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Résumé Le Provencal

du 10 décembre 1956

  

L'O.M. (deux buts de Durand) entrevoit la victoire, mais Angers s'accroche et arrache le nul (2-2)

Les Olympiens, qui menèrent toujours au

score et se montrèrent supérieurs, ont

laissé passer de nombreuses occasions

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

ANGERS (par téléphone) - La courtoisie légendaire des comtes et des princes d'Anjou a résisté à l'épreuve du temps. Il en reste quelque chose. Témoin, cette annonce lancée par les haut-parleurs du stade Bessonneau, qui invite le public à applaudir frénétiquement l'équipe marseillaise à son arrivée sur le terrain. C'est ce qui est fait, l'ovation va jusqu'à la galanterie.

Mais, l'équipe phocéenne, et son entraîneur en particulier, restent semble-t-il insensibles à cet accueil. Déjà privé de Jean-Jacques Marcel suspendu, Robin a dû aussi se priver du concours de son arrière Maurice Gransart. Ce dernier est arrivé hier matin à Angers, avec plus de fièvre qui n'en fallait pour jouer raisonnablement football. Et du même pas, il rejoint sa chambre avec 39' de fièvre.

Jean Robin on a presque autant. Ce coup du sort lui donne à réfléchir. Pas longtemps du reste, car une seule et unique solution s'offre à lui. Scotti jouera derrière, et la ligne d'avants sera composée de Curyl, Ducasse, Andersson, Mercurio et Durand.

Il pleut et bruine. Le ciel est celui de ses coins de France ou le gris prévaut sur le bleu à l'intention des poètes en état d'inspiration.

Angers de son côté, n'a rien touché à son ensemble. Les étendards de tous les clubs de France ceinturent le stade. Quelques bombes éclatent, mais le public et paisible. La manifestation a un petit air de kermesse.

But de Durand

L'O.M. aborde la bataille avec la vivacité que lui ont rendue ses récents succès. Mais c'est Angers qui domine et s'installe dans les 18 mètres marseillais avec une persévérance inquiétante. Il faut les grands coups de pied de Johansson et Molla, les interventions maîtresses de Scotti, pour que les avants se réchauffent à leur tour. Mais l'ex-Marseillais Le Gall, tel un diable, est partout. On note trois tirs de sa signature dans les six premières minutes.

La pression angevine persiste jusqu'au moment où Mesas subtilise une balle à Schindlauer, et l'expédie en direction de Durand, sur la droite. Cette déviation de balle trouve Durand dans le sens de la course. Le punch de l'ailier marseillais et irrésistible sur cette action. Il file le long de la touche, sème Pasquini, et presque sur la ligne de but, shoote violemment. On croit au centre shoote, mais la balle tirée au cordeau avec effet, trompe Fragassi qui n'a plus que la ressource d'aller la ramasser à l'intérieur de ses filets.

C'est le premier but. Il y a 11 minutes que l'on joue, et le public angevin, surpris et médusé, n'a aucune réaction. Par contre, entre marseillais, c'est la classique démonstration des accolades répétées.

Andersson ne laisse pas le temps de respirer aux arrières angevins, qui tout frissonnants, entendent siffler un de ses tirs partis des 25 mètres. Le cuir frise la transversale.

Encore Andersson

Et Andersson recommence sur une touche de Durand. Il sert Curyl bousculé "in extremis", au moment ou le shoot allait partir.

Mais les Angevins se reprennent, on les dirait vexés par cette série d'attaque des marseillais qui a succédé au premier but.

Et c'est sur ses longues poussées en avant du trio Sbroglia - Pasquini - Kowalski, que Le Gall réussit à tromper toute la défense pour centrer remarquablement. Mais il y a centre et centre. Celui de Le Gall vient mourir sur une grappe de joueurs angevins, desquels Loncle se dégage pour reprendre de la tête, et marquer sans rémission (22me minute).

Voilà donc les deux adversaires à égalité. Angers "flambe" encore pendant dix minutes, au cours desquelles Domingo devra s'employer et sauvé deux fois.

 

Le match terriblement rapide, mais Bianchéri, qui joue beaucoup mieux qu'au début, Loncle, Le Gall et Schindlauer dansent une véritable sarabande devant le la cage marseillaise. Mais il y a là M. Scotti imperturbable, qui "drague" littéralement tout ce qui se présentent dans son territoire. On ne passe pas. Encore un retourner de Le Gall cueilli par Domingo, puis changement de décor. Au tour d'Andersson maintenant de provoquer les bonds de Fragassi.

Les avants locaux loupent trois balles qui roulent devant les buts marseillais, puis le Gall, dans une position impossible, réussit à placer une nouvelle balle dans le coin droit. Elle va rentrer ? Non, les deux bonnes mains de Domingo son là !

Curyl inter

Curyl dont plusieurs actions à l'aile, ont dénoté le net retour en forme, joue maintenant inter, au lieu et place de Ducasse, blessé et qui n'a pas été très heureux jusque-là. Ce même Curyl décrochera un tir éclair à la 50me minute, sur une passe de Durand. La balle sort de justesse. Aussitôt, Ducasse manque une première occasion inespérée, consécutive un tir d'Andersson, en position d'ailier, que Fragassi renvoie faiblement.

À son tour, Mesas se signale. Il lance une attaque impressionnante, qui lui permet de laisser tout le monde au garde-à-vous, et de placer un tir très violent, que Fragassi repoussera encore mollement.

Andersson surgit, et shoot juste au-dessus de la transversale, alors que la cage était vide.

Deux minutes après, le voilà encore seul, le keeper angevin doit s'enchevêtrer dans ses jambes pour sauver.

Angers est dominé. Ces réactions sont moins nombreuses.

L'O.M. lance alors sa grande offensive. C'est Andersson qui capte une longue balle, sert Curyl, lequel redonne à Andersson qui a piqué vers le centre. Andersson laisse cette balle en or glisser vers Durand. Le petit ailier marseillais attentif, réfléchit, ajuste posément un tir que Fragassi devra inscrire à son passif. C'est le second but, très beau dans sa réalisation, net dans sa conclusion. Durand s'est montré excellent.

O.M., 2 - Angers, 2.

Le Gall déchaîné

Mais les Angevins ne se tiennent pas pour battus. Le Gall et Tison à l'origine de tout ce qui peut représenter un danger pour l'O.M. sont déchaînés. Un shoot de Le Gall vient s'écraser sur la barre. Puis, Domingo doit dégager aux poings à deux reprises, avant de stopper trois shoots partis de très loin.

Coup franc. La balle n'est même pas arrêtée quand Hnatow le donne. Le cuir arrive sur un paquet de joueurs. Palluch tape, mais son dégagement ricoche sur un Marseillais et revient en arrière. La phase est confuse, mais suffisamment clair pour l'ailier Loncle, qui ne perd pas un dixième de seconde et de volée arrachait le match nul à la 68e minute. Domingo masqué, a quand même réussi à toucher la balle du bout des doigts.

Match nul

Les hommes de Scotti, dans le moins qu'on puisse dire, et qu'ils ont mené le combat, ne s'estiment pas satisfait. Ils redoublent d'efforts et provoquent de nombreuses contre-attaques, deux d'entre elles semblent être victorieuses. Fragassi, en effet, arrache d'un bon prodigieux la balle des pieds de Ducasse, et d'Andersson. C'est un véritable feu d'artifice. Curyl shoote encore... mais sans succès. Et c'est fini.

Le public applaudit. C'est, dit-on dans l'étroite tribune, le meilleur match de joué cette année Angers.

Il pleut et le ciel est toujours gris.

L'O.M. ramènera un point, et cela ne satisfait point les joueurs de Robin, qui connaissent décidément un renouveau.

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Dix minutes difficiles, puis

Marseille trouva son assise

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean PEYRACHE)

ANGERS (par téléphone) - Privé comme prévu au départ de Marseille, de Jean-Jacques Marcel et, en dernière minute, de Maurice Gransart, il était normal que l'O.M. adopte dès l'entrée une tactique prudente.

D'un autre côté, dans le camp angevin, nous savons la volonté des deux marseillais (Biancheri et Le Gall) de se surpasser.

Nous savions aussi que le S.C.O Angers, invaincu depuis le 4 novembre, possédait, auprès de ses supporters, une côte qui lui permettait toutes les audaces mêmes si son allant, son généreux tempérament devaient lui valoir quelques revers.

Dix minutes angevines

Effectivement, les dix premières minutes furent angevines. Henri Biancheri, le premier tira au but marseillais lui qui portait le n.6 du demi-gauche ! Le dispositif olympien, avait Scotti à la hauteur et même parfois derrière son trio de défenseur, entra en fonction.

Allons-nous assister à cavalier seul des locaux, ou Le Gall caracolait et se montrait le meilleur des dix avants et ou d'ailleurs l'autorité de Schindlauer donnait à l'attaque une verve qui seule l'étanchéité de la défense marseillaise empêcha de se matérialiser au tableau d'affichage ?

Que serait-il advenu si l'étincelle Marcel Domingo avait été dans l'obligation de s'incliner le premier ? Les temps ont changé, bien sûr, depuis le trop fâcheusement mémorable O.M. -Lens. Les méthodes de direction aussi, nous a-t-il nettement semblé.

Il n'empêche que nous vîmes hier les porteurs du maillot blanc en mauvaise posture.

Dix minutes ! Ce laps de temps avait suffi à la robuste machine artésienne pour terrasser l'O.M. au Stade-Vélodrome.

Au stade Bessonneau, l'O.M. menait, envers et contre tout et tous, pas 1 but à 0 à la 11e minute. Un but marqué par Albert Durand, du fin fond de l'aile droite sur une balle longuement servie par l'impétueux Mimi Mesas.

Coup d'arrêt

Ce but eut pour effet de couper court à un état de choses dont on voyait mal comment il pourrait prendre fin.

Si Loncle ailier gauche, égalisa (22e minute), sur un long centre de Le Gall, l'exploit du stagiaire angevin n'en constitua pas, pour autant, une restauration de la royauté de son équipe.

Judicieuses modifications

Tout n'avait pourtant pas été pour le mieux à l'O.M., dans le compartiment offensif opérait plutôt par inspirations individuelles que dans un ordre bien établi.

Après le repos, Ducasse devient ailier gauche, Curyl inter, tandis que Johansson abandonné à Roger Scotti un rôle strictement défensif pour prendre en quelque sorte, celui généralement tenu par Jean-Jacques Marcel, le champion de la contre-attaque.

Très judicieuse, ces modifications firent de la ligne d'avants olympienne un danger constant pour Fragassi qui s'il ne s'avoua battu qu'une nouvelle fois (58e minute) sur un très intelligent tir d'Albert Durand, se trouva dans l'obligation de plonger deux fois, en sacrifiant littéralement sa personne, dans les pieds de Mesas et d'Andersson, catapultés en direction des filets angevins.

Le S.C.O. estimait qu'il ne méritait pas de perdre.

Disant qu'il eut quelque chance d'égalisé car dans le deuxième but de Loncle qui clôturera le score, entra une très grande part de réussite.

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Jean Robin :"Un point à l'extérieur

c'est toujours bon !"

ANGERS - Aussi bien dans les vestiaires d'Angers que dans ceux de l'O.M., les joueurs et dirigeants sont à moitié satisfaits du résultat.

DOMINGO :

"J'ai manqué d'un doigt la seconde balle et j'ai touché. Un centime de plus et elle sortait".

ANDERSSON :

"Je ne suis pas mécontent mais je crois que l'on pouvait gagner. D'après moi, nous n'avons pas très bien joué, tout au moins autant dire que nous n'avons pas eu beaucoup de réussite".

Quant à Palluch, il est malade, il a de la fièvre et essaie de retrouver un sourire alors qu'il vient de prendre une douche chaude.

Quant à Jean Robin, lui est satisfait du résultat.

"Gagner un point à l'extérieur c'est toujours bon à prendre".

L'entraîneur d'Angers, Walter Presch déclare :

"Nous avons du mérite d'avoir égalisé à deux reprises. On aurait pu gagner dans les 10 dernières minutes. Mais il faut convenir que l'équipe de l'Olympique de Marseille est excellente. En tout cas, c'est une des meilleures équipes que nous ayons rencontrées.

"Pour moi, Johansson, Scotti et Andersson ont été les meilleurs représentants de l'équipe marseillaise".

BIANCHERI :

"Au début, j'ai été dépaysé mais je dois reconnaître que l'équipe de l'Olympique de Marseille est excellente".

LE GALL :

"J'aimerais que nous en fassions autant le 6 janvier".

DURAND :

"Pour moi le meilleur joueur sur le terrain a été Johansson".

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Henri Biancheri

a conquis Angers

mais...

On sait que voici déjà 6 ans, Henri Biancheri quitta Marseille et le S.M.U.C. qui l'avait formé pour tenter sa chance chez les Lionceaux Sochaliens.

Devenu équipier premier, sous le maillot Jonquille, Henri Biancheri vit son étoile pâlir lorsque le Football - Club de Sochaux se sépara du très compétent Paul Wartel.

Son appel sous les drapeaux vient en même temps un peu plus aider au découragement de notre Marseillais jusqu'au jour (voici exactement deux ans) qu'il obtient son transfert à Angers.

Depuis, le Sporting - Club Olympique d'Angers à gagner sa place en Division Nationale et l'inter, devenu demi-aile, Biancheri en est une des pièces maîtresses.

Aussi son club fut-il gourmand et réclama, en juillet, 12 millions à l'A.S. Monaco qui aurait voulu pour une somme à peine plus modique s'attacher ses services.

Henri Biancheri regrette le soleil, comme tout bon méridional qui se respecte ; et son épouse, Marseillaise aussi, le regrette au moins autant que lui.

Gageons qu'à la prochaine inter-saison, Monaco saura se montrer plus éloquent.

À moins que l'O.M....

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JOHANSSON dans un rôle inédit, régna sur le terrain

ANGERS - En fin de match, nous fîmes remarquer à M. Zaraya qui était difficiles de rechercher ceux des d'Olympiens qui avaient bien joué. Plus exactement, on ne savait à qui décerner la palme.

S'il nous fallait noter sur 20, la plus petite récompense pourrait être évaluée à 15.

Un seul homme souffrit du fait qu'alors qu'il était "monté" à Angers comme en remplaçant, il se trouva tout à coup désigné pour prendre la place de Roger Scotti. Cet homme est Charles Ducasse qui, sevrait de compétition depuis assez longtemps, et que sa mise sur la touche a peut-être affligé d'un complexe, se chercha 45 minutes durant et, eut, de surcroît la malchance de recevoir deux coups douloureux, l'un au foie, l'autre à la cuisse gauche, qui firent de lui un joueur boitillant et perclus de douleur.

Johansson dans un

nouveau rôle.

Nous n'étions pas, évidemment, dans le secret des Dieux Olympiens qui, à la mi-temps, décidèrent de modifier leurs batteries - c'est bien le cas de le dire.

Leur plus belle réussite fut d'avoir fait de Johansson un second Jean-Jacques Marcel. Le plus grand des deux Gunnar fut, pour beaucoup de spectateurs, le meilleur homme sur le terrain.

C'est possible mais, dans un rôle devenu tout à coup plus obscur, le "policeman" Scotti mérite le n.2.

Le Curyl de la deuxième mi-temps, mieux placé pour construire puisqu'il était devenu inter, nous séduisit beaucoup plus que l'ailier des 45 premières minutes, encore que peu ou mal sollicité et particulièrement maltraité par le trop rude Kowalski il ait, avant le repos, donné de belle promesse d'une très proche forme retrouvée.

L'impérial Domingo

Le cliché est usé, nous le savons, mais comment qualifier autrement Domingo, battu de près deux fois, et la deuxième, sur un coup de dés ?

Jamais peut-être l'arlésien n'a réussi, la maturité venue, autant de qualité.

Il est bien de la lignée des grands portiers que possède l'O.M.

Molla joua arrière à la manière, très souvent, d'un demi-aile, en essayant de servir ses balles.

Palluch et Mesas en imposèrent par leurs qualités athlétiques bien connues et l'arrière eut besoin de toutes ses ressources pour contenir (sans toujours y parvenir) l'impétueux le Gall.

Albert Durand, le buteur

Le benjamin des Olympiens réalisa les deux buts de son équipe. Sa réussite tint en grande partie de son intelligence et, sur le second, Andersson, dont le match fut une succession de batailles incessantes pour percer, s'effaça de fort louable manière pour permettre à son jeune coéquipier, rabattu en trombe, de signer son nouvel exploit.

Mercurio, enfin, fut le Mercurio des très bons jours.

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Et pourtant LE GALL avait

passé deux nuits blanches

ANGERS - Comme il fallait s'y attendre, les deux marseillais d'Angers brillèrent contre l'O.M. Nous connaissions Biancheri pour l'avoir vu grandir depuis les minimes au S.M.U.C.

Nous l'avons retrouvé, aujourd'hui, aussi fin footballeur.

Il fut gêné, au début, par la tactique de l'O.M., puis retrouva petit à petit son assurance, son aisance, surtout après le repos.

Quant à Le Gall, il nous époustoufla tout simplement. Jamais nous ne lui avions connu ce style direct du véritable ailier. Sa première mi-temps surtout, fut sensationnelle. Et pourtant, sa soeur étant malade, il avait passé toutes blanches les deux nuits qui précédèrent le match.

Heureusement pour l'O.M. !

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GRANSART

(malade)

n'a pas joué

ANGERS - Absent au rendez-vous de vendredi soir à la Gare St-Charles, par suite d'un malentendu dù à son état de santé, Maurice Gransart arriva à Angers, via Paris, hier à 12 h 30, accompagné la notre ami Pougens, représentant de l'O.M. à Paris.

Mais, le commencement d'angine dont il souffrait, s'était entre-temps développé et le blond défenseur olympien gagna directement sa chambre pour ne plus la quitter de la journée.

Il n'assista donc même pas au match et au dernier moment Jean Robin modifia son équipe de la manière que nos lecteurs connaissent.

 

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