OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 09 novembre 1953

 

L'O.M. se défend héroïquement

en 2e mi-temps devant SOCHAUX déchaîné

et préserve le match nul acquis au repos

(De notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND)

SOCHAUX - Devant 8.800 spectateurs environ, pour une recette approchant les 2 millions, le F.C. Sochaux et l'Olympique de Marseille ont fait match nul : 1 à 1. (Andersson pour l'O.M., 11e minute, et Muro pour Sochaux 40e minute).

Le match, sans revêtir une haute tenue technique, fut pas tonnant autant que par atmosphère créée par le public sochalien, qui désirait ardemment une victoire de ses couleurs, que par la défense quasi héroïque des Marseillais au cours de la seconde mi-temps.

En effet, jamais depuis le début de la saison, nous n'avions vu une équipe olympienne aussi soudée, et aussi généreuse dans l'effort.

Tout au long de ces dernières quarante cinq minutes, bien longue pour la poignée de Marseillais présents au stade Bonal, les onze porteurs du maillot blanc se dépensèrent sans compter. C'est à eux que l'appellation de "lion" doit être décernée aujourd'hui.

Sochaux, bien décidé à l'emporter, ne ménagea pas ses offensives. Mais les Olympiens, tels de véritables diables, intervenaient toujours à l'ultime seconde pour préserver leurs filets Et cela dura jusqu'au coup de sifflet final.

Pourtant, vers la 80e minute, l'O.M. parvenait à secouer l'emprise sochalienne. Quelques contre attaques rapides même (85e, 88e, 89e minutes), aurait pu donner la victoire, si Andersson réellement très bien hier après-midi, n'avait gâché malheureusement, à la 88e minute, la balle du match.

Disons tout de suite, malgré tout, que la victoire de l'O.M., si victoire qu'il y avait eue, aurait été bien chanceuse. Sochaux, sur son match d'hier, ne méritait pas de connaître la défaite, loin de là.

Premier quart d'heure égal

mais Andersson ouvre le score

Le temps est magnifique et le terrain assez sec. Il semble avantager quelque peu les olympiens.

Sochaux gagne le toss et l'on constate que Jean-Jacques Marcel joue arrière central à la place de Bruat, promu demi-droit.

Le premier tir dangereux et mis à l'actif de Salzborn qui reprend à ras de terre, une balle reçue par Bruat et dont Johansson avait manqué interception.

Angel plonge et arrête impeccablement ce shoot. Si Muro s'avère infiniment dangereux par ses ouvertures sur son ailier Reignier. Ce dernier en pleine forme, trompant Gransart à la 10e minute. Gardien reprend de la tête et Angel est encore à la parade.

Sur son dégagement, le cuir a échoué à Belver. L'inter marseillais d'une belle tête, passe à Andersson. Gunnar drible Marcel et bat Fragassi qui n'a pas bougé.

Surprise l'O.M. mène au score.

La division offensive des "Lionceaux" pratique un joli jeu, mais inefficace.

A la 21e minute, Reigner a le but au bout des pieds. Scotti dans un réflexe désespéré, sauve ses buts. Réplique marseillaise par Dard et Andersson. Le tir du Suédois, d'une puissance rare et imparfaitement bloquée par Fragassi. Mais aucun olympien n'a suivi cette balle.

L'arbitre du match, M. Huet, accorde un coup franc aux Sochaliens. Le public et houleux en raison du jeu impitoyable les défenseurs marseillais.

Muro égalise un peu avant la mi-temps

Jusqu'à la 40e minute, l'O.M. préserve ses filets. Soudain le jeune Colin échappe à Salem, centre sur Muro qui, de demi-volée, place une balle précise et avec effet. Angel n'a plus qu'à aller la chercher au fond de ses filets.

Un but partout et ce score reflète bien la physionomie de la première mi-temps.

Le béton olympien

Dès la reprise, l'O.M. joue le match nul. Roessler a laissé trois avants de pointe seulement, Belver et Mercurio s'étant repliés en défense.

Sochaux attaque à allure folle. L'ascendant des "jaunes" va aller crescendo au fil des minutes.

C'est alors que Johansson, l'exceptionnel Johansson, va fournir 45 minutes extraordinaires. De partout à la fois, il réussit à sortir des balles impossibles. Avec lui, Angel, brillant, transcendant même ; Scotti impeccable ; Mesas, Gransart et Salem, vont réussir l'exploit, car cela en est un, de n'encaisser aucun but dans ce laps de temps, malgré la nette domination sochalienne.

Jean-Jacques Marcel s'intègre à l'attaque.

Vers la 65e minute, passablement énervé par la défense énergique des olympiens et aussi par la stérilité de son attaque, Jean-Jacques Marcel passe chez les avants. Plusieurs de ses essais aux buts n'ont pas plus de succès. Il trouve Angel chaque fois à la parade.

Les aiguilles tournent et le score est toujours de 1 à 1.

Sochaux comprend enfin qu'aujourd'hui, il ne peut battre l'O.M.

Vers la 80e minute, l'équipe de Dormois relâche la pression.

Belver bénéficie d'un coup franc qu'il botte en force. L'horizontale se charge de renvoyer la balle que Fragassi a ratée. Dommage pour l'O.M.

Puis coup sur coup (88e et 89e minute), Andersson pouvait sonner la victoire à son équipe, mais sur le premier tir Fragassi s'interpose avec bonheur, presque avec chance et le second passe trop haut pour l'inquiéter.

Cette fois, le match est fini et l'arbitre en siffle la fin sur le score nul de 1 à 1.

------------ 

Comment ils ont joué

Encore JOHANSSON ET ANGEL

Le jeu ne fut pas d'une qualité rare. Cependant il fallut des émotions fortes pour son âpreté Le meilleur olympien a été encore une fois Johansson. Le Suédois après un léger flottement le temps de prendre la mesure du déroutant Salzborn fit une seconde mi-temps éblouissante. Il est à l'origine avec Angel, du nul de son équipe. Le gardien olympien a démontré qu'il est encore possible de le faire, sa grande classe et son sang-froid.

Après ces deux joueurs signalant Andersson. Gunnar a emballé le public sochalien. Maître dans l'art de la feinte de corps, il a passé chaque fois qu'il a eu la balle Jean-Jacques Marcel, avec facilité. Son but a été digne du meilleur Andersson.

Belver, ensuite Scotti se montrèrent sous un jour favorable. Tous les olympiens également, doivent être félicité pour leur courage.

Mercurio, précieux en défense n'a pu jouer son rôle d'attaquant n raison de la tactique olympienne. De plus, le sparadrap qu'il portait au-dessus de l'oeil droit, le gêna considérablement sur les balles hautes

Mesas en particulier, qui avait à marquer le difficile Muro, s'en tira mieux que bien.

Sa hargne et son souffle inépuisable ont été précieux plus d'une fois. Gransart, qui avait à surveiller le terrible Reigner ne parut pas à son aise en première mi-temps. Par la suite il se défendit honorablement contre le meilleur ailier gauche que nous ayons vu opérer cette saison.

Salem ne commit pas de grosses fautes, et ses interventions acrobatiques ont sauvé au moins par deux fois des balles qui semblaient vouloir se diriger vers les filets.

Dard et Rustichelli enfin sans renouveler leurs précédentes prestations oeuvrèrent avec courage pour l'équipe.

Signalant que Rustichelli a opéré toute une mi-temps (la seconde) avec un poignet foulé.

Tellechea (II) et Reignier meilleurs Sochaliens

Excellents techniciens au milieu du terrain, les Sochaliens ont manqué de réalisateurs dans leurs tirs aux buts. Les deux joueurs qui nous firent le plus l'impression sur le demi gauche Tellechea (II) et l'ailier gauche Reigner.

Jean-Jacques Marcel par contre à un peu déçu, dans son rôle de policeman auprès d'Andersson.

Muro et Gardien, inters de très bonne classe, en toutefois hésité à tenter leur chance. Dommage pour Sochaux

M.G.

   ------------

ROESSLER : " Enfin un beau résultat"

Inutile de souligner la joie qui régnait dans les vestiaires olympiens après ce rude match livré contre Sochaux.

ROESSLER, le visage souriant, disait à ses poulains :

"Bravo, deux fois bravo. Voilà un beau résultat. Vous avez joué avec un coeur admirable ce match digne d'une rencontre de coupe."

SCOTTI, le flegmatique Roger, est obligé de se rhabiller, précipitamment. Néanmoins il s'exclamait avec un large sourire : "Je vous l'avais bien dit que nous réaliserions le match nul part 1 à 1." (authentique)

ANDERSSON, de son côté, paraissait dépité : "Un match nul à Sochaux, c'est bien. Nous aurions pu l'emporter sur la fin. Le terrain, trop souple, m'a fatigué énormément. Il est à l'origine d'ailleurs de mon mauvais tir à la fin".

ANGEL, pour sa part, ne cessait de répéter : "Ah, si la balle de Muro n'avait pas eu cet effet, j'aurais pu sans doute l'arrêter."

Vraiment insatiable aujourd'hui les olympiens ! N'est-ce pas ?...

M.G.

   ------------

Jean-Jacques MARCEL : "Je regrette de ne pas avoir été Olympien cette saison"

Jean-Jacques Marcel est le joueur qui a le plus effrayé la chronique olympienne de l'inter-saison. Il est à la base, si l'on peut dire, du non-recrutement d'un inter de valeur.

Jean-Jacques le sait mieux que quiconque.

Aussi hier, avant le match, en apprenant qu'un reporter "du Provençal" était présent à la rencontre, il a tenu à apporter pour nos lecteurs, des précisions sur ce que nous appellerons son "maintien forcé" à Sochaux.

"Les premiers temps j'ai été désespéré, nous a affirmé, de ne pas opérer à l'O.M. Je suis même allé jusqu'à envisager de ne plus jouer au football pendant quelque temps. Néanmoins pour ne pas briser ma carrière j'ai consenti à résigner à Sochaux, car les règlements étaient contre moi."

"Cependant, j'envisage avec le plus grand plaisir de signer le plus tôt possible sous les couleurs marseillaises."

"Je regrette aussi que cela ne put se faire cette année, et pour les dirigeants, et pour les supporters du club."

"Toutefois j'ai confiance et vous dit : à la saison prochaine."

Si Jean-Jacques Marcel a confiance, il ne lui reste plus qu'à obtenir le consentement de M. Chabrier.

Mais ne croit-il pas que c'est sans doute là, la plus grande difficulté ?

M.G.

   ------------

Michel BIANCO a embrassé ROESSLER

M. Michel Bianco, tel M. Bayrou de fameuse mémoire, n'osait plus regarder la partie vers la fin du match. Les minutes semblaient lui paraître des siècles.

Aussi, c'est avec un véritable soupir de soulagement qu'il entendit ou plutôt n'entendit pas, le coup de sifflet final de l'arbitre. Il le devina plutôt. Ayant compris, il embrassa immédiatement l'entraîneur Roessler, et nous déclara fou de joie :

"Je suis plus qu'heureux. Pour mes débuts de dirigeant, l'équipe a joué avec un coeur admirable. Je vais tout de suite féliciter les joueurs".

On comprend la joie de M. Michel Bianco, véritable sportif et le plus olympien peut-être de tous les Olympiens.

M.G.

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.