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Résumé Le Provencal

du 02 novembre 1957

  

LE SPECTRE DE LA SECONDE DIVISION S'AGITE VIVEMENT DEVANT L'EQUIPE MARSEILLAISE

NOUVEL ECHEC DE L'O.M. A MONACO (3-2)

Au terme d'un match de médiocre qualité

et que les Monégasques gagnèrent en second mi-temps

(De notre envoyé spécial : Lucien D'APO)

MONACO (par téléphone) - L'O.M. continue à accumuler et à promener ses malheurs aux quatre coins de la France. Que ce soit dans les brouillards de l'Est, dans la fraîcheur des contrées atlantiques, où sous le soleil de la Côte d'Azur, le cortège se profile sur tous les stades avec son répertoire désuet, son moral traînaillant et une vaillance qui disparaît au premier coup du sort. Nous écrivons dimanche dernier : "Le drame de cette équipe et profonde, enraciné, il dépassa la critique propre". Aujourd'hui, c'est l'indifférence qui s'empare de ceux qui suivent le destin d'une équipe que l'hisotire du football français avait rendu immortel.

Et pourtant, si étonnant que cela puisse paraître, le onze avait entamé ce match contre les footballeurs monégasques, mors aux dents.

Le farniente qui s'empare du quidam en promenade dans cette ville d'opérette, n'avait pas atteint les hommes de Robin. Plus que jamais, il voulait gagner. Pour sauver leur prestige décadent d'abord, et pour rassurer ensuite M. Zaraya, l'homme qu'ils ont plébiscité, à travers toute la crise.

Mais, une fois de plus, ils ont manqué de double objectif... et le spectre de la seconde division, plus narquois, plus menaçant continue à danser devant eux.

Les espoirs durèrent le temps d'un demi match. À la mi-temps point de but marqué par la volonté de Predal, précisons-le. Mais enfin dans son ensemble, le team olympien, tout en usant de solution curieuse, avec quand même réussi à fixer son adversaire, dont le jeu n'était pas du tout ce que recommande Kimpton dans son livre sur l'art de bien jouer au football. Ne soyons pas difficiles, en cette période prolongée de restrictions.

Que pouvions-nous retenir de cette première mi-temps ?

Quelques belles échappées de Bellot ; des tirs et de dangereuse infiltration de Ben Tifour, un ratissage bien ordonné et très appuyer de Kaelbel, de belles interventions de Ludo et Glovacki, et un arrêt impressionnant d'Alberto. Ceci pour le compte des Azuréens, au demeurant assez peu autoritaire et obstinés dans leurs assauts. Il est vrai qu'il n'était pas nécessaire pour eux, de forcer leur talent.

En regard, l'O.M. n'avait ni mieux, ni plus mal joué... Ce furent néanmoins trois arrêts d'une indiscutable audace de Predal qui firent que Monaco ne possédait aucun point à la mi-temps. Johansson et Molla avaient bien débuté, Andersson s'était montré actif mais sans réussite, Ramon fort bien, et Bruneton, malgré une blessure, ne ce départissait pas de son calme, de la précision et de son sens direct du jeu.

Marcel avait débuté comme inter. Il se replia rapidement. Andersson avec le No 10, mais il était en pointe, Kaelbel qui s'intéresse fort peu aux questions de numérotation l'avait pris en charge.

Donc note très moyenne pour les deux équipes à l'heure du repos.

Predal battu

Jusqu'à la nous l'avions dit Predal s'était démené comme un beau diable pour cueillir ça et là des balles à vous flanquer les engelures au bout des doigts. Mais à la 51me minute, il n'entendit que le sifflement d'une balle frappée presque à bout portant de plein fouet par Bellot. C'était Ben Tifour, qui après avoir échappé à Ramon, centré très court à ras de terre devant la cage. Bellot n'eut aucune peine à ouvrir la marque.

Monaco : 1 - O.M. : 0.

Bellot permutait un moment avec Roy, le temps d'expédier un bolide juste à côté du montant.

Huit minutes après, Marcel trop amoureux des dribbles se faisait souffler le ballon à quelques mètres de ses buts par Hidalgo. Ce dernier centrait immédiatement et Glovacki à la réception, profitant d'une intervention imprécise de Mesas ajoutait un second but.

Monaco : 2 - O.M. : 0.

C'est alors que Stan Curyl tombait gravement blesser. Un choc avec Kaebel. D'un côté un homme enclume, de l'autre un homme normal. Le blessé n'était pas l'homme enclume.

En le véhicule à jusqu'aux vestiaires sur une civière.

Il restait donc neuf et demi sur le terrain, en maillot blanc. Puisque Bruneton souffrait d'un hématome au genou.

Monaco appuya ses actions nettement meilleures qu'en première mi-temps. Une combinaison Roy - Glowacki, fort près de la conclusion, un shoot hors pair de Bellot ; des cafouillages encore, des tirs bloqués ou détournés par Predal. Ce dernier sauva in extremis sur une balle qu'hidalgo avait expédiée de tous ses muscles.

Andersson marque

On allait ainsi vers la fin d'un match qui, de minute en minute, pouvait tourner à la déroute pour l'O.M. Les Marseillais se décidèrent alors à abandonner cette position de repli dans laquelle il semblait se complaire.

Et c'est ainsi que sur une attaque de Rustichelli, la défense monégasque renvoyait faiblement. Andersson, à 30 m des buts, démarqué, jugea la situation d'un coup d'oeil. Alberto était sorti. Le shoot appliqué, mesuré, parti de loin bat Alberto qui n'avait plus rejoint sa cage et vint mourir dans le coin gauche des filets.

Monaco : 2 - O.M. : 1.

Il restait encore une chance. Les hommes de Robin abandonnaient totalement le jeu "béton". Tous les effectifs valables se portaient à la tête. Pendant quelques minutes avec un peu de bonne volonté, disons-le, on pouvait croire à l'égalisation. Johansson était presque sur la ligne médiane. Puis soudain la contre-attaque se déclencha. Telle un éclair, Roy s'échappa du paquet, balle au pied, pour filer vers Predal. Glovacki vint immédiatement le soutenir pour recevoir une passe précise. Johansson se porta sur Glovacki au moment où ce dernier, d'un petit coup de pied, lancé Roy, cette fois seul. Et malgré Ramon, venu de côté, malgré Predal opportunément sorti, il marquait le troisième but pour Monaco.

C'était fini ou presque. Car la chance vint hautement servir Molla, auteur du deuxième but marseillais. Il shoota de 45 mètres dans la direction des buts monégasques. Alberto, seul, s'apprêtait à se saisir de cette balle, sans aucune inquiétude. Elle lui fila entre les mains et les jambes comme une anguille. Quelques secondes après, l'arbitre sifflait la fin de ce match sans passion, sans prouesse footballistique et qui ne s'anima qu'en de rares occasions.

Le bilan bien maigre en vérité

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Pas de jeu d'équipe et l'inspiration personnelle n'a pas suffit

MONACO - Le onze olympien a joué hier à Monaco comme il le fait la plupart du temps depuis le début de cette catastrophique saison, c'est-à-dire sans ligne de conduite, sans formule de jeu, si primaire soit-elle. Inspiration règle tout. Elle a force de loi. Le but d'Andersson, le but de Molla, étaient des entreprises strictement personnelles. La balle ne se passe pas en fonction de la position des uns et des autres. Elle court, change de direction, s'arrête au gré des inspirations de son conducteur.

Pendant quelques minutes seulement, après le but d'Andersson, - Monaco menée par 2 buts à 1 l'O.M. - sembla obéir à certains principes de jeu collectif.

Bruneton fut à la base de cette flambée de véritable football, flambée qui faillit du reste trouver une heureuse conclusion. Ce ne fut là qu'une autre opération provisoire, peut-être même involontairement provoquée.

Il n'en reste pas moins vrai que pendant ce court laps de temps, on avait pu penser qu'il n'était pas impossible pour cette équipe d'unifier, de rationaliser son jeu.

Ce match nous a donc rien après que nous ne sachions déjà. C'est précisément ce qu'il y a de navrant. Les enseignements de nature à améliorer le comportement de l'équipe n'apparaissent pas.

Les deux meilleurs Olympiens furent Predal et Bruneton. Le premier fit quelques arrêts d'excellente qualité ; il sauva trois ou quatre situations à peu près perdues.

Le second affirme un classicisme et une clairvoyance si rare chez un joueur de son âge que l'on peut espérer tenir en lui un élément d'avenir de grande classe.

Tous les autres, avec une mention spéciale pour Johansson et Ramon, ont joué avec des hauts et des bas, avec beaucoup de bonne volonté néanmoins, durant toute la première mi-temps.

L'A. S. Monaco ne nous a pas plus étonnés. Nous dirons même que la confection de son football n'équivaut pas à la place qu'elle occupe au classement.

Répétons, il est vrai que les hommes de Marek n'ont pas été poussés dans leurs derniers retranchements. Ils n'ont joué "toutes voiles dehors" que durant le premier quart d'heure de la seconde mi-temps pour obtenir les deux premiers buts.

Filippi, un jeune encore, Bellot et Ludo ont été les meilleurs avec Kaelbel, Ben Tifour et Roy.

À vrai dire, nous attendions beaucoup mieux des footballeurs de la Principauté.

         

 

 

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