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Résumé Le Provencal

du 10 janvier 1955

 

L'O.M. (sans ressort) doit concéder le match nul (1-1) à l'A.S. MONACO

Hénia et Andersson marquèrent

Puis MONACO se cantonna en défense

Quand M. Chavigny, le referee, donne le coup d'envoi de ce match comptant pour la 22me journée du Championnat, les deux équipes sont alignées (hormis le remplacement de Boubekeur par Vadel dans les buts monégasques) dans la formation annoncée.

Les supporters du onze de la Principauté ont signalé leur arrivée en déployant un immense drapeau et en appelant Vadel sur l'air des lampions, probablement pour encourager le keeper réserviste.

Une assistance de 17.089 spectateurs, qui ont apporté au guichet une somme de 4.292.780 frs est là. Il est vrai que le temps est devenu franchement beau.

Dès le premier coup de sifflet, Luzy, l'ailier gauche, s'élance, descend vers la cage de Vadel mais trouve Zitouni sur son chemin et échoue. Andersson, à son tour, transmet à Rustichelli et Ludo juge plus prudent de passer à son goal. Quelques secondes plus tard Andersson, encore lui, bondit littéralement vers Zitouni, possesseur du ballon, et qui hésite à dégager.

Allez ! l'O.M. en veut et le Suédois, sur le comportement duquel on pouvait être inquiet parait animé des meilleures intentions...

Henia marque

A la 7me minute Luzy adresse au même Andersson une balle haute, mais la trajectoire du heading de l'avant-centre local aboutit... dans les mains de Vadel.

Les Olympiens se font pressant ; à tour de rôle Rustichelli, Marcel, Luzy, Andersson constituent un danger réel pour le cadre des visiteurs.

Puis à la 15me minute, Saunier, qui se promène dans le camp phocéen, fait une passe à Conti. De volée, le Sud-Américain prolonge vers Hénia. L'ailier gauche, sans hésiter, shoote en biais a raz de terre et Angel est battu !

Monaco : 1 - O.M. : 0.

L'A.S.M., qui fait le forcing depuis le début a ainsi réussi à s'assurer l'avantage.

Pourtant, trois minutes plus tard, les accompagnateurs monégasques ressentent certainement un frisson : Andersson tire violemment et si Vadel se trouve à la parade, il doit lâcher le cuir qui sera prestement dégagé ! Marseille, par Jean-Jacques Marcel surtout, tente de rétablir l'équilibre.

Andersson égalise

Après plusieurs essais vains, à la 30me minute, Scotti feinte l'interception sur un long coup franc botté par Gransart, Andersson reçoit ainsi la sphère et la glisse illico dans la cage de Vadel, malgré l'effort de celui-ci, aidé par Ludo et Pedini.

O.M. : 1 - Monaco : 1.

Cinq minutes plus tard Andersson bat encore Vadel, mais M. Chavigny, malgré les protestations que l'on devine, refusé le point : le Nordiste s'est servi de sa main pour contrôler la balle.

Malgré Rustichelli (41me et 44me minute), la mi-temps surviendra sur ce score.

Monaco défend

En seconde mi-temps l'intérêt de la rencontre ira crescendo. Luzy, Rustichelli et Marcel se démènent pour enlever la décision, imitée par Andersson. Mais Monaco, désireux de conserver le draw défend à outrance, ne jouant plus qu'avec deux avants de pointe et pratiquant non sans bonheur la politique du hors-jeu. Les coups francs contre Monaco pleuvent sans aucun résultat tangible.

À la 78me minute, le clan marseillais croit au but : Luzy lobe Vadel, mais la balle sort... et il y avait "off-side". Un peu après Stopyra botte au-dessus de la barre. Andersson tente sa chance de loin. Stopyra manque encore de précision. Pironi et Vandooren se heurtent, et c'est la fin d'un match arbitré de façon souvent incohérente, sans grand relief et justement sanctionné par un nul somme toute assez méritoire pour Monaco.

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CE QU'ILS DISENT

Si les Monégasques s'enfermèrent dans les vestiaires réservés aux visiteurs, à l'issue de la confrontation qui leur apportait pourtant un point, les Marseillais, eux, échangèrent leurs impressions sans se cacher.

Des impressions diverses, évidemment mais qui convergeaient vers le même point : la mauvaise qualité du jeu pratiqué par les boys de Roger Rolhion.

Le coach des Provençaux nous confia d'ailleurs : "Il est toujours difficile de rencontrer une équipe qui joue son existence" (sic) avant de nous préciser, au sujet de l'éventuelle validité du second but inscrit par Gunnar Andersson : "Il y avait faute. Une main. Alors pourquoi contester ce qui ne peut pas être contesté ?". Mais le "dommage" lâché par l'entraîneur olympien est assez significatif malgré son laconisme.

Andersson, s'il n'avoue pas avoir touché la balle de la main, reconnaissait volontiers : "Oui, il y avait une faute". Luzy rapidement rhabiller (serait-il un émule d'Andersson), juge la défense rivale : "Elle a pratiqué le béton, et aussi le hors-jeu. Ce n'était pas facile". Comme s'il avait besoin de justifier une production qui ne fut pas la plus mauvaise de toutes.

Enfin Scotti estime lui aussi : "Nous avons mal joué. Les Monégasques ont été plus rapides que nous" et Rustichelli confesse encore abondant dans la même sens que Scotti : "On s'est mal débrouiller. Monaco avait toujours sept défenseurs. Si on continue ainsi..."

G.L.

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Plaidoyer pour

ANDERSSON

Il y a deux mois seulement, on se plaisait à trouver dans le jeu du onze olympien une évidente bonne volonté de suivre les règles strictes d'un football bien compris. On se plaisait, de plus, à constater dans tous ces combats dominicaux un enthousiasme sans tare, à l'origine, c'est certain, des brillants résultats du début de saison.

Mais la constance n'est pas la qualité première de cette O.M. qui gonfle d'espoir le coeur de ses supporters pour le saigner à vif huit jours plus tard.

On s'étonne de ne percevoir aucun progrès, on s'étonne de constater qu'une équipe dont l'énumération des composants sur le papier pourrait à priori constituer une garantie, n'est en fait sur le terrain qu'un onze éternellement à la recherche de sa cohésion et de son harmonie.

Faut-il que le football soit un jeu si difficile pour que l'on en saisisse mal les principes élémentaires ?

Plus encore que dans une réforme collective, le changement à venir - si toutefois il doit venir - nous parait contenir dans la seule amélioration individuelle de certains joueurs.

En technique, il y a une matière à changer. Dans le domaine sentimental aussi. Et s'il le faut, pourquoi ne pas remettre les hommes à leur place de prédilection !

Mais une fois encore on a critiqué Andersson. Ce n'est pas que nous ayons pour le Suédois une préférence marquée, ni le parti pris dont s'entoure si totalement ses fidèles admirateurs, mais il est net qu'en l'occurrence, c'est bien le seul avant que l'O.M. possède actuellement pour agiter des filets de but avec un ballon de football les jours de compétition.

Qu'on le veuille ou non, Gunnar se bat de son mieux et va souvent - ce fut le cas hier - chercher trop loin ce que ses coéquipiers ne savent pas toujours lui apporter.

Il n'est pas question bien entendu, de servir S.M. Andersson avec la docilité qui été le propre des plébéiens de Néron, mais il y a tout de même certains travaux que l'avant-centre d'une équipe doit signer, et non pas construire. Témoin, le premier but de l'O.M., but parfait, si intelligemment construit par Scotti sur le chausson de son avant-centre.

Plaidoyer pour Andersson ? Mais oui... En le critiquant, ses détracteurs font fausse route. Et pour nous en convaincre, il suffirait de planter l'avant-centre du pays scandinave au milieu de la ligne d'attaque de Reims.

Nous est avis alors que le classement des buteurs offrirait la plus monotone des lectures.

Lucien d'APO

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Marcel, Andersson et Johansson meilleurs Marseillais

d'un match dominé par les défenseurs monégasques

L'O.M. n'a pu prendre qu'un. À l'occasion de la venue de l'A.S. Monaco au Stade Vélodrome. Voilà dans la sécheresse des résultats le bilan d'un après-midi que l'on pouvait espérer plus bénéfique pour les locaux.

Un seul point, cela peut susciter un certain regret. Mais c'est surtout la manière dont il a été acquis (péniblement) qui ouvre la porte aux discussions les plus passionnés. On dit souvent que les gens heureux n'ont pas d'histoire. Et c'est en vertu de ce précepte qu'il y a beaucoup à écrire sur le comportement des olympiens.

Après un bon début, ceux-ci jouèrent un temps au-dessus, opérèrent à l'arrêt, comme figés. Mal inspirés dans leurs mouvements, malheureux aussi parfois dans la conclusion d'initiatives dangereuses qu'il est possible de compter sur les doigts d'une seule main, ils donnèrent l'impression, après l'ouverture du score (par Henia à la 15e minute) et l'égalisation (Andersson à la 30me) de se contenter d'un draw épousant les vues d'un adversaire qui est reparti ravi d'avoir glané un point Boulevard Michelet.

Or il restait, quand le tableau d'affichage traduisait la marque qui devait être celle de la fin, soixante minutes à jouer.

La marche était, on le voit, assez importante pour permettre aux blancs de faire mieux...

Pour prévenir à ce match nul, Angel avait fourni une partie exemple de critiques sérieuses, encore que l'on puisse, malgré la soudaineté de la phase, se demander si son placement, sur le but d'Hénia, ne mérite pas un léger reproche.

Devant lui, ni Gransart, ni Palluch ne rééditèrent les plaisantes prestations qu'ils nous ont offertes depuis le début de la saison, tandis que Johansson, malgré quelques erreurs, abattait un travail titanesque qui le place, à notre sens, parmi les meilleurs marseillais. Jean-Jacques Marcel n'eut pas la vie belle mais il accomplit une besogne remarquable ingrate. Mesas, par contre, se montra dans un jour franchement mauvais. Il nous a habitués à beaucoup mieux !

Chez les avants Rustichelli peina beaucoup devant Pedini, Vandooren prépara inlassablement mais son action est toujours conditionnée au démarrage des avants de pointe...

Andersson fut encore le meilleur attaquant et Scotti effectua une rentrée satisfaisante et amena le but olympien.

Enfin, Luzy prouva amplement, à notre sens, qu'il n'est pleinement, à notre sens, qui n'est pas un ailier. Contre Pironti ses débuts furent frappés de confusion. Mais sa hargne, son allant devraient servir d'exemple.

À Monaco, la défense se tira fort bien d'affaire. Stopyra et Henia (surtout ce dernier) attirèrent l'attention sur eux.

Conti effectua un labeur de Romain.

Une revue plutôt à l'avantage des Monégasque...

G.L.

 

 

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