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Résumé Le Provencal

du 23 septembre 1957

  

L'O.M. sans courage et sans force s'incline

devant SEDAN (2 à 1)

au terme d'un mauvais match

(D'un de nos envoyés spéciaux : Georges LEOST)

SEDAN (par téléphone) - Sedan était hier en fête. Mais si la ville avait pris son air des grands jours, ce n'était pas pour recevoir l'Olympique de Marseille, dont de multiples affiches vertes et rouges (aux couleurs du club ardennais) soulignaient la venue.

La pluie qui avait fait frémir d'inquiétude le trésorier local, a daigné s'arrêter quand les deux formations pénètrent sur le terrain, à l'issue d'un lever de rideau comptant pour le championnat de France amateur et opposant Sedan à Auchel (Auchel battit Sedan par 1 à 0).

Il y avait là, au stade Émile Albeau, encadré par le vélodrome d'une part et de stade annexe d'autre part, 6.702 spectateurs qui ont assuré à la rencontre une recette de 1 million 943.745 francs.

Un petit vent souffle en biais, des nuages noirs ne laissent apparaître que ça et là un coin du ciel bleu. La température est lourde et la pelouse grasse.

La bataille s'engage sous des auspices favorables pour les Marseillais, puisque Leonetti bénéficie tout de suite d'un corner que Jensen ne peut reprendre. Sedan contre-attaque cependant et Célestin Oliver, alerté par Lefebvre, botte à côté.

GAEREMYNCK bat DOMINGO

Il y a quatre minutes que l'on joue quand Salzborn centre parallèlement aux buts marseillais. Domingo plonge, mais repousse imparfaitement et, embusqué, l'ailier gauche Gaeremynck reprend sans contrôler et acrobatiquement, au grand désarroi de Domingo.

SEDAN 1 - O.M. 0.

L'O.M. sent le danger est, sur la remise en jeu, Curyl alerte Bernard, qu'un corner de Léonetti met encore à contribution. Sans dominer territorialement, les Ardennais se montrèrent plus décidés que leurs rivaux, lequel, à la minute 10, ont déjà concédé trois corners. À cet instant, Gaeremynck, après avoir trop visiblement cherché son pied gauche, gâche le fruit d'une attaque menée avec ensemble par les "verts et rouges".

Trois balles soudanaises sur le poteau.

À la 20me minute, l'O.M. jouant au petit trot, Sedan accentue sa pression et, sur un cafouillage monumental tire cinq fois en direction de Domingo sans que le ballon puisse être dégagé. À trois reprises (Lefebvre, 2, et Tillon) la barre et le poteau renvoi. Le goal méditerranéen n'est pas battu, mais c'est miracle.

Trois minutes plus tard, après un centre remarquable de Mercurio sur Curyl, Leonetti place un shoote. Bernard ne se laisse pas surprendre et bloque en plongeant.

À la 27me minute, sur centre de Mercurio, très actif depuis quelques instants, Leonetti, en possession du cuir, tergiverse trop et perd une occasion en or. Les Marseillais se reprennent, font jeu égal avec les Ardennais qui, s'inquiétant, font permuter Célestin Oliver et Salzborn.

À la minute 32, Salzborn, sur tête, oblige Domingo à réaliser un difficile arrêt en l'air.

Deux minutes plus tard, Tillon rate une chance plus belle encore que celle de Leonetti. Il repousse vers Domingo à trois mètres de lui une balle servie par Salzborn. Bernard, à la 38me minute, porte à son actif interception judicieuse d'un centre de Rustichelli sur Curyl.

Domingo se tire fort bien du travail que Salzborn et Lefebvre lui procure.

Le jeu est devenu équilibré.

À la 40me minute, lancé par Leonetti, Rustichelli, passé à l'aile droite, déboule, attire Bernard et botte d'un rien à côté.

Alors que la pluie se met à tomber, Domingo plonge dans les pieds de Gaeremynck et c'est la mi-temps.

La partie reprend, marquée par un heading de Curyl, puis une ouverture de Leonetti sur laquelle Bernard s'envole avec à-propos.

Sedan se fait pressant et, à la 51me minute, Johansson repousse des de mains une attaque venant à la suite d'offensives ayant abouti à deux corners consécutifs.

RUSTICHELLI hésite

A la 53me minute, Leonetti sollicite Rustichelli et l'avant-centre, bien placé, descend vers Bernard. Mais il accompagne la balle au lieu de la frapper et l'ex-Bordelais n'a aucune peine à stopper.

GRANSART contre son camp

A la 75me minute, Breny centre devant les buts visiteurs. Gaeremynck reprend. La balle ricoche sur Gransart et à raison de Domingo.

SEDAN 2 - O.M. 0.

Sedan continue à se faire dangereux et les Olympiens, manifestement jouent sans conviction.

SCOTTI marque et LEONETTI sort

A la 70me minute, lancé par Marcel, en pointe, Rustichelli s'échappe et va déclencher son tir, quand Barre le jette à terre. M. Zuszek siffle penalty. Scotti le botte. Bernard se détend aussi superbement que vainement.

SEDAN 2 - O.M. 1.

Trois minutes plus tard, sur une attaque massive de Sedan, Lefebvre shoote. Domingo est battu, mais Leonetti sauve sur la ligne.

Les Marseillais se mettent à l'ouvrage avec un peu plus de conviction. Mais sans bonheur. Et Gaeremynck (80me minute), loupe d'un rien l'interception d'un centre de Salzborn.

À la 84me minute, Célestin Oliver marque, mais l'arbitre refuse le point pour faute de Tillon.

Deux minutes plus tard, le même Oliver gâche encore sa chance et Bernard, sur une action de Rustichelli, lâche la balle, puis la dégage du poing.

C'est fini et M. Zuszek donne l'ultime coup de sifflet d'une explication de piètre qualité.

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DOMINGO et la chance ont évité

une catastrophe au onze olympien

L'O.M. a perdu hier au stade Émile-Albeau, à Sedan, une rencontre qui, indiscutablement, était à sa portée. Point n'était besoin d'être grand élève pour supposer que les locaux jetteraient leurs forces dans la bataille, après le double échec qu'ils ont essuyé à Nice et à Alès.

Effectivement, les Sedanais prirent la direction des opérations et, sur un exploit de Gaeremynck, menaient par 1 à 0 après quatre minutes de jeu.

S'il fallut attendre la 63e minute et la complicité de Gransart, malheureux en l'occurrence, pour que Sedan accentue son avantage, on nota durant les 59 minutes de nombreuses occasions dont les plus belles à la 20me minute quand Lefebvre et Tillon shootèrent sur la barre, alors que Domingo était impuissant.

Sedan en perte de vitesse

L'O.M. avait cette confrontation à sa portée, parce que Sedan n'est plus le grand Sedan, celui qui faisait trembler les meilleurs. Un Sedan jouant un match bon, sans plus, eut réussi trois ou quatre buts supplémentaires, sans aucun doute, malgré la valeur d'un Domingo souvent héroïque. Hormis ces balles qui s'écrasèrent sur les montants marseillais, et dont l'inefficacité peut être mise sur le compte de la précipitation, puis qu'il s'agissait d'une mêlée homérique, les avants de Dugauguez affichèrent une maladresse chronique.

Quand nous aurons dit que Tillon joua à l'image du Sedan actuel (il manqua à la 34me minute la réalisation d'un but qu'un mauvais footballeur corporatiste se serait empressé d'inscrire) et que Brény fut le moins satisfaisant des 22 acteurs, nous aurons brossé un tableau de ce que fut en terre Sedanais le quintette offensif des "Sangliers".

Demis fantomatiques

Marseille, en alignant Scotti, Johansson et Marcel en demis reconstituait une ligne qui, sur le papier, était le point fort du onze.

Il n'en fut rien sur le terrain gras de Torcy. Il n'en fut rien, parce que Scotti et Marcel apportèrent à leur défense une aide dont elle n'avait pas besoin, occupant ainsi un espace surpeuplé déjà couvert par deux inters olympiens résolument défenseurs.

Nous vous laissons imaginer l'importance de la zone inutilisée s'étendant de cette partie, grouillante de joueurs, à celle où isolés, les avants de pointe, parfois réduit à deux, attendaient une balle problématique.

Inters inexistants

Les avants furent littéralement sevrés les dix-neuvièmes du match durant, parce que les inters opérèrent souvent derrière les demis. Mercurio s'en plaignait assez, lui qui avec Curyl construisit quelques trop rares attaques. Mais Jean Robin, avant le coup d'envoi, n'avait pas donné pour consigne de sacrifier au béton. Mercurio tint ce rôle à contrecoeur. Qui donc, sur le terrain, lui intima cet ordre ?

Manque de volonté

Sedan, équipe modeste, avions-nous écrit hier. La chose a été démontrée. Pourtant les olympiens ne s'accrochèrent jamais, semblant mener à la marque alors qu'ils avaient qu'un handicapé d'un seul but.

Ce manque de volonté et de foi se traduit notamment par l'échec de Rustichelli seul devant Bernard à la 53me minute.

Ce n'est qu'exemple : la défense marseillaise hésita à se livrer, se déroba, se replia inconsidérablement, flottant au point de laisser Domingo seul.

La partie à 1 à 0 n'était pas perdue et même avec ses moyens réduits, l'O.M. auraient pu réussir au moins le match nul.

Voilà en tout cas une défaite lourde de conséquences.

Georges LEOST

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SCOTTI

et

DOMINGO

seuls joueurs irréprochables

Tâche difficile encore aujourd'hui que celle qui consiste à étudier le jeu des Marseillais.

Seul, en définitive, Scotti trop souvent appelé à porter assistance à une défense hors de position mais toujours lucide et habile ainsi que Domingo courageux malchanceux et abandonné sont au-dessus de tout reproche.

Gransart, après une bonne première mi-temps, s'éteignit. Il eut, il est vrai, la déveine de signer la défaite de son équipe.

Mesas passa inaperçu devant le plus mauvais se damner.

Marcel, homme à tout faire négligea beaucoup trop le marquage et posa maintes problèmes de licats à ses propres camarades.

Johansson para au plus pressé mais sans ressortir nettement.

Jensen se découragea trop vite et de façon parfois grossière.

Leonetti fit l'éclatante démonstration qui n'est pas un inter surtout en ce moment. Il rechercha vainement la bonne condition mais il est blessé et fatigué.

Rustichelli travailla dur livré à lui-même donc avec le minimum de chance.

Mercurio tint un poste défensive illogique, à contre coeur et Curyl ignoré, ne pouvait pas faire plus.

À Sedan, Bernard préserva le succès de ses nouvelles couleurs avec classe.

Fulgency fut pour lui un précieux comparse.

Lefebvre et Salzborn accomplirent un labeur qui eut été plus payante si Gaeremynck n'avait été le seul attaquant de pointe digne de ce nom.

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Curyl : "J'attends toujours une balle qui ne vient pas"

Jean ROBIN. - "Manque de cohésion". "Nous avons perdu pour avoir joué un football trop individualiste. Notre ensemble manque également de cohésion".

Voilà ce qui disait Jean Robin après le match alors que les joueurs têtes basses, se déshabillaient...

"Ils sont consternés, nous disait son côté M. Zaraya. Ils ont parfaitement conscience avons mal joué".

Comme nous lui demandions s'il n'était pas sous l'effet du contre-coup moral de la démonstration faite jeudi à leurs dépens par les Lyonnais, M. Zaraya nous répondit :

"Nullement. Ils en voulaient en rentrant sur le terrain."

On ne l'aurait pas cru en les voyant musarder.

Domingo mécontent remarquait : "Que chacun marque son adversaire et sans doute alors, cela ira-t-il mieux".

Tout aussi véhément, Mercurio déclarait : "Il m'a fallu me dépenser en position repliée. Je préfère ne plus jouer que de le faire dans ce sens".

Curyl fataliste, laissa tomber : "On m'a dit de rester le long de la ligne de touche, c'est ce que j'ai fait, mais j'attends toujours une balle qui ne vient pas".

Propos pessimistes sans doute mais qui reflètent l'état d'âme des un et des autres.

 

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