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Résumé Le Provencal

du 03 décembre 1956

  

L'O.M. colmate sa défense qui tient e respect les redoutables avants toulousains

ANDERSSON, émergeant d'un trio de pointe laissé en avant garde, donne

Brillamment la victoire à son équipe (64me minute)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Tony TEMPESTI)

Il a fait beau toute la matinée dans la Cité des Violettes, mais le soleil a disparu au début de l'après-midi.

Cependant, ce temps incertain, la plus que la concurrence d'un important match de rugby qui, à côté, oppose le Stade Toulousain à Saint-Girons, n'ont nui au succès de la rencontre que l'Olympique de Marseille livra aux Toulouse Football-Club.

L'inattendue performance du onze marseillais devant le Racing, mais aussi sa réputation, renforcée d'ailleurs par les débuts sous le maillot blanc de Curyl, étaient des atouts suffisants pour inciter les Toulousains à se rendre nombreux au Stadium Municipal.

Au guichet de celui-ci, on enregistre ainsi une recette de 3.338.890 Fr., pour 11.944 spectateurs payants.

Toulouse vite en action

Pas de modification aux équipes à l'appel de l'arbitre M. Le Men.

Toutefois, Toulouse aligne son demi centre titulaire Pleymelding, imparfaitement remis d'un claquage à la cuisse.

Dès le coup de sifflet initial, les Toulousains viennent envahir le camp marseillais.

On sent tout de suite, dans la formation de Bigot, une supériorité technique contractant notamment avec le déséquilibre de la ligne d'avants des visiteurs qui opèrent pour la première fois avec Curyl et qui cherchent visiblement son rythme.

Aussitôt Marseille et acculé en défense. Roger Scotti et Mercurio, repliés, jouent en position de demi, cependant que Marcel, placé complètement à l'arrière de Johansson, fait fonction de second arrière central.

La domination toulousaine s'affirme totale de minute en minute.

La première alerte sérieuse survient à la 12me minute, sur corner botté au cordeau par Bouchouk. Ce dernier trouve Rytkonen devant les bois pour ajuster un retourné puissant, lequel, heureusement pour Predal, passe de justesse au-dessus de la transversale.

Ils se redonnent contenance grâce à Curyl qui, judicieusement lancé par Andersson, file le long de la touche pour revenir au centre et se faire stopper in extremis à quelques mètres de la cage par un plongeant audacieux de Roussel.

Les Toulousains attaque constamment, mais Gransart, Scotti, Marcel, Johansson, Palluch et Molla constituent un rideau difficilement franchissable.

Les entreprenants avants locaux en sont donc réduits à tirer de loin et surtout dans des conditions assez difficiles. Ils se montrent ainsi très imprécis.

Une fois, deux fois, dix fois, Derreude, Di Loretto, Rytkonen, pressés dans leur action, perdent de bonnes occasions de mettre réellement en danger Predal, le remplaçant de Domingo.

Ce dernier veille d'ailleurs de son côté avec attention.

Est-ce cette brillante résistance des défenseurs marseillais qui irrite quelque peu le public ? Toujours est-il que celui-ci réclame inconsciemment un penalty pour une faute imaginaire de main de Jean-Jacques Marcel dans la surface de réparation.

L'arbitre, heureusement, est là à point nommé pour juger de l'erreur abusive des ardents spectateurs du Stadium.

Andersson en verve

Et nous arrivons de cette façon à la première demi-heure de jeu qui a notamment démontré la supériorité les Toulousains. Marseille ne possédant que par contre-attaques. Celles-ci ne manquent toutefois pas d'allure. Sur l'une d'elles, bien construite par Jean-Jacques Marcel qui s'est décidé à pousser une pointe en territoire local, Mercurio donne à Andersson qui profite largement de la liberté que lui laisse son garde du corps Pleymelding.

Gunnar se présente en même temps que Roussel sur la balle mais il était hors-jeu et tout est à refaire (32me minute).

Un corner sans résultat pour l'O.M. (36me minute) et un retourné de Di Loretto pas davantage probant pour Toulouse, et c'est la mi-temps.

Le but d'Andersson refusé

pour hors-jeu.

Dès la reprise, on sent que la deuxième partie du jeu va être la réédition de la première. Les joueurs de Toulouse, qui reviennent sur le terrain avec un second éclopé, l'inter gauche Rytkonen boitant bas à la suite d'un choc avec Jean-Jacques Marcel, les joueurs de Toulouse, disons-nous, se remettent néanmoins à dominer. Ils ne sont pas davantage heureux qu'au début.

Pourtant le "chauve" Di Loretto paraît sur le point de conclure à la 48me minute, quand Jean-Jacques Marcel stoppe son shoot avant même que celui-ci ne parte. Et Predal n'a qu'à ramasser la balle pour se tirer de ce mauvais pas.

En vain Cahuzas (53me minute), Derreudre (55me minute) tentent leur chance. Leurs maladresses font retourner le sentiment du public qui commence à siffler ses favoris.

C'est finalement Andersson qui, en ce démarquant à sa façon, va lober le goal local et loger la balle dans les filets à la 55me minute.

Hélas il y avait hors-jeu et le centre avant phocéen en est, lui aussi, pour ses frais.

Mais Gunnar marque

tout de même.

Les Olympiens rassurés par une défense qui tient bon, prennent alors plus de risques. Ce qui affolent les Toulousains lesquels écopent d'un coup franc pour charge irrégulière de Cahuzac (57me minute) sur Mercurio. C'est cette sanction motive un mouvement de mauvaise humeur les Toulousains contre l'inter marseillais.

L'arbitre remet de l'ordre et Scotti tire le coup franc dans les bras de Roussel.

Mais voilà la plus belle action du match et un beau but pour l'Olympique de Marseille qui ouvre ainsi le score à la 64me minute, laissant entrevoir sa possible victoire.

Mercurio, sollicité par Curyl dans la tenue à l'aile gauche s'affirme concluante, donne sans attendre à Andersson. Celui-ci prolonge la passe jusqu'à Durand à droite. Le petit ailier marseillais n'attend pas d'être attaqué et recentre sur son camarade qui s'est intercalé entre Pleymelding et Boucher. Après les avoir laissés sur place par deux feintes de corps dont il a le secret, Andersson s'avance seul devant le goal Roussel qu'il "photographie" littéralement à son tour.

Le but imparable et splendide est marqué en coin.

Les Toulousains décontenancés flottent à présent et un coup franc tiré par Scotti à la limite des dix huit mètres trouve encore Roussel à la parade.

Di Loretto, Derreudre et les autres se montrent toujours très maladroits. D'autant plus que les Marseillais, sentant la victoire se dessiner, redoublent leurs efforts pour annihiler les desseins des adversaires.

Dans les tribunes on essaie d'encourager l'équipe locale quand celui-ci donne l'impression d'atteindre les buts. Mais Predal, le gardien marseillais qui, tout au long de la partie, n'avait été pratiquement que fort peu en danger, apporte la dernière déception aux supporters du Toulouse Football Club.

Nous en sommes à la 83me minute.

Après maintes et maintes tentatives infructueuses l'inter droit Derreudre, enfin placé dans de bonnes conditions devant les bois de l'O.M., trouve la seule et belle occasion pour Toulouse de marquer. Son tir fuse comme un éclair vers le coin droit de la cage. Mais Predal se détend comme un félin et, dans un superbe plongeon à mi-hauteur, bloque.

Cet exploit constitue l'estocade finale pour les Toulousains, dont le désarroi est un fait bien acquis.

Marseille en profite pour se donner enfin de l'air. La balle vole d'un maillot blanc à l'autre, tandis que s'écoulent les ultimes minutes.

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Jean ROBIN : "Si cela continue, nous demanderons

à jouer tous nos matches chez l'adversaire

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

TOULOUSE (par téléphone) - On devine aisément une ambiance les plus joyeuses régnait dans les vestiaires de Marseille.

En une semaine, le club phocéen ne venait-il pas de conquérir quatre points à l'extérieur.

Dès l'heure, on comprend l'exclamation ironique de l'entraîneur Jean Robin qui nous a dit : "Si cela continu, nous allons demander à jouer chaque dimanche à l'extérieur".

M. Zaraya, le dirigeant qui accompagnait le club, souligné de son côté : "Ca va bien... ça ira encore mieux dans un mois avec le retour de Dominique Rustichelli. Quoi qu'il en soit, nous sommes sur la bonne voie".

Johansson constatait de son côté, avec philosophie :

"Ce ne fut pas une partie de plaisir, mais nous avons su appliquer à la lettre une tactique qui a dérouté nos adversaires".

Enfin, Andersson, avec humour, s'écria :

"Et dire qu'il va falloir à présent, affronter notre public"

Scotti résumé son opinion en ces termes :

"L'attaque toulousaine est demeurée stérile devant notre système ; elle fut rarement en position de tir".

Dans le camp toulousain n'avons entendu ni gémissements de lamentations...

L'entraîneur Jules Bigot, très sportivement, acceptait l'échec, tout en regrettant :

"Vraiment, Marseille est une équipe qui ne nous réussit pas. Mais il n'est pas facile de percer un rideau défensif renforcé qui ne prend pas le moindre risque".

Bouchouk soupirait d'un ton mélancolique :

"Notre attaque a fait tout ce qui était en son pouvoir. On ne peut dire qu'elle ait bénéficié de la moindre chance".

Cahuzac ajoutait :

"Comment voulez-vous pénétrer dans une forêt de jambes ! Il y en avait toujours une paire devant nous.

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La tactique de la contre attaque a permis à l'O.M.

de vaincre une nouvelle fois à l'extérieur

TOULOUSE - Que vous le vouliez ou non, l'O.M. joue cent fois mieux chez les adversaires qu'au Stade Vélodrome.

Après la démonstration victorieuse du Parc des Princes, contre le Racing, ce match joué au Stadium Municipal de Toulouse contre une des meilleures formations du championnat national en apporte la preuve formelle.

Nous ne dirons pas que le "onze" Phocéen a fourni une partie irrésistible !

Non.

Mais avec les moyens du bord si l'on peut dire... dont il dispose l'O.M. a réussi une performance qui ferait l'affaire de beaucoup d'autres équipes.

Une seule tactique s'imposait devant les redoutables toulousains de Bigot : jouer avec trois avants de pointe et colmater solidement la défense.

"La même tactique qui nous a si bien réussi à Paris, contre le Racing, devait nous dire à la rentrée aux vestiaires, M. Zaraya".

Quand une tactique est payante, deux fois, pourquoi l'abandonner ?

Certes, on admet difficilement cette façon de jouer quand l'O.M. opère sur la pelouse du Stade Vélodrome de Marseille.

Mais à la piètre exhibition que nous avons vue, l'autre semaine contre Lens, nous préférons de beaucoup cette méthode, peu spectaculaire, mais combien plus rentable, sinon plus efficace, avec laquelle le "onze" marseillais est venu encore à bout, hier de l'adversaire.

L'O.M. et ce n'est pas aujourd'hui, a toujours trouvé avantage à exploiter le système de la contre-attaque.

La parole est à la défense

Ce sont donc les défenseurs qui une nouvelle fois, ont assuré à l'O.M., le second succès que l'on qualifiera d'inattendu en terre ennemie, mais qui est, à la vérité, un succès logique et mérité.

Logique parce que les Toulousains, supérieurement contrés par les défenseurs marseillais, ont affiché une domination stérile ; logique parce qu'Andersson a aussitôt trouvé devant lui moins de résistance que trouvèrent les avants locaux face à nos défenseurs. Mieux exploité en profondeur par ses inters, a qui nous ne reprocherons pas, toutefois d'être restés sur une prudente réserve. Gunnar évolua avec désinvolture devant Pleymelding dont nous vous avons dit que le handicap eut pu transformer cette défaite toulousaine en véritable désastre.

Predal très bien

Après ces considérations générales, soulignons sur le plan individuel et en commençant par le commencement - si l'on peut dire - la fort bonne rentrée de Predal dans les bois. Le goal amateur de l'O.M. qu'on avait plus vu opérer depuis mai dernier dans la formation professionnelle, eut surtout l'occasion de montrer ses talents au cours de la seconde mi-temps, notamment sur de ce redoutable tir de Derreudre qui aurait pu valoir l'égalisation pour Toulouse à la 83me minute.

Johansson retrouvé

Devant Predal, il serait peut-être injuste de dissocier l'un de l'autre ses vaillants lutteurs qui soutinrent avec une insoupçonnable énergie la rude lutte que leur imposa, 90 minutes durant, la ligne d'avants toulousaine.

Gransart et Palluch furent intraitables ; Molla accrocheur en diable et Jean-Jacques Marcel comme à l'accoutumée, un policeman voltigeur de tout repos.

Nous voulons toutefois décerner une mention spéciale à Johansson qui était hier le Johansson des grands jours. Solidement épaulé par Jean-Jacques Marcel, l'arrière central marseillais couvrit une immense surface de terrain en appliquant avec efficacité la défense de zone qui était prévue.

Roger Scotti, dont le rôle fut encore celui de régulateur, opéra, vous le devinez, davantage à la manière d'un demi que d'un inter. Son influence fut grande.

Le volontaire Mercurio joua son rôle d'agent de liaison avec toute l'énergie qu'on lui connaît.

Curyl et Andersson

Durand fut moins en évidence que Curyl, cela se conçoit mais le petit ailier droit s'est appliqué et fit preuve d'un excellent réflexe en redonnant à Andersson après avoir reçu de celui-ci la balle du match. On avait davantage les yeux sur Curyl parce qu'il débutait sous le maillot blanc. Malgré un manque de compétition visible, l'ex-Racingman fit amplement la démonstration que l'O.M. a acquis en lui une recrue de valeur.

L'entente de Curyl avec Andersson fut d'abord laborieuse. Elle prit corps au fur et à mesure du déroulement de la partie.

Curyl peut s'enorgueillir d'avoir amené le but victorieux pour Marseille à la suite d'une de ses nombreuses envolées qui dénotèrent chez lui l'aisance d'un grand ailier.

Reste Andersson. De lui nous le dirons qu'il fut le grand Gunnar celui qui sait faire dresser le public dans un stade.

Que n'avons-nous pas tous les dimanches, cette agréable constatation de le voir marquer des buts aussi irrésistibles que celui qui marqua à ce pauvre Roussel.

De l'équipe toulousaine nous retiendrons surtout Di Loretto qui se montra le meilleur technicien et le plus dangereux d'une attaque certes brillante ou se mirent encore en évidence des joueurs comme Dereuddre et Rytkonen.

Derrière cette attaque, au demeurant fort étoffé deux hommes se mirent en vedette Cahuzac et Guinard. On peut également citer parmi les meilleurs Toulousains l'arrière droit Boucher qui fit impression non seulement par sa carrure athlétique mais aussi par ses interventions parfois trop impulsives.

Quant au gardien de but Roussel, il n'eut pas grand-chose à faire mais il s'avéra vulnérable ainsi que démontra Andersson de la façon que l'on sait.

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CURYL N'AVAIT PLUS

DISPUTE UN MATCH DEPUIS

JUIN 1956 A BUDAPEST

TOULOUSE (par téléphone) - Le néo-Marseillais Stan Curyl appréhendait dimanche matin, d'effectuer sa rentrée officielle alors qu'il déambulait, près de la gare Matabiau, en compagnie de Durand, en attendant l'heure du repas.

"Je n'ai plus disputé un match officiel depuis plus de cinq mois, nous dit-il. Aussi, j'ai un peu le tract. La dernière fois, ça se passait à Budapest, et je jouais avec le Racing, le 10 juin 1956, contre le "Honved". Nous avons été écrasés par 6 buts à 1, et cela sans discussion. Les Magyars furent magnifiques et ne nous laissèrent pas une seule chance ! "

Curyl, sous le maillot blanc, chevelure blonde au vent et menton volontaire, a effectué une première mi-temps très encourageante.

Ensuite, visiblement essoufflé il baissa de pied et après la rencontre, il était assez fatigué, ce qui est normal pour une reprise.

Il nous a confié :

"Il est évident qu'il faut que je m'adapte à ma nouvelle équipe. C'est dur la réacclimatation ! Enfin le principal est que nous ayons vaincu ! Ce succès a fait le plus grand bien à mon moral !"

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Sévère controverse, après

la partie entre Palluch

et Di Loretto

TOULOUSE - À l'issue de la rencontre, alors que certains toulousains manifestaient leur déconvenue, pour une raison inconnue, Palluch et Di Loretto échangèrent quelques propos peu amenés.

Cette sévère controverse, après la partie entre deux rudes gaillards, était assez vigoureuse dans les termes et, comme le puissant Ardennais s'écriait :

"Ce n'est pas la peine de faire tant d'histoire !". Le Sud-Américain visiblement énervé, répliquait avec un accent inimitable :

"Vous êtes plus fort, c'est certain, mais ce n'est pas une raison pour exagérer".

Sur ces mots les deux hommes se séparèrent et allèrent retrouver le calme et la sérénité sous une douche bien chaude et réparatrice.

 

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