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Résumé Le Provencal

du 09 octobre 1953

 

L'O.M., battu (3-0) à BORDEAUX, méritait

un meilleur sort, mais un penalty injustifié

et la grande classe de BERNARD

lui ont été fatals

très bons débuts d'ANGEL

(de notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND)

BORDEAUX - Par un temps superbe, devant 7.568 spectateurs, une recette de 1.945.600 francs, Bordeaux a battu, hier après-midi, l'O.M. par 3 buts : un penalty Kargu (20me minute) ; Abdesselem (40me) et Wogniesko (86me), à 0.

Malgré cette défaite plus apparente que réel, l'équipe olympienne a fourni une première mi-temps magnifique et supérieure dans l'ensemble à celle de sa rivale.

Au cours de ses premières 45 minutes, en effet, l'O.M. a opéré décontracté. Son jeu, large et en profondeur, a été un modèle du genre. Avec Andersson au centre de la ligne d'attaque, Gunnar en forme s'entend, il est probable que les Girondins n'auraient pas atteint la pause avec deux buts d'avance.

Un penalty sévère contre l'O.M.

Pourtant, l'arbitre, M. Le Men, par une décision injuste à la 20me minute de la partie, devait couper les jambes des olympiens en seconde mi-temps. En effet des le coup d'envoi, les Marseillais répondaient du tac au tac aux attaques girondines. Bien mieux, Bernard était plus souvent à l'ouvrage qu'Angel.

Il se tirait de quelques situations difficiles de façon excellente d'ailleurs, tout d'abord en se couchant sur une balle très dure de Dard (7me minute), puis sur des tirs violents et précis de Mercurio (13me) et Tagliagossi (16me et 19me).

Pendant ce temps, Angel intervenait que deux fois, un sur centre shoot de De Harder (9me) et un gauche de Doye.

Mais à la 20me minute se présentait le tournant du match. Wagniesko descendait, centrait sur Abdelsselem. L'avant-centre bordelais, aux prises avec Johansson, réussissait malgré un tacle du Suédois, à passer la balle à Doye, qui tirait en force. Angel stoppait l'essai, la balle sortait en corner. Tout à coup M. Le Men sifflait et désignait le point de penalty.

Stupéfaction dans le clan olympien et protestations violentes auprès de l'arbitre. Ce dernier héritait quelques instants, allait consulter son juge de Touche et revenait en accordant définitivement le penalty à Bordeaux. Kargu n'avait aucune peine à battre Angel.

C'était le premier but.

L'O.M. déchaîné

A cette décision injuste, disons-le, l'O.M. répondez par cran ligne d'un meilleur sort. A plusieurs reprises, Rustichelli, Tagliagossi et Dard mettaient en péril la défense adverse. Bernard, le portier bordelais, étalait alors sa classe en sauvant à tout coup.

La ligne médiane olympienne fournissait une grande partie. Johansson extraordinaire hier après-midi, muselait complètement Abdelsselem. Belver, avec sa hargne habituelle, lancer son attaque, tandis que Scotti ridiculisé international Kargu.

Abdelsselem Inscrit le second but

Cependant à la 40me minute, le Marocain allait ruiner les espoirs marseillais. Karku, parti des 40 m., s'était rabattu près des buts. Angel dans une belle détente, renvoyait en jeu sans bloquer. Abdelsselem, qui avait suivi, battait le goal marseillais imparablement. Et l'on atteignit la mi-temps avec le score de 2 à 0 en faveur des Bordelais.

Mais, en toute logique, nous représentants ne méritaient pas cela.

L'énervement gagnent les joueurs

Dès la reprise, ont senti qu'il y avait de l'électricité dans l'air. Bordeaux se reprenait bien, et son jeu, à son tour large et aéré, lui permettait de dominer la situation.

Le "onze" marseillais était réduit à la défensive. À la 52e minute, Mercurio, cependant, tentait la contre-attaque. Son shoot allait se terminer malheureusement dans les bras de Bernard.

Après cette courte action, les brutalités allait commencer. Nous ne voulons pas situer la responsabilité des joueurs. Mais on nous permettra de dire que M. Le Men fut pour beaucoup dans cette tension.

Sifflant à tort et à travers contre nous représentants des coups francs parfois mérités, quelquefois injustes, il réussit tout juste à énerver les Olympiens comme rarement il nous fut donné l'occasion de le voir.

Le jeu n'y gagne pas, au contraire. Les cris du public à l'encontre de nos joueurs firent le reste.

Mesas récolta un avertissement mérité d'ailleurs et les coups francs entre les Marseillais tombèrent dru.

La défense admirable faut bien le dire, ne laissait rien passer. Ce n'est qu'à la 86e minute, sur un cafouillage devant les buts d'Angel, que Wogniesko réussit à ratifier la balle et inscrire le 3me but pour son équipe.

Peu après, la fin survenait alors que les nerfs des joueurs étaient à leur paroxysme

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JOHANSSON, ANGEL, BELVER

SCOTTI meilleurs olympiens

Sur leur première mi-temps, il n'y a aucun reproche à adresser aux Marseillais. RUSTICHELLI est redevenu lui-même. Son match d'hier a été égal à celui qu'il a fourni contre Reims Grimonnont eut bien du mal à le marquer.

TAGLIAGOSSI, pendant 45 minutes nous rappela le joueur que nous avions vu contre la Fiorentina et Bologne, distribuant le jeu avec élégance, il n'en oublie pas pour autant de tirer au but. La réussite ne fut pas de son côté ; c'est dommage.

MERCURIO, également, a fait une très bonne partie, prenant ses responsabilités en shootant de nombreuses fois en direction de la cage bordelaise.

DARD, cela devient fastidieux de répéter, a été volontaire et combatif. Cependant, le poids des ans commence à se faire sentir.

MESAS, par contre, au poste d'avant-centre, a déçu. Il n'a jamais été dans le coup ; il est vrai que Garriga opéra, lui aussi en marge du fair-play.

La ligne de demis olympienne a été extraordinaire et nous hésitons à dire qui de Johansson, Belver ou Scotti ont été les meilleurs.

JOHANSSON fit un très grand match, certes, mais la finesse de jeu d'un SCOTTI, par exemple qui s'amusa de Kargu, où les envolées de BELVER n'ont pas été inférieures au travail du suédois.

Avec ces trois hommes l'O.M. possède vraiment une ligne intermédiaire extraordinaire.

NOCENTINI et ROSSI accomplirent un bon travail et Mario prit le pas sur De Harder en le gênant constamment et en collant littéralement à lui. Il doit être crédité d'un match excellent, ainsi que Rossi d'ailleurs.

Enfin, ANGEL a prouvé si besoin était, qu'il reste un des tous meilleurs keepers français. Son sang-froid, sa maîtrise et son sens du placement lui ont permis de ce faire applaudir maintes fois. C'est rare surtout à Bordeaux. L'O.M. tient en lui un goal de valeur.

À Bordeaux nous avons remarqué la grande classe du goal BERNAR, le jeu de DE KUBBER et GALLICE, tandis que dans la ligne d'attaque WOZNIESKO se montra le meilleur des CINQ (et de loin). Avec lui DE HARDER doit être également cité.

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Les Olympiens ont failli ne pas revenir à la mi-temps

Les olympiens était tellement furieux de ce penalty qu'ils refusèrent tous en bloc après le repos de reprendre la partie. Il fallut toute la persuasion de Roessler pour qu'ils reviennent finalement sur leur décision. On connaît le reste.

D'ailleurs voici ce qu'ils nous ont déclaré sitôt après la partie.

Johansson : "L'arbitre nous a découragé. Il est pénible de jouer dans des conditions pareilles."

Angel : "Ce but a tout gâché. C'est le grand responsable de notre défaite. Sans lui on pouvait obtenir un résultat."

Belver (qui s'ouvre le coup de pieds à la cheville) : "L'arbitre a mit la pagaïe. Voilà la cause de notre énervement en seconde mi-temps".

Dard : "Je crois avoir fait une bonne première mi-temps. Mais c'est arbitre !..."

Scotti : "Je préfère ne rien dire sur M. Le Men car j'en dirai trop".

ROESSLER :

A quoi bon s'énerver !

Après le match, l'entraîneur Roessler disait à ses poulains ; "En première mi-temps vous avez confectionné un jeu magnifique et vous, vous êtes battus à armes égales avec vos adversaires. Pourquoi êtes-vous énervés après repos au point de vouloir rechercher la bagarre ? Je me le demande encore. Cela vous a valu de fournir un petit jeu étriqué... et de perdre finalement."

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