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Résumé Le Provencal

du 19 novembre 1956

  

L'O.M. s'incline nettement devant LENS

qui marque quatre buts en neuf minutes (1-4)

Près de 15.000 spectateurs avaient tenu à assister à ce match de "reprise" puisque l'O.M. s'était produit à l'extérieur depuis le 14 octobre, date de la venue du F.C. Metz.

Ils étaient là, prêt à s'enthousiasmer en considérant tout à la fois l'excellente performance accomplie par les Marseillais à Reims et la valeur intrinsèque de leurs avants adversaires du jour, les Lensois.

Encouragée par le soleil, oubliant le vent qui soufflait dans le sens longitudinal du champ de jeu, la foule apprit avec satisfaction que Jean Robin allait aligner Molla, les craintes dont avait fait l'objet la participation du Port de Boucain s'avérant ainsi vaines.

Aussi, quand M. Devillers appela les deux équipes, les présents se calèrent-ils dans leurs sièges, attendant avec impatience les premières escarmouches.

Leonetti et Duffuler

Opportunistes

Les choses débutèrent de façon prometteuse pour l'O.M. ; Scotti lança Andersson dès la première minute. Sans résultat pourtant : le jeu de tête n'est pas le point fort du canonnier de Mazargues...

À la 6me minute encore, le jeune Leonetti lança Andersson auquel Duffuler, promptement, souffla littéralement la balle.

Puis, à la 11me, après un arrêt de Domingo, Leonetti manqua l'objectif.

Dix minutes plus tard le keeper des "sang et or" eut encore deux occasions de se signaler : d'abord sur un effort de Ducasse, servi par Andersson, ensuite devant Scotti.

Si avant la pause Leonetti se signala par un tir qui lui offrit un corner sur lequel il se fit longuement applaudir et si Andersson plaça un heading à côté du montant, Lens n'avait pas pendant ce temps, regardé jouer l'O.M.

Nous avions eu, en effet, à noter sur nos tablettes, de fort dangereuses actions de Wisneski (10', 26' et 34'), de Louis (14') de Johansson (15')

Johnson et Wisneski :

2 buts en trois minutes

A la reprise tout se gâta avec une ahurissante rapidité pour les locaux : à des tentatives de Wisneski (51' et 52'), de Stievenard (49' et 56'), de Louis (57') répondit un seul essai d'Andersson, seul contre quatre (55').

A la 60me minute, le drame se décida : Théo prépara le travail avec élégance. Jonsson y mit sa griffe. Domingo étant à terre, délaissé. Trois petites minutes émaillées par un plongeon du goal marseillais dans les pieds de Stievenard, et Domingo, pris à contre-pied, ne pouvait rien contre une excellente reprise de volée réussie in extremis par Wisneski.

Deux à zéro pour Lens...

Boury et encore Jonsson...

Domingo passa encore des minutes d'angoisse sur des raids de Jonsson, Stievenard, Théo et Boury.

On redoutait le pire quand, après que le ballon, catapulter par Louis, eut été repoussé par la barre, Boury contrôla en toute quiétude pour ajouter le troisième point (67').

Cent-vingt secondes plus tard Domingo et Johanson hésitant l'un et l'autre, et Jonsson comme à l'entraînement, portait le coup de grâce aux "blancs"...

Passé au centre, Marcel étant également à l'assaut et Mercurio déplacé à l'aile, Andersson sur travail préparatoire du premier nommé, battit Duffuler à la 88me minute.

Mais le match était joué depuis belle lurette, les Nordistes se payant même, après leur troisième but, le luxe de sacrifier à la démonstration.

Le shoot, sur le poteau droit, de Scotti, fut noté par les spectateurs comme la preuve que l'O.M. ne pouvait pas réussir devant le R.C. Lens supérieur, et de beaucoup...

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SCOTTI et MARCEL, méconnaissables, durent

laisser à LENS l'initiative des opérations

L'O.M. a nettement perdu, sur le terrain, un match qui, sur le papier, paraissait à sa portée.

On connaissait la valeur de l'ensemble présenté par Michiowski et on savait ceux de Jean Robin capables de s'imposer sur leur herbe.

Il n'en a rien été et le 4 à 1 qui sanctionna cette rencontre de ce fera pousser à personne des cris de scandale.

Comment expliquer cette contre-performance ?

Tout d'abord, croyons-nous, en tenant compte du fait que Marcel et Scotti ne produisirent pas leur partie habituelle.

Ils sont les joueurs de base de l'Olympique de Marseille. Or, ils ne tenaient pas manifestement, la grande forme.

Par ailleurs, Mercurio, tout en étant sur l'ensemble de la confrontation, le footballeur marseillais le moins mauvais, opéra en retrait et Leonetti accusa une baisse de régime prévisible en seconde mi-temps, quand les Nordistes ponctuèrent leur excellent travail de sape du premier half.

C'est assez dire si l'O.M. opéra avec un carré magique fantomatique.

Ajoutez à cela que Ducasse après un début assez encourageant, perdit pied... et qu'Andersson n'eut jamais le dernier mot devant Fiori puis Koval et vous comprendrez que les Méridionaux ne pouvaient l'emporter.

Une mi-temps durant, on pensa que l'O.M. réussirait peut-être à redresser la barre : le quintette offensif des "sang et or" avait été bien turbulent, mais en pure perte.

Du moins, ce travail ne s'était pas matérialisé au tableau d'affichage.

En quelques instants, pourtant la défense phocéenne accusa sa lassitude : neuf minutes (à partir de la 80e) et c'en était fait des chances marseillaises.

Le point inscrit par Andersson à la 88e minute fut réussi alors que les Nordistes avaient match gagner et les spectateurs présents se souviendront pendant quelques instants de la démonstration des visiteurs.

Ceux-ci n'ont pas déçu et si Wisnieski, par exemple, ne fut pas toujours heureux au Stade Vel. Il se rattrapa largement cette fois.

Mais Louis se montra incontestablement le meilleur des vingt-deux.

Zymzak étant pour moi un aide précieux, Lens fit la loi au centre du terrain, brisant les attaques adverses et reconstruisant derechef.

C'était nettement suffisant pour battre un Marseille trop statique, inconscient, désorganisé et sans âme, au sein duquel Scotti ne put jamais tenir le rôle qui lui était assigné et ou le retour de Gunnar Andersson au centre ne prouva rien, malgré le but de la 88e minute.

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Les consommateurs

font la grimaces

Le crut olympien 1956 tourne au vinaigre. D'un goût âpre et acide, il commence à provoquer la grimace de ses fidèles consommateurs. On souhaite son amélioration depuis les dernières vendanges. Hélas rien n'y peut. Ni l'air du temps, ni la bonne volonté de cette foule qui vient s'agenouiller dans le temple de son équipe, bréviaire en main.

Mais il en est de la patience des hommes - seraient-ils de l'espèce des supporters voraces - comme de tout. Il y a une fin. Et le moins que nous puissions écrire au soir de cette nouvelle déconvenue, c'est que l'heure est maintenant grave pour l'avenir d'un club qui continue de se vouloir parmi les grands.

Ce n'est point l'alarme que nous voulons donner. Ce n'est pas notre rôle, mais nous traduisons ici le sentiment populaire, nous serions presque tentés d'écrire la douleur, de ce public acquis que sa propre équipe taillade dans son amour-propre sportif.

Le drame actuel n'est pas le fait de l'équipe. Les joueurs font peut, certes, mais ils font ce qu'ils peuvent. On l'a bien vu à Reims quand, sous la férule de Scotti, ils réussirent ce brillant, très brillant match nul.

Mais depuis des années on attend des avants, des vrais. Depuis des années on récolte, on replâtra, on raccommode.

Dans cette discipline de l'attaque, l'O.M. cherche et ne trouve pas. Il ne trouvera pas tant que la rénovation ne sera pas décidée. Jusqu'à là, toutes les critiques ne constitueront que des répétitions sans effet. Nous savons bien que le désir de certains dirigeants et de préparer cette campagne de recrutement promise depuis 1949. D'un recrutement valable s'entend.

"Cette saison, il faut tenir le coup" nous répète-t-on. Nous voulons bien.

En attendant, ce que l'on exige de tous nous parait excessif. Comment pourrait-on demander au chef de l'orphéon de Barbentane (mille excuses s'il existe) de diriger du jour au lendemain (et toutefois il y a un lendemain) la Philharmonie de Vienne.

L'O.M. vient sur trois piliers qui ont noms : Scotti, Marcel, Domingo. Quand l'un d'entre eux craque, l'édifice se couvre de lézarde, quand ils sont deux à accuser des faiblesses, c'est la catastrophe.

Hier, contre cette très belle équipe lensois, dont le football est raisonnablement compris, ils étaient deux, Marcel et Scotti, à ne pas être "dans le leur assiette". Leur fléchissement à précipiter ce 4 à 1 plus éloquent que de longs commentaires.

Il en reste pourtant bien d'autres affaires.

Lucien D'APO

   

  

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