finale et le 12 juin nous retournerons au Parc pour apporter à l'O.M. sa 9e coupe de France".

M. Heuillet était en colère : "Je ne discute pas le but accordé et celui refusé. Mais je tolère mal qu'un arbitre se moque des joueurs et fasse preuve d'arrogance comme l'a fait M. Bancourt, quant il a sifflé le penalty. Il s'est permis de rire au nez de nos défenseurs et c'est assez déplorable. Un joueur qui agirait de la sorte, écoperait inévitablement d'un avertissement. C'est peut-être normal, mais ce qui l'est moins, c'est que les arbitres soient intouchables".

Le grand François Bracci constatait : "C'est mon deuxième but depuis le début de la saison ; mais le premier avait été marqué dans d'autres circonstances puisque nous avions battu Paris à Paris. Je considère que M. Bancourt a eu une grande influence sur le résultat final, mais il faut bien dire aussi que les Nantais ont une bien belle équipe".

Boubacar, dans la piscine, faisait remarquer avec raison : "Regardez les résultats, et vous constaterez avec moi que la majeure partie des équipes qui ont joué en quart de finale de la Coupe ont perdu ce soir. Nous, bien sûr, mais aussi Lyon et Valenciennes. Je crois que nous n'avions pas totalement récupéré de nos efforts".

Buigues, sur la table de massage disait : "Je ne peux pas dire si j'étais hors jeu, mais il me semble bien que je suis parti après que Bracci ait centré".

Enfin nous laisserons la conclusion au président Meric. Rouge de colère, il se contenta de déclarer à la rentrée des journalistes dans les vestiaires : "Vous avez le bonjour de l'arbitre...". Une petite phrase qui, dans sa bouche voulait tout dire.

A. de R.

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José ARRIBAS :

"Un résultat logique pour une fois"

Dans le camp nantais la joie était de rigueur, l'entraîneur Arribas était plus volubile qu'à l'ordinaire.

"Je pense que le résultat est fort logique pour une fois, à Marseille, nous avons été récompensés de nos efforts. Notre équipe est bien organisée, elle s'articule harmonieusement, je ne sais pas si nous remporterons le titre car Saint-Étienne apparaît un peu comme une vedette intouchable, mais dans tous les cas nous avons une chance de jouer et nous la jouerons jusqu'au bout. Et puis en football, vous le savez, tout peut arriver".

Le capitaine Michel disait de son côté :

"Avec un peu de réussite, nous aurions pu obtenir le bonus contre l'équipe de Marseille, dans tous les cas le club provençal a subi constamment notre pression".

Le gardien Bertrand-Demanes était hilare :

"Depuis le temps que nous courions après la victoire à Marseille, enfin c'est arrivé".

Rampillon ajoutait de son côté :

"Il y a vraiment de quoi être satisfaits même si en définitive notre victoire est assez limitée, sur la physionomie de la rencontre nous méritions mieux mais ne soyons pas trop exigeants".

Enfin le directeur sportif Budzinski ajoutait :

"Notre équipe avait été affligée moralement après la sanction sévère qui a frappé Bargas. Il était la clef de voûte de notre défense, mais je crois qu'elle s'est bien reprise et qu'elle a oublié ce coup du sort.

A.D.

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  NANCY, NIMES, NANTES :

le "N" porte malheur

Lorsque les Marseillais, les joueurs s'entend, apprirent que le sort leur avait désigné Nancy pour les demi-finales de la Coupe de France, leur réaction fut unanime : "Ils nous ont battu deux fois cette saison : on va leur faire payer la note".

Un seul olympien se montra alors plus prudent : "Moi je me méfie, car on dit aussi "Jamais deux sans trois", se contente-t-il de souligner.

Celui-là n'était pas plus rassuré à l'issue du match joué contre Nantes, puisque l'O.M. venait de perdre son troisième match à domicile, après avoir déjà vu cette saison, baisser pavillon devant Nancy et Nîmes.

Nancy, Nîmes, Nantes, le "N", à coup sûr, et une lettre qui ne porte pas particulièrement bonheur au président Meric et à ses joueurs.

En fait, ce match a confirmé que l'on savait déjà, à savoir que les Phocéens ne peuvent rien faire cette saison qui soit conforme à une certaine logique. Ils gagnent ou ils ont toujours perdu, ils perdent au moment où on les donne favoris.

C'était le cas hier soir, puisque aussi bien la dernière victoire des "Canaris" au stade-Vel se perd dans la nuit des temps.

Bête noire ou pas, signe indien ou pas, il faut convenir qu'on a encore quitté le stade vélodrome ni-figue, mi-raisin. Et pour sûr que les quelque 15.000 supporters qui avaient abandonné pour un soir leurs pantoufles et leur télé ne garderons pas un souvenir impérissable de cette rencontre, même si en fin de match, M. Bancourt a mis un peu d'ambiance, à son corps défendant.

À propos du public, on pourra toujours extrapoler quant à son rôle. Selon certains, il ne soutient pas son équipe comme il devrait le faire.

En fait, c'est que les supporters n'entendent pas jouer les 12es hommes ; ils n'entendent pas porter leurs joueurs préférés vers la victoire ; ils préfèrent, et de beaucoup, que ces derniers leur arrachent les applaudissements, à la seule force de leurs jarrets, et si possible avec panache.

Prêts à brûler ce qu'ils ont adoré, ils savent aussi, à l'occasion, adorer ce qu'ils ont failli brûler. On l'a bien vu hier soir, lorsque après avoir sifflé leurs favoris pendant 80 minutes, ils les portèrent littéralement durant les derniers moments du match.

Simplement parce qu'à ce moment-là, ils ont eu l'impression d'avoir retrouvé leur équipe.

Celle qui sait se battre avec vaillance. En deux mots, l'O.M. qu'on l'aime, mais que l'on retrouve trop rarement.

André DE ROCCA

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- IL FUT BEAUCOUP QUESTION, HIER SOIR, DE BUT LITIGIEUX, QU'EN EST-IL EXACTEMENT ?

-Le but de Robert Buigues, en premier lieu, qui fut annulée par l'arbitre, a créé une vive désapprobation parmi les spectateurs. Placés comme nous l'étions dans notre tribune de presse, il était difficile de savoir si Robert avait effectivement devancé les défenseurs nantais d'une façon illégale. C'était de toute façon question de centimètres, quelques-uns de plus ou quelques-uns de moins, qui ne changeaient rien à la reprise du joueur marseillais. Disons, si vous voulez que l'opportunité de Buigues méritait un meilleur sort. Quant au but de Rampillon, il a paru, celui-là, une faute de hors jeu encore plus évident à notre sens. Mais l'arbitre en décida autrement. Ne cherchons pas à chicaner, c'était lui le maître sur le terrain. Il n'empêche le résultat d'une rencontre tient souvent à peu de choses.

- Y AVAIT-IL PENALTY ?

- En effet, ceci est une question pour rien puisque, vous le savez, Migeon arrêta avec une autorité digne d'éloges le tir de Triantafilos. Mais la sanction, encore, avait arraché des cris de réprobation à la foule. Ce que l'on peut dire, même si l'intervention de Victor Zvunka ne parut pas délibérément être un mouvement d'anti-jeu, l'attaquant nantais, en revanche, fut bel et bien déséquilibré dans la surface de réparation marseillaise. Là-dessus, le règlement, vous le savez, est formel.

- L'O.M. PEUT-IL ESPÉRER ENCORE ENLEVER SA PLACE DANS UNE COMPÉTITION EUROPÉENNE ?

- En coupe de France peut-être ! Mais il apparaît de plus en plus évident qu'il faudra se contenter, en championnat, d'une arrivée honorable sans plus. Il semble, en effet, bien improbable que les Marseillais puissent maintenant s'intercaler à la troisième, voire une quatrième place du classement. L'O.M. sait donc ce qu'il lui reste à faire. Pour avoir droit à une place dans le concert européen, il faut enlever la coupe. C'est donc à l'O.M. de jouer.

J.F.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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