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Résumé Le Provencal

du 19 septembre 1955

  

HANDICAPE PAR L'ABSENCE DE PALLUCH, SCOTTI ET CHICHA, MAIS SURTOUT DEPOURVU D'INTERS...

L'O.M. (très affaibli) est trop sévèrement battu (4-0)

par un RACING qui n'a pas convaincu

(De notre collaborateur parisien Géo RAY)

PARIS (A.C.P.) - Les Parisiens étaient privés, hier, de transports en commun. Mais, comme chacun sait, on est débrouillard dans la capitale. Ainsi les dirigeants du Racing-Club de Paris n'éprouvaient aucune crainte, hier matin, lorsque nous leur demandions si les conflits sociaux n'allaient pas nuire au succès du match Racing - O.M. En fait ils n'avaient pas tort : désireux de voir à l'oeuvre cette équipe qui venait de remporter le plus inattendu des succès à Strasbourg, les supporters du Racing ont bien prouvé le moyen de se rendre au Parc des Princes.

Ils étaient 28.508 qui ont apporté 8.184.630 francs dans les caisses.

Disons tout de suite que les malheureux, s'ils ont eu la satisfaction de passer un après-midi quasi estival en plein air, n'ont pas été récompensés par les footballeurs qui se sont produits sous leurs yeux.

Quel piètre football il leur fut servi !

L'O.M. sans inters

Marseille a joué hier sans inters ; voilà pourquoi il a été battu avec par un bien médiocre Racing.

Il eut fallu bien peu de chose pour que le match prenne une toute autre tournure. Il eut fallu simplement, par exemple, que Gunnar Andersson marque à la 55me minute le but que tout le monde voyait déjà acquis, lorsque l'ex-Suédois se trouvant seul devant le goal parisien à une dizaine de mètres place son bolide au-dessus de la barre.

Le match donc les Marseillais avaient donné le coup d'envoi, avait fort bien débuté pour eux. En effet, on vit Rustichelli, bien lancé à l'aile droite, crocheter Marche pour passer un très dur shoot que Pivois stoppa avec beaucoup de peine. Ce départ rapide de l'O.M., incita le Racing à jouer une prudence défensive et a procédé par contre-attaques.

Aux actions intelligentes menées par J.J. Marcel, en ce début de match, le Racing répliqua par de longues descentes des Guillot, Pillard ou Cisowski, et, sur l'une d'elles, Poncet fit un très beau plongeon pour stopper un tir de Pillard.

Le duel serré que se livrait depuis les toutes premières minutes Cisowski et Johansson était soudain interrompu par un coup de sifflet de l'arbitre qui désignait de l'index le but marseillais. Nous étions à la 11me minute du match et dans les 25 mètres de l'O.M.

Aussitôt, sous la direction de J.J. Marcel, les blancs faisaient le mur, mais l'Autrichien Happel se lançait de loin et tirait de magistrale façon une balle que Poncet ne voyait pas venir. Ce tir fut une pure merveille.

Un but inattendu

Les Marseillais reprenaient la le jeu courageusement, nullement abattu par ce coup du sort et Rustichelli après avoir mystifié Marche et Majhoub, faisait un centre superbe que Constantino reprenait fort mal.

Les Parisiens sous la pression des Marseillais, jouaient toujours une défensive serrée, magistralement organisée par Happel et Marche et contre-attaquaient à chaque occasion.

Ainsi, l'arrière Lelong partait de ses buts à la 17me minute, filait le long de la touche jusqu'à la ligne de but marseillaise ou il faisait un centre au cordeau. Aussi inattendu que réussi et - malheur et mystification - la balle filait droit dans le but du malheureux Poncet qui croyait que cette balle passait nettement au-dessus de la transversale. Les Olympiens accusaient le coup visiblement et Poncet devait détourner en corner un tir tendu de Pillard, le plus dangereux des avants parisiens.

Les quelques minutes de déception passées, les Marseillais reprenaient leurs offensives et les Parisiens revenaient à leur défensive groupée autour de Happel souverain.

La mi-temps survint alors que J.J. Marcel venait de traverser toute la défense du Racing et de placer un tir à côté.

Andersson manque un but

Pendant de longues minutes, les joueurs tentèrent de se remettre en train. On aurait cru voir l'un des tous premiers matches de la saison.

Quelques tirs de Cisowski toujours parés par Poncet, quelques belles descentes de J.J. Marcel dont on admirait la volonté farouche de mettre de l'ordre dans une maison qui en manquait beaucoup, n'arrivaient pas à dissiper cette grisaille, cette partie de pouce ballon.

Mais soudain on pensa que tout allait être en question ; en effet le petit ailier Luzy partait sur la gauche et faisait un centre qui trouvait Andersson à la réception. L'avant-centre marseillais s'avançait lentement vers Pivois qui tentait désespérément de lui barrer l'angle de tir et Andersson plaçait un tir terrible au-dessus de la transversale. Juste au-dessus du coin droit. C'en était fait des dernières chances olympiennes.

Quelques minutes plus tard le malheureux Gunnar récidivait et J.J. Marcel devait intervenir pour sauver une situation périlleuse provoquée par une passe hasardeuse de Molla par ailleurs très bien jusqu'à là.

Aux mauvaises passes des Constantino, Mercurio, Andersson, les Parisiens répliquaient par des passes aussi mauvaises et le public sifflait son mécontentement lorsque J.J. Marcel secouant le joug traversait tout le terrain pour aller placer un shoot puissant que Pivois stoppait de justesse.

J.J. Marcel ayant secoué l'apathie générale, c'est le Racing qui allait profiter de ce regain d'intérêt donné au match. En effet Cisowski qui courait après toutes les balles captait une mauvaise passe de Mercurio et s'en allait fusiller le pauvre Poncet : laisser tout seul.

Penalty non accordé pour l'O.M.

Trois buts à zéro : le match était joué et bien joué et un dernier sursaut de l'O.M. amenait un shoot terrible de Gunnar Andersson, shot qui s'écrasait sur la barre, et surtout une action de Luzy qui se présentait seul devant le goal Pivois le dribblait fort intelligemment et allait pousser la balle dans le but vide lorsque Pivois le saisit par les jambes et telle un joueur de rugby le plaquait au sol.

Un penalty s'imposait et M. Harzig ne siffla pas. Pivois lui-même l'aurait accepté sans trop se plaindre tant il savait qu'il encourait cette sanction.

Le sort allait d'ailleurs aggraver les choses pour les Marseillais qui voyaient encore des Parisiens obtenir un quatrième but par Della Ciecca à quelques secondes de la fin du match.

Quatre à zéro le score était lourd pour l'O.M.

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L'absence de SCOTTI a lourdement pesé

PARIS (A.C.P.) - L'Olympique de Marseille a payé fort cher la suspension incompréhensive de Scotti et aussi l'absence de Chicha. En effet, l'équipe joua pratiquement sans intérieurs.

Constantino fit sans doute le plus mauvais match de sa carrière. Mais comme nous le faisait remarquer l'entraîneur Rolhion, il était nécessaire de le faire jouer bien que chacun sache qu'il n'était pas complètement remis.

Mercurio manquait visiblement du rythme de la première division. Nous n'en voulons pour preuve que son très net retour en fin de match. Des lors, Luzy et Rustichelli, pourtant dans un bon jour, hier furent délaissés à leurs ailes ou bien lorsqu'ils furent servis, ils ne trouvèrent jamais le partenaire démarqué ou prêt à les relayer.

Scotti eut certainement pallié cette défaillance, mais il eut surtout secondé J.J. Marcel lorsque celui-ci vraiment transcendant hier, s'envolait littéralement vers les buts adverses.

Le public parisien attendait visiblement Andersson. On ne peut pas dire qu'il fut franchement déçu, mais il n'en fut pas davantage emballé.

Gunnar ne baissa jamais les bras, mais il avait affaire hier à celui qui est certainement le meilleur arrière central opérant en France. Happel, en effet, ne lui laissa pas la moindre liberté et le mérite est grand, pour l'avant-centre marseillais d'avoir bien souvent secoué le joug.

Malheureusement, Andersson ne connut pas la moindre réussite. Comme nous l'avons dit, il manqua un but tout fait lui le bombardier.

Et nous avons dit aussi quelles conséquences aurait pu avoir ce but, hélas, rester dans le domaine des espérances déçues.

L'inorganisation de l'équipe marseillaise ne peut être reprochée ni aux demis, ou Mesas se défendit de son mieux, ni aux arrières ou Johansson eut un travail énorme pour contenir Cisowski, lequel flairait hier la sélection représentée dans les tribunes par M. Jean Rigal.

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J.J. MARCEL, le meilleur du onze marseillais

PARIS (A.C.P.) - L'absence de ces deux stratèges Scotti et Chicha a désorganisé l'équipe de l'O.M., qui n'a jamais trouvé la cohésion nécessaire pour dominer un Racing qui n'était pourtant pas en très grande forme. De plus, les intérieurs Constantino et Mercurio, à qui était dévolu le rôle d'organisateur de ce jeu, n'étaient pas en bonne condition physique. Ils ne purent jamais coordonner l'action de la défense et des avants de pointe. Le Brésilien surtout était mal rétabli de sa blessure contre Bordeaux. Visiblement, il répugnait aux chocs et il fit un match très effacé. Mercurio, eut, lui, un début très pénible. En fin de partie cependant, il trouva son deuxième souffle et réussit avec Jean-Jacques Marcel, quelques percées qui auraient pu aboutir sans une certaine malchance des tireurs Andersson et Luzy.

À l'image de ses co-équipiers, le gardien Poncet joua un début de match difficile et malchanceux.

Pivot de la défense, Johansson avait la tâche la plus difficile puisqu'il devait marquer le plus dangereux attaquant du Racing, le centre Cisowski qui, longtemps éloigné des terrains de jeux par suite d'une blessure au genou, retrouve, en ce début de saison, sa grande forme d'international. Le Suédois se tira assez bien de sa délicate mission, compte tenu qu'il songeait souvent à épauler le jeune arrière gauche Molla remplaçant Palluch.

Gransart, sans faire preuve d'un exceptionnel brio, joua un bon match. Il ne commit pas de faute et il a le mérite de ne jamais se décourager. Il tenta même comme de coutume, quelques percées pour démarqués ses avants.

Molla, naturellement plus timide ne laissa que rarement échapper le rapide Pillard.

Mesas, qui avait la lourde charge de remplacer Scotti, n'était pas lui aussi dans une excellente condition physique et le rythme de jeu du jeu sembla quelque peu le dérouter, d'autant plus que son adversaire direct, l'infatigable Della Ciecca, est assez difficile à marquer, le demi gauche se défendit jusqu'au bout avec énergie.

Meilleur élément du onze marseillais en ce sombre dimanche Jean-Jacques Marcel joua avec panache et tenta sans se décourager de renverser une situation compromise par le mauvais début de partie. Ces percées au centre du terrain ou il réussit à passer deux ou trois adversaires, furent spectaculaires. Si elles restèrent inefficaces, c'est que Marcel n'était pas soutenu comme de coutume par son compère Scotti.

Le duel entre Andersson et Happel, grande vedette internationale, était la principale attraction de ce Racing - O.M. Il faut reconnaître que cette confrontation, si attendue, tourna à l'avantage de l'Autrichien qui, sans marquer Gunnar de très près, l'empêcha presque toujours, grâce à son immense classe, de se trouver en bonne position de shoot. Andersson lutta avec vaillance. Couvrit bien le ballon et resta la meilleure arme marseillaise. Malheureusement, il manqua de réussite. À l'aile droite, Rustichelli joua lui, un bon début de partie. Il réussit à passer Marche toujours aussi ardent, mais ses centres manquèrent de précision ou ne furent pas repris. L'ailier marseillais ne termina pas aussi bien. Son jeu devint plus brouillon et moins direct au fur et à mesure que son impitoyable adversaire devenait de plus en plus intraitable.

À l'aile gauche au contraire, Luzy tint un rôle très effacé en première mi-temps. Il s'améliorera après le repos. Il exploita bien, en particulier, une grosse erreur de Lelong et avait un but tout cuit au bout du pied. Hélas ! Pivois lui plongea dans les jambes et s'agrippa à ses chevilles.

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CE QU'ILS DISENT

Poncet, surpris par le tir vicieux d'Happel sur le coup d'un franc, nous déclarait après le match :

"Le second but m'a surpris. Je n'ai pas fait un geste car je croyais que la balle allait passer au-dessus de la barre".

MERCURIO : "J'avoue que je manquais de compétition."

ANDERSSON : "Quel malheur d'avoir manqué ce shoot au début de la seconde mi-temps. Nous serions sans doute repartis si j'avais réussi."

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Les arbitres sont durs pour nous

déclare J.J. MARCEL

PARIS (A.C.P.) - Dans les vestiaires marseillais, chacun était résigné. On savait bien qu'il serait difficile de battre le Racing avec une formation ou jouaient trois remplaçants, mais en général, tous les joueurs trouvaient le score bien lourd.

Luzy, par exemple, trouvait que l'arbitre ne lui avait pas accordé le penalty que Pivois méritait incontestablement.

"Nous aurions été battus seulement par 3 à 1, nous dit-il car les Parisiens ont marqué leur quatrième but aussitôt après".

"Qu'importe, lui dit M. Bicais, désabusé, à ce moment-là, le match était joué."

Pour J.J. Marcel, l'arbitre a été très dur avec lui et ses équipiers en général.

"Nous avons une mauvaise réputation à Marseille et maintenant, les arbitres nous sanctionnent à tort et à travers."

Et J.J. Marcel d'ajouter :

"Aujourd'hui j'ai couru comme si j'avais fait deux matches. Je suis complètement épuisé".

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HAPPEL :

"Andersson est vraiment difficile à tenir

PARIS (A.C.P.) - Happel, parlant de l'avant-centre de l'O.M., nous a dit :

"J'ai eu beaucoup de travail avec Andersson, qui est plus difficile à contenir qu'il ne paraît. Il n'a pas eu de chance aujourd'hui, mais croyez-moi, il ne faut pas le laisser partir".

Mahjoub, pour sa part, a remarqué la belle partie de son ami J.J. Marcel, qu'il a trouvé le meilleur joueur sur le terrain.

Pivois reconnaissait lui-même qui l'avait accroché Luzy par la jambe pour éviter le but.

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