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Résumé Le Provencal

du 22 avril 1957

  

L'O.M. CONSTRUIT SA VICTOIRE DANS

LA PREMIERE DEMI-HEURE

Puis résiste au retour du R.C. STRASBOURG (3-2)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice GOIRAND)

STRASBOURG - Décidément l'équipe olympienne, d'une semaine à l'autre obtient des résultats absolument contradictoires.

Écrasée, dimanche dernier par le Racing, au point que l'on pouvait se demander si, à l'approche de la fin de la saison, elle n'allait pas dégringoler du haut du tableau aussi vite qu'elle y était montée, elle s'est reprise, hier après-midi, d'une façon nette et indiscutable face à Strasbourg.

Il est vrai que le onze alsacien n'avait ni l'élégance de l'ensemble parisien, ni sa remarquable force de pénétration surtout.

Mais là n'était pas la question. Revenons donc à cette équipe marseillaise, fantasque à l'extrême et de surcroît, maintenant plus allés à l'extérieur que chez elle, aussi paradoxal que cela puisse être.

Donc, sur la verte pelouse du stade de la Meinau, devant un public entièrement favorable à Strasbourg, cela se conçoit, les Olympiens ont remporté un succès aussi complet qu'indiscutable. Si ce succès se matérialisa au cours de la première demi-heure de jeu, grâce à trois buts de Molla (19e minute), Rustichelli (23e minute) et Andersson (35e minute), il se forgea par la suite grâce à Jean-Jacques Marcel, Scotti et Domingo.

Car Strasbourg, après avoir encaissé ces trois buts, réagit comme un forcené, mais comme un forcené malhabile et, de surcroît fortement gêné dans ses entournures par l'astucieuse position de Marcel et de Scotti, promus tous deux arrières centraux, après la blessure de Johansson (30e minute), blessure qui obligea le Suédois à s'exiler à l'aile gauche.

Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs et arrivons à présent à cette partie captivante par instants, rapide et toute de jeu ouvert.

À MOLLA le premier but

Strasbourg s'était présentés dans la formation annoncée, ainsi que l'O.M. Le soleil etait chaud la pelouse en excellant état lorsque l'arbitre libéra les deux équipes

Les premières minutes devaient être à l'avantage des Alsaciens, qui venaient inquiéter Domingo par le très offensif demi-aile Brezniak, puis par Skiba (3e et 6e minute). Mais le grand Marcel, avec son aisance coutumière, parait tout danger.

Le débat se poursuivait ensuite, plus équilibrée.

C'était autour des Olympiens d'alerter Philippe par Jensen.

Cependant, le heading du blanc inter passait à côté (9e minute).

Puis, Strasbourg rendait la monnaie de sa pièce à son rival par un tir à ras de terre de Skiba, cueilli superbement par Domingo.

La réponse de l'O.M. allait venir.

Gransart, à la 19e minute, partit du milieu de terra, Wendling le pourchassait, lui ratisser la balle et la dégageait dans les pieds de... Molla.

Le Port de Boucain, sans aucune hésitation, tirait alors de 35 mètres. Philippe se détendait, touchait au passage le cuir et s'inclinait tout de même.

Ce but jetait la consternation dans le stade, car il était inattendu, tellement inattendu qu'il étonnait son auteur.

Quoi qu'il en soit, l'O.M. poursuivait sur sa lancée.

RUSTICHELLI trente

à son tour PHILIPPE

Strasbourg, bien entendu, accusa fortement le coup et le montra. L'O.M. le sentit, et appuya sur l'accélérateur. L'attaque marseillaise, bien en ligne avec un trio de pointe remarquable à sa disposition, allait alors donner sa mesure. Curyl, tout d'abord, mettez à contribution le portier strasbourgeois, sans succès d'ailleurs (22e minute).

Puis Jean-Jacques Marcel amorçait une attaque. La balle filait du capitaine à Jensen. L'inter-droit, pourtant bien placé redonnait le cuir à Rustichelli placé légèrement en retrait. Ce dernier bloquait et shootait en force de 30 mètres environ. La balle décrivait un demi-cercle, et allait écraser au fond des filets alsaciens.

C'était le second but olympien acquis à la 23e minute.

JOHANSSON blessé

Cependant, un accident stupide allait dérégler la belle machine marseillaise Johansson dans un choc avec Domingo, se tordait la cheville droite. Il se relevait et boitait. Voyant cela, Jean Robin lui faisait signe de passer à l'aile gauche. Marcel prenait sa place du centre, épaulé par Scotti, tandis que Curyl devenait intérieur très replier (30e minute).

À ANDERSSON

le troisième but

Strasbourg sentit alors que son heure était venue. Sous l'impulsion de Stojaspal, assez effacé jusqu'à là, l'attaque pris des risques. Un show de Skiba était renvoyé par Marcel, et ce même Marcel bloquait aussitôt après un essai dangereux de Haan (33e et 34e minutes).

La riposte arrivait, nette et tranchante comme un couperet de guillotine.

Andersson, mis en possession de la balle, sur une contre-attaque menée par Jensen et Rustichelli, dribblait posément son garde du corps Borkowski, et très près des buts, fusillait littéralement Philippe. Le public après ce coup d'éclair était atterré.

Strasbourg sous les sifflets de ses fidèles, réagissait violemment. Dès la remise en jeu, les avants "rouges" de déployaient, Gransart intervenait, mais son dégagement arrivait dans le pied de Muller. Miraculeusement mis en possession de la balle, l'Alsacien déplaçait alors le jeu sur Stojaspal qui scorer sans rémission de la tête, la 36e minute.

Strasbourg se déchaînait, mais la mi-temps arrivait sur le score de 3 à 1 en faveur de l'O.M.

Strasbourg se réveille

Sermonnés sans aucun doute d'importance pendant le repos, les Strasbourgeois entamèrent la seconde mi-temps par un moral extraordinaire.

Les Olympiens, forts de leurs deux buts d'avance, se repliaient au contraire, et ne laissaient que trois hommes en pointe : Rustichelli, Andersson et Johansson, est encore parmi ces trois hommes figuraient un blessé : Johansson.

Domingo était à l'ouvrage. Il se tirait remarquablement de situation difficile avec une rare élégance.

Tour à tour, Brezniak (50e minute), Skiba (52e minute) l'alertaient en vain. La domination strasbourgeoise se poursuivait entrecoupée de contre-attaques marseillaises.

Sur l'une d'elle d'ailleurs, Johansson était bien près d'aggraver le score (56e minute).

Stojaspal qu'il avait totalement retrouvé son rythme, servait fréquemment ses partenaires. À la 60e minute, le chauve autrichien adressait un service à Skiba. Le leader strasbourgeois ne laissait par perdre occasion est passé de 15 mètres environ un bolide qui ne laissait aucune chance à Domingo.

La balle avait été frappée si fortement qu'elle ressortait aussitôt de la cage, après avoir porté le montant soutenant les filets.

Le but parfaitement valable, était bien entendu accordé.

Strasbourg n'avait plus qu'une longueur de retard et il restait encore plus de 30 minutes à jouer. Allait-il égaliser ?

Ce suspense tenait le public en haleine. Mais la solide défense olympienne faisait feu des quatre fers.

Et elle opposait, en effet, avec un rare bonheur aux entreprises adverses. Marcel, Molla, Scotti et Domingo dans leur rôle de rempart se distinguaient de plus en plus.

Les Strasbourgeois s'énervaient et shootaient de trop loin, comme Haan (76e minute) ou très mal comme Skiba et Stojaspal (81e et 87e minutes).

Entre temps, une dangereuse action olympienne avait été bloquée net par un arrêt des deux mains de l'arrière central Borkowski. Le coup franc qui s'ensuivit, juste à la limite ne donnait rien.

Les minutes filaient et le tableau indiquait toujours : Marseille : 3 - Strasbourg : 2.

Puis, c'était Molla, qui brisait une offensive de Muller, en interceptant la balle lancée puissamment par ce joueur (88e minute) et la fin survenait, consacrant la victoire de l'équipe la meilleure, celle qui avait su la forger avec intelligence et surtout la conserver.

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Les défenseurs olympiens, excellents, eurent

cette fois une tâche passionnante à remplir

STRASBOURG - Versatile O.M....

Une semaine après son humiliant échec contre le Racing de Paris, au Stade Vélodrome, le onze de Jean Robin est allé à la Meinau, sur une pelouse d'un vert qui pouvait être celui de l'espérance pour le R.C. de Strasbourg rejeter un peu plus vers le bas du tableau, une équipe alsacienne, pas plus mauvaise que toutes celles qui luttent pour leur vie, et elles sont légion cette saison encore.

Strasbourg a perdu pour avoir essayé de gagner.

L'O.M. a gagné parce que sa première demi-heure fut bénéfique à un point tel que n'auraient osé l'espérer ni Jean Robin, dit Gunnar Andersson, les moins pessimistes de la caravane marseillaise.

Strasbourg sans excuse

Les Alsaciens s'étaient accrochés à la queue du train de la Division Nationale et les rentrées des militaires Wendling et Mulier n'avaient pas peu contribué à leur retour à l'espérance.

Le Racing strasbourgeois affrontait, hier, l'O.M. avec tous ses atouts, y compris celui que constituait Stojaspal, le faux ailier gauche, comme jadis Humpal fut un faux ailier droit dans la même équipe.

Sous le maillot frappé du numéro 11, Stojaspal n'était pas un exécutant, ou plutôt il était d'abord un penseur.

La tromperie n'atteignit pas l'O.M.

Trente-cinq minutes après le coup d'envoi, Strasbourg faisait figure de vaincu, car, dès ce moment là, dès le troisième but d'Andersson, alors que Domingo ne s'était pas incliné une seule fois, un renversement de situation apparut quasi-impossible.

Le R.C. Strasbourg se déchaîna dès la minute qui suivit ce troisième but marseillais et réduisit la marque par Stojaspal.

Il entreprit, après le repos, de refaire le terrain perdu et y réussit en partie (mais en partie seulement, puisque ce but fut le dernier du match) à la 60me minute par Skiba, puis il se rua massivement, ou par raids isolés de son trio de pointe vers la cage Domingo.

On en vint alors à oublier les trois buts marseillais, a oublié la première demi-heure qui fut celle des attaquants olympiens pour tresser des couronnes de lauriers à Domingo, à Scotti, à son compère Jean-Jacques.

Trois buts et une blessure

Cette réalité, essayons de la rappeler.

D'abord l'O.M. entreprit dès l'entrée de ne pas penser qu'il avait perdu contre le Racing Club de Paris dans des circonstances plus glorieuses.

Le premier but acquis par Molla à la 19me minute sur un long centre shoot de Gransart, repoussé par Wendling et repris par le Port de Boucain, laissa bien augurer du proche avenir, puisque un arrière et un demi-aile, furieusement offensifs, en avaient été les principaux responsables.

Ensuite, le même O.M. se laissa aller à prouver qu'il était au moins aussi complet dans le domaine de l'attaque de la meilleure équipe de Divisions Nationale.

La combinaison Marcel - Jensen - Rustichelli amenant à la 24me minute le second but en fit foi et mieux encore, celle-ci vit la balle partir de Jensen vers Rustichelli, puis vers Andersson pour échouer une troisième fois dans les filets de Philippe fit s'envoler les derniers doutes.

Entre-temps Johansson, blessé par Domingo qui chuta sur son mollet et occasionna une probable entorse au genou, devint ailier gauche.

Fort de trois buts d'avance l'O.M. du, malgré cela, songer à la prudence.

Voilà pourquoi à notre sens le public quitta le stade de la Meinau, en maudissant le sort qui avait mis sur la route de son Racing : Domingo, Marcel, Scotti.

Ils furent ceux qui préservèrent la victoire marseillaise, mais ils ne doivent pas éclipser leurs coéquipiers, ceux qui l'amorcèrent et en révélèrent la possibilité.

C'est Jean Molla qui, nous l'avons dit, montra le chemin à ses camarades. Ce but surprit Philippe et créa, si nous pouvons nous exprimer ainsi, le trou par laquelle s'engouffrèrent à deux reprises Rustichelli et Andersson.

Supérieure au R.C. Strasbourg, l'O.M. devait prouver cette supériorité et le mérite des attaquants ne fut pas mince d'y parvenir à trois reprises et chaque fois partie de loin à la suite d'actions offensives du meilleur aloi.

Le fait saillant du match fut la blessure de Gunnar Andersson.

Que serait-il arrivé si le grand suédois avait pu tenir jusqu'au bout son poste d'arrière central ?

Nul ne le saura évidemment jamais ; mais nous avons admiré son courage, apprécié Stan Curyl dans le rôle d'inter replié qui lui fut par la suite attribué, Johansson devenant ailier et le tandem Marcel - Scotti s'évertuant derrière à faire oublier le policeman numéro un de l'O.M.

Nous avons cru déceler chez le petit Alsacien un net retour en condition physique.

Curyl était, hier soir un véritable sujet de satisfaction. Nous avons cru voir déjà à Angers qu'il n'était plus tout à fait un avant de pointe...

L'O.M. supérieur à Strasbourg

On dit couramment qu'à part deux ou trois exceptions toutes les équipes françaises se valent.

Sur le match d'hier, l'O.M. (qui n'est pas une exception) laissa une bien meilleure impression que sa rivale.

Strasbourg, en effet, rua dans les brancards lorsque le tableau d'affichage indiquait trois buts à son passif. Tout ce qu'il fit ensuite ressortit surtout d'une volonté exacerbée de ne pas sombrer.

Stojaspal a vieilli et la véritable image du R.C. Strasbourg 1957 est Brezniak, la volonté faite l'homme.

Ce n'était pas suffisant pour vaincre l'équipe marseillaise plus complète et mieux inspirée.

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Jean ROBIN :"Mes Joueurs se sont

largement rachetés"

STRASBOURG - "Les spectateurs du Stade Vélodrome vont encore s'imaginer que nous nous sommes moqués d'eux dimanche dernier, en succombant sans gloire devant le Racing" nous disait Jean-Jacques Marcel après le match.

Puis complétant sa pensée, il ajouta : "Vous avez pu le constater, d'une semaine à l'autre, nous sommes comportés d'une manière diamétralement opposée".

"Aujourd'hui (lisez hier) tout nous a réussi à l'inverse du match précédent".

En attendant la dernière réflexion de son ami, le flegmatique Scotti s'empressa alors d'ajouter équitablement : "Oui, mais il y avait une bonne différence de classe entre Strasbourg et le Racing".

Comme on le voit, ce nouveau succès acquis à l'extérieur n'avait pas enflé démesurément la tête les Olympiens. Et cette faiblesse alsacienne, d'ailleurs était reconnue activement par tous.

Cependant, nous travestirons la vérité si nous ne rappelons pas ici que les qui marseillaise avait joué pratiquement à dix durant une bonne heure.

Et cet handicap numérique était souligné par l'ensemble des joueurs.

Curyl, pour sa part, nous avouait, en effet, avec une pointe de regret : "Quel dommage que Johansson ait été blessé ! Sans cela nous leur "plantions" encore deux ou trois buts".

L'entraîneur Jean Robin partageait entièrement ce point de vue :

"Je crois, nous avouait-il qu'ils se sont largement rachetés de leur mauvais match de dimanche dernier. Nous pouvions gagner plus facilement dans la blessure du grand "Gugu" (Johansson). Je dois néanmoins reconnaître que mes gars ont fort joliment tripoté la balle surtout en première mi-temps. Par la suite, ainsi que vous êtes pu le constater, ils ont su appliquer les consignes de défense qu'ils avaient reçues".

Quant à Andersson, il tira philosophiquement la conclusion : "Que voulez-vous le football est fait de hauts et de bas. Contre le Racing, la chance n'était pas de notre côté. Aujourd'hui elle l'était...

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AVELLANEDA : "l'O.M. était trop fort..."

STRASBOURG - Dans les vestiaires strasbourgeois, l'accablement était complet.

Tous les joueurs se rhabillaient lentement, en silence. Avellaneda, l'entraîneur du onze, allait nerveusement de long en large. À notre approche, il s'interrompit sa marche solitaire et nous accueillit fort aimablement, puis nous déclara :

"L'O.M. a fait ce qu'il devait faire pour gagner, compte tenu des circonstances. En effet, la chaleur, inhabituelle pour nos joueurs, qui régnait sur le terrain de la Meinau, leur a été fatal pendant la première mi-temps. Lorsqu'ils ont repris leur équilibre, il était trop tard hélas, car ils avaient trois buts de retard. L'O.M., je dois le reconnaître, m'a produit une grosse impression. Domingo, Jean-Jacques Marcel et Scotti ont été impeccables en défense et l'attaque à flambée. C'est plus qu'il en fallait pour nous battre".

 

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