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Résumé Le Provencal

du 25 octobre 1954

 

En vain, Scotti poussa ses hommes à l'attaque dans les dernières minutes

METZ bat péniblement l'O.M. S'INCLINE (2-1)

sur un penalty contesté

(COMPTE RENDU TELEPHONIQUE PAR NOTRE ENVOYE SPECIAL : Georges LEOST)

Metz - (par téléphone)

La pluie qui s'était abattue sur Marseille nous avait fait craindre le mauvais temps. Mais elle cessa après Arles, alors que le train nous emmenait vers la capitale mosellane. Elle n'était fort heureusement pas au rendez-vous quand M. Huet donna le coup d'envoi de cette rencontre F.C. Metz - Olympique de Marseille.

9.022 spectateurs assurèrent aux guichets du stade de l'île Saint-Symphorien une recette de 2.285.450 francs. Aussi l'état du sol n'eut-il pas trop à souffrir des douches célestes et Roger Rolhion, par exemple, n'eut pas à avoir recours aux crampons longs.

Mais à 15 heures, le soleil - timide d'ailleurs - et la quand Marseille engage. Les équipes se sont présentées dans les formations prononcées et le public à scander :

" Mar-cel ! Mar-cel!".

À la 2me minute Marcel passe à Scotti sur coup franc mais le demi se fait souffler le cuir. Metz se dégage et, sur une contre-attaque trop lente, bénéficie pourtant un coup de pied de réparation sur lequel Angel stoppe la balle.

Marseille, dominé, concède un corner que Linkenheld donne faiblement. Une intervention acrobatique de Salem sauve, peu après, une situation difficile.

Nous ne sommes qu'à la huitième minute et on constate que l'O.M. pêche encore par manque d'organisation tandis qu'en attaque Marcel se débat comme un diable.

A la 11me minute Linkenheld tire sans résultat d'un coup franc accordé à la suite d'une action de Johansson sur Kuhnappel. Indiscutablement, les Marseillais font feu de tout bois pour préserver Angel. Deux minutes plus tard Vandooren a le but au bout du pied mais il échoue in extremis.

Peu après Zenier, seul, s'échappe mais ils bottent faiblement au-dessus. Sur corner, Le Gall libère totalement ses forces, trop même, et la balle dépasse largement le cadre des buts messins. L'inorganisation, manifestement, n'est qu'en défense...

À la 19me minute Linkenheld tire sur la barre alors qu'Angel est battu. La balle est retirée et c'est Salem qui sort.

La foule se dresse, hurlante. On se croirait à Marseille...

Sielbel marque

À la 21me minute, Sielbel, délaissé par Gransart devance l'intervention de Johansson et Scotti, sur ouverture de Kuhnapiel ; Angel avancé, plonge en vain. C'est le but.

Metz 1, Marseille 0

Les Olympiens ne parviennent pas à se reprendre et à la 24me minute, sans être inquiété, Imbernon tire des 30 mètres.

À la 30me minute, Kuhnapfel tente encore maladroitement sa chance.

Marcel quelques secondes plus tard, gâche lamentablement des 10 mètres, une belle chance d'égalisé.

Avant la mi-temps, Hess donne le frisson aux messins remplaçant une balle aura des poteaux d'Angel qui n'a pas bronché. Dès la reprise le Gall tente sa chance mais son essai manque de vigueur.

Hess touché

À la 46e minute Gransart touche du genou Hess en pleine poitrine et l'inter droit local doit quitter le terrain pour quelques minutes.

À la 54e minute Angel, en danger, sort de ses bois et Salem reçoit la balle sur la main. M. Huet siffle le penalty malgré les protestations marseillaises. Burda tire et marque en coin.

Metz 2, Marseille 0.

Piqué au vif, les Olympiens forcent l'allure et Marcel, échappe, botte au-dessus. Le Gall glisse au moment de déclencher son shoot, mais c'est encore à Angel d'être inquiété sur un coup franc de Linkenheld à la 61me minute.

Il n'y a qu'une équipe sur le terrain : les Lorrains.

La fièvre monte dans les gradins et la fébrilité et aussi dans le camp marseillais.

À la 66me minute, Lle Gall botte vers le but : c'est de lui que viennent les descentes les plus dangereuses. Mais Metz joue calmement et, malgré Vandooren, Jurilli adresse un heading à son goal.

À la 77me minute Vandooren plus heureux, place la balle dans sa foulée dans les buts de Corazza qui a plongé dans le vide, les arrières messins restant passifs.

Metz 2, Marseille 1.

À l'O.M. c'est Palluch qui joue avant-centre tandis qu'à Metz Burda Linkenheld ont permuté. Les irrégularités se multiplient sous l'oeil bienveillant de l'arbitre manquant d'autorité.

À la 82me Corazza concède un corner mais sans dommage pour l'avance et la marque des messins.

À 4 minutes de la fin, Le Gall tire un coup de pied de coin aussi vainement tandis que Scotti pousse ses hommes à l'attaque, mais ceux-ci jouent dans un mouchoir et se gênent mutuellement. Et c'est la fin sur la victoire de Metz, victoire conteste du fait du penalty et acquise de justesse.

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METZ désorganisa

l'O.M. dès le début

L'O.M. a perdu à Metz, justifiant ainsi les réserves que l'on pouvait formuler en ce qui concerne son comportement à l'île St Symphorien.

Au cours des deux dernières minutes, Scotti donnant le ton à son attaque qui avait été fantomatique jusqu'alors, Marseille faillit bien arrachait le match nul. Mais il était écrit que les Olympiens laisseraient en terre Lorraine une victoire qu'ils ne méritèrent pas. Et comme on pourrait en écrire autant des gagnants on voit que les Mosellans n'ont pas convaincu.

Si et la 21me minute de la rencontre, dirigé de façon plutôt débonnaire par M. Huet, Steibel exploita pour faire mouche une ouverture de Kuhnapfel. Burda consolida la marque sur un penalty sifflé à la 54e minute.

Le directeur de jeu, en l'occurrence, ne tint pas compte du doute. Certains virent, en effet Salem toucher la balle de la main, d'autres voyant le cuir allant sur la main du Marocain.

L'intéressé ne contesta pas ce contact. Mais sans pouvoir pour autant l'expliquer.

À la 77me minute, Vandooren surprit tout le monde pour réduire et fermer le score. Les jeux étaient faits. Et logiquement Marseille ne pouvait espérer une décision sensiblement meilleure.

Avant le match, alors qu'il cherchait M. Bicais, M. Robin nous dit les craintes qui étaient les siennes du fait des absences d'Andersson et de Ben Barek. Ces craintes étaient, hélas fondées et personne ne s'étonna en constatant que la ligne d'offensive méridionale n'existait guère que sur le papier.

Il était difficile de demander à un quintette nouvelle formule de réaliser des prouesses. Mais nous l'avons trouvé d'une insigne faiblesse. C'était d'autant plus grave que les autres rouages de la machine phocéenne ne tournaient pas rond.

De l'équipe même, quand elle se lança à corps perdu vers les buts de Corrazza joua nettement en dessous de ses possibilités.

Dès le début la défense mal assurée dut opérer des sauvetages in extremis parfois à la limite de la régularité.

L'attaque n'eut ainsi qu'un minimum de balles, d'autant plus que Metz dégageait son, camp avec ardeur prenant de vitesse son adversaire dans la possession du cuir, et dans l'exhibition du mouvement qui se terminait par des offensives toutes les unes plus dangereuses que les autres.

Dans de telles conditions il eut été chimérique d'espérer mieux, surtout en déplacement

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PROPOS DES VESTIAIRES

M. Pierre Robin :" L'an prochain

nous déplacerons onze dockers"

METZ - Vive discussion dans les vestiaires olympiens.

La tradition selon laquelle les vainqueurs n'ont pas grand-chose à dire, tandis que les vaincus ont de multiples raisons à faire valoir reste vrai.

Mais les explications fusent un rythme infernal. Le calme ne règne pas dans les esprits. Ceux-ci ont été trop "tendus" au cours de ce match heurté. C'est ainsi que des propos prononcés hier avec sincérité n'auront plus aucune valeur aujourd'hui.

Le président Robin par exemple n'hésite pas une seconde et s'exclame indigné, le visage rouge : "L'an prochain nous enverrons onze dockers".

Puis il remarque avec mécontentement : "Deux de mes joueurs ont eu des avertissements, mais aucun par contre n'a été signalé dans le camp messin". Et d'expliquer encore quand Kufnaffel a frappé Johansson sur une remise en jeu, c'est Gunnar qui a été pénalisé d'un coup franc avant de conclure, "Dans des conditions pareilles, on ne peut même pas se défendre".

M. Bicais qu'il a longtemps conservé son sang-froid concède : "Il fallait marquer d'entrée. Or, nous n'avons pu le faire".

Et comme M. Robin il ajoutait : "Deux à un à l'extérieur n'est pas un score déshonorant, mais voilà, tout de même deux points qui s'envolent".

Vandooren, quant à lui constate : "Nous avons mal joué". Tandis que Salem à propos du penalty à vous : "J'ai eu la balle sur la main, mais sans pouvoir expliquer comment cela a pu se produire".

Ce qui semble établir qu'il n'y a pas eu main volontaire. Malheureusement pour l'O.M., M. Huet en a décidé différemment nous laisserons à M. Bicais le soin de conclure le chapitre marseillais de ses interviews :

"On est mal vu. On tolère tout".

Dans le camp messin la victoire est entachée par la tournure que prit le match. Les locaux évidemment ne contestent pas le penalty. Les jeunes Zenier et Steiner ainsi que Hesse s'accordent à reconnaître le caractère viril de nombreuses interventions mais il n'y voit aucune intention méchante. Comme le public, en effet, il pense que le jeu n'a pas été dirigé exactement comme il eut été souhaitable qu'il en fut.

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LES MARSEILLAIS

DANS UN MAUVAIS JOUR

Il n'est pas aisé de dégager des noms d'acteurs ayant disputé une partie aussi hachée, aussi peu spectaculaire, davantage prenante par sa rudesse que par la qualité du football pratiqué.

À Metz, les jeunes Stelpel et Zenier ont montré des possibilités qui demandent à s'épanouir mais qui ne sont pas méprisables. Hess, avant sa blessure avait été aussi un élément de valeur, tout comme Linkenheld avant sa permutation avec Burda.

À Marseille, Angel encore une fois n'a rien à se reprocher. Gransart par contre erra sur le terrain pratiquant un semblant de marquage qui lui joua de vilains tours.

Johansson ne fut pas à la noce, et il ne porta pas d'erreur monumentale à son passif sans être pour autant dans une équipe en perdition, le grand Johansson.

Salem héros malheureux du fameux penalty, a par contre sauvé deux points qui semblaient acquis.

Scotti et Mesas dans des styles différents ont été assez effacés, Palluch à l'aile, puis au centre, a prouvé s'il en était besoin que devenu défenseur, il lui serait nécessaire d'observer une période de réadaptation pour se bien comporter à l'avant ?

Vandooren parfois pris de vitesse, comme ses camarades d'ailleurs, a tout de même eu le mérite de sauver l'honneur. Il a failli faire mieux encore...

Rustichelli n'a pas été en valeur devant Doscat. Mal placé, brouillon, il n'a pas la même valeur au centre qu'à l'aile.

Marcel joue de malheur en manquant, en première mi-temps, un but facile qui eut sûrement inscrit s'il avait été en grande forme.

Par ailleurs, il y a plus tenté sa chance qu'il n'a organisé. Ce n'était certes pas facile.

Le Gall enfin est à porter en tête de liste des attaquants. Ses actions sont toujours dangereuses et s'il échoue, il va jusqu'à l'extrême limite de ses mouvements, croyant aux choses les plus impossibles.

Son échec, au P.C.B. ne l'a sans doute pas stimulée.

Nous nous attendions donc de citer les meilleurs joueurs marseillais soulignant seulement que l'O.M. a rencontré, dans un mauvais jour, une équipe décidée à gagner, possédant l'avantage du terrain et du public, mais ayant une formation plus consistante.

 

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