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Résumé Le Provencal

du 18 janvier 1954

 

A NICE, match de Coupe sans beauté que l'O.M. aurait pu gagner plus largement

Deux heading de BEN BAREK et un bolide de MERCURIO

ont mis un terme à la carrière de GRENOBLE

(De notre envoyé spécial : Lucien D'APO )

NICE - Décidément le public niçois ne porte pas l'O.M., dans son coeur. Au chapitre des tendresses que les supporters des Aiglons" inscrivent à l'endroit de leur vieil adversaire en aurait pu relever, hier, une fameuse liste de noms d'oiseaux accompagnés des sifflets correspondants.

Les Olympiens s'en soucièrent d'ailleurs fort peu. Il était venu gagner leur vie dans cette Coupe de France pour laquelle ils nourrissent toujours un secret d'amour. Et puis nettement qu'il n'en apparaît à la lecture du score, ils ont battu un Football Club de Grenoble au grand courage, certes, mais dont la modeste valeur était bien celle dont nous avions fait état ici même.

Car il n'eut fallu vraiment qu'une once de réussite supplémentaire pour que le onze alpins s'en retourne à Grenoble le panier bien copieusement garni. C'est fou, le nombre de shoots que les avants marseillais manquèrent en seconde mi-temps. Dix pour cent d'efficacité en plus et c'est sur une demi-douzaine de buts que la comptabilité des grenoblois aurait été arrêtée.

Ce sont des "si" évidemment. Mais il est des situations bien trop nettes - témoin celle d'hier pour ne pas s'avancer résolument sur le terrain des suppositions qu'elles inspirent.

Donc l'O.M. domina ce match.

Assurément sans exprimer sa supériorité, avec la netteté que nous étions en droit d'attendre. Convenons toutefois qu'une part des responsabilités revint aussi à la fée Réussite qui n'avait point voulu te frappait de sa baguette les chaussons des bombardiers olympiens.

Et l'on vit, en seconde mi-temps surtout, les shoots fuser avec générosité... tout autour de l'encadrement que Jacquin défendait.

Mais revenons au début.

Un seul changement dans équipe annoncée : Bouchaib occupe le poste de l'avant-centre ou Duc était prévu dans le onze grenoblois.

A l'O.M. pas de changement.

A vrai dire, c'est Grenoble qui usant de sa seule arme - son courage - attaqua le premier. Pas pour longtemps, Mercurio et Ben Barek devaient en effet rapidement maintenir le jeu en face avec l'appoint de Johansson. Les hommes de Kadmiri se défendaient pied à pied et le premier tir (fulgurant) était l'oeuvre de Bouchaib, toujours aussi expert dans l'art de l'accrochage.

Deux dégagements au pied de Pierre Angel devaient écarter un danger provisoire venu du tandem Farmanian-Benedetti. L'entreprenant Mesas se signalait à son tour en brisant trois attaques successives de Grenoble et l'on notait une balle très sèche de Rossignol au-dessus de la barre.

Ben Barek marque

Rien de précis dans le football qui nous était offert depuis 20 minutes. Ben Barek dénoua enfin ce jeu fait de platitudes voir d'insipidité.

L'attaque sans être pétillante se développé plus rationnellement à l'O.M. Palluch échappait à Cohen, filait droit devant lui et son centre impeccable était remarquablement cueilli par Ben Barek calme et appliqué. But dans le coin opposé.

L'O.M menait donc par un but à zéro et Andersson, un peu délaissé par Kadmiri en profitait pour adresser un envoi frôlant la transversale.

Allez Grenoble !

Bien entendu tout le stade n'avait de voix que pour Grenoble.

Scotti à son tour participé à l'assaut quasi général des Marseillais. Mais sur une contre-attaque Angel devait dégager au pied.

Le match néanmoins retombait vers la médiocrité. Dard qui échappa plusieurs fois à son garde du corps centrait sur Andersson. Le shoot était stoppé in extremis par Jacquin. On inscrivait quelques belles interventions de Mercurio, Johansson et Ben Barek avant d'aller se reposer.

Pour employer le cliché classique, la seconde mi-temps connaîtra des alternatives diverses mais le match restera sous le contrat permanent de l'O.M. qui marque son second but à la 51me minute. Un but magnifique.

Dard, lancé par Ben Barek, a centré bat après s'être débarrassé de Teysseire. La balle va jusqu'à Mercurio qui, en position d'ailier, reprend de volée et laisse à Jacquin la seule satisfaction d'entendre le sifflement aigu d'un bolide.

Qui disait que Mercurio ne savait pas tenter sa chance ?

Les choses n'en resteront pas là. Palluch manque une belle occasion, imité en cela par Dard. La fusillade des Olympiens dont nous vous entretenions plus haut, commence. Le tir est nourri mais imprécis. Tout ça à côté. Ben Barek se lamente. Il joue constamment sur Dard. Enfin, ce dernier, à la 85me minute, utilisant impeccablement un long service de Mercurio, s'échappe, ajuste son centre et le "sorcier noir", fidèle au rendez-vous, marque un second but en tout point identique au premier. Larbi sourit de toutes ses dents. Le stade se tait. Les Grenoblois n'insistent plus. Les Marseillais non plus d'ailleurs. Cette fois le train olympien ne s'est pas arrêté à la gare de triage des 32me de finale. Mais pour aller plus loin et il faudra tout de même réviser sa mécanique.

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Bonnes notes pour BEN BAREK et Mercurio

Rien n'est plus difficile de trouver l'harmonie en ce qui concerne la critique des joueurs. Les opinions sur les onze olympiens étaient vraiment divergentes quelques minutes après le coup de sifflet final.

Pour notre part, nous vous disons que Pierre Angel le keeper de plus sûr qui ait opéré à l'O.M. ces dernières années, a été irréprochables. Son assurance est tout simplement prodigieuse. Les cinq dégagements au pied qu'il a réussi hier, à Nice, ses interventions dans ses dix huit mètres, son placement dans la cage ont été satisfaisants.

Nous aurions beaucoup à dire de la ligne d'avants, où la valeur individuelle de Ben Barek, Andersson et Mercurio pour parler du trio du centre, n'a pas permis le rendement collectif que l'on pouvait attendre. A cela 2 raisons majeures selon nous ; d'une part Gunnar ne s'est pas encore parfaitement adaptée au jeu très particulier et de Ben Barek et d'autre part le Suédois n'est pas à la vente dans la condition qui en fit le plus redoutable des marqueurs de but. Enfin en continu à le marquer très sévèrement, c'est probablement pour cette raison que Ben Barek se servit davantage de Georges Dard. Lequel Dard, s'il n'est pas exempt de reproches à tout de même manifesté une évidence bonne volonté. Il fut à l'origine de deux buts avec quelques bonnes interventions et quelques erreurs aussi bien une tiraient son épingle du jeu.

C'est Mercurio qui, à notre avis a été, avec même Barek le meilleur des avants olympiens. Progrès rassurant de Gransart dans le domaine de la forme et solide parcours de Johansson.

A Grenoble Kadmiri, Benedetti et Jacquier qui ne plus rien contre trois buts, sont à citer

Pierre ROBIN : "L'affaire aurait dû être entendue après une demi-heure de jeu"

Si morose Gunnar Andersson a quitté le premier les vestiaires du stade durée.

"Quand nous gagnons je préfère sortir par la petite porte" nous a-t-il dit en matière de préambule puis : " Je sais que je n'ai pas très bien joué aujourd'hui encore mais avec les grenoblois, accrocheur en diable, il était difficile de faire quelque chose. Gagner par un ou trois buts d'écart en Coupe qu'importe. L'essentiel est de gagner."

Sourire chez ses coéquipiers. "Le signe indien" des 32ème de finale n'existe plus, Mesas qui a reçu un avertissement s'inquiète des suites que l'arbitre donnera.

Quant à Michel Bianco satisfaction empourpre son visage. "Il faut se contenter dit-il, nous voilà maintenant qualifié pour le prochain tour. Les choses alors deviendront plus sérieuses."

Le président Robin a déjà goûté sa joie quand nous le questionnons.

"Il ne devait plus y avoir de match après une demi-heure de jeu. Mais notre équipe continue dans certaines erreurs. Ben Bareck a bien joué. Mais les difficultés qu'éprouve Gunnar en ce moment commencent à m'inquiéter.

"Nous avons encore beaucoup de travail à accomplir, et puisque nous sommes toujours en course, nous avons encore le droit d'espérer."

BOUCHAIB : "Nous ne pouvions pas gagner"

Bouchaib, qui finalement, occupa le poste d'avant-centre dans l'équipe grenobloise, fut blessé à la fin de la première mi-temps. Au cours de la seconde partie du jeu il ne fut plus d'aucune utilité pour ses coéquipiers. "Au complet, disait-il, après le match, notre tâche aurait été difficile. Réduite à dix mes camarades ne pouvaient raisonnement plus rien espérait. Ils se sont néanmoins défendus courageusement. Les Marseillais qui n'ont cependant pas été particulièrement brillants étaient supérieurs.

 

 

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