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Résumé Le Provencal

du 22 août 1955

  

Contre LENS déjà solide au poste, l'O.M. fléchit en seconde mi-temps

mais arrache, in extremis, un heureux match nul (2-2)

Malgré la période des vacances 15.000 spectateurs environ (recette : 3.310.130 francs) sont venus assister au premier match de championnat O.M. - Lens.

À l'appel de l'arbitre, Lens se présente exactement dans la formation annoncée.

À l'O.M. par contre, Scotti blessé à l'aine, est remplacé par Mesas, tandis que J.J. Marcel opère au poste d'arrière central et Molla à la droite du Brignolais.

Dès le début, l'O.M. se montre entreprenant. Duffuler doit dégager mais Chicha intercepte et sert Constantino. Le brésilien tir légèrement à côté (2me).

L'attaque marseillaise, animée par Constantino met à contribution la défense nordiste, mais celle-ci réellement impeccable ne se laisse pas prendre en défaut.

Une combinaison Marcel - Lusy -Rustichelli échoue, l'ailier droit ayant placé sa balle largement au-dessus de la cage de Duffuler (4me).

Lens sort de sa réserve. Jonsson place un bolide à ras de terre. Poncet est à la parade (7me).

Une minute plus tard Lens obtient son premier corner, mais le cuir est renvoyé par Palluch (8me).

Constantino donne le ton. Un de ses centres est repris par Andersson qui marque, mais le but est annulé, l'arbitre ayant sifflé un coup franc au préalable (11me).

Constantino, trop isolé

Le néo-olympien poursuit son superbe travail. Hélas la plupart de ces services sont ratés par ses partenaires. À la 20me minute, Tino après une série de feintes étonnantes, termine son action par un shoot pas assez appuyé toutefois.

Rustichelli, trop brouillon jusque-là pour battre Duffuler, reprend de volée. Son tir fuse, mais le portier nordiste somme miraculeusement (21me). Quelques instants après, Andersson, pourtant bien placé, tir sans conviction et Duffuler n'a aucune peine pour renvoyer du pied.

Les Lensois secouent leur torpeur. Un centre de Louis trouve Habitzl au point de chute. Poncet est battu par le shoot de l'Autrichien, mais le montant droit renvoie le cuir et Palluch dégage son camp.

Théo, légèrement blessé, sort.

Molla :

Premier but de la saison.

L'O.M. reprend la direction et obtient un corner. C'est Rustichelli qui donne le coup de pied de réparation. La balle décrite un demi-cercle, arrive dans les pieds de Molla, en embuscade à 10 mètres et c'est le premier but de l'O.M. (31me).

À 35me minute, Théo rentre et Lens rejoue à onze. Le jeu se poursuit au milieu du terrain.

Cependant juste avant la mi-temps, Habitzl est seul devant Poncet. Il shoote en force. Poncet, dans une détente désespérée repousse la balle. Jonsson la reprend mais Palluch une nouvelle fois, sauve en envoyant en corner.

À la mi-temps donc, l'O.M. mène 1 à 0.

Un feu de paille olympien...

Dès la remise en jeu, Andersson, puis Constantino, mettent à contribution Duffuler, sans succès d'ailleurs (46me).

Constantino, à la 49me minute, trompe plusieurs adversaires et sert Rustichelli. Ce dernier une fois de plus, mais dans les mains du diabolique portier lensois.

Les Marseillais, qui semblent peiner, baissent de régime petit à petit, et il s'en faut d'un cheveu que Molla, en voulant donner le cuir à Poncet, ne batte son propre gardien.

...se termine par deux buts

de Lens

Les Nordistes qui, maintenant travaillent à fond, acculent les Olympiens sur leur but.

Jonsson descend, passe à Wisnieski, heureusement que Gransart, sentant le danger, se lance sur l'ailier droit et lui subtilise la balle.

La contre-attaque est immédiate. Rustichelli botte dans sa foulée, Duffuler pare. Luzy essaie à son tour, ainsi que Marcel, mais l'imbattable goal de Marek arrête encore ces deux tirs.

À la 66me minute, Stievenard oublie Gransart, centre devant la cage de l'O.M. Théo est à la réception, il contrôle de la poitrine, met la balle à terre et égalise aussitôt.

O.M. : 1 -- Lens : 1.

Les Lensois sont déchaînés. On note une tête d'Habitzl (73me), et un bolide de Stievenard (76me) à côté de la cage.

Louis, omniprésent, lance Jonson, qui brûle la politesse à Marcel. Le puissant Suédois s'approche et fusille Poncet malgré une sortie désespérée de celui-ci (81me).

O.M. : 1 -- Lens : 2.

Cette fois, on croit que le match est définitivement perdu pour l'O.M. car il ne reste plus que neuf minutes à jouer. La foule déçue, scande le nom de Johansson sur l'air des lampions.

Les Olympiens pourtant, ne s'avouent pas battus.

Rustichelli arrache le nul

Impeccable jusqu'à la, la défense Lensoise commet quelques erreurs devant les attaques répétées mais peu coordonnées des Marseillais.

Les minutes s'écoulent. Il ne reste plus que 30 secondes à jouer. Mesas, du milieu de terrain lance le cuir vers les buts adverses. Rustichelli, sans contrôler totalement lobe enfin Duffuler et, de la cuisse inscrit le second but, celui de légalisation.

Le temps de remettre en jeu et l'arbitre siffla fin de ce match décevant, à plus d'un titre, pour l'équipe olympienne.

Maurice GOIRAND

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Seul, CONSTANTINO n'a pas déçu

Contrairement à ce que l'on pouvait espérer, l'O.M. a raté sa "rentrée" devant l'excellente équipe du R.C. de Lens.

Certes, si l'on se fit uniquement au résultat final ceux qui n'ont pas assisté au match pourraient à la rigueur croire que les Olympiens se sont comportés honorablement somme toute face au presque vice-champion de la saison dernière.

Pour les absents de ce premier duel 55-56, seuls les spectateurs du stade étant édifiés sur l'exhibition du onze marseillais nous dirons que les porteurs du maillot blanc, sauf peut-être au cours des 30 premières minutes de la partie ont été dans l'ensemble bien décevants.

En effet, en consultant nos notes et en nous remémorant les principales phases de cette O.M. - Lens, nous ne trouvons qu'un seul nom de joueurs qui puissent échapper à la critique.

Ce joueur, c'est le néo-olympien Constantino. Toujours en mouvement le Brésilien fournit une mi-temps transcendante. Ses services, impeccables, ne furent pas exploités, hélas par ses partenaires.

Avec des ailiers en forme, il est à peu près certain que l'O.M. aurait largement mené au score lorsque survint le repos.

Mais hier après-midi, l'attaque olympienne n'avait pas des ailes car Rustichelli, sut se montrer quelquefois à son avantage, au centre du terrain, fut prêt des buts trop brouillon pour pouvoir espérer battre un portier comme Duffuler.

Part ailleurs, Lusy, activité personnifiée ne semblait pas à l'aise au poste d'un d'ailier gauche.

Ici même nous avons signalé que cet excellent élément serait beaucoup mieux au poste d'intérieur.

Quant à Andersson, mieux vaut passer sous silence sa très mauvaise prestation.

Nous ne jugerons pas Chicha sur ce match car alors notre opinion pourrait être un peu sévère.

Chicha a des qualités, nous n'en doutons pas. Attendons donc de le revoir une seconde fois à l'oeuvre.

Jean-Jacques Marcel

n'a pas fait oublier

Johansson

Jean-Jacques Marcel à son corps défendant d'ailleurs tenait le poste clé d'arrière central.

Il fit de bonnes choses et aussi de mauvaises, témoin le but de Jonsson qui lui est imputable.

Jean-Jacques Marcel ne le doutons pas est un grand joueur. Il n'est pas pour l'instant l'arrière central qu'il faut à l'O.M.

Il aurait été sans doute désirable de le voir à sa véritable place de demi-aile mais nous savons aussi que ce n'est pas de sa faute, ni celle de son club, si le titulaire Johansson n'occupait son poste habituel hier au stade vélodrome.

Mais ceci est une autre histoire.

Mesa a eu le mérite de donner la balle de match à Rustichelli. Bien maigre en réalité pour le bouillon Mimi, d'ordinaire plus actif.

Palluch et Gransart sauvèrent quelques situations critiques. Néanmoins les deux puissants défenseurs ne sont pas encore définitivement au point.

Poncet enfin n'a rien à se reprocher. Quelques-uns de ses arrêts soulevèrent les applaudissements mérités.

Ne cachons pas que nous nous attendions à un tout autre résultat de la part des Olympiens.

Répétons qu'ils doivent encore beaucoup travailler pour acquérir une condition physique acceptable car ils ont sérieusement flanché en seconde mi-temps.

D'autre part, Lens leur a donné une excellente leçon de technique. Souhaitons qu'ils en fassent leur profit.

M.G.

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DUFFULER "roi" du terrain

Lens, à n'en pas douter, a été techniquement supérieur à l'O.M.

Si l'attaque n'a pas marqué plus de buts, elle a souvent pris ses risques et en deux ou trois occasions, les poteaux ont sauvé les Marseillais de la défaite.

Certes, les Olympiens eurent autant d'occasions qu'eux en première mi-temps au moins, mais pour battre Duffuler, un Duffuler extraordinaire, hier après-midi, il aurait fallu d'autres avant que les Olympiens.

N'y revenons pas et parlons des Lensois. Tout d'abord, le numéro un du match fut sans contester protestations Duffuler.

Le portier nordiste, en effet a fait un grand match. Toujours bien placé et sorti des balles impossibles. Lens lui doit beaucoup.

Après lui, et sur un même plan, nous placerons Polak, arrière central impeccable. Louis, au jeu délié et à l'abattage exceptionnel, l'intérieur Habitzl, cerveau de l'équipe, et Théo.

Bien sur, les autres ne sont pas loin, mais sur le match d'hier, ces cinq hommes ont été à la base du demi-succès des "Mineurs".

Lens possède une bonne équipe. Elle fera encore parler d'elle cette saison.

M.G.

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MAREK :"L'équipe de l'O.M. m'a déçu"

Le doux Marek, l'entraîneur de Lens, était à demi satisfait après le match.

"Se faire remonter si près de la fin de la partie, cela vous en conviendrez, est vraiment malchanceux.

À la mi-temps d'ailleurs et bien qu'étant menés, j'avais dit à mes joueurs qu'ils pouvaient facilement battre les Marseillais au cours de la seconde période."

"Je ne me suis guère trompé puisque sans les barres nous aurions gagné ce match."

"Enfin sachant nous le contenter de ce nul".

Que pensez-vous de l'équipe olympienne ?

"Sur ce match, elle ne m'a pas paru dangereuse. Les ailiers qui jadis faisaient la force principale de l'O.M. ont été décevants au possible".

"Certes on combine mieux à l'O.M. mais le punch est absent".

Critiques sévères peut-être mais justes avouons-le.

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Les Olympiens :"Nous revenons de loin"

Il n'y avait pas que des sourires satisfaits, hier après-midi après le match, dans les vestiaires olympiens.

En effet, la plupart des joueurs, déçus de leur exhibition quelconque, étaient plutôt discrets et moroses.

Cependant, lorsque nous évoquâmes cette dramatique fin de partie, les Olympiens consentirent alors à abandonner leur mutisme.

"Nous revenons de loin !" nous dirent simultanément Rustichelli, Poncet et bien d'autres encore.

"Toutefois, nous avons été malchanceux en plusieurs occasions. Cela n'excuse pas tout, certes, mais enfin, nous avons droit aux circonstances atténuantes !"

Nous ne partageons pas ce dernier point de vue car il se peut que l'O.M. ait été malchanceux. Il a été aussi très maladroit.

Et puis, sans les poteaux, peut-être que l'équipe marseillaise s'en serait tirée à moins bon compte.

Ne terminons pas sans signaler que J.J. Marcel a été pris à partie par des spectateurs énervés à la sortie du Stade-Vélodrome, ce qui est regrettable.

M.G.

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JOHANSSON a beaucoup manqué

mais son cas n'est pas défendable

On pensait généralement que le différend O.M. - Johansson finira par s'aplanir à la dernière minute.

Il n'en a rien été puisque le Suédois n'a pas joué contre Lens.

Ici même, on le sait, nous n'avions pas l'habitude de prendre parti pour l'O.M. contre les joueurs.

Pourtant, si les chiffres que nous a donné le trésorier du club de la place Félix Baret, sont exacts, et nous n'avons aucune raison de suspecter sa bonne foi, Johansson, en ne s'alignant pas hier après-midi, aura fait une très mauvaise affaire.

En effet, outre la suspension de son contrat, le grand Gunnar, se verra privé de ses émoluments des mois de juillet et août écho qu'il arrive de sa prime de talent et de quelques autres avantages non négligeables.

Et cela doit faire un nombre respectable de billets grands format.

Johansson, c'est certain est un très grand joueur. Il a également terriblement manqué à son équipe dimanche.

Néanmoins, du moment que les Professionnels sont maintenant régis par des statuts très stricts, il doit s'y conformer.

On nous a affirmé que Johansson, toucherait le maximum prévu par les lois en vigueur et ce maximum est important si l'on en croit la moyenne mensuelle touchée au cours de la dernière saison par les olympiens en général et par Johnson en particulier.

Le cas de Johansson est également celui des "réfractaires" Lillois : Vincent, Douis et Lefebvre, qui n'ont pas réussi à faire fléchir M. Henric.

Ce dernier a délibérément laissé sur la touche ses internationaux et menace de les y laisser long temps encore.

Que Johansson, réfléchisse car il y a maintenant une discipline financière chez les "Pros" du football qu'il convient de respecter.

 

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