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Résumé Le Provencal

du 12 février 1951

 

NICE marque sur deux échappées et l'O.M.

Egalise en seconde mi-temps après

une démonstration de football (2-2)

Nice - Malgré le temps gris et quelques ondées, le match Nice-OM a drainé une grande foule au Stade du Ray. L'apport marseillais était, certes, considérable, d'autant plus qu'on peut y ajouter celui - non négligeable - des sportifs venus en micheline de Digne, des Basses Alpes et en cars du Vaucluse et des Bouches du Rhône.

Il n'aurait toutefois pas suffi à emplir les tribunes comme elles l'étaient bien avant l'heure du coup d'envoi. C'est dire que les "purs" Niçois ont répondu en foule a l'attrait du choc Nice-O.M., 23.000 spectateurs (pour 3 millions 500 000 francs de recette) se pressaient donc autour du terrain à l'heure du coup d'envoi.

Plus de 4.000 Marseillais

La cohorte marseillaise - jamais égalée encore sur terrain adverse - dépassait 4.000 personnes - donnait de la voix comme 10.000, lorsque M. Defosse appela, sous la bruine, les équipes, qui se présentèrent dans une ambiance extraordinaire, dans les formations annoncées c'est à dire :

Nice : Germain, Samuelsson, Firoud, Pedini, Mindonnet, Belver, Courteaux, Bonifaci, Bengtson, Carré, Ben Tifour

L'O.M. : Liberati, Rodriguez, Salem, Scotti, Haddad, Johansson, Sboralski, Flamion, Andersson, Ekner et Georges Dard.

On constate que les demis marseillais avaient permuté.

L'O.M. domine

La pelouse, dépourvue de gazon, l'est aussi de flaques d'eau. Ce qui n'empêchera pas qu'elle soit extrêmement glissante, surtout au centre et devant les bois.

Nice engage, mais Johansson obtient un coup franc sur le renvoi de Samuelsson, Ben Tifour centre, Scotti met en touche. Le matche s'annonce dur, joué très vite.

Les hommes se marquent de près. Une ouverture - la première - à Andersson se termine en touche par Mindonnet. Bonifaci s'attire un coup franc pour charge dans le dos de Scotti. Danger redoutable de Bengtsson. Haddad intercepte, mais le Suédois le couche à terre. Sur le coup franc, Rodriguez sert Dard. L'ailier part, passe à Ekner, qui sert Andersson. Ce dernier redonne à son inter, qui s'apprête à shooter, lorsque Samuelsson détourne en corner. Ce dernier, bien tiré, sera le signal du début d'une dangereuse pression marseillaise.

Germain est affolé, sa défense également. Par deux fois encore, la balle va en corner. Le gardien niçois est par deux fois miraculeusement sauve.

L'O.M. domine. On note pourtant deux échappées de Bengtsson et de Ben Tifour puis un tir de l'avant-centre niçois, bloqué par Libérati.

Puis les Marseillais repartent à l'assaut de Germain. Toutefois, leur facilité d'évolution au centre du terrain. La maîtrise de leurs inters, font que ces derniers conservent trop longtemps la balle : ils temporisent. Et Ekner doit se contenter d'un corner, alors que Andersson - Flamion - Sboralski. Le centre de ce dernier fuse. La balle sort.

Nice tout à coup, réagit. Salem, passe une fois par Courteaux, rejoint l'inter et le stoppe. Salem sauvera encore devant Ben Tifour, en concédant le premier corner de l'O.M. à la 18me minute.

... mais Nice marque

Les Niçois, à présent, font jeu égal avec leurs adversaires. Sur centre de Ben Tifour, Liberati est obligé de dévier en corner.

Les "Aiglons" en obtiennent un autre, peu après ; impeccablement tiré par Ben Tifour, il est splendidement repris de la tête par Pedini, démarqué, Libérati, gêné, est battu. Nous en sommes à la 21 minute.

Les Marseillais accusent le coup. Nice domine, à tel point que Belver monte la balle au pied sans opposition. Ben Tifour rate la reprise. Ce n'est que partie remise, car, soudain, Firoud, à son tour, attaque jusqu'aux 22 mètres adverses, sans que Sboralski le gêne dans sa course.

Le centre de l'arrière niçois est repris de la tête par Bengtsson. La balle, en chandelle, ne peut être contrôlée par Liberati, gêné par Haddad et Ben Tifour, qui la réceptionne, marque dans la cage vide (26me minute).

En cinq minutes, donc, l'O.M. a pris de buts. Il s'agit manifestement de deux erreurs de marquage. Pourtant, la défense, jusqu'à présent, a été parfaite dans toutes ses interventions. Heureusement, elle retrouve vite son équilibre. Mais alors, les avants gâchent des occasions par excès de personnalité. Ekner (2 fois), Flamion puis Sboralski, laissent échapper de belles occasions.

Sboralski est peu utilisé. Dard l'est davantage, mais l'ailier gauche n'a jusqu'à présent, pu prendre que rarement Samuelsson en défaut. Enfin, Andersson, assez mal lancé, n'a jamais pu tenter sa chance. Il n'a tire qu'une fois au but et très mollement. Mindonnet l'a manifestement dominé.

L'équilibre territorial rétabli vaut, malgré le terrain glissant, de fort agréables échanges. Sur l'un deux, en faveur d'Andersson. Ekner passe à Flamion. L'on croit au but, lorsque Pedini surgit et reçoit le ballon en pleine poitrine.

C'est la mi-temps sur cette occasion manquée.

L'O.M. est difficulté

Après un court orage, pendant la pause, la partie reprend par une attaque de Nice. Bonifaci part sur l'aile droite ; Scotti glisse en intervenant. Bonifaci tire aux bois ; la balle happe à Libérati. Il s'en faut de peu qu'elle ne soit reprise par Courteaux. Mais Salem met en corner. Sur le dégagement brève tentative de l'O.M.

Nice repart de nouveau vers Liberati. Les défenseurs marseillais se gênent. Liberati sort, manque le ballon ; Carré reprend, très mal. Heureusement pour Marseille ! La balle roule et heurte un poteau vertical. L'O.M. l'a de nouveau échappé belle.

Les Marseillais se retrouvent

Les joueurs au maillot blanc (si l'on peut dire) jouent dès lors vite, Scotti et Johansson poussent à l'attaque. Andersson est plus souvent servi à ras de terre et il s'avère très dangereux. Le Suédois sur passe de Scotti, malgré trois hommes qui le coincent, fonce, va shooter, lorsque l'arbitre siffle un coup franc.

Sur celui-ci, Johansson reçoit le ballon ; il part vers la droite, évite deux adversaires et glisse à Scotti. Le demi feinte et, de 25 mètres, du gauche, place un bolide. Germain veut repousser du poing, le ballon glisse. C'est le but (50me minute).

L'O.M. est déchaîné. Tous les Niçois sont en défense. Andersson plusieurs fois, déborde Mindonnet et tente le but. Il ne peut le réussir mais sur un de ses centres, une flaque d'eau freine le ballon alors que Dard était bien placé pour shoter.

...attaquent à fond...

La passion atteint son point culminant. Tous les joueurs de l'O.M. sont à l'attaque, Dard, Sboralski, Andersson se multiplient, tandis que Flamion, Ekner, Johansson et Scotti soutiennent toutes les offensives avec un brin qui soulève des applaudissements unanimes.

Les Niçois nettement dominés par les échanges de passes qui se déroulent au centre du terrain et dans leurs 18 mètres, se dégagent difficilement. Les quelques rares échappées qu'ils peuvent conduire sont néanmoins, redoutables et, sur l'une d'elles, Liberati effectue un très bel arrêt.

Mais c'est encore Germain qui doit le plus souvent s'employer.

... et égalisent

Le second but pour l'O.M. sera obtenu après un magnifique travail de Flamion qui trompa toute la défense et sert Johansson. Le Suédois feinte, glisse à Ekner au centre. Le bolide de l'inter est amorti par Andersson qui, prenant Germain à contre pied marque imparablement malgré Mindonnet (70me minute).

Cette égalisation porte la surexcitation à son paroxysme. Rarement pareille ambiance a régné dans un stade.

Sous les encouragements de son public, l'équipe niçoise attaque. Scotti, inouï, stupéfiant de sang froid, sauve une fois, puis Salem détourne le ballon alors que Libérati était battu.

L'allure de la partie est à présent beaucoup moins rapide. La fatigue pèse sur les épaules. On sent que les Marseillais se contenteraient du résultat nul, tandis que les Niçois voudraient eux, obtenir la victoire. Mais leurs offensives manquent de perçant. Sur l'une d'elles, néanmoins, Georges Dard, replié, sauve d'un très beau retourné.

Tous les Marseillais sont maintenant en défense, cependant que leurs adversaires sont tous dans les 22 mètres, de Libérati, à l'exception d'Andersson et de Mindonnet, au centre du terrain.

Tout à coup, sur un dégagement de Hadad. La balle échoit à Andersson. Le Suédois fonce, évite Mindonnet et de 20 mètres botte. Le cuir frôle le poteau vertical.

C'est la fin

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Excellent match de l'ensemble

mais ... JOHANSSON et SCOTTI ont dominé

Nice - On pouvait craindre que la pluie, et par instant le terrain glissant, ne gênent les évolutions des joueurs au point de ne produire qu'un football de médiocre qualité.

Il n'en a rien été, au contraire, et les 90 minutes de la rencontre jurent émaillées de phases splendides qui prorogèrent d'admiration d'une foule dans l'ensemble très objective.

Le match peut se diviser en trois périodes très nettes : dans la première dès le coup de sifflet initial, l'O.M. prenant de vitesse son adversaire, le domina de façon écrasante et faillit marquer plusieurs fois. Il faillit seulement car celui vers qui tous les joueurs dirigeaient leurs passes, l'avant centre Andersson était surveillé de si près par Mindonnet qu'i ne pouvait faire un mouvement. Au cours de ces vingt premières minutes, l'O.M. brilla d'un vif éclat mais, ne réalisa pas. La facilité est toujours dangereuse : elle incita les défenseurs au maillot blanc à relâcher leur surveillance pour se mêler ou soutenir leurs camarades de l'attaque.

La réplique fut claire : en cinq minutes, Nice, par deux fois, battait Libérati à la suite d'échappées de Ben Tifour, qui obtint un corner, et de Firoud inexplicablement délaissé.

L'O.M. se reprend

Alors commença la deuxième période, celle de la domination niçoise. Scotti et ses coéquipiers perdant visiblement leur sang froid, ne savaient plus parer au danger. Ils y parèrent évidement, mais sans brio, ils le retrouvèrent heureusement après la pause, avec un désir de vaincre qui les transforma littéralement. Cette seconde mi-temps, en effet, qui fut la troisième période a été disputée sur un rythme de coupe. Mais elle fut en tous points splendide. Splendide par la résistance désespérée des Niçois, splendide par l'exhibition étonnante des demis et des avants marseillais.

L'O.M. déchaîné

Les Niçois résistèrent mais ils ne pourraient faire que cela devant des footballeurs déchaînés, qui étalaient une classe exceptionnelle. On vit alors ce que peuvent réaliser des Flamion, Scotti, Andersson, Ekner et Johansson, lorsqu'ils se donnent sans réserve.. Leur exhibition étonna les spectateurs niçois et l'on peut affirmer qu'ils ont véritablement arraché le match nul et que si l'on jugeait uniquement sur la qualité, ils méritaient la victoire.

Leurs adversaires, médusés, durent lutter de toute leur énergie pour endiguer des assauts sans cesse renouvelés qui déferlaient vers Germain. Ils y parvinrent grâce à un courage auquel il faut rendre hommage et ils se satisfirent du résultat.

Les deux équipes ont partagé les points. On ne pouvait objectivement souhaiter résultat plus équitable.

Il est difficile de faire un classement parmi les joueurs de l'O.M. Si on devait toutefois l'établir nous citerons tout d'abord Johansson et Scotti, puis Flamion, Ekner et Andersson ; mais dans leur domaine défensif, Haddad, Rodriguez et Salem furent parfaits.

Libérati à l'exception de deux mauvais blocages qu'on peut excuser par la balle glissante, fut excellente. Quant à Sboralski, il se montra en net progrès. Il fut surtout plus heureux dans ses passes et centres. Quant à Georges Dard, enfin plus souvent utilisé, il se montra très dangereux par instant et lutta surtout avec une magnifique énergie.

 

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