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Article Le Provencal

du 12 mars 1956

 

TERRAIN ENVAHI, ARBITRE ET JOUEURS MARSEILLAIS FRAPPES, INTERVENTION DE LA POLICE, HIER, AU STADE DU PONT-D'ESSEY

L'OM EGALISE DEUX FOIS PUIS BAT NANCY (4-2)

C'est le troisième but refusé aux Lorrains

qui a provoqué les incidents de match

(De notre envoyé spécial : Georges LEOST)

NANCY (par téléphone)- Le stade du Pont d'Essey encastré entre le pied d'une colline et la base aérienne du même nom, est inondé de soleil à 14 heures, quand la foule prend place autour du rectangle d'herbe.

Le soleil qui contribue à créer le climat propice aux grandes rencontres, n'empêche nullement un vent glacial de balayer le stade. Le printemps lorrain n'est pas encore là.

Un peu avant 14 heures 30 quand M. Bureloux, arbitre de la confrontation, appelle les équipes, le public apprend avec plaisir que Lusy qui est l'enfant du pays, jouera à l'inter, les dirigeants marseillais ayant dû modifier le team en fonction de l'indisponibilité de Gransard, blessé, que Mesas remplace à l'arrière, Scotti redevenant demi.

Du coté nancéien par contre aucun changement.

Luzy rate une occasion

Nancy engage et après quelques échanges au centre du terrain, Nagy doit intervenir à deux reprises devant Chicha, puis Rustichelli. Sentant le danger, le F.C.N., actif, contre attaque par Deladerrière, mais la balle passe à coté.

A la 2me minute, Mercurio au centre, sollicite Rustichelli qui rate la reprise. Peu avant Hediart sert Keller, mais l'avant centre lorrain est justement sifflé "off-side".

Sur le renvoi, Luzy déborde la défense locale mais tergiverse et gâche sa chance.

Peu après Piantoni inquiète Poncet sur passe de Baden mais l'OM éloigne le danger.

Hédiart marque

A la 8me minute, Keller, à bout portant, effectue une reprise de volée. Imperturbable Poncet stoppe et dégage.

A la 13me minute, Deladerriere alerte Keller qui shoote de très près.

PONCET NE PEUT QUE REPOUSSER, SURPRIS PAR LA SOUDAINETE DU TIR ET HEDIART SURGIT EN TROMBE ET OUVRE LE SCORE SANS OPPOSITION.

Nancy : 1 - Marseille : 0

Le public applaudit d'autant plus ce but que son équipe d'efforce depuis le début, de prendre un avantage mérité par le meilleur football pratiqué.

Scotti égalise

A la 18me minute, Chicha est fauché à la limite de la surface de réparation par Aubert. M. Bureloux accorde un coup franc aux Marseillais. SCOTTI LE TIRE IMPECCABLEMENT ET MALGRE LE MUR LORRAIN, CATAPULTE LE BALLON DANS LES FILETS DE NAGY, QUI N'A PAS LE TEMPS D'ESQUIVER UN GESTE.

Nancy : 1 - Marseille : 1

Deux minutes plus tard pour la première fois, depuis le coup d'envoi, Andersson shoote.

La sphère, malheureusement, pour les Phocéens, passe au-dessus de la barre. L'OM concède coup sur coup trois corners alors que l'attaque nancéienne affole souvent la défense de Poncet.

A la 24me minute, Mercurio qui fait feu des quatre fers, place un tir à ras de terre que Nagy pare.

Bolide de Rustichelli

A la 28me minute, Andersson surgit au centre du terrain passe à Chicha lequel transmet à Rustichelli qui tente sa chance dans un angle impossible. Nagy bien placé arrête.

Quelques secondes plus tard, Chicha est stoppé in -extremis par le goal lorrain et le jeu se stabilise, l'OM prenant de l'assurance en défense sous l'impulsion de Johansson.

A la 35me minute, Poncet se distingue, sur un heading assez vicieux de Keller.

Il récidive peur après dans les pieds de Deladerrière absolument seul à la limite des 18 mètres.

Deladerriere marque et

Rustichelli égalise encore

A la 41me minute, Tazoppe dégage en profondeur sur Deladerriere L'INTERIEUR LORRAIN CONTROLE, FILE VERS PONCET ET DANS SA FOULEE BOTTE A RAS DE TERRE. PONCEY PLONGE MAIS LA BALLE LUI PASSE SOUS LE BRAS.

Nancy : 2 - Marseille : 1

SUR LA REMISE EN JEU, RUSTICHELLI DEBORDE SUR L'AILE GAUCHE, SE RABATTANT VERS LE CENTRE, ET SHOOTE A MI HAUTEUR.

Bottolier surpris sur la ligne de but tente de dégager, mais ne peut que détourner la balle dans ses filets. C'EST L'EGALISATION ALORS QUE LES CLAMEURS SALUANT LE 2me BUT LORRAIN NE SE SONT PAS ENCORE TUES.

Nancy : 2 - Marseille : 2

Hédiart tire le corner et c'est la mi-temps.

Deux minutes après la reprise, des 20 mètres Chicha, calmement botte. La balle est renvoyée par le poteau alors que Nagy s'est littéralement envolé.

A la 50me, Nagy sort à l'aventure et Griffiths sauve devant Andersson puis Poncet (52me minute) qui file à la rencontre de Keller poursuivi par Scotti.

La balle voyage entre les deux camps sur un rythme accéléré, le football étant plus scientifique du coté lorrain et plus volontaire de l'autre.

A la 56me minute, Hédiart prend Palluch de vitesse et centre. Johansson arrive à point nommé sur la trajectoire du ballon, renvoie. A la 61me minute, pressé par Deladerriere, Scotti doit passer sèchement en retrait à Poncet qui plonge pour arrêter de justesse sur sa ligne.

Peu après Deladerriere shoote un coup franc accordé à Nancy pour faute de Mesas et Poncet annihile encore cette tentative.

Shoot de Piantoni

M. Bureloux distribue de part et d'autres une pluie de coups francs et la défense olympienne très à l'ouvrage se dépense dans compter.

A la 73me minute, Piantoni servi par Hediart s'échappent sur la droite et shoote. Poncet se couche en bloquant. La qualité du jeu baisse, les deux équipes semblent se contenter du score de 2 à 2.

A la 80me minute, Hédiart tire de loin et Poncet n'a pas à intervenir.

Quelques secondes plus tard, Piantoni descend à gauche de Poncet et tandis que la foule attend le but, l'international manque son shoote et la cage.

Andersson et Rustichelli

Marquent

A la 80me minute tout au contraire, Andersson en possession de la balle, feinte Aubert. Nagy saute et Griffiths accourt. TROP TARD, D'UN PETIT COUP DE BOTTE, GUNNAR A PLACE LE BALLON DANS LA CAGE NANCEENNE.

Marseille : 3 - Nancy : 2

Sur passe en retrait de Marcel, Poncet plonge presque aussitôt pour éviter le corner que le public réclame en vain.

A la 86me minute, sur un coup franc donné par Hédiart, la balle rentre dans le but de l'OM.

M. Bureloux refuse le point, deux joueurs de Nancy ayant chargé Poncet irrégulièrement.

La foule hurle alors que Palluch donnant un coup franc sert Rustichelli qui marque facilement.

Marseille : 4 - Nancy : 2

Le terrain envahit

A peine le ballon vient il de terminer sa course dans les filets, que le public mécontent de l'arbitrage de M. Bureloux, pénètre sur la pelouse. Les palissages sont rapidement enjambées par une foule hystérique et plusieurs joueurs marseillais sont frappés.

Le service d'ordre débordé ne peut rien et les deux équipes regagnent les vestiaires 3 minutes et demi avant la fin du temps réglementaire.

Les Marseillais restent en tenue jusqu'aux 90 minutes, puis, heureux tout de même, passent sous la douche.

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L'O.M. crut toujours

en ses possibilités

NANCY - Les joueurs marseillais appréhendaient quelque peu cette rencontre, jouée huit jours après la désastreuse confrontation du Parc des Princes, au stade d'Essey, c'est-à-dire dans le fief même de leur net vainqueur de Coupe de France.

Ainsi les Phocéens étaient-ils particulièrement heureux quand, à moins de quatre minutes de la fin, Rustichelli exploita un coup franc adressé par Palluch pour battre une quatrième fois Nagy, laissé seul.

Ils ne pensaient pas, à ce moment que la partie était finie pour eux. Le public, en ayant décidé ainsi, prenait sur lui d'envahir le terrain, dans le but de prouver à M. Bureloux qu'il n'était pas d'accord avec sa façon d'arbitrer. Le troisième but réussi par Hédiart sur coup franc est refusé par le référe, ayant mis le feu aux poudres, quelques énergumènes en profitèrent pour lever la main sur plusieurs olympiens, et on vit ainsi Johansson trouvait le salut par la suite.

Pour en revenir au match proprement dit, l'O.M. fournit une partie en tous points satisfaisantes et en tout cas, beaucoup plus méritoire qu'à Paris.

Les Phocéens ne se découragèrent jamais. S'ils flottèrent quelque peu dès le coup d'envoi, ils prirent de l'assurance au fil des minutes.

Après le but d'Hédiart, celui de Scotti rétablit l'équilibre. Le second de Nancy fut suivi par l'égalisation obtenue sur shoot de Rustichelli.

Indiscutablement, les Marseillais croyaient en leur chance.

Quant à la 81me minute, Andersson d'un petit shoot, secoua les filets le public accepta la défaite, ses joueurs préférés se montrant impuissants à rééditer leur partie du parc.

Pourtant, lorsque Hédiart marqua et que M. Bureloux refusa d'homologuer le point, la foule se rebiffa et le quatrième but de Rustichelli passa presque inaperçu, noyé au milieu des incidents que nous relatons par ailleurs.

Tout cela montre bien que les Méridionaux s'attelèrent à la tâche avec un coeur admirable et la conscience de n'avoir rien à perdre et tout à gagner face à un adversaire donné pour supérieur bénéficiant d'atouts constitués par le public et le terrain avec une équipe amoindrie par l'absence de Gransart et la blessure persistante d'Andersson.

Certes, Nancy n'opéra pas de la même façon qu'à Paris, mais cette différence ne fut-elle pas créée précisément par le courage à toute épreuve, les Marseillais croyants durs comme fer à leurs possibilités malgré l'avantage pris à deux reprises par leur adversaire ?

Contrairement à ce que l'on pouvait croire, l'absence de Gransart ne se fit pas trop sentir. Mesas déployant avec succès l'activité qui fait sa valeur à une place qui n'est pourtant pas la sienne.

Par ailleurs, Andersson trouva le moyen de marquer le but psychologique et Mercurio s'imposa avec un brio surprenant.

Voilà pourquoi l'O.M. n'a pas volé sa victoire.

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Le N1 à MERCURIO

Johansson et Scotti à citer

Pour ramener deux points de Nancy, les Marseillais ont fourni un match plaisant et non dénué de qualité.

C'est ainsi que Poncet, bien qu'ayant encaissé deux buts, réalisa des choses fort intéressantes dans des conditions parfois difficiles.

Devant lui, Mesas, après avoir cherché la cadence de l'arrière la trouva et défendit l'approche de son but avec une hargne qu'on lui connaît.

Palluch, redevenu arrière, est à créditer d'un très bon match.

Chez les demis, Marseille dut se contenter de détruire les attaques nancéiennes. C'était là une tâche absorbante et il n'eut jamais la possibilité de contre attaquer comme il aime le faire.

Son vis-à-vis Scotti était dans un bon jour. Il abattit un labeur écrasant avec toute sa science, sa lucidité, sa finesse.

Johansson fut le pilier qu'il fallait. Il se montra intraitable renvoyant de nombreuses balles.

Dans la ligne d'attaque, Rustichelli marqua. Ce n'était déjà pas si mal.

Chicha effectua une bonne entrée, mais opéra à notre sans un peu trop en retrait.

Il est vrai qu'il avait reçu des consignes basées avant tout sur la prudence.

Andersson n'eut pas beaucoup de balle, mais réussit le point psychologique.

Luzy devant un public qu'il connaît, fournit une partie moyenne. Il est vrai qu'il n'avait pas joué depuis Sochaux.

Mercurio, enfin, peut être considéré comme le roi du terrain. Il accomplit une tâche de titan et fut un élément extrêmement précieux.

À Nancy on vit surtout Deladerriere et Griffiths. C'était insuffisant pour inquiéter l'O.M. hier.

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M. ALFIERI :

"Le football est une chose bizarre

Euphorique, évidemment, dans les vestiaires à l'issue du match. On s'attendait assez peu à une victoire, un match nul étant considéré comme un exploit par les Olympiens.

Des incidents que nous relatons par ailleurs n'ont pas terni ce succès et les dirigeants pouvaient dire :

"Nous nous montrons d'autant plus satisfaits que nous ne nous attendions pas trop, il faut le dire, à un aussi bon comportement de la part de nos joueurs, tout de même privé de Gransart dont l'absence provoqua la rentrée difficile de Luzy".

M. Haon tint à nous dire :

"Mercurio a été le roi du terrain, mais tous ont été admirables dans leurs rôles respectifs. Notre équipe a été fort courageuse. Elle a de plus, jouer plus vite que sa rivale".

De son côté, M. Alfieri nous déclara :

"Le football est une chose bizarre. Vous avez vu : Nancy ne nous a pas dominés à aucun moment. Dommage que le terrain ait été envahi".

Chez les joueurs Poncet confiait à ce qui l'interrogeait :

"On m'a balancé sur le troisième but que l'arbitre a refusé avec raison".

Johansson quant à lui, soulignait :

Nous avons tous bien joué. Il le fallait pour battre Nancy, mais le public n'a pas été bien raisonnable".

Luzy confessait :

"C'était difficile, mais je n'ai pas trop souffert".

Les Nancéiens étaient tout aussi navrés que les Marseillais de la façon dont le match avait pris fin et Hédiart s'écriait :

"Une bouteille m'a frôlé le visage. J'ai eu chaud".

Au sujet du match, Piantoni nous confia :

"Rien ne nous a réussi aujourd'hui !"

 

 

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Nota : Suite à l'arrêt du match à la 87me minute pour envahissement du terrain, le match fut donné perdu pour Nancy sur le score 0-0

 

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