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Résumé Le Provencal

du 02 janvier 1956

  

L'O.M. se défend bien puis s'écroule à Monaco (3-0)

(Compte rendu de notre envoyé spécial : Georges LEOST)

MONACO - Un temps magnifique, qui faisait presque oublier qu'on était au premier jour de l'année 1956, avait incité, bien avant le coup d'envoi, les spectateurs à venir nombreux prendre place autour du rectangle vert du stade Louis II, dans le cadre féerique du champ de jeu encastré au pied du rocher baigné de lumière et rendue plus particulièrement encore par les rugissements des fauves, venus du zoo princier, tout proche. La mer, d'un bleu uniforme, constitue une toile de fond incomparable. Tout est la pour créer la chaude ambiance d'un derby méditerranéen, disputer de surcroît, un jour de fête.

Après avoir débité quelques rengaines, les haut-parleurs annoncent la formation des équipes en présence. On apprend ainsi que si Dupal m'a apporté aucun changement à son onze, il n'en est pas de même en ce qui concerne Rolhion. L'entraîneur marseillais, pour faire face à la double défection de Marcel et de Scotti, a appelé Palluch à l'arrière, Molla devenant demi avec Salem et Durand opérant à l'aile gauche.

Les supporters phocéens accourus en grand nombre de Marseille applaudissent longuement l'arrivée des "Blancs" sur le ground.

Et le match débute.

Monaco engage

Dès la première minute après une descente repoussée de justesse par la défense marseillaise, Conti oblige Poncet à effectuer son premier arrêt. Puis Valorizek shoote trop haut. Le ballon s'installe dans le temps phocéen et une faute de Gransart permet à Bruay de tenter sa chance. Il le fait trop timidement pour inquiéter sérieusement Poncet.

Sur contre-attaque, à la minute 3, Andersson manque de peu de prendre Boukekeur à contre-pied.

Mais, tout aussitôt, Johansson dégage une balle lâchée par Poncet.

Le jeu se déroule sur un rythme rapide, ponctué par les cris d'une galerie passionnée.

À la 8e minute, Rustichelli lance Andersson, qui ne peut que corriger la trajectoire de la balle au passage. L'objectif n'est pas atteint et Boubekeur n'a pas à intervenir.

Deux minutes plus tard, à la limite du terrain, l'ex-Suédois adresse un centre sec et précis que le portier local intercepte en plongeant.

À la 13e minute, Ben Tifour, en position d'ailier droit, botte sans précision. Puis Durand, Tivoli et Constantino, en se relayant, amènent la balle avec élégance dans les 18 mètres monégasques.

Poncet éblouissant

A la 15e minute, Bruey, seul, tire puissamment. Poncet se détend magnifiquement, mais sans résultat. Heureusement le ballon s'écrase sur le poteau.

À la 16e minute, Valorizek place un shoot terrible que Poncet détourne, auprès d'une parade de très grande classe.

Deux fautes de la défense de la principauté devant Rustichelli et Andersson ne donne rien. À la 19e minute, Andersson shoote ; la sphère passe encore à côté.

L'allure n'a pas diminué et si Monaco produit le plus beau football, Marseille fournit un match défensif de qualité.

Coup franc de Constantino

A la 25e minute, une faute de Zitouni sur Tivoli donne lieu à un coup franc que Constantino tire bien sur Rustichelli.

Cette pénalité amène le premier corner de la partie, shooté en vain par Rustichelli.

À la 28e minute, alors que Rustichelli et Durand ont permuté, Tivoli catapulte le cuir en direction de la cage adverse. Celui-ci est raté de fort peu.

L'O.M. domine à son tour et c'est maintenant Monaco qui est acculé en défense.

À la 34e minute, Marseille concède successivement deux corners, mais s'en tire sans plus de dommage.

À la 38e minute, Tivoli shoote encore à côté puis oblige, quelques secondes plus tard Boubekeur a réalisé un arrêt du bout des doigts.

Avant la mi-temps, Rustichelli alerte Boubekeur à deux reprises ; Durand met Thomas à l'épreuve et Andersson rate le but alors que le keeper monégasque est à terre et les filets vides.

Bruay marque...

Il y a 45 secondes que le jeu a repris, une ouverture de Conti parvient à Valorizek, lequel sert Bruay. L'intérieur monégasque, d'un petit shoote en coin, prend Poncet à contre-pied et la balle glisse dans les buts marseillais, sous les acclamations que l'on devine.

Monaco 1 ; O.M. 0.

À la 49e minute, Ben Tifour sèment la panique dans les rangs phocéens, mais manque son tir.

Monaco domine très nettement tandis que l'O.M. ne parvient pas à trouver la bonne carburation.

... et Stopyra récidive.

À la 53e minute, Ben Tifour débordent superbement à l'aile et centre. Molla se défend désespérément, mais ne peut repousser franchement la balle qui parvient à Stopyra, lequel a facilement raison, à bout portant de la résistance de Poncet.

Monaco 2 ; O.M. 0.

Faute de Johansson et buts

A la 56e minute, Johansson à la limite de la surface de réparation, se voit battu et repousse le ballon de la main.

Valorizek récupère le ballon et marque. L'arbitre annule le point et accorde un coup franc à Monaco. Sur cette phase, la balle n'est pas dégagée et Conti bat Poncet à ras de terre.

Monaco 3 ; O.M. 0

Quelques secondes plus tard, tout le monde croit au but, sur essai de Bruey, mais la sphère et renvoyée par la barre.

Monaco submerge littéralement l'O.M., méconnaissable.

Poncet repousse encore

A la 62e minute, Poncet fusillé de près par Conti, repousse miraculeusement du genou. Trois minutes plus tard, sur corner tirer par Rustichelli, Pironi supplée opportunément Boubekeur sorti de sa cage. Et Ben Tifour tape à côté sur la contre-attaque.

Le jeu s'équilibre davantage malgré un bolide de Bruey à la 70e minute. Monaco opère maintenant en dilettante et l'O.M. en profite pour se reprendre.

À la 73e minute, Bruay botte en hauteur et Poncet, en se détendant, laisse passer la balle au-dessus de la barre transversale.

À la 66e minute, Andersson, ayant été gêné sur ouverture de Constantino, l'O.M. bénéficie d'un coup de pied de réparation que Tivoli shoote nettement au-dessus du cadre blanc.

Poncet se distingue

A la 82e minute, sur efforts de Stopyra le système défensif olympien est encore aux abois. Et Poncet doit s'employer pour maîtriser un tir de Conti.

Sur le renvoi, Andersson gaspille encore sa chance et Stopyra oblige Poncet à repoussé du poing une autre tentative, pourtant dangereuse.

Palluch shoote de loin (66e minute).

Monaco attaque encore et c'est la fin sur la victoire logique des "Bleus", après un arrêt miraculeux pied de Boubekeur devant Andersson.

 

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PONCET et MOLLA meilleurs olympiens

Nous avons dit que les olympiens ne déméritèrent pas jusqu'à la 56e minute du match est mis l'accent sur le fait que le team présenté au stade Louis II était amputé de ses deux meilleurs éléments de ces derniers dimanches : Jean-Jacques Marcel et Scotti.

Ceci posé et en en tenant compte, nous passerons en revue une équipe qui lutta longtemps avec courage puis subit son sort, ce qui est assez humain.

Poncet fut pris quelque peu en faute sur le premier but et n'a absolument rien à se reprocher sur ceux qui suivirent. Comme par ailleurs le grande "James" sauva plusieurs situations extrêmement périlleuses pour les siens, nous le citerons parmi les meilleurs provençaux pour le réflexe, la détente et l'adresse tant il fit preuve en ces circonstances.

Devant lui Gransart débuta assez difficilement, d'autant que Ben Tifour couvrant beaucoup de terrain avait tendance à l'attirer assez loin de ses bases. Le blond Maurice se reprit ensuite puis tomba sous les coups de la loi commune.

Palluch, sans ressortir comme à l'accoutumée, travailla avec énergie qui est une de ses qualités magnifiques maîtresses, puis son passage à l'aile n'amena rien de concret.

Johansson abattit un gros travail avant de baisser de pied comme tous ses camarades et mis de l'ordre dans la maison, et Dieu sait si elle en avait besoin.

Molla a été avec Poncet le meilleur. Calme, lucide, bien placé, il commit le minimum d'erreurs et se réadapta prestement au poste de demi-aile.

À l'avant, Rustichelli à l'aile droite, puis à la gauche déborda en pure perte tout en combinant parfois très agréablement avec Tivoli. Ce dernier, un peu lent, fit applaudire à plusieurs reprises son football terre et précis et puis il tenta sa chance.

Andersson n'eut que très peu de balle. Trop peu pour réussir un exploit dans les conditions très particulières de la rencontre.

Constantino travailla sans relâche, mais sans bonheur et Durand afficha les dons qu'on lui connaît, dons qui devraient lui permettre d'avoir une nouvelle chance dans une équipe composée cette fois de Marcel et de Scotti.

À Monaco l'attaque brilla avec Stopyra, Bruay, Conti, Ben Tifour. On peut lui reprocher pourtant d'avoir tergiversé. Il est vrai que le tableau d'affichage accusait alors une avance de trois buts en faveur des locaux.

Dupal possède incontestablement une équipe qui joue un football rapide, précis, mais sa défense a commis des fautes qui, en d'autres circonstances, aurait pu lui jouer un mauvais tour.

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ANDERSSON : "L'absence de Marcel

et de Scotti a lourdement pesé"

Les olympiens n'étaient pas dans les vestiaires, après la confrontation, sous le coup d'un découragement qui suit parfois une nette défaite. Il est vrai que le public et les joueurs monégasques admirent unanimement que Marseille n'a pas présenté son visage habituel au stade Louis II.

Nous accueillant avec calme, M. Arifon, du Club des Supporters résuma ainsi la pensée de tous : "Vous avez pu constater que cela n'alla pas trop mal pour nous une mi-temps durant. Aussitôt après la pause, le but inscrit par Bruay a littéralement coupé les jambes des Marseillais. Les deux buts réussis ensuite par Stopyra et Conti s'expliquent ainsi et n'arrangèrent évidemment pas les choses".

Salem, tout souriant, essuyant avec énergie son torse d'ébène nous déclara sans attendre nos questions :

"J'ai couru, cela ne fait du bien, mais une inactivité de sept mois et bien longue et j'ai effectué une entrée difficile".

Poncet, en relevant la ouate collée à sa hanche, pour protéger une blessure bénigne qu'il se fit en plongeant en première mi-temps, nous dit de son côté :

Il faut reconnaître tout de même que Monaco alignait une forte équipe. Plus forte que la notre, incontestablement, et nous avons justement perdu la rencontre".

Après un temps d'arrêt, le goal phocéen enchaîna : "Enfin vaut mieux perdre ici que dimanche devant Montargis en coupe de France".

Andersson estima quant à lui : "Marcel et Scotti absents voilà une chose qui ne passe pas inaperçue et qui devrait avoir sur notre comportement en général une répercussion, après une mi-temps d'efforts couronnés de succès, nous avons encaissé coup sur coup trois buts. Comment répondre à cela ? les balles manquèrent aux avants, car il fallait avant tout se défendre et quand nous étions servis, nous avions devant nous un épais rideau de défenseurs locaux. Comment parvenir ainsi à battre Boubekeur ?"

A la sortie du stade, le président Aillaud devait nous confirmer encore :

"Nous avons payé les défections de Marcel et de Scotti. Elles expliquent à mon sens notre défaite, mais nous avions pendant les 45 premières minutes joué de façon satisfaisante."

Dans le camp monégasque, Dupal tirait la leçon du match.

"Mes poulains se sont heurtés longtemps à la défense intraitable de Poncet. Et puis la chance nous a servis et nous avons dessiné, puis affirmer notre succès. Je pense pourtant que nous aurions eu beaucoup plus de peine à y parvenir si nous avions eu devant nous Marcel et Scotti, car la défense marseillaise joua longtemps bien".

Sur la table de massage, Pironi nous tint des propos élogieux en ce qui concerne Durant et Zitouni, et nous exprima ainsi son sentiment : "Ainsi l'O.M. a une belle équipe, heureusement que sa ligne médiane a été remaniée".

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L'O.M. avait lutté avec courage et réussite pendant 56 minutes

Monaco - On avait d'excellentes raisons d'appréhender pour l'O.M. la double défection de Jean-Jacques Marcel et de Roger Scotti, double défection qui priva le onze marseillais de sa ligne intermédiaire, celle-là même qui est à la base des belles performances réussies jusqu'ici en championnat.

Dès le début du match, malgré les sprints effrénés de Rustichelli et plus encore de Durand, on fut en effet, en mesure de constater que les Phocéens nourrissaient les ambitions avant tout défensives.

Après un léger flottement à partir du coup d'envoi, les "Blancs" se dépensèrent sans compter dans le but d'éloigner un ballon qu'il revenait avec obstination dans le camp défendu par Poncet, sous les poussées répétées des joueurs locaux.

Poncet eut aussi plusieurs occasions de montrer sa très bonne condition actuelle et les qualités qu'il faut bien le reconnaître.

La mi-temps survint ainsi, alors que le jeu s'était équilibré et que la sphère voyageait d'une moitié de terrain à l'autre, d'une façon alerte, agréable à l'oeil, bien que non concrétisée au tableau d'affichage par l'une ou l'autre des deux équipes en présence.

L'O.M. k.o.

Après la pause, alors que les supporters marseillais se prenaient à espérer, en se basant sur la bonne fin de mi-temps de leurs protégés, Monaco asséna à Marseille un coup de matraque qui laissa ce dernier absolument k.o. debout.

La mécanique phocéenne n'avait pas eu le temps de se relancer qu'un grain de sable vint en gêner le fonctionnement des rouages. À peine ce premier faux pas avait été été enregistré, sous la forme d'un but de Bruey que Stopyra aggrava le score, bientôt imité par Conti.

En onze minutes, l'infortuné Poncet eut ainsi à aller chercher sa balle dans ses filets à trois reprises, sans avoir pour autant démérité personnellement et sans que ses compagnons de la défense puissent faire l'objet de grave critique.

Profitant du coup porté au moral de son adversaire, Monaco usa opportunément de ses tireurs pour confirmer et consolider la marque.

Par contre, à partir de la 56me minute, l'O.M. baissa nettement de pied et le tourbillon vainement essayé dans tous les compartiments n'apporta rien.

Monaco failli même infligé à Poncet une humiliation plus dure encore. S'il n'en fut pas ainsi, c'est d'abord parce que ce dernier se montra à la hauteur de la situation jusqu'au coup de sifflet final et ensuite parce que les élèves de Dupal abusèrent des passes répétées, jouant beaucoup moins directement que jusqu'alors, se distrayant en ayant conscience de l'impossibilité d'un retour marseillais à la marque.

Avant la fin, Andersson eut au bout du pied une des rares balles qui lui parvinrent. Il rata sa chance, mais la réussite n'eut rien changé au problème.

On peut simplement regretter la sécheresse du score, l'O.M. ayant combattu avec courage jusqu'au troisième but et avec des moyens nettement diminués par la double absence précitée est aussi le manque de compétition d'un Salem, plein d'une bonne volonté insuffisante face à onze monégasque au grand complet.

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Andersson

capitaine d'un jour

Jean-Jacques Marcel étend absent, le capitanat du onze olympien revint à Gunnar Andersson. Le citoyen de Mazargues échangea ainsi avec son vis-à-vis Monégasque Pironi un magnifique bouquet avant le coup d'envoi.

Le capitaine malheureux de la formation phocéenne, que nous rencontrâmes sur le chemin de la gare, à l'issue de la rencontre, nous dit : "C'est une consolation, je ramène le bouquet à la maison, c'est toujours cela".

 

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