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Résumé Le Provencal

du 27 juillet 1969

 

A MALMOE, l'O.M. battu par un but d'Anderson

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

MALMOE - On n'est jamais trahi que par les siens. Roger Magnusson qui, pour des tas de raisons déjà exposées, tenait à faire un grand match, a complètement raté son numéro de Malmoe. Marqué de très près par ses adversaires et amis du club suédois, bousculé, contré, sans nulle méchanceté véritable au demeurant, il ne put rien terminer efficacement de tout ce qu'il entreprit.

Ce festival raté se situa dans une rencontre elle-même de peu d'intérêt. Le Malmoe F.F., contrairement à ce que l'on attendait joua avec une extrême lenteur dans la manoeuvre, et, sur cette rencontre le football suédois ne paraît pas supérieur au nôtre. (À la tension de M. Boulogne).

Nous pensions que l'O.M., reposé et ayant préparé ce déplacement comme s'il s'agissait de disputer une compétition officielle, l'aurait vraisemblablement emporté, mais très normalement, si l'on tient compte de son programme de préparation passé et à venir, l'équipe marseillaise n'a pas fait qu'un match en demi-teinte. Ni bon ni mauvais, plutôt mou. Nous l'excuserons volontiers.

On a fait dire à François Ier : "Tout est perdu fors l'honneur. De l'O.M., ce soir, Malmoe, on pouvait dire : " Il n'a rien perdu, sauf le match". Curieusement si l'on se réfère à son passé, l'O.M. a été battu par un but d'Andersson. Que de fois, pourtant, n'a-t-on pas écrit ce titre à la "une" du "Provençal", exactement de façon contraire.

Loubet, Escale,

Delachet et Novi.

Il est assez délicat de vouloir juger les joueurs à titre individuel après une rencontre de ce genre. Cependant, le meilleur attaquant olympien fut, d'assez loin, Loubet, surtout en première mi-temps où il se montra à la fois tranchant et avisé.

Le public, assez connaisseur, s'il manifeste peu ses sentiments, l'applaudit d'ailleurs à plusieurs reprises.

Escale en première mi-temps, et Delachet en deuxième, réussirent quelques excellentes parades, le plus jeune ayant même arrêté deux fois le même penalty.

On citera également Novi qui faillit marquer deux buts et parut moins émoussé que la plupart de ses partenaires. Lopez, l'homme de fer, aurait réussi un très grand match si, jouant aussi souvent ailier qu'arrière, il n'avait raté tous ses centres. "Ah ! ce pied fada" comme le dirait Mario Zatelli.

Merschel devait, en principe, rester toute la partie sur le terrain, mais il apparut assez rapidement que la façon de jouer de l'O.M. lui pose un problème encore pas résolu.

Le sélectionneur suédois

dans l'embarras

Dans l'équipe de Malmoe, on remarqua surtout le centre de la défense, déjà en vedette à Marseille, et, très épisodiquement, l'international Larsson. Le sélectionneur suédois a dû partir, hier, en hochant la tête : Magnusson et Larsson, deux de ses vedettes, n'ont guère été convaincants, et l'espoir Andersson a paru bien naïf.

L'essentiel étant dit, nous pouvons maintenant en venir à la rencontre elle-même, disputée sur le stade tout neuf du Malmoe F.F. par un beau temps, avec un assez fort vent, l'O.M. présentant l'équipe annoncée hier dans nos colonnes.

Le but d'Andersson.

La première mi-temps s'est jouée dans un silence de cathédrale. Quelle différence entre le public latin et celui du Nord. Du banc de la presse, pourtant fort éloigné de la pelouse, nous entendions très distinctement les conseils d'Escale : "Tu es seul, Didier", "Attention Diego"...

Diego, si vous ne le saviez déjà est le prénom de Lopez, et Didier et celui de Couecou. Il y avait pourtant 10.000 spectateurs environ, si nous en croyons nos confrères suédois dans un stade pouvant en abriter 30.000 dans les grandes occasions. C'est un but de Roy Andersson (36me) qui permit à Malmoe de mener à la mi-temps et, en définitive, de gagner le match. Un but peu orthodoxe. Sur un ciseau en retourné de Zwunka, la balle échoit, à droite, au grand Tappeur, annoncé à tort un peu partout en France. Tappeur centra ; il s'ensuivit un cafouillage d'ou le ballon sortit pour Andersson. Des 16 mètres environ, celui-ci expédia un tir imparable dans la lucarne.

Les multiples occasions

de l'O.M.

L'O.M., pourtant, ne méritait pas ce sort. Durant cette première mi-temps, favorisés par le jeu extrêmement lent et trop décomposé des Suédois, les Olympiens avaient eu plusieurs très nettes occasions de conclure : un tir de Loubet dès le début du match, miraculeusement détourné en corner par le gardien suédois ; deux tirs de Novi, un peu plus tard qui aurait pu faire mouche ; un autre bon tir de Loubet et une tentative de Magnusson, arrêté in extremis à la suite d'un centre fort judicieux de Couecou.

Les attaquants de Malmoe, pour leur part, n'avaient menacé vraiment Escale qu'à trois reprises. Les deux premières fois le gardien marseillais écarta le danger avec brio ; la troisième, le but fut marqué mais refusé pour hors-jeu. Nous étions à quelques minutes de la mi-temps.

Bravo Delachet

Pendant la pause, Mario Zatelli dut modifier son plan ; il fit rentrer Bonnel comme prévu, mais laissa Merschel sur la touche, préférant garder sur le terrain le précieux Novi. Deuxième changement : Delachet au lieu d'Escale. Le jeune gardien de l'O.M. n'allait pas tarder à faire parler de lui. A la 60e minute, l'international Larsson que l'on n'avait pas tellement vu jusqu'à, réussit un "petit pont" aux dépens de Djorkaeff, avant de se faire balancé par Zwunka, alors qu'il venait d'entrer dans la surface de réparation.

"Penalty !" siffle l'arbitre. Gramstroem le tire une première fois. Delachet arrête. "À refaire !", décrète l'arbitre, qui a sans doute vu ou cru voir le gardien olympien bouger avant le départ du ballon. Les Marseillais protestent : rien n'y fait. Gramstroem se remet en place, retire, et Delachet arrête une nouvelle fois.

Quelques minutes plus tard, le jeune gardien devait encore se faire applaudir en déviant acrobatiquement en corner un tir très tendu de Larsson.

"Remboursez" en suédois.

La fin de la rencontre peut se résumer aisément. Les Suédois apparemment satisfaits du résultat se mirent à "geler" le jeu, comme on le dit communément. Cette façon retardataire de jouer ne plaitpeu à Malmoe qu'à Marseille, et l'on entendit, pour la fois, la foule manifestait son mécontentement. Cela n'alla pas jusqu'à crier : "Le président au poteau !", "mais nous entendimes (traduit par l'un de nos voisns, un timide :"Remboursez !".

Alors qu'il ne restait que quelque minutes à jouer, Couecou, qui avait fait de son mieux à une place difficile, eut une belle occasion d'égalisé. Il n'eut que le tort de croiser un peu trop sentir.

Et voilà comment se termina cette rencontre, dont on ne gardera pas un souvenir impérissable.

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Mario Zatelli : "Nous aurions pu mener

à la mi-temps".

Mario Zatelli, la rencontre terminée, n'avait pas tellement envie de la commenter.

"Oui, finit-il par nous dire, il est certain qu'à la mi-temps nous aurions pu mener à la marque, car nous avons eu plus d'occasions que l'adversaire. En seconde mi-temps, la fatigue à handicapé notre équipe. Enfin, je ne suis pas mécontent. Une défaite très honorable à Malmoe, dans de telles conditions, ce n'est pas mal du tout."

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Loubet : "Ces Suédois sont durs,

mais manque de vivacité".

Loubet traînait sérieusement la jambe. Il a pris un coup très douloureux sur le mollet. Dans le car, et dans l'optique de Suède - France, il nous a dit : "Ces Suédois ne m'ont pas tellement impressionné. Ils sont, certes, de bons techniciens, ils jouent virilement, mais ils manquent de vivacité. Je pense que l'équipe de France à sa chance mais n'anticipons pas !"

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Christian Delachet :

"Arrêter c'est prévoir"

Ordinairement très boute-en-train, le jeune gardien Christian Delachet était on ne peut plus joyeux. Arrêter deux fois le même but à l'étranger, ça compte dans la vie d'un jeune stagiaire.

"Arrêter un penalty, dit-il, c'est prévoir. En regardant ce gros Suédois, j'ai compris qu'il allait tirer sur ma droite, et c'est bien ainsi que cela s'est passé !"

 

 

 

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