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Résumé Le Provencal

du 01 mars 1954

 

L'O.M. nettement dominé et largement battu par Lille

plus brillant que jamais

Une erreur de l'arbitre cause de violents incidents

(De notre envoyé spécial Maurice GOIRAND)

LILLE (Par téléphone). Doit-on considérer le 4 à 0 de Lille-O.M. digère après-midi, comme la véritable différence de valeur existant entre les deux formations ? Non, car les Lillois, tout en héritant largement leur succès, disons-le sans ambiguïté, la réussite et... l'arbitre pour eux.

Sans contester la nette domination territoriale des Nordistes en effet, ainsi que la manière élégante et efficace d'horizon fait preuve pendant les trois quarts de la partie, les olympiens ne méritaient pas ces quatre buts.

Sur le premier d'ailleurs. Van Der Hart plaça son shoote après avoir poussé Angel dans le dos.

Sur le troisième, qui est à l'origine des violents incidents du match, l'arbitre M. Deviller, se montra d'une indigne faiblesse dans son jugement.

Angel, en effet, était bien sorti de sa ligne des 18 mètres en voulant dégager, mais il ne l'avait pas fait qu'après avoir lancé son coup de pied. Donc, il n'avait pas faute : l'arbitre siffle un coup franc direct, que le même Van Der Hart transforma, bien entendu, en but.

Cette erreur d'arbitrage aurait dû surtout être réparée par M. Deviller, lorsque après le shoot victorieux du Hollandais, Angel vint vers lui pour lui expliquer l'action, que ce referee n'avait d'ailleurs pas vu. Mais il se garda bien de revenir sur sa décision, ce qui déchaîna la très juste colère des marseillais, et leur laisser aller par la suite.

Deux des quatre buts ainsi expliqués revenons maintenant à la partie elle-même, qui fut franchement avantage des lillois.

Les Olympiens, certes, peuvent faire valoir l'excuse Andersson. Cependant, après ce revers, on est obligé de constater que l'attaque olympienne de sait plus tirer aux buts lorsque son leader est absent. Ceci est extrêmement grave et regrettable et peut coûter cher à l'O.M. d'ici la fin de la saison.

Ben Barek avant-centre

Le Stade Jooris est archicomble quand les deux équipes très applaudies pénètrent sur le terrain.

L'avant-centre titulaire Bourbotte, grippé, est remplacé par Douis, tandis que le jeune Clauws joue inter-gauche.

L'O.M. présente les lignes arrières habituelles. En attaque Scotti occupe le poste d'intérieur, Ben Barek et avant-centre, et Goutheraud inter-gauche.

Enorme pression lilloise

Souple et vite, l'attaque lilloise met tout de suite à contribution la défense olympienne. A peine les premières minutes se sont-elles écoulées, que le L.O.D.C. obtient successivement quatre corners.

Sur le dernier, tiré magistralement par Lefebvre, Van Der Hart, ainsi que nous le disions plus haut, bouscule Angel avant de le battre de la tête (12ème).

Les Lillois déchaînés, acculent leurs adversaires sur leurs buts. Angel, très brillant, intervient sur des tirs excessivement dangereux de Clauws (13eme), Strappe (14ème, 15ème et 16ème), Lefebvre (17ème).

Les deux ailiers Lefevre et Vincent font merveille, et il s'en faut d'un rien qu'un tir croisé de ce dernier aille terminer sa course dans les cages d'Angel. Heureusement, Strappe rate l'interception (20ème).

La barre sauve Angel

Devant ces nombreuses attaques, deux joueurs Scotti et Mercurio essaient de remettre de l'ordre dans la maison. Roger à la 30ème minute, ouvre sur Nocentini. Le tir du demi marseillais passe largement au-dessus.

En réplique, Lefevre, qui s'est rabattu, centre. Douis reprend de la tête et la balle s'écrase sur l'horizontale, alors que Angel était, cette fois, battu (31ème).

Mercurio, peu après, accomplit un joli travail et lobe Pazur à 40 mètres de Ruminski. Le petit ailier gauche - on ne comprend pas pourquoi d'ailleurs - ne poursuit pas son action et le portier lillois tout heureux cueille la balle au passage.

Enfin, peu avant la mi-temps (40ème), Goutheraud servi en profondeur par Ben Barek, place un tir sec dans le coin droit. Ruminski exécute un plongeon fantastique pour cueillir la balle.

Ce sont les deux seules actions olympiennes dignes d'être signalées au cours de cette première période.

Lille à la recherche

de son second souffle

Dès la reprise, Angel doit parer un bolide en coin de Douis.

L'O.M. s'organise un peu mieux. Cependant, en persistant à vouloir passer par le centre, l'attaque des "Blancs" reste stérile devant une défense aussi solide.

Seule Mercurio tire au but, et un de ses shoots, d'ailleurs remarquable, trouve Ruminski sur sa trajectoire.

Une superbe action de l'attaque lilloise permet à Vincent de faire un changement d'aile ; Lefevre qui s'est avancé presque au centre, surgit et bat une deuxième fois Angel (61ème).

Trois minutes ne se sont pas écoulées que, sur une remise en jeu, l'arbitre accorde à Lille le coup franc dont nous faisons état au début. Les olympiens se massent devant leur but. Van Der Hart, posément, place le cuir dans l'espace libre ; c'est le troisième but lillois.

Les Marseillais s'arrêtent et protestent. Salem pour plus de sûreté conserve le ballon. Angel et Scotti discutent avec l'arbitre pendant que la foule siffle violemment les joueurs marseillais.

Finalement ils s'inclinent et du centre du terrain Scotti met en touche afin qu'Angel puisse déposer une réclamation.

Cette fois les Olympiens opèrent sans grande conviction. Angel, encore une fois intervient magnifiquement en renvoyant du pied un bolide de Douis qui sans cette intervention aurait fait buts (70ème).

A l'ultime seconde de la fin Clauws, en position d'avant-centre ouvre sur Strappe. L'international rate, mais Lefevre qui était à ses côtés, reprend et loge la balle dans les filets olympiens pour la quatrième et dernière fois.

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La colère des olympiens

Lille - Dans les vestiaires marseillais le calme olympien avait été balayé par la décision malheureuse de M. Deviller.

Angel si pondéré d'habitude dans ses propos nous déclarait le rouge de la colère au ton.

"C'est véritablement scandaleux ! Déjà sur le premier but lillois j'avais protesté auprès de l'arbitre sur l'irrégularité commise par Van Der Hart, par la suite il se montra d'une incapacité notoire en accordant un coup franc direct et non indirect comme il avait dû le faire."

"Lorsque je lui ai fait remarquer la faute, il m'a rétorqué que j'avais touché la balle au passage sur le tir du demi centre lillois ce qui est encore une erreur grossière."

Roessler interviewé par la Radiodiffusion française partageait naturellement l'avis de ses joueurs.

Quant à M. Michel Bianco il avait perdu son éternel sourire.

"Sur les quatre buts deux n'étaient pas valables nous a-t-il dit. Dans ces conditions il était difficile de mieux faire."

Enfin Palluch prononça des paroles qui seront peut-être prophétiques :

"Avant la Coupe nous avons pris six buts à Reims. Cela ne nous a pas empêché de vaincre nos anciens adversaires la semaine suivante.

"Après ce match je crois que nous ferons de même dimanche prochain à Strasbourg."

Nous souhaitons bien sincèrement que Palluch ait finalement raison mais...

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Comment ils ont joué

LILLE - Il est difficile après un échec de cette importance de dire quels ont été les olympiens de plus en vus.

A notre avis quatre joueurs seulement ont nettement ressorti de l'ensemble.

Ce sont Angel brillant malgré les quatre buts encaissés "Pepito", en effet, sauva une quantité de fois sa cage menacée. Sans lui, cette nette défaite pourrait tourner en déroute. D'ailleurs, le public lillois, qui ne le reconnaissait plus, lui fit malgré tout bon accueil.

Après lui, Scotti fit un bon match, jusqu'à l'incident du coup franc. Toujours flegmatique et fin footballeur, Roger a étonné le public lillois par ses dribbles, ses ouvertures parfaites.

Ben Barek, également a été un bon organisateur. Malheureusement, il manquait le finisseur habituel Andersson, car Larbi, s'il reste aussi brillant dans ses mouvements, termine maintenant moins bien ses actions.

Mercurio, enfin a été excellent : actif et rapide, il se mit plusieurs fois en évidence et fut le seul shooteur olympien. Son tir de la 65e minute aurait pu valoir un but à son équipe, mais il y avait Ruminski...

Quelques olympiens ont eu des éclairs de jeu, par intermittence, telle Gransart, Nocentini et Salem.

Rossi, sans faire un très grand match, a été volontaire et accrocheur, ne s'avouant jamais battu, aussi ainsi que Mesas d'ailleurs.

Enfin Palluch et Goutheraud ont joué bien en dessous de leur valeur.

M.G.

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L'O.M. a déposé une réclamation

Après la partie, Angel a déposé sur la feuille du match une réclamation sur le troisième but accordé à Lille.

Le capitaine olympien, en effet, indigné du procédé de M. Deviller, a protesté énergiquement dans son compte rendu sur la façon dont a été accordé ce coup franc.

Ne nous faisons pas d'illusions, cependant l'O.M. n'aura jamais gain de cause !

 

 

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