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Résumé Le Provencal

du 30 août 1953

 

L'O.M. s'est montré sous son jour d'autrefois

et sa manière à plu aux Parisiens

PARIS - Les deux clubs provençaux qui ont opéré, samedi, au Parc des Princes, ont largement satisfait le public de la capitale. L'ancien - l'O.M. - s'est montré sous un jour d'autrefois avec une manière retrouvée qui plaît aux spectateurs : offensives incisives, profondes, rapidement menées et dont le but est, non pas de faire une inutile dentelle, mais d'expédier la balle dans la cage adverse. Le nouveau - Aix - n'a pas encore de tactique préférée, de personnalité affirmée, mais a enchanté par son jeu divers et plaisant. Nul béton dans les deux formations : le public commence à comprendre qu'il vaut mieux voir du jeu que d'assister à une victoire sans panache de l'équipe locale.

Andersson, magnifique leader d'attaque

Comment marquer Andersson ? C'est sûrement ce que Hon s'est longtemps demandé. Il le fit d'abord de près : un dribble court l'ayant laissé sur place dès le début, il se plaça à 5 mètres, mais fit surtout appel au soutien de Gaulon qui, à chaque départ du redoutable centre avant, venait en biais de stopper, il faut voir dans cette tactique d'immobilisation de deux hommes pour en marquer un seul, en même temps que l'explication du manque de réussite du meilleur buteur opérant en France. On en tirera la leçon que, si un homme de la classe avait opéré à ses côtés, cela aurait pu tourner au désastre pour le Stade. En tout cas, Andersson reste un des plus extraordinaires avants-centres qui soient.

Les inters

Ce qui précède peut sembler une critique à l'égard de Mercurio et de Nocentini. On craignait pour le premier son manque de compétition, pour le second une valeur un peu courte pour un tel poste. L'un et l'autre sont pourtant sans reproche. Le but magnifique réussi par Nocentini prouve qu'avec autant de têtes que de puissance il a su profiter de ce que Gaulon été occupé ailleurs. On a d'ailleurs vu constamment dans le jeu. Tout comme Mercurio, qui chercha, lui aussi à bénéficier du marquage d'Andersson pour partir en flèche au centre. Arrêté la plupart du temps par un hors-jeu, souvent à la limite, il trouva son désir de jouer avec sa tête et devra mettre simplement au point sa technique, en principe bonne.

Ailiers et demis

Dard à gauche a eu plusieurs déboulés si rapides qu'il laissa sur place arrières adverses et... partenaires. Son seul tort fut de ne pas carrément tenter sa chance en se rabattant au but alors que parfois il temporisa pour attendre un placement qui se faisait aussi vite chez l'adversaire que parmi les siens. Rustichelli à droite, ne nous a pas paru dans sa meilleure forme, encore qu'il est fait un match honorable.

Scotti à un sang-froid et un dribble étonnant. Vingt fois on l'a vu entre plusieurs adversaires, balle au pied, arriver à passer. Par contre, quand on le passe (ce qui est rare il est vrai) son repli laisse à désirer. Mesas et tout feu, tout flamme ; il exagère même et doit s'en méfier. Il est plein de promesses, mais sa technique ne vaut pas celle de son brillant partenaire.

La défense

Après une éclipse, Gransart se retrouve. Il est vite, puissant, décidé, qualités essentielles de l'arrière, mais il a quelques loupés et ses dégagements sont un peu trop hasardeux. Salem reste l'acrobate qui fait la joie du public et dont les interventions médusent l'adversaire. Son duel avec Johnson fut presque constamment à son avantage, mais en une circonstance il laissa filer son rapide adversaire qui le déborda et se fut un but. Entre les deux, Johansson fut appliqué et effectif, mais bien plus demi d'attaque que de défense. Ces trois hommes sont dissemblables, c'est un fait, et je suis bien embarrassé pour dire s'ils ne complètent ou s'il se gênent. L'impression d'ensemble n'est pas celles de l'absolue sécurité. Quant à Poncet qui, malade ne voulait pas jouer, il fit de son mieux et n'est pas à nos yeux, responsable du but de Johnson.

J.P. CATHALA

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Roessler : " J'ai enfin retrouvé mes joueurs...

Les olympiens assez satisfait de leur voyage (éclair) dans la capitale sont rentrés hier matin à Marseille. Le seul blessé du match Johansson, n'est pas trop gravement atteint et "Manu" Giraud espère le remettre rapidement sur pied. D'ailleurs, outre l'entorse qui s'est faite dès la 3me minute de la partie, le Suédois présentait un nez genre "tomate mûre" du plus bel effet, conséquence de son choc avec Knatow.

Les joueurs ainsi que l'entraîneur avait un tout autre moral qu'au lendemain du match contre Nîmes. Roeesler se plaisait à reconnaître le cran de ses hommes en ces termes :

"Le résultat peut être considéré comme régulier dans son ensemble. Nous aurions pu marquer un but de plus mais le penalty non accordé au stade, compense en partie notre déveine. Les gars ont prouvé que lorsqu'ils voulaient ils pouvaient tenir tête et même battre les meilleurs. Je ne leur demande qu'une chose de persévérer dans cette voie. Maintenant, je dois ajouter également que le but refusé à Andersson, était à mon avis parfaitement valable".

Aucune rancœur dans les paroles de l'entraîneur. Simplement une constatation (encourageante) ; la volonté retrouvée des olympiens.

... et MERCURIO m'a épaté

Nous n'étions pas au match du Parc des Princes. Cependant, il semble bien que la rentrée de Mercurio ait été prépondérante, ainsi d'ailleurs que l'excellente prestation de Scotti, dans honorable match nul enregistré devant le Stade par l'équipe marseillaise.

Roessler, en effet, ne nous a pas caché que Fanfan a été prodigieux :

"Mercurio nous a fait devant les Parisiens, l'une de ses meilleures parties. Je ne l'avais pas vu depuis quelques mois. Sa rentrée a été simplement époustouflante. Scotti également s'est retrouvé. Il a orchestré tout le match aidé il est vrai dans son entreprise par la faiblesse de son adversaire direct Dombeck.

Roessler, poursuivant son dialogue a tressé les couronnes à Mimi Mesas, Nocentini, Gransart et c'est aussi montré satisfait de la partie courageuse fournie par Johansson (blessé au début), Salem et Dard.

Poncet, bien que malade, a tenu à s'aligner. Il ne pouvait rien sur le but de Jonsson, placé dans un angle impossible. Lui aussi fut très bien.

Quant à Rustichelli, son entraîneur pense que d'ici quelque temps, il redeviendra tel qu'il était la saison dernière. C'est la preuve du commencement de son retour en forme.

L'avant-centre n'a pas encore marqué (officiellement) de buts pour son équipe. N'empêche qu'il a battu une fois Colonna comme il avait battu Dakowski. L'arbitre cependant n'a pas cru devoir accorder au canonnier marseillais le bénéfice de son effort. À la place du prochain gardien de but (celui du Havre) nous commencerons à nous faire du souci, car le capitaine des blancs n'entend pas céder son trophée sans combattre. Or combattre pour lui c'est trouver les filets.

M. GOIRAND

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Critique trop sévère

Certains de nos confrères sont à l'égard des deux matches et surtout du second plus sévère que ne l'a été le public. Pourquoi ?

Parce qu'ils sont restés sur l'impression du dernier quart d'heure. La critique est peut-être excessive, car c'est oublié 75 bonnes minutes, mais elle est fondée en partie. Plusieurs joueurs olympiens ont pris tardivement entraînement, et, il y a 8 jours, c'est toute l'équipe qui a payé cette erreur. On ne pouvait espérer, en si peu de temps, obtenir un rendement total sur une heure trente.

Or l'O.M. est parti à une allure endiablée. Il ne pouvait tenir jusqu'au bout. Il a eu sa chance de voir son adversaire sur les boulets lui aussi... sans quoi...

P.J.C.

 

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