OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 24 janvier 1955

 

Ambiance classique de derby au Stade Vélodrome ou DAKOWSKY joue les héros d'une rencontre émouvante.

UN BUT DE LIRON ET NIMES BAT L'O.M.

Le Onze marseillais se créa plus d'occasions que son rival

mais son attaque souffrit de l'heureuse forme du Goal gardois

Quand M. Barberan donne le coup d'envoi de ce derby comptant pour la 24e journée du championnat, une foule de 14.777 spectateurs - qui a assuré au guichet une recette de 4.267.610 francs - a pris place dans le Stade Vélodrome. Le match de lever de rideau n'y a pas eu lieu, et c'est assez sage car le terrain paraît lourd et même boueux au centre. Le vent est nul, le temps humide, évidemment.

Ainsi que nous l'avions laissé entendre Pibarot a préféré faire confiance à Boulle, pour le poste d'ailier droit, Schwagner pouvant ainsi se remettre d'une mauvaise angine.

Les joueurs au maillot rouge frappent les premiers dans la balle par Liron qui se présente devant Poncet, à la suite d'un coup franc donné par Constantino, bien arrêté par le goal marseillais.

Il faut attendre la 4me minute pour assister à la première attaque réelle des locaux, mais Andersson ne peut reprendre la balle qui, lui est adressée. Quelques secondes plus tard, Luzy, sur passe de Marcel, ne parvient pas à soulever une balle que Dakowski maîtrise.

A la 11me minute, Andersson aux prises avec Golinski trébuche et s'affale alors qu'il semblait bien placé pour attaquer la cage nîmoise. Le public réclame penalty. En pure perte.

Liron ouvre la marque

La balle voyage dans les deux camps, les Olympiens portant à leur actif plus de raids que leurs rivaux. Le Gall et Luzy permuttent pour tenter de trouver la faille. On croit même au but quant à 32me minute, Vandooren se retourne... pour placer le cuir dans les bras de Dakowski !

À la 33me minute, au contraire, c'est au tour de Nîmes de passer à l'offensive : Constantino botte des 25 mètres un coup franc que prolonge un heading de Liron. La balle, à trajectoire descendante frappe le poteau, décrit une courbe et vient se loger dans les buts de Poncet, malgré un plongeon splendide de celui-ci.

Nîmes : 1 ; O.M. : 0.

Avant la mi-temps Dakowski devra se jeter dans les pieds de Luzy, puis Salem shootera au-dessus de la barre.

L'O.M. joue de malheur

En seconde mi-temps, Campo se blesse et s'exile à l'aile. L'O.M. en profite pour changer de rythme et acculer son adversaire dans sa moitié de pelouse.

À la 50me minute par exemple, Andersson botte sur la transversale. Scotti tire à côté 5 minutes plus tard. Puis Dakowski stoppe Vandooren (58me minute) en lui plongeant dans les pieds.

Un peu après, une tête de Vandooren et repoussée par la barre et un shoot de Le Gall (79me minute) subit le même sort.

À l'ultime seconde Dakowski arrête encore Vandooren, et c'est la fin : Marseille a perdu. La chance n'était pas de son côté.

--------------

DAKOWSKI et KOMINEK

vedettes d'une équipe nîmoise homogène

et intelligemment organisée

(Notre collaborateur nîmois Jacques PONS juge le onze nîmois)

En venant affronter chez elle une équipe marseillaise ardemment désireuse de se réhabiliter, les Nîmois n'ignoraient pas la difficulté de la tâche qui les attendait.

Il savait qu'ils se heurteraient à des adversaires terriblement décidés et autoritaires en défense, extrêmement entreprenants et dangereux en attaque. Ils s'attendaient aux "coups de boutoir" de Jean-Jacques Marcel, aux fulgurantes percées d'Andersson, de l'action soutenue de l'ardent Luzy, aux rushes de Le Gall et aux initiatives intelligentes de Vandooren.

C'est en fonction de ses difficultés prévues que Pibarot avait battit sa tactique : prudence, mais aussi organisation rationnelle en défense et contre-attaque par échanges rapides de passes dans le domaine offensif. Les événements ont donné raison aux "Crocodiles" et à leur entraîneur.

Jamais l'attaque marseillaise n'a eu les coudées franches et derrière l'admirable réseau défensif gardois, elle trouva Dakowski des grands jours.

Par ailleurs jusqu'à l'ultime minute, les contre-attaques nîmoises savamment orchestrées par Kominek semèrent le désarroi dans le camp marseillais.

Bien sûr les impondérables ont quelque peu aidaient les Crocodiles en certaines circonstances mais il faut le dire, Dakowski et ses hommes ont tout fait pour aider les impondérables.

DAKOWSKI : Porté en triomphe par ces jeunes coéquipiers à la fin de la rencontre, Dakowski capitaine des Crocodiles fut incontestablement la grande vedette du match.

Faisant preuve d'une sûreté extraordinaire sur la ligne de but, couvrant admirablement le cadre rectangulaire qu'il avait à défendre, maître incontesté de sa surface de réparation et chef écoutait de sa défense, le grand Stéphane donna l'impression d'être imbattable.

Il eut de plus les impondérables avec lui en deux occasions sur la barre. Aucun gardien de but français n'aurait fait mieux que Dakowski hier et le capitaine nîmois a posé sa candidature avec autorité pour le prochain Espagne - France.

FORNETTI : Neutralisa constamment Le Gall qui ne parvint jamais à se libérer de son l'étreinte.

CAMPO : Fut le digne pendant de Fornetti pendant 50 minutes et il livra un magnifique duel à Luzy, l'un des meilleurs marseillais. Par la suite Campo blessée, est devenu ailier droit, continua à se rendre utile et joua courageusement.

BARLAGUET : Préoccupé par la surveillance de Vandooren, il joua un rôle essentiellement défensif alors que d'ordinaire il est fort précieux également dans le jeu offensif.

GOLINSKI : Fut pour Andersson un garde du corps si intraitable que l'excellent Suédois pourtant en grande forme ne parvint qu'une seule fois à placer sentir redoutable.

LAFONT : D'abord demi-aile, le Nîmois livra un duel acharné et souvent victorieux à Jean-Jacques Marcel puis il remplaça Campo à l'arrière et devient un adversaire implacable pour Luzy.

BOULLE : Dans une équipe souvent dominée le jeune ailier nîmois se montra courageux, volontaire et fort utile en définitif. Il ne parvint cependant que rarement à se mettre en position de tir.

LIRON : N'eut pas une tâche facile car Mesas fut pour lui un sévère garde du corps, mais il eut le mérite de marquer l'unique but de la rencontre. L'espoir nîmois montra sa classe à maintes reprises cependant et quand ce fut nécessaire, il défendit son camp avec volonté et audace.

CONSTANTINO : Sur un terrain qui lui convenait guère le brésilien ne chercha pas à briller personnellement. En revanche il couvrit beaucoup de terrain et joua un admirable rôle de "chien de berger".

KOMINEK : Continue ce qu'il avait démontré déjà contre Toulouse, à savoir qu'il est maintenant parfaitement adopté au football français et à ses durs servitudes. Véritable "maître à jouer", Kominek a apporté dans ce derby sudiste la subtilité, la maîtrise technique et aussi le panache du football Viennois.

RAHIS : Puissant, rapide et impressionnant dans ses courses. L'ailier gauche nîmois fut courageux et volontaire.

--------------

Gunnar Johansson fut l'homme de base

(Notre collaborateur marseillais Georges LEOST juge le onze phocéen)

L'O.M. a ainsi perdu son troisième match consécutif.

Tel est le bilan impitoyable une semaine riche en difficultés et qui a vu les olympiens s'incliner tour à tour à Strasbourg à Saint-Étienne et à Marseille.

On nous avait rapporté d'Alsace des échos élogieux, les Phocéens s'étaient battus avec un coeur admirable.

Hier, au Stade Vélodrome les "blancs" en jetaient leurs forces dans la bagarre avec un coeur énorme, dépensant sur ce sol lourd glissant, une jolie énergie pour arriver à un résultat négatif.

Défaut de réussite

Il est difficile bien sûr d'accabler les locaux à l'issue de la partie qu'ils ont perdue malgré leur détermination farouche de s'imposer. Leur action fut soutenue, amenant des occasions d'inquiéter Dakowski beaucoup plus nombreuses que celles que se créèrent les équipiers de celui-ci.

Mais le grand Stéphane était hier dans une forme splendide. Et la chance le visita alors qu'elle bouda avec une désespérante insistance le compartiment offensif marseillais.

Durant le premier half nous avons ainsi relevé successivement un tir de Vandooren, une descente de Luzy et une contre attaque de Salem qui pouvaient mériter un meilleur sort. Et nous passons sous silence l'accrochage Andersson - Golinski, de la 11me minute, susceptible -selon les arbitres - de provoquer un penalty.

Après la pause, Andersson botta sur la barre, Vandooren ne fut stoppé que par un plongeon dans les pieds de Dakowski pour quelques instants plus tard voir sa "tête" finir sur la barre. Enfin, Le Gall tira sur le poteau.

Trop garder la balle...

S'il est vrai que pour réussir un grand exploit il faut bénéficier d'une part de chance il est aussi exact que forcer cette chance constitue une nécessité. Dakowski l'a amplement démontré.

Chez les défenseurs, un peu plus d'organisation eut été souhaitable ; plusieurs attaques ont été stoppées à "l'arrache" avec surtout le souci de détruire sans assurer la passe qui est l'origine des contre-offensives dangereuses.

Chez les attaquants tout reste à faire. C'est dans cette ligne en tout premier lieu que l'on retrouve le défaut qui consiste à porter la balle.

Est-ce parce que le ground n'était pas propice aux passes, à cause de la boue ?

Malgré ce résultat individuellement, les Marseillais n'ont pas mal joué.

Dans les buts, Poncet ne pouvait rien de plus sur le but de Liron, il s'envola, se trouva ou il le fallait mais la balle ricoche sur le poteau. En fin de match sur corner Poncet dégagea faiblement sur le même Liront mais il racheta sa faute en se couchant sur la balle à la suite du tir déclenché sur-le-champ...

Gransart et Salem travaillèrent fermement le second se montrant supérieurs au premier. Au centre Andersson fut l'homme de base arrêtant, renvoyant de xx avec acharnement.

Les demis-ailes Scotti et Mesas s'acquittèrent de leur besogne dans des styles différents mais sans xxxx de xxx sérieux. Scotti eut d'ailleurs de magnifiques interventions.

La ligne d'attaque ne trouva rien de concret. Luzy se battit superbement à un poste qui n'est toujours pas le sien. Marcel travailleur consciencieux, ne s'incorpora pas au quintette au sein duquel Andersson fit de son mieux malgré une surveillance efficace assurée par Golinski souvent aidé Vandooren constitua un péril certain en plusieurs occasions mais il hésita parfois. Et Le Gall qui botta sur le poteau à la fin de la rencontre, s'est déjà montré sous un jour plus favorable.

  --------------

INTERVIEWES SOUS LA DOUCHE

PIBAROT : "J'ai toujours eu confiance"

PONCET : " Mes camarades avaient joué avec coeur"

LES NIMOIS

"Les peuples heureux n'ont pas d'histoire", dit-on...

Les équipes heureuses, non plus...

On conçoit donc, qu'après la victoire sur l'O.M., la joie la plus franche et la plus complète, régnait dans le vestiaire des Nîmois.

Seul, le grand Albert Fornetti, ne partage pas tout d'abord l'allégresse de ses camarades, pour la bonne raison qu'il était encore groggy du choc reçu en repoussant le ballon sur coup franc tiré par Scotti (70me minute).

Peu à peu cependant, le Nîmois retrouva ses esprits et sa gaîté.

Pierre Pibarot, très satisfait allait de l'un à l'autre, s'occupant de chacun comme une "mère poule". Le coach nîmois trouva néanmoins le temps de nous déclarer :

"J'ai toujours eu confiance car les avants marseillais ont commis l'erreur de trop porter le ballon.

"En procédant ainsi, il leur était difficile de prendre notre défense en défaut.

"Nous avons été dominés bien sûrs, mais c'était normal puisque les Marseillais s'ingéniaient à conserver individuellement le ballon.

"Sans la blessure de Campo, je pense que notre victoire aurait pu être plus nette, car l'O.M. a baissé de pieds en fin de match.

LES MARSEILLAIS

Ce sont les hommes harassés qui regagnèrent les vestiaires olympiens. La consternation se lisant sur les visages ruisselants de sueur est tachetés de boue :

PONCET, qui sort des douches et sincèrement accablé : "Sur le but, vous avez vu : la balle sortait si elle n'avait pas frappé la barre... Quant au déroulement de la partie, je n'ai été qu'un spectateur. C'est malheureux pour mes camarades ; ils avaient joué avec coeur".

VANDOOREN : rajustant sa cravate, constate : "Dakowski était là. Il a fait une grande partie, et la chance l'a favorisé en seconde mi-temps".

MESAS et LUZY sont d'accord : "Ce n'est pas possible. Perdre dans de telles conditions ! Que voulez-vous, quand la chance refuse de sourire..."

LE GALLl, en se faisant soigner remarque : "On en veut à mes fesses ! Le fait est que les arrières adverses semblent poursuivre de leurs crampons, la partie charnue de l'individu du Breton..."

S. MARCEL souligne la réussite nîmoise en précisant : "Même l'arbitre a fait échouer une de nos attaques". Roger Rolhion souhaite : "Cela viendra", après avoir dit : "On a eu des occasions. Mais tout servait à renvoyer nos balles, des torses : des jambes, des têtes. C'était trop..."

--------------

La malchance n'est pas tout

Nouvelle défaite. Nouvelle défaite de l'O.M. qui malgré tous les progrès qu'elle peut provoquer, porte en elle les germe de l'inquiétude.

Mais, avant même d'entreprendre une critique qui, aujourd'hui, nous paraissait pour le moins systématique si elle n'était pas légitimement atténuée, saluons cette évidence bonne volonté d'une formation olympienne qui se donna entièrement sans atteindre le but que Dakowski et la malchance lui interdirent.

Nîmes, dont l'ensemble surpris très agréablement, Nîmes dans le jeu s'est trouvé clarifié, axé, dépouillé d'inutilités depuis que Kominek lui a apporté la sagesse et la précision du football autrichien, Nîmes disons-nous, a profité de la malchance qui frappa l'O.M. Trois shoots sur la barre, autant de balle venant ricocher sur une jambe ou une poitrine, l'ont probablement sauvé d'un échec qui eut pu être cuisant... et qui, en définitive, cuisit aux Marseillais.

Sont-ce là les seules raisons du succès nîmois ? Non assurément. Car l'O.M., hier, comme souvent perdit ce match parce qu'il ne sut point remettre de l'ordre au moment opportun. Dans la seconde mi-temps par exemple, les Marseillais s'acharnèrent - performance inutile - a porté la balle jusqu'à leurs avants de pointe, alors qu'en regard, un Kominek, un Liron, par exemple, ne s'effritaient pas en courses inutiles et leurs passes immédiates avaient autant, sinon plus, de rendement.

Certes on ne peut pas reprocher à nos Olympiens de ne pas s'être battus. Tout comme à Strasbourg, leur vaillance est aujourd'hui à souligner.

La fatigue finit par tarir la volonté.

Aussi bien dirons-nous qu'outre ces quelques fautes techniques - centres adressés au goal, ralentissement du jeu par certains joueurs, méthode dans l'offensive encore mal définie - l'O.M. doit son échec à la prodigieuse partie de Stéphane Dakowski. Un Dakowski des grands jours, dont l'efficacité fut d'autant multipliée qu'un rare bonheur s'attacha à ses pas, dans toutes ses interceptions. L'O.M. il est bien à le noter, adressa 26 tirs au portier nîmois, alors que les avants des "Crocodiles" n'en réussirent que 12. Mais parmi ces 12 coups de fusil, il y avait celui qui fit mouche.

Quoi qu'il en soit, Nîmes a réussi une notoire performance. Son adversaire la fut briser le rythme d'un ensemble qui vient de trouver sa coordination ; non pas par le fait du hasard, mais tout simplement parce que ces hommes pivot - que ce soit Kominek, Liron ou Golinski - ont su rafraîchir leur jeu et sacrifier aux règles les plus simples, les plus positives du football.

Et si généreuse, si totale que fut la débauche d'efforts des Olympiens, il n'en reste pas moins que leur attaque cherche encore la maîtrise et la manière.

 --------------

Le problème de l'attaque

reste toujours posé

On attendait avec curiosité le comportement de l'attaque phocéenne, puisque, aussi bien, c'est la ligne qui attise le plus de reproches depuis le début de la baisse de régime qui s'est concrétisée par la perte de trois rencontres en une semaine.

Certes les propos que nous entendions hier après-midi, de la bouche d'un habitué au stade Vél. et, qui nous déclarait :

"L'O.M. ne joue pas plus mal qu'avant c'est seulement la réussite qu'il lui fait défaut", c'est un fond de vérité.

Mais le fait comptable est là : l'attaque olympienne ne marque plus. On sait les diverses combinaisons, qui tentées dans le but de trouver enfin l'étincelle... et le chemin des filets adverses, n'ont rien donné jusqu'à ce jour.

Il semble bien, encore, que le quintette mis sur pied pour rencontrer Nîmes n'est pas celui attendu, celui capable de s'illustrer.

S'il n'y a pas grand-chose à dire d'Andersson, dont le rendement reste conditionné en partie à celui de ceux qui l'entourent : si Le Gall, avec ses hauts et ses bas et Vandooren y ont une place, Marcel et Luzy ne paressent pas, par contre opérer à leur poste6.

Luzy prouve, à chaque sortie qu'il n'est pas un inter. Marcel qu'il est meilleur dans la ligne intermédiaire. Comment ne pas souhaiter que chacun soit là où son comportement et le plus rentable ?

G.L.

  

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.