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Résumé Le Provencal

du 05 mai 1976

 

  MIGEON SAUVE LES MEUBLES

  Battus (1-0) à Angers, les Olympiens s'en tirent à bon compte

ANGERS - En apprenant le résultat, la plupart des habituels supporters olympiens estimèrent que leurs favoris ont, somme toute réalisé une bonne affaire hier soir à Angers.

Au moment où nous écrivons ces lignes, alors que les spectateurs quittent le stade sans grand enthousiasme, c'est aussi notre sentiment.

Il est possible, il est même probable que l'O.M. saura renverser la situation vendredi prochain devant son public. Il n'empêche que l'équipe olympienne, comme elle l'avait fait quelques jours plus tôt à Lyon, a frisée une fois de plus la catastrophe. Certains penseront que traverser ainsi sans trop de dommages une petite tourmente est un signe encourageant pour la suite, d'autres estimeront au contraire qu'il faudrait beaucoup mieux jouer pour arriver jusqu'au Parc des Princes.

Pour notre part, contentons-nous d'ajouter qu'à chaque jour suffit sa peine. Celle de l'O.M., hier soir fut évidente. Mais regardez comme nous le résultat : 1 à 0 ! Dans de telles conditions c'est un score évidemment prometteur.

MIGEON LE SAUVEUR (suite)

A la mi-temps, on était d'ailleurs curieusement partagés entre deux sentiments. On se demandait en effet si Angers, à force de mettre la défense marseillaise sur le charbon ardent, n'allait pas finir par réaliser un véritable "carton".

Mais d'un notre côté en se disait aussi que l'équipe angevine, en ayant gaspillé autant d'occasions, avait peut-être laissé passer le plus clair de ses chances.

Il n'était pas possible en faisant une analyse logique élémentaire que l'O.M. puisse subir ainsi sans réaction la loi d'un adversaire tout de même inférieur pour s'en référer qu'à la seule hiérarchie.

Le fait et que les quelques supporters marseillais présents hier soir sur le stade Jean Bouin ont vécu des premières minutes pour le moins inconfortables et quand nous parlons de supporters il ne faut pas omettre bien sûr les dirigeants olympiens qui sans doute ont dû monter toute la gamme de l'angoisse jusqu'à ce que M. Bacou renvoie pour la première fois tout son monde aux vestiaires.

À ce moment-là, nous l'avons laissé entendre, l'équipe marseillaise aurait très bien pu accuser un retard de deux ou trois buts. Le sort ne l'a pas voulu, à moins que ce ne soit la maladresse des attaquants angevins. Tout cela est question d'appréciation.

Mais la réalité, quoi qu'il en soit, et bien que Migeon, une fois de plus, ait dressé un véritable rideau devant ses buts. Il est à peu près impossible de tenir le compte de ses interventions, tant le gardien olympien dût se multiplier pendant la première période. Mais ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'il réalisa au moins trois arrêts que l'on peut qualifier de miraculeux. Le premier dès le début sur un tir de Guillon, à bout portant, ou presque. Le second sur une tentative d'Augustin, qu'il enraya on se demande comment. Le troisième enfin, sur un tir de Berdoll, à ce moment seul devant lui, et qui dévia un d'une manchette. Non vraiment, il est difficile de faire mieux pour un gardien.

Un homme qui méritait bien une petite statue, et nous ne sommes pas sûrs, si l'O.M. passe le tour, que le président Meric ne la fera pas élever un jour ou l'autre dans la cour d'honneur du Stade Vélodrome.

Bref ! N'ayons garde nons plus de mentionner l'inévitable Trésor, qui lui aussi se trouva à plusieurs reprises et à bon escient sur le point chaud de sa défense.

On donnera aussi un accessit à Victor Zwunka pour sa vigilance et sa détermination à marquer Berdoll. Le reste, il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître, ne s'était que très rarement élevé à la hauteur de l'adversaire.

À BON COMPTE !

On supposait, on espérait, que la physionomie de la partie allait quelque peu changer à la reprise. Mais pensez-vous ! Après quelques velléités offensives, du sans doute aux remontrances des vestiaires, l'O.M. ne tarda pas à retomber dans une semi-somnolence. Les Olympiens ont estimé peut-être que le score nul été bon à sauvegarder jusqu'à la fin.

Seulement voilà : les Angevins qui sont à leur manière de petits têtus, à force de remettre le métier sur l'orage, finirent par obtenir la récompense de leur effort. Mais le seul but de Bernard Lech sera-t-il suffisant pour empêcher l'O.M. d'affirmer sa supériorité ?... La granche chance des Marseillais, répétons-le, sera que ce but fut le seul de la rencontre. Ils s'en tirent donc à bon compte.

On pourra toujours s'interroger, bien sûr, sur les raisons de ce bizarre comportement des Marseillais à Angers, alors qu'ils avaient beaucoup plus brillé contre Reims, un des grands de la division nationale. Disons que le dispositif n'était pas du tout le même.

L'O.M., qui avait quatre milieux de terrain contre les Champenois, n'en avait plus que trois, face aux Bas-Bretons. Mais nous ne pensons pas que ce soit un motif suffisant pour expliquer la domination angevine. Il semble tout simplement qu'après leur mauvaise partie sur le stade du Gerland à Lyon, les Marseillais n'ont plus retrouvé tout à fait leur grande forme. C'était encore un jour sans.

La seule conclusion qui s'impose, c'est que l'O.M. malgré tout, ait pu préserver toutes ses chances pour le match retour.

Jean FERRARA

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DOUBLE PRIME A MIGEON S.V.P.

Quant à gardien de but arrache à ses filets la balle qui résonnait déjà comme un but, on dit d'une manière générale qu'il a bien joué.

Lorsqu'il réussit un second arrêt de même nature, on estime que la chance le sert.

Et quand il se permet de renouveler ses exploits, dans de même conteste, on dit que le destin distribue avec une injuste insolence les deniers de ses miracles.

Et les foules, féroces par tradition, ponctuent ces performances, de ses allusions chantées, fort désobligeantes pour l'épouse de l'intéressé !

Sous tous les cieux, les peuples du football sont les mêmes. Ils obéissent aux mêmes sentiments, libèrent des réactions identiques et sans colère lorsque le dernier homme du but leur hôte la satisfaction du triomphe final.

Ce qui revient à dire que l'homme qui a presque découragé Angers, ses onze hommes et ses 18.000 spectateurs, à nom Gérard Migeon.

Car ce Gérard Migeon, qui a la langue bien pendue et la voix portante, a aussi du jarret, le coup d'oeil et la merveilleuse audace de ses keepers à sang-froid que la pire bronca ne saurait inquiéter.

Il aura tout fait, le possible et l'impossible. Il a collectionné les "miracles" comme d'autres collectionnent les bévues. Hier, le football de l'O.M. s'est résumé à lui et à Trésor, convenons-en.

Mais de Migeon extirpé des coulisses par les malheurs de Charrier, on peut se demander aujourd'hui ce qu'a bien pu faire ce diable de joueur dans l'anonymat des doublures, pour qu'un observateur ne l'en ait pas délogé plus tôt.

Cinq de ces balles - dont nous parlions plus haut - eussent pu être des buts de la plus belle facture, si l'exceptionnel talent du goal marseillais n'était pas venu se répandre d'un bout à l'autre du match.

En haut, en bas, dans les lucarnes, fussent-elles de gauche ou de droite, à mi-hauteur ou sous la barre, il arrêta et stoppa tout. En trois occasions ce fut du surnaturel : un film de montage ou le trucage peut pallier l'insuffisance humaine.

C'est ça, Migeon, hier soir !

Et mieux encore. On lui doit cette courte, très courte défaite car il est étranger au but qui viola sa cage.

Et, à ce titre, c'est une double prime qu'on lui doit également.

Tant il est vrai qu'au bout du compte ce petit but en terre d'Anjou vaut, sur le marché actuel de la Coupe de France, beaucoup plus cher que bien d'autres.

Vous nous avez fait passer une bonne soirée, M. Gérard Migeon, car sans vous...

Vos coéquipiers ont dû, je le pense, vous souhaitez une excellente nuit. Dans le cas contraire, ils seraient bien ingrats ? Pour le moins.

Lucien D'APO

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  JULES ZVUNKA : "Nous avons fait un mauvais match"

TRESOR : "Pour gagner, il faut jouer à onze"

Inutile de préciser sans doute que l'atmosphère n'était pas tellement joyeuse dans le camp olympien. Les joueurs se rhabillaient à la hâte, pressés de reprendre l'avion. Et tout le monde, comme à Gerland, avait la tête basse...

"Et avec plus revu l'équipe depuis le match de Reims, nous disait Marcel Pougenc à voix feutrée. Je tombe de haut. C'était véritablement le jour et la nuit. Et je me demande quelle mauvaise fée a ainsi transformé cette équipe en quelques semaines. Il n'y a plus de milieux terrain et de désir de gagner... Comment cela est-il possible ?"

MM. Meric et Heuillet étaient, eux aussi, abattus : "On peut dire que nous avons sauvé les meubles ce soir. Et c'est sans doute tout ce que l'on peut dire. L'ennuyeux est que nous avons obtenu une fois encore ce résultat grâce aux mêmes joueurs.

"Certes, l'équipe d'Angers, qui a joué ce soir, n'avait rien à voir avec celle que nous avions vu opérer récemment à Martigues. Mais cela, ne doit pas nous faire oublier notre match médiocre, qui n'avait rien à voir avec l'adversaire. Il ne nous reste plus, désormais, qu'à nous racheter, vendredi, pour la seconde manche"...

"Nous avons mal débuté, estimé, de son côté Jules Zvunka. Peut-être le fait d'avoir vu jouer les Angevins à Martigues, où ils n'avaient pas été très bons, a-t-il eu une mauvaise influence sur certains joueurs qui pensaient peut-être que ce match ne constituait qu'une simple formalité. Je pense qu'ils sont désormais trompés !

"Nous avons fait un mauvais match, et ce pour la seconde fois consécutive. Cependant, je retiens de ce qui s'est joué dans un contexte légèrement différent qu'il est assez rare que le football soit de très haut niveau dans ce genre de confrontation de Coupe de France, surtout en ce qui concerne l'équipe qui joue à l'extérieur.

"A ce propos, n'oublions pas tout de même que c'est le premier match de Coupe que nous perdons cette saison.

"Angers et une bonne équipe, qui aurait pu l'emporter plus largement ce soir, mais qui a paru tout de même faiblir quelque peu en seconde période. Il ne nous reste plus qu'à prouver, maintenant que sur deux rencontres nous sommes bien les plus forts".

Voyons maintenant du côté où les mines étaient plus allongées encore.

Gérard Migeon, qui avait été le héros du match nous confiait, en allant sous la douche : "Je n'ai jamais été bombardé comme cela cette saison. Que nous arrive-t-il donc ? Nous jouons de plus en plus mal. Un peu comme nous le faisions voici deux ou trois mois. Mais le pire c'est que les matches importants arrivent. Que se passe-t-il si nous en venions à être éliminé ? Et il faut absolument nous retrouver, vendredi soir".

Marius Trésor, capitaine courageux, et numéro un de son équipe, au même titre que Migeon, était aussi le plus amer de tous.

"Nous aurions pris cinq buts, nous n'aurions rien à dire. Et ce sera comme cela tant que nous ne jouerons pas en équipe. Si nous voulons nous qualifier vendredi, je ne vois qu'une seule méthode : se serrer les coudes et surtout opérer à onze".

"Oui, je suis déçu, déclarait de son côté Albert Emon. Pour ce match de rentrée, je suis déçu par le score, déçu par le jeu qui n'a pas été bon. Cela fait beaucoup de déception, me direz-vous, mais c'est pourtant ainsi je crois quand même fermement à notre qualification".

Enfin, exception confirmant la règle, Georges Bereta était plutôt serein : "La leçon de ce match c'est que nous n'avons pas retrouvé notre rythme. Mais, enfin, pour arriver jusqu'en finale, il faut parfois passer comme l'on dit par le petit trou d'une aiguille et livrer des matches catastrophiques. Cela a été notre cas ce soir. Il ne nous reste plus désormais qu'à nous reprendre à Marseille. Avec un seul but de retard, c'est je crois chose fort possible".

Alain PECHERAL

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Les Angevins vainqueurs mais déçus

Dans le camp angevin, on était certes content de la victoire, mais on estimait que l'on était sans doute passé à côté de la qualification.

"Avec toutes les occasions de buts que nous nous sommes créées, commentait le directeur sportif Robert Lacoste, nous aurions dû l'emporter par 2 ou 3 buts d'écart. Cela eut plus justement reflété la physionomie du match et, surtout, cela nous aurait permis de nous présenter avec des chances sérieuses, vendredi, au stade vélodrome, alors qu'avec ce seul petit but ce sera bien difficile.

"Cela dit, nous sommes tout de même satisfaits de cette soirée de football, de ce public retrouvé et du bon comportement de nos joueurs. La Coupe de France, après tout, n'a jamais été notre objectif numéro un. Et puis, sait-on jamais !

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- Le prestige de l'O.M. est-il toujours intact à l'extérieur ?

- On serait tenté d'écrire qu'il est en hausse. À Angers, où la moyenne de la saison a été de 6.000 spectateurs, on a enregistré hier, plus de 18.000 entrées.

L'O.M. bénéficie toujours et partout de sa popularité. Ses vedettes certes, y sont pour quelque chose. Mais il est plus logique de penser que l'histoire "d'un des clubs les plus célèbres du football français" est toujours se celle que préfèrent toutes les foules.

Il n'y a guère que le Saint-Étienne actuel qui peut prétendre à en remonter au Club marseillais sur ce terrain là. Et sur d'autres aussi, cela dit en passant.

-L'O.M. conserve-t-il des chances de qualification ?

- Elles sont évidentes, si l'on considère qu'un seul but sépare les deux équipes... pour un match nul. Car à Marseille, au stade-Vélodrome, ce vendredi, le onze marseillais sera suffisamment motivé pour prendre en "l'équipe angevine à son propre jeu".

Pour le moins, les Marseillais seront meilleurs qu'hier soir... ou alors c'est un désespéré.

D'autre part, l'avance des Angevins est, à nos avis, insuffisante pour triompher de l'équipe marseillaise dans le climat qui présidera la rencontre vendredi soir.

- Que penser de l'arbitrage de M. Bacou ?

- Il serait peut-être exagéré de dire que M. Bacou a dirigé le match à la satisfaction générale, mais il ne reste pas moins qu'il n'a influé en aucune façon sur le résultat final. L'O.M. n'a absolument rien à lui reprocher. Au contraire. Les seuls fautifs, dans l'histoire, ne peuvent être que les joueurs eux-mêmes. Et encore. Dans un très mauvais soir, en effet, il réussit à préserver toutes leurs chances.

L.D. et J.F.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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