OM1899.com

Résumé du Petit Provencal

du 28 février 1938

 

HIER, AU STADE VELODROME DE MARSEILLE

Jouant une des plus belles parties de sa carrière

l'O.M. s'assure une incontestable victoire

sur le F.C. de Sochaux

______________

O. MARSEILLE : 2 -- F.C. SOCHAUX : 0

______________

Plus de 30.000 spectateurs ; près de 350.000 francs de recette

Tels sont les chiffres records enregistrés hier.

Quel spectacle magnifique, inoubliable nous a valu hier après midi, au Stade-Vélodrome, le match Sochaux-Marseille Dès la première heure, en effet, le stade était envahi par une foule avide de voir aux prises deux des formations les plus en vue de France. C'est ainsi qu'au moment où M. Conrie donna le signal des hostilités, les diverses enceintes étaient copieusement garnies.

Trente mille personnes sont là, impatientes. C'est un succès grandiose, c'est le plus beau couronnement de la balle ronde, digne prélude des fêtes à venir qui nous seront offertes à l'occasion de la Coupe du Monde.

Aux tribunes, de nombreuses personnalités ont pris place. Parmi celles-ci nous avons noté la présence de MM. Henri Tasso, maire de Marseille ; Daher, député ; Vincent Delpech, directeur du "Petit Provencal" ; Santagostino, Louchon, Arnetti, Lasse, Imbert et Carmignani, conseillers municipaux ; Henry Raynard, Président de l'Olympique ; Abelly, Président de la Ligue du Sud ; Pelletier, Président de la commission des juniors ; Rodolphe Pollack, etc...

Les juniors de l'A.S. de l'Electricité et de l'Olympique associes à ce "great event" sportif jouèrent tout d'abord une rencontre très intéressante qui se clôtura par un "draw".

Le film de la partie

Les équipes se présentent dans la formation annoncée pour Sochaux, tandis qu'à Marseille, Heiss et Olej remplacent respectivement Zatelli, avant centre, et Donnefeld interdroit.

Sous le sifflet de M. Conrié l'O.M. a le coup d'envoi et descend par la gauche, mais il y a 6 mètres e peu après Di Lorto cueille devant Mattler pressé par Zermani.

Sur descente de Sochaux, Korb prend la balle devant Ben Bouali. L'O.M. amorce de nombreuses attaques, mais la défense sochalienne est sûre et renvoie à chaque coup. Néanmoins, Sochaux obtient une jolie touche au camp local, Il est paré, et un départ de Kohut est bloqué. Sur renvoi Bruhin shoote au but, mais Di Lorto bloque. Peu après, un essai d'Asnar passe au demis. Le jeu est splendide de technique et de précision.

Zermani marque

A la dixième minute, sur renvoi de Bruhin devant les buts de Di Lorto, Asnar à la balle et lance Zermani qui prend Lehmann de vitesse et bat Di Lorto à bout portant.

O.M. : 1 ; Sochaux : 0

Peu après Zermani, sur centre de la gauche, à un heading terrible qui manque de fort peu les filets. Puis c'est au tour de Asnar de faire de la stratégie et d'expédie à côté. Mais Sochaux se ressaisit et Bruhin stoppe magnifiquement une attaque visiteuse. Les opérations sont conduites à une vitesse incroyable. La défense de Sochaux joue plus repliée. A cela, celle de l'OM supplée par son brio et sa décision.

Fascinek et Keller tirent au but...

Coup franc pour Sochaux à trente mètres ; il est tiré en coin haut mais d'un rien à coté. Asnar est d'une brillante activité. Après un heurt entre Ben Bouali et Bruhin, Fascinek n'ayant que Conchy devant lui tire à coté.

Depuis le début, Mattler semble avoir été touché et a quelques difficultés à évoluer dans ce match de vitesse. La foule vibre tant le jeu est beau et net. Le premier corner est obtenu par Sochaux à la 25e minute, Korb le tire dehors.

Déboulé et centre de Kohut, Zermani, trop replié, manque le service et Lehmann dégage. Un beau centre-shoot de Keller est cueilli haut par Pardigon et la partie continue toujours rapide. A la sortie d 'un six mètres, Korb servi et démarqué, botte à côté. Gonzales fait un beau travail destructif. Sochaux incursionne une fois de plus et sans succès par la droite. Devant Courtois, et bien protégé, Pardigon cueille une balle délicate et sur le renvoi, Heiss feinte, mais ne peut que mettre à coté.

Le shoot de Kohut était terrible mais Di Lorto veillait...

Une descente en ligne de Sochaux est renvoyée par Bruhin, puis voici Kohut qui botte un dur shoot de côté, mais Di Lorto s'interpose et renvoie. Par Kohut l'O.M. intervient à nouveau dangereusement à deux reprises et à cinq minutes de la mi-temps, bien servi, Zermani, réussit un joli revers bien bloqué par Di Lorto. Peu après Padron, bien placé, expédie au-dessus des files et sur le renvoi, Mattler met en corner.

La mi-temps approche, l'ardeur ne ralentit pas au contraire, et c'est en camp sochalien que M. Conrie siffle le repos.

LA DEUXIEME MI-TEMPS

A la reprise, Sochaux part à l'attaque mais Marseille réagit aussitôt et Di Lorto doit intervenir. Sochaux apparaît plus dangereux qu'en première mi-temps. Fascineck a une belle descente que Conchy intercepte, puis sur centre-shoot de Kohut suivi d'un revers d'Asnar, Di Lorto fait preuve de brio.

Pardigon se distingue et Asnar bat Di Lorto

De suite après, c'est Fascinek qui botte à coté, puis Pardigon a une magnifique action, plongeant dans les pieds du même attaquant. Sur le renvoi, à la huitième minute, sur centre-shoot de Kohut. Di Lorto renvoie du poing, la balle est reprise et interceptée pour arriver à Asnar qui de trois mètres bat Di Lorto.

O.M. 2 : Sochaux : 0.

Peu après, Korb botte au-dessus, Heiss de trente mètres essaie un tir qui passe, lui aussi, trop haut.

Lancé en force par Ben Bouali avancé, Zermani fonce et dans la foulée est bien près de scorer. Son shoot, bien aligné, est de peu au-dessus. Voici une nouvelle attaque suivie d'une autre par la droite locale et les deux fois Di Lorto doit plonger in extremis, ce qu'il fait avec virtuosité.

L'O.M. redouble d'activité

L'O.M. redouble d'activité et fait preuve d'un mordant inaccoutumé. Les demis ont le contrôle de toutes les balles et sont toujours en position de défense. Gonzalès a écoeuré Fascineck. Sur une échappée Courtois prend la défense de vitesse, mais dans la foulée il n'ajuste pas son tir. Olej, imprécis en première mi-temps est maintenant dans une forme impressionnante. Heiss, bien lancé, met Di Lorto à genoux pour cueillir la sphère. La défense de Sochaux est longuement et très sérieusement à l'ouvrage. Asnar, à son poste d'inter, accomplit u très joli travail.

Corner pour Sochaux à la vingtième minute, tiré par Keller, il est stoppé par la défense locale qui reporte immédiatement le jeu en terrain sochalien. L'activité des backs locaux est débordante et il est fréquent de voir Ben Bouali ou Conchy porter la balle aux pieds le jeu en terrain visiteur. Un shoot de Courtois est intercepté par Bastien et voici Kohut qui est relancé, son action, cette fois sera terminée en touche.

Cazenave quitte le terrain

Un incident met Zermani et Cazenave en contact ; Cazenave sort du terrain touché, mais il y a coup franc à la limite contre Sochaux. Botté, il est recommencé et le tir de Bastien va au-dessus.

Certains joueurs de Sochaux se font adresser des avertissements par l'arbitre. Sochaux attaque, tandis que Cazenave après s'être fait soigner, regagne le vestiaire

La défense de l'O.M. est impénétrable

Pardigon intervient avec agilité et précision et malgré une temporisation locale forte de ses deux buts d'avance, rien ne passe et il ne reste que douze minutes à jouer.

Sochaux joue avec Fascinek à l'arrière. Les attaques poussent moins et c'est logique après le gros effort fourni jusqu'à là. Malgré tout, Bruhin dans un grand jour et Bastien déchaîné en cette fin de partie, ne manquent point d'alimenter les ailes, ce qui à chaque coup met la défense sochalienne à l'ouvrage.

Devant un beau centre de Kohut, Di Lorto doit sauter pour renvoyer au poing sur la tête de Zermani. Coup franc contre Mattler à trente mètres à quatre minutes de la fin et voici tente l'échappée, Conchy puis Olej reportent le jeu en camp visiteur et la fin arrive sur la victoire des Olympiens

P. EVIN

------------------------------

Comment ils ont joué

C'est en effet à l'une des plus remarquables parties qu'il nous fut donné d'assister. Les deux équipes, avec des tactiques différentes donnèrent dès le début à cette explication sportive une allure rapide. Quel jeu splendide, quel style supérieur et quelle maîtrise ces deux formations mirent en application. Ce fut véritablement un joli spectacle.

Le football de Sochaux pratiqué selon une technique de marque, apparut au début d'un attrait tout particulier. Tous les joueurs placés selon une consigne imposée se répartissaient le jeu avec une science consommée. Pas d'effort inutile chacun des acteurs se déplacé adroitement pour cueillir des services précis et répétés.

A un jeu aussi relevé on craignait que nos représentants ne puissent s'adapter. Il n'en fut rien. Le football des Olympiens au contraire, fut inspiré sur les qualités physiques des joueurs. Ils ne s'attardèrent point à construire des phases par trop fantaisies, des dribbles trop prononcés.

Mettant à profit leur tempérament ardent, impulsif, ils procédèrent par de larges déplacements, pratiquèrent un jeu direct, non dépourvu cependant d'intelligence et où l'efficacité fut en l'honneur.

Les Olympiens jouèrent hier l'un des plus beaux matches de leur carrière. Ils surent se hisser en football à la hauteur de leurs réputés adversaires, et qui plus est, firent montre tout au long du match d'une activité débordante et d'une remarquable virtuosité.

Nous disions vendredi que de la tenue de notre ligne intermédiaire dépendrait le résultat du match. C'est en effet grâce à elle que l'équipe locale put avoir une stabilité véritable, grâce à elle que les "forwards" sochaliens furent jugulés.

Bruhin délaissa peut être un peu ses services, mais il déploya une telle vigilance que Courtois n'eut jamais l'occasion de mettre à profit ses belles qualités de shooteur.

La surveillance de notre policeman est telle que dès le début il apparut que les vainqueurs de la Coupe de France auraient beaucoup de mal à s'imposer. Bastien et surtout Gonzales sortirent également une partie supérieure et ainsi la tâche des autres lignes fut grandement facilitée.

Plus rapide notre attaque se montra beaucoup plus efficace. Olej et Asnar avec précision ne cessèrent de lancer Zermani et Kohut et l'on s'aperçut alors de la faiblesse véritable des demis ailes adverses.

Les Olympiens le comprirent tellement bien qu'ils mirent leurs ailiers souvent à contribution. Ceux-ci en grande forme obligèrent le trio de l'équipe de France à montrer tout son savoir-faire.

On eut une plus nette impression du succès des Marseillais sur la fin de la deuxième mi-temps, lorsque Padron et Fascinek baissèrent le pied. En effet les inters sochaliens ne purent suivre le train rapide de la partie.

Ainsi l'attaque visiteuse ne put elle percer et fut une proie facile pour Ben Bouali, Conchy et Bruhin.

La victoire de nos représentants est grandement méritée. Tous les joueurs s'y sont employés pour l'acquérir avec une égale volonté, une habilité digne des plus beaux jours. Rares auraient été les équipes qui hier eussent résisté au dynamisme des Olympiens. C'est le plus bel éloge que l'on puisse leur adresser. De dures parties les attendent encore. Qu'ils sachent renouveler leur exhibition d'hier ; à cette condition, la Coupe peu leur sourire.

Parmi eux, cependant, signalons particulièrement la belle tenue de Pardigon qui ne commit aucune faute ; les actions sures de Ben Bouali, qui fut un back impeccable ; la forme de Zermani, les déboulés toujours intelligemment conçus de Kohut et l'exhibition pleine d'intérêt de Heiss et Aznar.

Sochaux fut à la hauteur de sa réputation durant la première mi-temps, tant que ses inters purent permettre une heureuse coordination des diverses lignes.

La tactique déployée, plaisante à voir et qui dénote d'ailleurs chez les joueurs une connaissance approfondie du football, apparut beaucoup trop stérile. Elle ne prévalut nullement sur l'action directe des Marseillais. Pour la mettre en pratique avec chance de succès il convient à notre avis, surtout lorsque l'on a en face un adversaire de la taille de l'Olympique de posséder un ensemble de virtuose d'une équivalence parfaite.

Or, Hier Padron, Fascineck, Lehman ne furent point à l'unisson de leurs camarades. Korb ne put que rarement être d'un précieux service pour Courtois, alors que Szabo préférant lui aussi le fignolage académique aux larges ouvertures se fit également souvent boucler par Aznar.

Di Lorto, malgré les deux buts qu'il dut concéder, ne démérita nullement. Il fit preuve d'une belle agilité, d'une décision réfléchie. Avec lui Cazenave et Mattler se signalèrent, encore que ce dernier, peu soutenu par Lehman, eut parfois de la difficulté à stopper les actions belliqueuses de Zermani.

Enfin signalons en terminant que malgré l'affluence record, l'organisation fut parfaite en tous les points. Le contrôle fonctionna admirablement et l'évacuation des spectateurs en fin de partie s'effectua sans heurt.

Georges DARBOS

.

A coté du match

Jamais encore on n'avait assisté à une telle affluence de spectateurs enthousiastes. Longtemps avant le coup de sifflet initial, les bonnes places étaient combles ; l'attente ne rebutait point les amateurs hommes et dames. Est-ce cette attente prolongée, est-ce la chaleur de la foule, le haut-parleur à plusieurs reprise demanda le secours de docteurs pour soigner des spectateurs se trouvant indisposés. Ces concours vinrent avec une rapidité étonnante et qui fait honneur et au dévouement du service médical et à l'organisation tout entière.

~~~ "Il est trop petit ce stade" clamait un supporter arrivé un peu tard à l'une des portes des quarts de virage. L'escalier d'accès était en effet plus qu'embouteillé et bon nombre de "spectateurs" si l'on peut dire, durent se contenter des échos du match.

~~~ A l'entracte, des airs de Tino Rossi alternant avec des slogans d'apéritif, de pharmacie ou d'automobile sont diffusés par le haut-parleur. Mais aussi des Bobards, tel celui invitant les 30.000 personnes présentes à aller - toutes - aux 3 salles. Il faudrait d'abord les faire agrandir...

~~~ Dans la foule anonyme de la tribune Gustave Ganay, nous reconnaissons un vieil ami Albert Rousson, ex président du Phocée Club "Si nous avions eu un stade pareil du temps du pauvre Jean !..." En effet Jean Bouin lui-même n'avait pas prédit une vogue extrême au sport quand l'effort physique pourrait être apprécie dans de bonnes conditions par de s milliers de spectateurs ?

~~~ Un homme heureux : Max Crémieux, trésorier de la Ligue du Sud-Est, venant annoncer au président Abellu le chiffre de la recette : 344.238 francs pour 30.000 entrées payantes. Vive le football ! Mais que sera-ce pour la prochaine Coupe du Monde dont deux matches comportant une demi-finale se dérouleront à Marseille ?

~~~ A l'issue de la rencontre, les joueurs sochaliens sont allés rendre visite au sympathique Bruhin dans sa chemiserie de la rue Venture. Histoire de se mettre quelque chose derrière la cravate. Le trophée du championnat de France dut évoqué, verre en main, mais on en reparlera.

P.Q.

 

 

 

. . -----------------------------------------

Résumé du Petit Marseillais

du 28 février 1938

 

 

.

. . . -----------------------------------------

Résumé du Petit Comtois

du 28 février 1938

. . -----------------------------------------

Résumé l'Eclair Comtois

du 28 février 1938

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.