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Résumé Le Provencal

du 06 décembre 1954

 

L'O.M. doit se contenter d'un match nul (2 buts à 2)

face à NANCY

Après avoir ouvert le score (1ère minute) les Marseillais

perdent pied et s'en tirent à bon compte

UNE FOULE de 19.434 spectateurs, qui a assuré aux guichets une recette de 4.916.310 francs, a pris place dans le stade, malgré un vent frais et parfois violent, quand M. Nisse, donne le coup d'envoi de ce match comptant pour la 17me journée de championnat.

L'O.M. qui a perdu le toss, joue contre le vent. Ben Barek occupant son habituel poste d'intérieur gauche et Scotti constituant avec Vandooren, l'aile droite marseillaise.

Les locaux se ruent sans plus attendre dans la cage de Nagy. On est dans le vif du sujet sans transition. On en est à se demander si les Provençaux ne vont faire qu'une bouchée des Lorrains, quand Ben Barek s'élance de la droite, se détend désespérément au moment où la balle allait lui échapper et passe celle-ci à Andersson. Le Suédois botte illico, la sphère s'élève devant le goal nancéien et passe sous la barre, venant mourir dans les filets c'est le départ éclair, capable de couper les jambes des footballeurs visiteurs.

O.M. 1 - NANCY 0

On ne joue en effet que depuis une minute et les Olympiens semble peu désireux d'en rester là : Andersson lance Ben Barek et la balle ne sort que de peu.

Nancy se reprend pourtant et à la 3me minute, Angel doit plonger superbement pour détourner en corner un bolide adressé par Piantoni, bénéficiaire d'un coup franc concédé par Palluch.

Le football pratiqué et vif, alerte, plaisant. L'influence de Ben Barek se fait indiscutablement sentir.

À la fin du premier quart d'heure, Rustichelli prend Tazoppe de vitesse, parvient devant Nagy mais tergiverse et perd la balle.

Gransart bat... Angel

A la 16me minute, Bennike ouvre largement vers Deladerriere marqué par Gransart. Ce dernier intervient, rate complètement son interception et la balle s'en va se loger dans les filets phocéens, en coin, malgré la parade d'Angel, pris à contre-pied.

O.M. 1 - NANCY 1

Quatre minutes plus tard "Pepito" doit encore plonger pour repousser un shoot formidable au ras de terre de Bennike. Un peu après Bottolier, seul, tire à côté.

Marseille comprend le danger est J.J. Marcel, porté par la foule, aère le jeu à deux reprises, en partant balle au pied. À la 29me minute encore Rustichelli passe Tazoppe au sprint, mais son tir est nettement hors du cadre.

Nancy ne l'entend pourtant pas ainsi et à 37me minute, Piantoni reçoit le ballon de... l'arbitre et, Angel doit repousser vers Mesas. Sur la contre-attaque, Nagy stoppe dans les pieds d'Andersson. La balle voyage d'un camp à l'autre et la pause arrive après deux arrêts du goal local pour un de son vis-à-vis.

Vandooren bat Nagy blessé

A la reprise, Marseille attaque encore, si bien qu'à la 56me minute, sur coup franc tiré par Rustichelli, Nagy se détend au milieu d'un paquet de joueurs. Il ne peut parer la balle et s'écroule touché au côté. Vandooren bien placé, ajuste son tir qui fait mouche.

O.M. 2 - NANCY 1

Le match est arrêté quelques instants, Nagy se faisant soigner. L'intérêt du jeu diminue d'autant plus que Gransart légèrement touché en première mi-temps, passe à l'aile, Mesas devenant arrière. Une permutation Rustichelli - Gransart n'amènera rien de bon pour l'O.M. et à la 81me minute, Deladerriere adressa Angel un shoot assez dur. Le portier ne peut bloquer et Bottolier n'a aucune peine à envoyer la balle au fond de la cage olympienne.

Nancy, qui veut mieux faire accentue sa pression, mais la fin est sifflée sans aucun changement.

Georges LEOST

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Angel malchanceux, Vandooren décevant...

... mais Palluch, Mesas ont confirmé leurs progrès

PASSER en revue les effectifs d'un onze décevant, est évidemment une tâche qui n'a rien d'agréable. Pourtant si l'on doit mettre en relief l'incapacité olympienne de marquer des buts, il est tout aussi nécessaire de souligner les efforts de certains joueurs marseillais, efforts tendant à redresser la barre d'un navire perdu dans la houle.

Angel a été bien malchanceux, à la 16me minute, sur la balle pleine de traîtrise de Gransart pour que l'on puisse lui en vouloir. D'autant plus qu'avant d'encaisser le second but il avait porté à son actif des actions beaucoup plus probantes. Accablons donc pas un "Pepito" qui a rendu bien des services à l'O.M.

Gransart ? Nous écrivons par ailleurs qu'il joua de malheur, marquant contre son camp, avant de se claquer en cherchant à se racheter...

Palluch, tout comme Mesas, a confirmé les progrès ahurissants qui sont les siens. L'un et l'autre affichent une technique qu'on ne leur soupçonnait pas !

Johansson, comme à l'ordinaire, a été sûr calme, clairvoyant, précieux en un mot indispensable même, au sein d'une défense qui a besoin d'un régulateur d'un homme capable de décanter.

Jean-Jacques Marcel revient très rapidement à une condition exceptionnelle. Et on peut estimer que le rendement du Brignolais n'est pas encore ce qu'il devrait être.

Dans la ligne d'attaque, l'essai de Vandooren à l'aile, a été sanctionné du fiasco qu'il fallait en attendre ; Roger n'est plus un avant de pointe, il n'en a ni la vitesse, ni la spontanéité et la force du tir...

Scotti n'etait pas dans un bon jour. Certes sa production souffrit de la faiblesse des autres éléments de l'attaque marseillaise. Mais l'excuse n'est pas suffisante.

Andersson a marqué son but habituel sans se montrer beaucoup, disparaissant après... comme Ben Barek, mais de façon plus précise que ce dernier.

Rustichelli, enfin, a manqué tout ce qu'il a entrepris, sauf le centre qui permit à Vandooren de battre Nagy. À Nancy, Bennicke a été le plus en vue, avec Piantoni et Bottolier.

G.L.

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Déception !

SI LE FOOTBALL est un art, comme le chantent puristes et par voie de conséquences, le championnat un rassemblement d'artistes, vous conviendrez avec nous que ces derniers pouvaient tout juste se compter, hier, sur les doigts d'une seule main.

Piètre exhibition, s'il en est, que cet O.M. - Nancy, d'où fut exclu à peu près en permanence cet esprit de combativité, de recherche, cette application, ce goût, sans lesquels le football de compétition de devient plus qu'un exercice de patronage.

Les cinq premières minutes avaient pourtant comblé les fidèles du Stade. Ce fut une flambée claire et haute annonciatrice - nous le pensions - d'un véritable incendie de beau jeu. Puis ce fut tout.

Les ailiers d'abord, vinrent se perdre dans l'écheveau des combinaisons trop précieuses ou des conceptions trop simplistes. Les inters les y suivirent comme subjugués.

Le vent, certes, venait brouiller les cartes, mais ne l'étaient-elles pas déjà même quand Ben Barek et Scotti - sans bonheur toutefois - essayèrent d'apporter quelque équilibre au quintette ?

Jamais peut-être les avants de l'O.M. ne nous avaient donné une telle impression de stérilité. On les eut dit figés, frappés de somnolence, sans ressort, sans vaillance.

Que l'on ne nous parle pas de malchance, cette malchance que l'on évoque souvent trop volontiers pour expliquer une défaillance, voire une infériorité contrôlée.

Le football mouvant des Nancéiens a apporté la preuve qu'il manque toujours à la ligne offensive de l'O.M. un fil conducteur que l'on croyait retrouvé hier en Ben Barek. On pensait que la manière savante et clairvoyante du "jongleur de Casa" apporterait cette direction, cette stabilité, cette méthode dans le jeu des marqueurs de but désigné comme tels.

Larbi pris un départ sensationnel. L'inspiration le quitta, lui aussi, après ces cinq minutes de début. Rien n'est pourtant définitif en ce qui le concerne. Un mois sans football manque à notre homme, il a cherché hier ce que ses camarades ont perdu depuis trois semaines.

Si le verdict publié - impitoyable comme à son habitude - n'accorde pas de circonstances atténuantes aux ailiers, il hésite à se prononcer à l'endroit d'Andersson. Les uns l'accablent : Gunnar joue la faute et ne la crée pas, Gunnar et passif, pas entreprenant.

Les autres l'excusent et arguent des difficultés dans lesquelles nage le bombardier olympien pour ajuster son tir.

À vrai dire, Gunnar est le seul, ou à peu près, duquel on peut attendre les points qui font la marque. Lui aussi était hier, piqué de stérilité. On l'a sifflé, on l'a accablé, sans que pour cela on puisse affirmer que la vindicte populaire était justifiée.

Avec un peu de réussite, Gunnar pouvait marquer un but de plus. On l'aurait alors détourné du feu de la critique... et il n'aurait pas mieux joué.

Ceci dit, saluons une fois encore l'admirable tenue d'une défense sur laquelle nous tous peuvent heureusement compter. Le jeu net et productif d'un Palluch, les étonnants progrès dans le domaine technique de Mesas, la solidité de Johansson, la production d'ensemble d'un Angel, quelles que soient ses responsabilités sur le second but et surtout l'immense autorité, bourrée de classe, de Jean-Jacques Marcel constituent - répétons-le - les atouts sans lesquels l'aventure aurait pu tourner à la catastrophe.

Gransart, blessé presque au début du match, ne peut évidemment être jugé.

Ainsi aurions-nous eu pour cette journée de la mi-championnat, le match le plus attristant, le plus précaire en qualité, de la saison. Un match qui fit saigner le coeur des supporters marseillais comme à l'époque noire de l'O.M.

L'état n'est pas chronique, heureusement, les rencontres précédentes le prouvent, mais il ne faudrait pas qu'il le devienne. C'est la seule satisfaction que l'on puisse retirer de ce match venté au sprint d'automne.

Lucien D'APO

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INTERVIEWES SOUS LA DOUCHE...

JACQUE FAVRE, entraîneur du F.C. Nancy :

Le second but de l'O.M. n'était pas valable

Nous avions bavardé samedi soir au français avec un Jacques Fabre optimiste, conscients de la valeur intrinsèque des joueurs marseillais, mais reposant la confiance sur la solidité de son team. C'est un coach médusé, véhément, que nous avons retrouvé vestiaires affectés aux visiteurs, à l'issue du match hier.

"Oui nous contestons le second but, celui par lequel Vandooren a égalisé. Sur le centre arrêts aérien de Rustichelli, Nagy, mon gardien a été proprement balancé. La preuve ? Le voilà avec les côtes flottantes enfoncées ! J'en suis certain, donc : il y avait une faute et le point n'était pas valable".

Tel est l'avis de l'entraîneur lorrain et on peut entendre le même son de cloche un peu partout. Dans le camp nancéien est-il utile de le préciser ? Mindonnet n'est pas content non plus. Il ne nous cache pas sa façon de penser :

"On n'espérait pas revenir vivant de Marseille ! Mais tout de même..."

Tazoppe calmement pourtant exprime son étonnement :

"Pourquoi cette brutalité chez certains joueurs de Marseille ? Nous avons fini par nous énerver aussi ! Enfin, je suis personnellement satisfait, car ramener un point dans de telles conditions, ce n'est pas si mal !"

Angel sous la douche constate avec amertume :

"Je n'ai pas de chance. Sur le second but, je n'ai pu bloquer le ballon que Bottolier a repris".

Il ne parle pas du premier... en bon capitaine !

Roger Rolhion est, pour une fois, renfermé : "Cela ne va pas... Cela ne va pas. Que voulez-vous que je pense ?"

Quelques minutes plus tard, cependant, il reprochera à ses hommes : "Pourquoi n'avoir pas tiré au but quand Nagy, blessé, ne pouvait se tenir debout ?" Et il remarquera encore : "Nous avons marqué trois buts, mais un contre nous..."

Scotti n'a pas envie de rire et s'énerve, il décrète : "Moi je suis content. Car en jouant ainsi nous devions perdre !"

Mesas, sans être aussi catégorique souligné : "Les joueurs de Nancy ont opéré avec plus de rapidité, s'attirant une répartie de Jean-Jacques Marcel : "Jouer plus vite que nous n'était pas si difficiles !" qui ajoutera : "Nous avons perdu notre défenseur le plus véloce : Gransart qui a dù s'exiler à l'aile".

G.L.

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Maurice GRANSART

le malchanceux du jour

Maurice Gransart a joué de malheur hier après-midi après avoir tenu son rôle sans prêter à la critique, il eut la déveine de se trouver, à la 16me minute, devant un Deladerriere décidé à égaliser puisque l'O.M. dès la première minute avait ouvert le score par Andersson.

Le blond Maurice qui, en d'autres circonstances, eut dégagé la balle, s'y prit de telle manière que la sphère comme shootée par l'ailier visiteur, partit à une allure de bolide vers le coin des buts d'Angel. C'était le but.

Non content de cela, le sort voulu que sur montée offensive destinée à effacer cette erreur, un claquage vienne mettre un terme à la production de l'arrière olympien. Car, à l'aile, malgré ses efforts, il ne fut qu'un figurant...

G.L.

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LE GALL était...

dans les tribunes

Mis au repos alors que le besoin s'en faisait sentir, selon les membres du Comité directeur de l'O.M. et aussi parce que cette décision permettrait la rentrée de Larbi Ben Barek, une rentrée attendue depuis plusieurs dimanches... et demandée par la "vox populi", Adolphe Le Gall est venu assister au match en spectateur.

Nous l'avons rencontré dans le couloir qui donne accès aux vestiaires et il a voulu s'abstenir de juger ses camarades. Il sait parfaitement que l'on voit d'une façon des tribunes et d'une autre sur le terrain...

Compte tenu de la production olympienne, on peut penser que cette permission lui qui a été accordée est susceptible d'être salutaire. Le Lesneven n'eut pas retiré d'un tel match le stimulant nécessaire pour remonter la pente, le baume indispensable à ses blessures morales puisque qu'il ne s'agit pas de maux physiques.

Le Breton n'a donc rien à regretter... Qu'il reprenne donc courage.

G.L.

 

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