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Résumé Le Provencal

du 19 mars 1956

  

L'O.M. submergé par le RACING qui finit au petit trot (4-1)

CISOWSKI ouvre la marque

ANDERSSON égalise

mais les Parisiens

scorent 3 fois en 9 minutes !

La température s'est subitement rafraîchie par suite des chutes de pluies qui se sont produites sur Marseille dans la matinée quand M. Le Men, arbitre du match, appelle les deux équipes.

Un vent parfois violent balaie le stade dans le sens de sa longueur, et les nuages assombrissent l'horizon.

Le speaker a annoncé que l'O.M. ne peut aligner son team N1, Gunnar Johansson, souffrant étant alité.

Ce fâcheux contretemps a amené Jean Robin à déplacer Mesas à l'arrière, Molla devenant demi centre et Luzy étant titularisé.

Au Racing par contre, aucun changement n'est enregistré.

L'O.M. avec le vent.

Les Olympiens gagnent le toss choisissant de s'adosser au vent et engagent. Tout aussitôt Scotti lance Luzy qui s'échappe mais rate son tir et Pivois bloque facilement.

À la 3e minute, Andersson, qui vient de se signaler, en ouvrant superbement vers Luzy, adresse un shoot à ras de terre... qui frôle le montant.

L'O.M. domine légèrement, Poncet n'ayant été mis à l'épreuve que par une combinaison venant de l'aile droite parisienne.

Il y a cinq minutes que l'on joue quand Curyl, de la gauche centre au cordeau. La balle que Poncet ne peut que regarder, n'est pas reprise.

Les Marseillais revient de loin.

Chicha : trop haut

A la 9e minute, sur action de Scotti, Marseille attaque encore. Andersson ne peut contrôler le ballon. Celui-ci parvient à Chicha, lequel déclencha un tir trop "enlevé" pour inquiéter Pivois.

Deux minutes plus tard, Mercurio en position d'ailier, centre. Marche devance son goal et dégage. Un retourné de Rustichelli après un corner de Luzy, oblige Pivois à se montrer. L'O.M. accentue sa pression, mais vainement.

Alors que le soleil vient participer à la fête, Luzy au cours d'un choc avec Pivois est blessé. L'ailier gauche quitte le terrain.

Cisowski marque

A la 10e minute, Cisowski alerté par Grillet, dribble Molla et bat Poncet en coin.

R.C.P. 1 - O.M. : 0.

Alors que Cisowski botte encore un coup franc accordé contre Marseille, Luzy regagne sa place.

Sur la remise en jeu, Luzy obtient un corner. Sans résultat.

Après avoir faibli l'O.M. se reprend et Pivois plonge à deux reprises.

Trois buts du Racing

contre un seul d'Andersson

La sphère voyage devant les buts parisiens et Andersson, à la 27e minute, détour de la tête (mais oui !) la balle dans les filets adverses :

R.C.P. 1 - O.M. : 1.

Après diverses actions qui n'apportent rien de concret, à la 33e minute, Guillot échappe à Marcel et centre. Poncet regarde venir le ballon qui rentre dans le coin gauche du but marseillais !

R.C.P. 2 - O.M. : 1.

À la 38e minute, Molla laisse filer Cisowski qui, après un court crochet, botte. Poncet s'incline encore.

R.C.P. 3 - O.M. : 1.

À la 44e minute, Cisowski prend Molla de vitesse, attire Poncet, shoote et marque encore.

R.C.P. 4 - O.M. : 1.

Marcel arrière central

A la reprise Marcel et Molla permutent.

Il y a cinq minutes que l'on rejoue, quand Guillot sollicite Cisowski. L'avant-centre rate son tir alors que les spectateurs envisageaient le pire.

Si, à la 56e minute, Andersson shoote, c'est sans conviction, comme tout ce que fait l'O.M. depuis la pause.

À la 59e minute, sur ouverture de Mercurio et erreurs de Sosa, Gunnar tente sa chance. Il loupe encore l'objectif.

Poncet sauvé par Curyl !

Deux minutes plus tard une combinaison Andersson-Chicha-Luzy échoue par imprécision, puis Marche sauve devant Andersson et Luzy.

À la 68e minute, Guillot shoote. Le but va être acquis lorsque Curyl heurte la balle et la détourne !

Le Racing au petit trot

Ayant assuré sa victoire le Racing joue au petit trot, le match tournant parfois à la démonstration.

Avant la fin, à noter un essai de Chicha (70e), un loupé de Luzy (77e) sur corner de Rustichelli, deux tentatives maladroites de Molla (79e) et Andersson (86e), mais aussi des actions Della Ciecca (69e), Grillet (73e et 81e) Curyl (75e) et Cisowski (87e et 88e).

M. Le Men siffle pour la dernière fois. Le Racing a bien gagné et la note n'est pas trop dure.

Georges LEOST

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Le onze du RACING a donné

une leçon aux Marseillais

Doit-on attribuer le sévère échec des Olympiens devant le Racing à la seule absence de Johansson ?

Bien que le grand Suédois ait énormément manqué à l'équipe marseillaise, il ne nous semble pas, honnêtement, que Gunnar eut pu changer la face de la partie.

Les Parisiens, en effet, étaient invulnérables hier après-midi, du moins pour les joueurs au maillot blanc.

Ils le prouvèrent d'ailleurs dès la 35ème minute du jeu, c'est-à-dire lorsque leurs adversaires commencèrent à payer leur fol et stérile début de match.

La vive est rapide attaque parisienne fit alors montre de son talent aussi bien en technique qu'en puissance de shoot.

Les trois autres buts qu'elle ajouta en espace de NEUF MINUTES, des modèles du genre, en en conviendra, le prouve abondamment.

Certes, on ajoutera avec juste raison que Molla et Poncet commirent de très grosses fautes, mais est-on également sur que Johansson aurait pu s'opposer aux remarquables feintes de Cisowski ?

Le beau travail du leader des "Pingouins" fut complété d'ailleurs par celui de Guillot, Dalla Chiesa, Curyl et Grillet.

Ainsi, en quelque DIX MINUTES, le Racing venait de donner à l'O.M. une leçon de football.

Lorsque les deux équipes revinrent sur le terrain, l'O.M. on le sait, était largement menée au score (4 à 1) et ce score ne devait plus être modifié.

Pourtant, les optimismes, il y en avait encore au Stade Vélodrome, pensèrent que leurs favoris allaient refaire une partie du terrain perdu.

Or, après dix minutes d'efforts encore stériles de la part des "blancs", les Racingmen reprirent leur domination nette et franche.

Le football pratiqué par les hommes de Jordan fut un modèle du genre.

Devant les Olympiens médusés, la balle allait d'un Parisien à l'autre sans qu'un Marseillais n'arrivât à la toucher.

Pour bien illustrer ce que nous écrivons, disons que nous avons compté, à un moment donné, DOUZE PASSES, oui DOUZE PASSES entre joueurs du Racing, au nez et à la barbe des Olympiens !

Le match donc tournait un exhibition. Le public d'ailleurs ne s'y trompa pas et applaudit, à plusieurs reprises, ironiquement, les Olympiens.

Nous ne voulons nullement accabler les onze joueurs qui, hier après-midi, essayèrent de défendre leurs couleurs.

Cependant, nous ferons remarquer à quelques-uns d'entre eux qu'ils n'avaient pas, en ce troisième dimanche de mars, leur place dans une équipe de Division Nationale.

Le Racing s'est attaché à pratiquer un football de mouvements. Il a parfaitement réussi.

Plus véloces, meilleurs techniciens, opérant de surcroît en complète liaison, ils ont ridiculisé, le mot n'est pas trop fort, au cours de cette seconde mi-temps, leurs malheureux rivaux.

L'O.M. a pris une leçon.

Maurice GOIRAND

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LE MAL QUI RONGE

A ses partisans accourus une fois encore en foule, avec une ponctualité et une fidélité de Croisés, le onze olympien n'aura donc pas arraché son pardon.

On se demande s'il est prêt de retrouver le coeur de ceux qu'il déçoit avec une fréquence, un automatisme vraiment alarmant. L'O.M. nous est apparu hier encore avec tous ses péchés, avec tous ses maux. On ne saurait faire plus mal. Nous sommes au coeur du drame, on connaît maintenant les auteurs et les victimes. Le verdict, seul, reste à rendre.

Or, ce ne sont pas les déclarations plus ou moins teintées d'anciens joueurs ou anciens dirigeants qui suffiront à expliquer cette aventure, qui tourne au grotesque. Le mal est décelé. Va-t'en se décider à le guérir ?

Que la malchance ait desservi les joueurs olympiens, nous voulons l'admettre. Que l'O.M. ait eu à supporter les exploits providentiels du Racing en état de grâce, aussi.

Mais il y a tout de même des leçons dont il ne faudrait pas écarter les enseignements. Celle d'hier et cruelle, mais méritée. Sera-t-elle efficace ?

Vous nous permettrez de rester sceptique.

L'O.M. ressemble aujourd'hui à ces vieux meubles de famille que le vers ronge inexorablement.

On nous dira encore qu'il faut de la patience et du temps pour revenir à une existence plus normale.

Oui, on nous dira qu'il faut attendre.

Nous, nous voulons bien.

Mais attention. Souvent, les vieux meubles tombent en poussière avant la date prévue. Après quoi on les remplace par du neuf. Ce sera peut-être le seul moyen pour que la maison olympienne retrouve une certaine esthétique.

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JORDAN : "Les Olympiens ont encore

beaucoup de travail..."

La nouvelle et ô combien nette défaite de l'O.M. devant le Racing, a mis encore une fois le club marseillais sur la sellette.

Avant que l'échec olympien ne soit consommé, c'est-à-dire avant le coup d'envoi, nous avions bavardé un long moment avec Gusti Jordan le coach du onze des "Pingouins".

Bien entendu, la conversation s'aiguilla immédiatement sur le sujet du jour : la crise qui secoue l'équipe marseillaise.

Nul mieux que Jordan n'était qualifié pour parler de l'ensemble phocéen puisqu'il a été le meneur du team il y a quelques saisons à peine.

C'est cette saison d'ailleurs qui nous avait incité à lui demander son opinion personnelle sur ce sujet délicat entre tous.

Jordan tout en restant sur une réserve assez compréhensible a bien voulu néanmoins nous déclarer :

"J'ignore les causes exactes du malaise, mais j'estime qu'un entraîneur ne peut à lui seul CHANGER L'ÉQUIPE.

"Certains joueurs marseillais ne mènent pas semble-t-il une vie compatible avec leur obligation de JOUEURS PROFESSIONNELS.

"La tenue d'un joueur de Division Nationale est extrêmement difficile. Raisons de plus pour qu'il soit SÉRIEUX et ASSIDUS aux séances d'entraînement.

"Or j'ai été très surpris d'apprendre que les "pros" olympien ne s'entraînaient que DEUX FOIS par semaine !

"Que l'on ralentisse le training au milieu de la saison passe encore... D'autre part, je ne connais pas les dirigeants actuels de l'O.M. mais je suppose qu'ils se mêlent un peu trop de la composition de l'équipe.

"En ce qui me concerne l'équipe du Racing est formé exclusivement par le directeur sportif et moi-même.

"À l'O.M. on devrait s'inspirer de cette méthode. Avant que l'O.M. ne redevienne le premier club de France, il y aura encore beaucoup à faire."

Nous le répétant cette interview du moins le début a été pris avant le match.

L'O.M. joue un football

démodé !

Pour le compléter évidemment nous sommes allés revoir Jordan aussitôt après la victoire de son équipe.

Il a immédiatement complété notre documentation en ces termes :

"Je vous l'avais bien dit, les joueurs marseillais sont en très mauvaise condition.

"Pas d'ensemble, on porte trop la balle et encore au petit bonheur.

"Je suis effectivement très peiné pour mon ami Robin mais il faut qu'il fasse travailler ces hommes qu'il les orient plutôt vers le football moderne c'est-à-dire vers le football, en profondeur et de mouvements.

"Car tout le monde a pu constater aujourd'hui que l'O.M. pratique un jeu démodé vieux de 10 ans.

"Je souhaite que mon l'ancien club retrouve ici peu sa splendeur d'antan. Pour arriver à ce but pourtant, les uns et les autres devront payer de leur personne.

"Sans cela il aura pas de redressement".

  

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