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Résumé Le Provencal

du 04 novembre 1957

 

3 NOVEMBRE 1957 : L'O.M. DERNIER POUR LA PREMIERE FOIS DE SON HISTOIRE

 

  MATCH INCONSISTANT, LIGNE D'ATTAQUE MARSEILLAISE D'UNE STERILITE TOTALE...

ET NOUVELLE DECEPTION GENERALE

Un but de Stojaspal et BEZIERS remporte au Stade-Vél

Une victoire lourde de conséquence

Il fait beau temps lorsque l'O.M. et l'A.S. Béziers font leur entrée sur la pelouse du Stade-Vélodrome dont les tribunes et les gradins sont loin de regorger de monde.

Le contraire seul étonnerait car l'O.M. comme Béziers compte 5 points au classement, cinq points pour 10 matches un strict minimum que seul, le F.C. Metz n'est pas parvenu à dépasser.

L'ambiance des grands jours est donc tombée un peu plus dans le domaine de l'oubli d'autant plus que si Béziers arrive auréolé d'une première victoire officielle acquise aux dépens de l'Olympique Alésien, 48 heures plus tôt, et renforcé par ses nouveaux Garofalo et Stojaspal, l'O.M. s'apprête à subir l'absence définitive de Roger Scotti et cette provisoire de Curyl, de Domingo, de Gransart, de Marcel, ce dernier défaillant de dernière heure pour un genou récalcitrant.

Premier quart d'heure

pour l'O.M.

Ce n'est tout de même pas étonné que le premier quart d'heure soit favorable à l'O.M. qui obtient un corner dès la 4e minute, corner que Jensen met au-dessus.

Quatre minutes plus tard, c'est Molla qui termine lui aussi au-dessus, une montée offensive qu'il a eu le mérite d'amorcer et de poursuivre. Un méritoire exploit personnel en somme... puis un coup franc favorable à Andersson (16e), n'est pas exploité alors que la faute qui a étendu Gunnar. Il s'était situé juste à l'extérieur de la surface de réparation sur la droite de Garofalo.

Velléités biterroises

Puisque l'O.M. ne réussit pas dans ses entreprises, peut-être l'A.S.B. va-t-elle, à son tour, donner le ton ? Mais (17e), Bessonnart met fort piteusement à côté un coup franc dont il avait bénéficié pour faute de Mesas, puis sur une maladresse de Leonetti qui crée (20e), une situation confuse devant Predal, pas plus le même Bessonnart que son compère Luzi ne parvienne à prendre en défaut le gardien olympien à la fois heureux et habile dans ses entreprises.

Ces velléités biterroises s'éteignent d'elle-même pour laisser place (24e) à une montée de Rustichelli dans le centre-shoot ne trouve personne à la réception, puis le même Rustichelli obtient un corner qui ne donne rien... pour la même raison ! Décidément, ça manque de consistance dans le compartiment offensif et pourtant, malgré Stojaspal, Béziers et loin de se montrer brillant opposant.

Du vrai spectacle entre lanterne rouge...

À la 30e minute, Predal met en corner un essai de Stojaspal et trois minutes plus tard Garofalo se paie le luxe de venir souffler dans les pieds de Jensen une balle que le Danois a considérablement conservé par dévers lui, ce qui n'empêche pas le même Garofalo de concéder tout aussi maladroitement un corner indigne d'un joueur de sa réputation.

Et nous nous acheminons tout doucement vers le repos après 45 minutes insipides et un désespérant zéro à zéro.

Seule une combinaison Luzi-Tagliagozzi vient encore avant cette réglementaire pause, jeter une lueur dans les ténèbres et permettre à Predal de sauver en corner..

Une terne

deuxième mi-temps

Nous allons être encore mieux servis pendant les 45 dernières minutes

Comme au début, Molla s'infiltre dès la 46e, mais son essai inquiète pas Garofalo, pas plus, d'ailleurs qu'un essai d'Andersson, la minute suivante.

Le match est décousu et la crainte domine aussi bien d'un côté que de l'autre. On s'en rend compte lorsque les rares ouvertures destinées aux avants de pointe ne trouvent d'une multitude de défenseurs.

C'est par malice que Stojaspal oblige Molla à lui concéder un corner (57e). C'est par maladresse que Guilcher en accorde un à Jensen qui avait servi Leonetti alors que trois minutes s'étaient à peine écoulées depuis la réussie de l'Autrichien.

Ou allons-nous de ce pas ? Vers un match nul, voyons ! Et plus exactement vers... un double zéro.

C'est la réflexion courante qui prend corps et se développe lorsque passe le cap de la 60e minute.

Il en reste encore 30 à jouer et si l'on admire une nouvelle fois l'adresse de Predal qui bloque un dur shoot de Tagliogozzi, consécutif à un centre de Luzi, si l'on salue la hargne, l'application de Bruneton, si l'on sait gré à Ramon, à Johansson et à Mesas de ne pas baisser les bras en comprend mal que Rustichelli Andersson ou Jensen s'obstinent à jouer au soliste.

Les ailiers ont permuté à la reprise. On a vu parfois Dominique au centre et Andersson à gauche, en vertu de quelle tactique ? Et d'abord l'O.M. a-t-elle encore une tactique ?

Personne n'est dupe. Personne surtout par la défense héraultaise.

À la 66e minute, une longue ouverture d'Alauzun trouve Rustichelli mais Garofalo sort au devant de l'ailier et ça donne un corner puis le même Garofalo bloque un essai du même Alauzun qui avait repris le 7e corner marseillais (contre 7 aussi favorables à Béziers) lequel avait été tiré par Leonetti.

À la 76e minute, STOJASPAL...

Pourtant nous n'avons pas un zéro à zéro final car voici la 79e minute et Bessonnart, toujours active, effectue un beau travail préparatoire avant de servir son ailier gauche Bonato qui centre long et trouve Luzi en position d'inter droit. L'ex-olympien donne en avant a Stojaspal qui bat Predal.

Y a-t-il hors-jeu ? Apparemment oui la tribune de presse mais pas plus M. Blum que son juge de touche n'éprouvent le moindre scrupule et nulle contestation ne monte du coeur marseillais.

Béziers mène par 1 à 0...

Il reste 10 minutes à jouer mais jamais le onze au maillot blanc ne donnera après ce but l'impression de pouvoir le contrebalancer par un but équivalent.

Voilà pourquoi au terme des 90 minutes, l'Olympique de Marseille pourra de plein droit (sinon de plein gré) s'emparer de la lanterne rouge du Championnat de Division Nationale.

Jean PEYRACHE

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MATCH DE MORIBONDS...

C'était samedi le jour des morts, mais pour Béziers et l'O.M., on avait dû prolonger de 24 heures ce qui permet au public de voir le plus mauvais match qu'il soit possible de voir... Avec la meilleure volonté, il est impossible de passer sous silence le spectacle affligeant que nous donnèrent au point de vue technique et tactique deux équipes qui partageaient à la jusqu'alors la lanterne rouge avec une troisième qui a gagné hier...

Tout y passa... Erreurs grossières, sens infime du démarquage, absence de shoots dignes de ce nom, passes à l'adversaire... Une désolation !

Devant une défense moyenne, très moyenne, la ligne d'avants de l'O.M., s'avéra incapable de pratiquer le jeu cohérent qu'il aurait mis facilement hors de position. Seul Rustichelli donna l'impression de pouvoir passer son opposant Sieber mais il resta au stade des promesses non tenues. La défense olympienne eut un peu plus de mal à contenir le remuant Luzi et le bouillon Bessonart. C'est peut-être pour cela que l'O.M. perdit ce match qu'il ne fallait pas perdre...

Predal, Ramon, Johansson,

Molla...

La défense encaissa qu'un but, à l'issue d'un cafouillage après avoir longtemps donné l'impression qu'elle saurait conserver ses filets vierges...

C'est dire que Predal ne commit aucune faute grave, que Ramon ne laissa pratiquement jamais Bonato percer, à l'exception du centre qui amena le but.

Johansson tient parfaitement Tagliagossi en respect et quelques-unes de ses interventions furent décisives.

Mesas eut plus de mal avec Bessonart, qui débuta d'une façon anonyme, mais termina très fort. De plus Mimi fut plus à l'aise devant Bessonnart ailier que devant Bessonnart inter...

Molla manifesta une autorité évidente dans le jeu de tête, mais aussi une confiance que nous ne lui connaissions pas. Ses montées offensives faillirent aboutir à plusieurs reprises. Il fut pour nous l'un des meilleurs marseillais, et il sauva en défense au moins deux situations critiques.

Un bon point à Molla.

Bruneton à mon avis, valut plus par sa volonté de dominer les évènements que par son efficacité proprement dite. Il dut se ressentir de sa blessure de Monaco et puis, deux matches en 48 heures, n'est-ce pas trop pour un garçon de son âge. Mais sa sortie n'en demeure pas moins satisfaisante.

La ligne d'avants manqua d'un animateur. Leonetti et Alauzun furent courageux, mais ne purent jamais arriver à mettre en position idéale leurs avants de pointe.

Si Rustichelli fut, nous l'avons dit, le seul à donner des espérances, Jensen ne put jamais passer Delhaye, ni Sieber. Il se fit prendre bêtement une balle à 1 mètre des buts.

Enfin, Andersson joua les hommes invisibles en première mi-temps, pour effectuer quelque centre anodin en seconde du poste d'ailier gauche...

On voit que tout cela n'est pas bien convaincant...

Béziers, par un petit but...

En face d'une équipe olympienne invertébrée, Béziers ne domina pas les événements, loin de la... Les Héraultais furent plus dangereux, dès que Bessonnart, effacé à l'aile, se mit à effectuer de longue dangereuse ouverture. Une de celles-ci à Bonato permit à l'ailier gauche d'effectuer le centre décisif.

En dehors de cela, Garofalo peu sûr, déçut quelque peu. Les arrières valurent plus par leur courage que par leur valeur propre, qu'il s'agisse de Delhayes, Sieber ou Rodzielski...

Guilcher, demi, énergique, bien hier, rude, à la bonne frappe de balle fut infiniment supérieur au flegmatique Pujol.

Nous avons parlé de Bessonart avec lui Luzi, mobile et décidé donna du mal à la défense marseillaise... Stojaspal est toujours adroit et clairvoyant, mais nous ne pensons pas qu'il soit le messie pour Béziers.

Enfin Tagliagossi et Bonato furent assez réguliers contrés par Ramon et Johansson.

Si nous avions à conclure, et à définir ce que fut la victoire biterroise nous dirons :

Au royaume des aveugles, c'est une équipe borne qui a gagné !

Louis DUPIC

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Michel LUZI : "LS N'ONT PAS DE MORAL, CA SE VOIT"

Le pas lourd, la tête basse, les Olympiens silencieux regagnaient leur vestiaire, accablés par direct l'irréparable vaincu, découragés et pleins d'amertume. Bruneton pleurait. Cet enfant, lancé dans le grand bain au moment où le navire sombre, ne comprend pas, ne s'explique pas le pourquoi de ces défaites successives.

Dans le vestiaire olympien c'est la muette consternation. Dans cette équipe qui vient de subir les derniers outrages (battue chez soi par le dernier du classement), le ressort est cassé.

"Nous avons encore perdu, mais ce n'est pas étonnant, nous dit Domingo. On ne fait pas jouer cinq amateurs dans une équipe en perdition. Je ne peux pas dire que les "purs" ont mal joué aujourd'hui, mais je crois qu'avec un "onze" au complet nous aurions battu Béziers.

Manu Giraud est catastrophé.

"C'est la première fois depuis onze ans que je suis à l'O.M. que l'équipe détient la peu reluisante lanterne rouge".

Jean Robin est bien de cet avis : "La chance nous tourne résolument le dos", laisse-t-il tomber.

Christian Ramon branle la tête : "Ca ne va pas ! Ca ne va pas". Les autres se taisent accablés.

De l'autre côté de la cloison c'est le vestiaire biterrois. On ne peut certes pas dire que l'allégresse y règne, mais l'ambiance est tout de même moins funèbre.

"Nous sommes en plein redressement nous confie Humpal. Ainsi, je ne veux pas être sévère avec mes joueurs. Mais ils ont plus mal joué aujourd'hui que d'habitude. Enfin, voilà quatre points de prix en deux jours. Cela va les encourager, eux qui ne gagnent que le salaire minimum imposé par la ligue".

M. Christophe, vice-président de l'A.S. Béziers, était souriant : "Nous reprenons confiance. Avec nos moyens limités, nous avions mal débuté cette saison. Mais notre public est resté fidèle, et sa constance nous a bien aidés moralement. Avec un peu de chance, nous en sortirons".

Habiller le premier, Michel Luzi l'ex-Olympien, allait de l'un à l'autre en parlant du match. Comme nous lui parlions de l'O.M., il eut une voûte désappointement :

"Ils n'ont pas le moral ça se voit bien ! C'est bien dommage".

Quant à Tagliagossi qui secouait la tête brune sous la douche, il était, lui aussi assez surpris de la mauvaise partie des marseillais. Mais il avait trouvé une excuse :

"Ils étaient très handicapés reconnaissait-il. Il leur manquait les meilleurs. J'espère pour l'O.M. que ça ira mieux très bientôt".

Paroles de compassion que l'on entend un peu trop souvent dans le vestiaire des visiteurs.

Roger DEFLAUX

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François MERCIER : "Ca ne vaut même pas la Deuxième Division"

Régis BRUNETON: "Le benjamin, en a pleuré"

L'ancien un arrière du F.C. de Sète, François Mercier, assis derrière nous suivait le match d'un oeil désabusé.

Et comme quelques secondes avant le coup de sifflet final, nous lui demandions ce qu'il en pensait :

"Je n'en pense rien nous dit-il ! Que voulez-vous penser d'un match comme celui-là ? Ça ne vaut même pas la 2me Division !"

Et l'ex-camarades du regretté René Franques ajoutait :

"Quand on a connu le grand O.M., il est bien triste de voir à Marseille une équipe aussi faible".

Et dans le regard du puissant François, nous avons cru surprendre un regret du passé.

De grosses larmes coulaient sur les joues de Régis Bruneton, tandis qu'il regagnait le vestiaire : des larmes de désespoir des larmes d'impuissance.

Lui le "jeune" qui avait tant rêvé de jouer dans ce team fanion aux côtés de ses idoles, les "grands" au nom prestigieux, voilà qu'on le lance dans la bataille en pleine débâcle...

Pourtant, la volonté ne lui fait pas défaut. Hier, encore, il a lutté de toutes ses forces, de tout son courage, méritant ainsi les quelques applaudissements que le public voulait bien réserver à l'O.M. On le vit défendre avec acharnement, disputer des balles à deux adversaires à la fois, attaquer même, en fin de match, jusqu'à la limite de ses forces.

Il fut ainsi l'un des joueurs les plus volontaires de l'O.M. Peut-être même le plus volontaire.

À la sortie, encouragé par les éternels fidèles du Stade. On entendit quelqu'un lui dire :

"Signe à Reims, Régis. Ne joue plus avec ces "savates".

Espérant pour l'O.M. que Régis ne suivra pas ce mauvais (?) conseil.

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Pepi HUMPAL: "Ne soyez pas sévère !..."

Toujours calme et froid, Pepi Humpal, l'entraîneur biterrois, que nous connûmes à Sochaux puis que nous revîmes à Strasbourg, garde la tête solidement posée sur les épaules, même lorsque son équipe abandonne la dernière passe après deux victoires consécutives, les deux premières de la saison, obtenues à quarante-huit heures d'intervalle !

"Je sais que le jeu a été d'une grande pauvreté, nous disait-il après le match, mais mes "petits joueurs" qui ne gagnent que le minimum imposé par les règlements ne sont pas les premiers responsables..."

Oui, nous avons gagné par 1 but à 0, mais je vous expliquerai mieux et, d'ailleurs il n'y a pas lieu d'illuminer..."

"Je ne comprends pas que l'O.M., soit tombé si bas, car je persiste à dire que si le jeu fut pauvre aujourd'hui, la faute en incombe d'abord à nos adversaires.

"Chez nous, je le répète, à part Stojaspal, il n'y a aucune vedette et notre ambition est, pour cette saison, de nous maintenir en Division Nationale, ce qui sera difficile je le sais, même avec le renfort que constitue Stojaspal et Garofalo.

"Si j'avais les vedettes réunies sous contrat à Marseille, je serais moins inquiet pour notre avenir !"

Ainsi parla hier, Pepi Humpal, vainqueur du jour

 

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