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Résumé Le Provencal

du 11 avril 1955

 

Redevenu lui-même, devant plus de 16.000 spectateurs, hier, au Stade Vélodrome

L'O.M. a battu facilement TOULOUSe (4-0)

Marcel, Andersson, Luzy et Ben Barek

ont marqué les 4 buts marseillais

Les dirigeants olympiens en général et le trésorier en particulier, ont dù enregistrer une légère déception quand M. Harzig, referee du match, siffla le coup d'envoi : un peu plus de 16.000 spectateurs avaient pris place autour du terrain pour assister à un combat dont l'importance, cependant, échappait à personne, chacun des deux adversaires désirant faire sienne une victoire indispensable pour des raisons diverses : Toulouse était venu en songeant au titre ; Marseille recevait en espérant s'éloigner définitivement d'une zone dangereuse.

Lors de la présentation des équipes, nous avions appris que tout en utilisant les joueurs annoncés, le coach Bigot avait remanié son attaque alignant ainsi de droite à gauche Ericksson, Meftah, Brodd, Bouchouk, Derreudre.

Rolhion, quant a lui faisant confiance aux hommes prévus.

Marcel ouvre le score.

Le soleil est au rendez-vous et le mistral aussi - Marcel ayant choisi de s'y adosser - quand Toulouse engage pour perdre d'ailleurs la balle illico et permettre ainsi à Jean-Jacques de se présenter à deux reprises vers les buts de Kautzmann, notamment à la suite d'une "toile" de Pleimelding.

Les locaux en veulent manifestement et entendent profiter au maximum de l'appoint du vent.

C'est ainsi que Rustichelli obtient un corner qu'il tire mal (à ras de terre) que, sur passe de Luzy, Ben Barek rate de peu à lobe superbement esquissé.

À la 5e minute, la domination des locaux est concrétisée par un coup de pied de coin donné par Luzy.

Le Lorrain soulève sa balle qui, passant hors de portée de Kautzmann, venu à sa rencontre, parvient dans les pieds de Marcel, posté au bon endroit. Une reprise de volée sèche, précise : la sphère pénètre dans la cage sous la barre.

O.M., 1 ; Toulouse, 0.

Toulouse, dès la remise en jeu, accélère l'allure : Brodd transmet à Bouchouk, mais Poncet est bien placé. Bouchouk récidive : Poncet pare encore.

À un tir de Brodd, Marcel et Andersson répondent par deux essais aussi dangereux... et vains.

Andersson inscrit son but

A la 20e minute, à la suite d'une erreur de Salem, Bouchouk glisse le cuir à Meftah : fort heureusement pour les "blancs" le Nord-Africain pêche par imprécision.

Trois minutes plus tard, alors que les "bleus" se battent désespérément dans l'espoir d'obtenir légalisation, Mesas se rend coupable d'une charge irrégulière mais... judicieuse. Poncet ayant quitté ses buts pour effectuer un dégagement manqué. Les Olympiens font le mur et la passe de Brodd à Bouchouk se termine en sortie.

L'alerte, rude, a servi de leçon, et Marseille repart. Luzy déborde par l'aile de façon superbe, mais son centre est repoussé ; Palluch donne à Andersson l'occasion de placer un bolide qui frôle le cadre, et après deux actions assez peu nettes de Molla, à la 38e minute, Luzy adresse une passe à Rustichelli, lequel prolonge sur Andersson.

Le citoyen de Mortolivet reprend au ras du sol et Kautzmann est battu en coin.

O.M., 2 ; Toulouse, 0.

C'est le coup de grâce et avant la pause, Ben Barek, servi par Andersson fait courir un frisson le long des échines toulousaines.

Luzy et Ben Barek

Après la mi-temps, durant laquelle on se demande comment se comportera l'O.M. contre le vent, cette fois, Toulouse contre toute attente, accuse un net passage à vide, tentant, sans trop y parvenir, de faire courir la balle, approchant des 18 mètres provençaux par des conjugaisons parfois plaisantes, mais toujours frappées d'une désolante inefficacité.

À la 52e minute, Meftah, Brodd et Eriksson se relayant joliment, échouent encore. Puis Brodd voit un effort personnel subir le même sort tandis que Luzy tire superbement un coup franc.

Profitant du flottement des Toulousains, flottement d'autant plus effectif que, boitant bas Bouchouk s'est exilé à l'aile gauche. Salem, aux 58e et 63e minute, mais à l'épreuve le keeper de la cité des violettes dont le team ne répond que par deux timides essais d'Erickson, tandis que Kautzmann doit se jeter dans les pieds d'Andersson.

À la 77e, alors que, prudemment l'O.M. opère avec trois avants de pointe, tout en se livrant à de périlleuse contre-attaque, Ben Barek sert Luzy. Tout contrit d'avoir quelques instants plus tôt manqué un tir qui pouvait être à l'origine d'un but. Michel ajustait son coup de botte ébat Kautzmann.

O.M., 3 ; Toulouse, 0.

Le stade applaudit longuement cette réussite et les derniers bravos se sont à peine éteints que M. Harzig désigne d'un indexe impératif le point de penalty, Andersson ayant été bousculé dans la surface de réparation par Haddad, tandis que Pleimelding, peu avant, avait manifestement pris de la main -sans attirer un penalty - sur le ballon, à quelques mètres de ses buts.

Ben Barek botte en coin, Kautzmann se détend, mais le ballon, bien placé, n'est que détourné contre le poteau avant d'entrer dans les filets.

O.M., 4 ; Toulouse, 0.

Toulouse, par Dereuddre - auteur de trois shoote - se débat encore, mais la fin survient, sur une victoire marseillaise aussi nette que méritée.

Georges LEOST

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L'O.M. a joué plus intelligemment

Si la victoire marseillaise a été nette, il était impossible avant le match le prévoir.

Certes, on n'avait pas manqué de souligner que lors du match aller les représentants du Toulouse F.C. ne s'étaient pas imposés de façon irrésistible et il s'en faut que plus récemment, à Bordeaux par exemple, les poulains de Jules Bigot avaient accusé une alarmante stérilité, mais il était difficile de prévoir cette véritable déroute, une déroute telle que le profane eut cru identifier en Marseille le prétendant au titre.

Le vent...

Jean-Jacques Marcel, vrai capitaine courageux, avait très intelligemment choisi l'appoint du vent pour débuter, pensé fort justement que ce qui est fait n'est plus à faire en escomptant prendre l'avantage.

C'était raisonné sainement puisqu'à la 5e minute Marcel ne laissa à personne le soin de marquer. Andersson confirmant à la 38e minute.

Mais au repos - sur ce score de 2 à 0 pour l'O.M. - on s'interrogeait : quelle serait la conduite des Olympiens contre le mistral ?

La réponse n'a pas manqué d'élégance, Luzy puis Ben Barek ayant battu Kautzmann à deux reprises encore le second sur penalty il est vrai.

Mais la domination phocéenne n'avait jamais été démentie et c'est là un sujet de satisfaction dont nous avions oublié la saveur.

Ainsi que ce soit avec ou contre le vent Marseille sut faire régner sa loi.

Voilà qui en dit long sur ses possibilités d'hier.

... et la cohésion

Au cours des trente premières minutes pourtant les supporters olympiens purent croire que le succès serait beaucoup moins aisé à obtenir. Malgré le vent, il avait fallu un corner pour battre Kautzmann. Et puis si Molla, tout en étant bon ne rééditait pas exactement la partie qu'il fournit contre Nice, Johansson gêné par le vent, ne démontrait pas la même netteté dans ses interventions.

Chacun garda la tête froide tout en hésitant parfois à attaquer l'adversaire et en optant pour le repli, tout comme pendant le second half alors qu'avec deux buts d'avance, il était bon de se méfier d'un possible réveil garonnais.

L'O.M. posta ses inters en retrait tout en jouant la contre-attaque.

En face, Toulouse pratiquait un football moins soudé, moins énergique, moins réaliste aussi.

Ce n'était pas suffisant pour inquiéter l'O.M., redevenu une équipe parce que la camaraderie disparue - on l'avoue aujourd'hui - n'est plus un vain mot.

Enfin, le principal est que Marseille ait gagné... en plaisant à son public !

G.L.

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R. Rolhion : "Nous avons mieux joué que Toulouse"

Il y a longtemps que nous n'avions pas vu tant de visages détendus dans les vestiaires olympiens à l'issue d'un match il est vrai qu'après le succès acquis sur Nice, Toulouse, autre dur morceau restait à digérer.

Et comme le tableau d'affichage traduisait encore par 4 à 0 l'avantage pris par l'O.M. sur le T.F.C. il était difficile pour les "blancs" de ne pas se réjouir !

On dit aussi que les gens heureux n'ont pas d'histoire et ce n'est pas inexact.

Pourtant Roger Rolhion, après avoir joué les mères-poules et aussi les gendarmes à la Ciotat concédait : "Le résultat est beau. Nous avons mieux joué que Toulouse".

Plus véhément Palluch déclarait en se rechaussant : "Nous sommes heureux d'avoir donné une leçon à l'arbitre, au Groupement et surtout aux Toulousains".

Un homme comblé !

Luzy dans son coin reconnaissait : "Nous avons tous bien joué et avons été payés. Mais je suis heureux d'avoir marqué un but"

Il faut avouer qu'il ne l'avait pas volé !

Ben Barek aussi calme que d'habitude rassurait son monde : "Je n'ai pas souffert du genou. Et nous avons gagné. Tout va bien."

Pendant ce temps Bigot perplexe chercher les raisons de la nette défaite des siens... Et Haddad avouait que Toulouse avait mal joué espérait : "Pourvu que nous soyons dans un meilleur jour dimanche !"

C'est souhaité ! ...

G.L.

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Retrouvé, Andersson

a couru, shooté... et distribué !

Pour vaincre les Toulousains par 4 buts à 0, il fallait que les Olympiens fournissent une grande partie. En toute objectivité on doit reconnaître aujourd'hui que les boys de Roger Rolhion méritent des éloges. Nous les avons jugés assez sévèrement, tout récemment encore, pour souligner des mérites évidents et, tout compte fait, seul Rustichelli à jour un temps en-dessus.

C'est assez pour permettre aux dirigeants marseillais de se frotter les mains.

Dans les buts, Poncet n'a pas opéré avec la sûreté affichée ces derniers jours. Il pourra dire : "C'est la faute du vent", mais celle celui-ci n'explique pas tout et en particulier deux sorties hasardeuses sur lesquels il eut un peu de chance. Mais la chance n'était pas indispensable à la réussite d'une belle partie.

Molla, tout en étant plus que satisfaisant, a commis quelques erreurs sans conséquence. Il a toutefois confirmé le bien qu'il faut penser de lui.

Johnson finit beaucoup mieux qu'il ne commença, assurant ses passes et redevenant le grand Johansson. On est volontiers difficile avec Gunnar, parce qu'il a habitué le public a ses exploits.

Palluch ? C'est sans doute le joueur n1 de cet après-midi. Il a été extrêmement précieux. Force de la nature, son pied, sa détermination ont été d'un grand prix au milieu au moment où la défense marseillaise s'organisait.

Salem, demi droit, souvent obligé de se tenir derrière Molla, son inter jouant en pointe, à constituer un danger certain pour Kautzmann, à deux reprises, rachetant ainsi deux ou trois actions moins bonnes.

Mesas après un début prudent, sans doute dicté, repris du poil de la bête, minutes, dans son style accrocheur et énergique.

Rustichelli, parti magnifiquement, sombra, victime de sa crainte maladive dès que Pleimeding lui eut rappelé qu'il n'a pas usurpé sa réputation. Ce qui devait arriver... arriva. Mais il est difficile d'expliquer le placement défectueux de Dominique, ses efforts compliqués à l'extrême.

Marcel fournit un labeur gigantesque, attaquant, défendant, assurant la liaison et... oubliant de garder la balle. Un Marcel parfait comme on aimerait le voir tous les dimanches.

Andersson apporta le plus formel démenti à ceux qui estiment fini, se battant comme un lion, courant, tirant et adressant des balles à ses partenaires, une authentique résurrection en somme.

Ben Barek ? Larbi a encore répondu présent. Et de quelle façon ! S'il limite ses actions tout ce qu'il entreprend reste remarquable.

Quant à Luzy, à l'aile gauche, sa production n'a manqué une intelligence, ni de hargne, ni d'efficacité. À l'origine du premier (directement) puis du second but (indirectement) il a inscrit le troisième. Un bilan éloquent...

Chez les Toulousains Kautzmann, bien que quatre fois battu, n'a pas démérité ; Boucher s'est montré d'une insigne faiblesse ; Pleimelding a eu la partie belle devant Rustichelli ; De Bellot, Haddad et Cahuzac, le second émergea le plus.

 

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