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Résumé Le Provencal

du 24 octobre 1976

 

UN MATCH A VOUS COUPER LE SOUFFLE !

 

A Rennes, l'O.M. obstiné et courageux

n'a pu refaire son retard (2-1)

RENNES - Rien ne vaut un bon suspense pour rendre un match passionnant. À la mi-temps l'O.M. qui avait été pris de vitesse paraissait irrésistiblement battu par une équipe rennaise dont la seule couleur du maillot rappelait qu'elle était détentrice de la symbolique lanterne rouge.

Mais en seconde mi-temps changement total de décor. Le lièvre rennais accusait nettement la fatigue de ses très généreux efforts et la tortue marseillaise, obstinée, assurant sa marche grâce à une technique supérieure, et à une plus grande expérience que son adversaire, se mettait à refaire le chemin perdu.

Dès que Alonso eut réduit l'écart, en se repris à espérer dans le petit clan marseillais. Tout redevenait possible, le match nul et pourquoi pas la victoire.

Commença alors une fin de match échevelée, palpitante, faite d'attaques incessantes de l'O.M. et de contre-attaques percutantes rennaises qui devait laisser les deux entraîneurs à la limite de la crise cardiaque sur le petit banc.

Quand Trésor, qui monta trop rarement sur les corners, réussit à rabattre le ballon de la tête sur la ligne, on crut que l'égalisation allait être obtenue, mais Rabier sauva de la poitrine.

En contre partie, Migeon dut, à deux reprises, plonger dans les pieds de Tonnel pour sauver son camp.

Jusqu'au bout, jusqu'à la dernière seconde, l'O.M. complètement retrouvé eut sa chance, mais la défense rennaise réussit à force de volonté, de dégagements en touche et de tackles efficaces à conserver son mince avantage. Un avantage au demeurant mérité sur l'ensemble de la rencontre.

C'est fini, l'O.M. invaincu depuis quatre matches en championnat concédait une défaite de justesse, par la faute surtout d'une première mi-temps trop prudente et surtout trop lente.

UN ÉTONNANT DELAMONTAGNE

La chose pourra vous paraître curieuse, voire même paradoxale, mais à la mi-temps l'O.M. menait par huit corners à un, tout en étant mené au score par 2 buts à 0.

Ce qui prouverait, si on ne le savait déjà, que l'avantage aux corners ne constitue qu'une satisfaction toute platonique.

Ces deux buts d'avance, les Rennais, les devaient essentiellement à l'arme majeure de tous les sports : la vitesse..

Sous l'impulsion d'un étonnant Delamontagne, que nous découvrions, et du très véloce Marocain Anafal, le plus souvent aidé par l'ex-Sochalien Maier, les Rennais avaient lancé plusieurs attaques percutantes qui surprirent plusieurs fois la défense olympienne. Il faut dire que cette dernière avait été très mal soutenue par son milieu de terrain, technique sans doute, mais insuffisant dans deux domaines non négligeables du football : la récupération du ballon et la défense en mouvement. Le résultat de cette insuffisance et de la belle ardeur bretonne fut ce que vous savez déjà : un but de Maier qui payait ainsi son entrée et un autre très joli but de Tonnel sur un centre du même Maier.

L'O.M. DE LA 2e MI-TEMPS

Nous n'allons pas revenir sur cette deuxième mi-temps, dont nous avons longuement parlé en début d'article. Il est certain que nous avons vu, hier soir, deux visages très différents de l'O.M.

Celui de la première mi-temps, qui nous montra une équipe sans doute très appliquée, prudente, mais paraissant complètement figée dans une grande lenteur. Il s'agissait là d'une équipe de démonstration et non une équipe de combat. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'elle ait fini par encaisser deux buts de la part d'une équipe rennaise jouant, elle, à la vitesse supérieure.

Mais, en seconde mi-temps, nous avons retrouvé l'O.M., une équipe solide, technique, et sachant déborder par ses deux ailiers, Bereta d'un côté, et surtout Emon de l'autre. Cet O.M. de la seconde mi-temps s'est complètement racheté, et peut nous permettre de croire encore en cette équipe.

Sans doute pas dans cette grande équipe capable de remporter le titre national, mais un ensemble d'avenir pouvant encore procurer par intermittences quelques belles satisfactions à ses supporters.

ALONSO UN MIEUX CERTAIN

Dans l'équipe olympienne, tout le poids de la rencontre reposa sur la défense en première mi-temps. Trésor et Migeon, égaux à eux-mêmes, firent front dans l'adversité, tandis que Baulier et Baconnier souffrirent un peu devant Maier et Guermeur.

Quant à Alonso, qui, pour une fois, et ce ne sera sans doute pas coutume, ne fut pas marqué de très près, il a beaucoup mieux joué qu'au cours du match précédent contre Lille. Sans doute pas une exhibition inoubliable, mais un certain nombre de bonnes passes offensives assez soutenues. Il lui manque toujours la force de frappe et la vitesse de pénétration directe. Mais, tel que nous l'avons vu hier soir, il a rassuré son entraîneur.

On ajoutera que Bereta fit un match très honorable et qu'Emon se montra l'un des meilleurs joueurs sur le terrain en deuxième mi-temps.

Dans l'équipe rennaise, un joueur nous a particulièrement impressionné : il s'agit du jeune Delamontagne, qui n'aurait que 19 ans ! C'est très certainement un joueur de très grand avenir. Avec lui, on citera encore l'excellent Anafal et l'ensemble de la défense.

Le Marseillais Rizzo, ex-junior des Caillols, se montra très sûr et très strict en défense.

Bien qu'obtenue de justesse la victoire rennaise n'est pas usurpée ; elle est celle d'une équipe qui, hier soir, nous a paru avoir le meilleur esprit de combat.

Quant à l'O.M., on ne le condamnera pas sur ce match, mais une fois encore il nous a montré ses limites.

Maurice FABREGUETTES

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Rien de nouveau

Quelle curieuse rencontre et quel curieux résultat !

Nous ne saurions vous en donner la raison exacte, mais, en prenant le chemin du stade de la route de Lorient, hier soir, nous avions pensé, un peu naïvement sans doute, que l'O.M. avait pas grand chose à craindre de son adversaire.

Impression au demeurant pouvait se défendre, les Olympiens, depuis leur aventure malheureuse en Grande-Bretagne, n'avaient plus connu la défaite. Match nul à Troyes, puis victoires successives comme Bastia, Southampton, Sochaux, Lille et tout récemment en amical face à l'équipe nationale Tunisie. C'était un tableau de chasse suffisant pour les installer comme grandissimes favoris de la rencontre. D'autant que les Rennais, vous le savez, n'était pas dans une condition particulièrement euphorique, leur place de lanterne rouge était là pour en témoigner. Seulement, voilà, les impressions d'avant match sont une chose et la réalité sur le terrain en est une autre. Devant un adversaire rennais, appliqué certes, courageux même, mais qui n'avait rien d'un génie, l'O.M. n'a jamais su se mettre véritablement dans la course. Ou en tout cas, quand il le fit c'était déjà bien tard. Bien entendu, c'était le meilleur moyen de mettre en confiance une équipe rennaise plutôt soucieuse avant le coup d'envoi. Il ne faut guère s'étonner alors si lanterne rouge en question a finalement donné la leçon à un des principaux prétendants au titre de champion de France. Et, pour être aussi objectifs que possible, il faut ajouter que l'O.M. aurait pu encaisser un ou deux buts supplémentaires sans la maladresse et le manque de réussite des attaquants rennais d'une part, et quelques prouesses de Gérard Migeon de l'autre. Tout cela pour bien démontrer que la victoire des bretons ne tient pas du miracle. Nous avons vu d'un côté une équipe marseillaise dont Dubaele, entraîneur des Rennais, disait qu'elle était composée de brillantes individualités, mais qui n'ont jamais su vraiment s'exprimer à leur réelle valeur.

Et, de l'autre, une formation beaucoup moins huppée peut-être, mais qui, en définitive, a le plus désiré les deux points de l'enjeu. Après le match contre Lille on avait déjà déclaré que l'O.M. était loin d'avoir fourni un bon match. Disons qu'au stade de la route de Lorient, hier soir, nous n'avons pas noté d'amélioration sensible.

À l'Ouest rien de nouveau donc ! Cela dit, bien sûr, par un pur souci d'objectivité.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

1ère Question : Fallait-il faire rentrer Florès en 2e mi-temps ?

On ne saura jamais ce qu'aurait fait Florès, pour l'excellente raison qu'il est resté sur la touche.

Toutefois, comme il faut tout tenter quand on est mené à la marque, il est fort possible que l'entrée de Florès en jeu ait donné de bons résultats.

L'O.M. s'il avait à ce moment là repris la direction du jeu, manquait certainement de perçant en attaque. La mise en place d'un joueur frais et dont l'adresse est très connue aurait pu poser de nouveaux problèmes à la défense rennaise. Cependant il est certain qu'à ce moment de la partie aucun des attaquants olympiens n'avait franchement déçu.

Mais on sait que Bereta commence à accuser en fin de match une certaine fatigue.

L'entrée de Florès aurait donc pu donner à l'attaque olympienne un supplément de vitesse et de perçant.

Il ne coûtait d'ailleurs rien d'essayer puisque le résultat final a été une défaite olympienne.

Il nous semble que les entraîneurs ayant maintenant deux joueurs sur la touche n'utilisent pas suffisamment cette possibilité nouvelle qu'ils ont d'améliorer leur équipe sans risque.

2e Question : Trésor et les corners.

En 1ère mi-temps, l'O.M., bien que dominé obtient 8 corners. Trésor, ne monta que sur le 6e. Le reste du temps nous pouvions le voir, du haut de notre tribune, seul à 60 ou 80 m du gardien rennais Hiart, n'ayant à surveiller aucun adversaire. Les corners étant indiscutablement une occasion de but, il faut essayer de les jouer avec le maximum d'armes.

La présence de Trésor constitue une menace suffisante pour l'adversaire.

Il faut donc utiliser régulièrement.

Laisser un joueur de cette taille, de cette détente, et de cette force, solitaire, dans son camp quand il y a un corner, et certainement une erreur.

3e Question : Le milieu de terrain de l'O.M. est-il complémentaire ?

Certainement.

En s'en aperçoit surtout quand Noguès, le grand combattant de cette division, et en petite forme.

L'O.M. est toujours dominé quand devant nous se trouve un milieu de terrain très actif, attaquant toutes les balles et ne craignant pas de prendre de risques.

En première mi-temps, le trio Arribas Claude, Anafal, et Delamontagne, s'imposa nettement sur le milieu de terrain Olympien.

Le jeune Delamontagne en particulier, que l'on ne connaissait pas, se promena littéralement au milieu du terrain éliminant la plupart du temps deux ou trois adversaires olympiens dans une seule course.

Il saute aux yeux qu'Albaladejo et Alonso, fort doublons.

Il manque indiscutablement à l'O.M. un véritable n.6 capable d'être à la fois un milieu de terrain et un solide défenseur.

De plus en plus toutes les équipes françaises attaquant généralement par leurs arrières latéraux, cherchent un N.6 ayant de réelles qualités défensives.

M.F.

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ARRIBAS : "Une grande déception"

C'est un silence pesant qui nous a accueilli à notre entrée dans les vestiaires marseillais à la fin de la rencontre. L'O.M. avait perdu l'habitude de ces fins de matchs pénibles puisque, vous le savez, depuis Southampton et la Coupe d'Europe, l'équipe marseillaise n'avait plus connu la défaite. Il faut dire alors que la délégation olympienne dans son ensemble a eu bien du mal visiblement à se faire une raison hier soir.

Quoi qu'il en soit, il était bien difficile et même délicat interroger les joueurs en pareille circonstance.

Bereta le premier nous donna pourtant son avis d'une voix triste.

"Dommage, dit-il, nous avons perdu le match en première mi-temps. Rennes était pourtant un adversaire à notre portée, nous en avons eu confirmation tout au long de la seconde période. Il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître, c'est un point, et même deux, que notre équipe vient de gaspiller bêtement ce soir".

Même opinion pour Michel Albaladejo :

"Oui, enchaîna-t-il à notre intention, je crois que nous pouvons être très déçus de ne pas avoir obtenu un résultat positif à Rennes. C'est vrai, nous avons mal joué durant la première mi-temps, mais avec un peu plus de réussite nous aurions pu compenser à notre avis le premier but de Maier. Au lieu de cela c'est Tonnel qui, au contraire s'est signalé par un exploit en nous marquant le deuxième but, juste avant la mi-temps. Ensuite le match prenait pour nous des allures pratiquement désespérées car tous les footballeurs du monde savent qu'il est pour le moins ardu de refaire en 45 minutes le handicap de deux buts. L'O.M. vient donc de laisser passer une énorme occasion et ses deux points perdus nous feront certainement défaut à la fin du championnat".

Marius Trésor, lui, paraissait encore plus accablé que ses camarades. Le capitaine resta en effet de longues minutes assis sur son bac, la tête basse, avant de passer sous la douche.

"Une fois de plus, murmura-t-il à notre adresse, nous avons eu l'impression de jouer deux rencontres en un seul match. Entre la première mi-temps et la seconde, c'était le jour et la nuit. Une situation pour ma part que je n'arrive pas à comprendre car c'étaient bien les mêmes joueurs qui se trouvaient sur le terrain. Pour moi cette défaite contre Rennes m'a rappelé un peu la partie que nous avions perdue à Valenciennes. Il faut dire que nous avons joué ici d'une manière tout aussi naïve. Évoluer avec cinq joueurs en défense et cinq joueurs en attaque, c'est bien joli, mais c'est créé des trous..., des vastes espaces libres au milieu du terrain, dont l'adversaire, bien sûr ne se fait pas faute de profiter. Gérard Baconnier par exemple, qui opérait ce soir pour la première fois en équipe fanion, a dû presque constamment faire face à deux adversaires. Tout cela n'est pas normal, et encore, je le souligne, notre jeune coéquipier s'en est tiré avec les honneurs, mais j'ajouterai que ce ne fut pas le cas de tout le monde..."

Albert Emon, pour sa part, a préféré ne pas faire de commentaires. Et pour ne rien vous cacher nous avons respecté son silence. Et Gérard Migeon a essayé de son côté de nous donner une explication.

"Nous avons couru après deux buts pendant pratiquement toute la rencontre. Je crois que nous avons abordé cette partie non pas avec un complexe de supériorité mais en estimant inconsciemment ou non que l'adversaire était à notre portée. Nous nous sommes ainsi portés à l'abordage en nous découvrant souvent de façon inconsidérée. Résultats nous avons encaissé les deux buts que vous savez pendant les 45 premières minutes et après nous pouvions toujours couvrir, les Rennais, forts de leur avance, n'avaient plus qu'à voir venir les événements. Enfin, nous tâcherons de rattraper contre le Paris Saint-Germain".

Inutile de préciser par ailleurs que José Arribas n'était guère joyeux après la défaite de son équipe. Les traits tirés, l'entraîneur s'est toutefois efforcé de répondre à nos questions.

"Notre première mi-temps a été bien trop lente, trop imprécise, trop molle. Et Rennes n'a pas laissé passer l'occasion de prendre les devants. Après avoir encaissé deux buts, il était évident que notre équipe avait gaspillé le plus clair de ses chances. En deuxième période nous avons bien essayé de réagir. La partie de l'ensemble fut alors un peu plus courageuse, mais insuffisante pour refaire le retard. Décidément le la Bretagne ne réussit guère à l'O.M."

- À votre avis, ou est-ce que le bat a blessé le plus ?

"Je crois que c'est l'ensemble qui n'a jamais réussi à se mettre véritablement dans le match, et pas un compartiment en particulier, défense, milieu de terrain, attaque on t tour à tour commis des erreurs. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que nous retrouvions à Marseille avec une défaite".

La conclusion nous la laisserons à M. Caussemille qui, en l'absence du président Meric, nous a donné le point de vue de la direction.

"En entrant dans le match au début de la deuxième mi-temps, on ne peut guère espérer un brillant résultat".

J.F.

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DUBAELE : "Victoire normale"

L'ambiance dans le vestiaire rennais contrastait visiblement avec celle du voisin marseillais.

"Vous savez, nous a déclaré l'entraîneur Dubaele, pour nous, ce soir il n'était pas question de faire comme l'on dit, de la dentelle, mais d'enlever les deux points de l'enjeu. Car vous ne l'ignorez pas, notre situation au classement n'était pas tellement enviable. Je pense que mes joueurs ont su faire le nécessaire pour forcer la victoire. Le succès indiscutable va leur redonner l'espoir. Quant à l'O.M., j'ai pu noter que cette équipe avait pas mal de moyens, mais de toute évidence, les Marseillais n'étaient pas aujourd'hui dans leur meilleur jour. Et cela, voyez-vous, c'est le football.

J.F.

 

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