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Résumé Le Provencal

du 17 février 1958

 

L'O.M., marque puis défend âprement son avance

et remporte sur SAINT ETIENNE un match capital (1 à 0)

(Le match par Georges LEOST)

QUAND Saint-Étienne donne le premier coup de pied dans la balle, la foule respire enfin : M. Bois, en libérant les deux équipes ôta un poids aux spectateurs venus là avec la conscience d'assister à un match historique rendu capital par ses conséquences.

Quelques minutes de jeu au milieu du terrain donnèrent bien impression que les 22 acteurs jouèrent une partie décisive, en évitant de s'engager à fond.

On applaudit une belle action de Bruneton, on encouragea N'Jo Lea, sportivement, pour sa finesse de son travail...

Et puis, on nota (5') un essai d'Olekziak.

Le public s'enflamme

A la 8me minute, c'est beaucoup plus sérieux : Wicart stoppe Vescovali au prix d'une intervention litigieuse et les 26.000 présents, comme un seul homme, se dressent pour réclamer - vainement - le penalty.

Six minutes plus tard, sur un dégagement de Wicart dans les pieds de Vescovali, le centre de l'ailier Corse parvient à Curyl, qui, malgré un plongeon d'Abbès, marque.

M. Bois, en refusant le point pour hors-jeu, transforme l'enthousiasme des supporters locaux en véhémentes protestations.

À la 19me minute, sur sa lancée N'Jo Léa, de l'épaule bouscule Predal, possesseur de la balle, et, moins de 60 secondes après, Marcel arrête N'Jo Léa de façon nettement irrégulière...

Le "climat" est créé.

Le rythme du jeu, l'ardeur follement déployée de part et d'autres font le reste.

VESCOVALI marque

Successivement, aux alentours du cap des 30 minutes, Predal lâche le ballon sur shoot de N'Jo Léa, Molla place un heading à côté et Curyl bénéficie d'un coup franc.

À la 43e minute, alors que les spectateurs consultent leurs montres à regret, comme s'ils restaient sur leur faim, Jensen sollicite Vescovali.

Ce dernier, avec la rapidité de l'éclair, décoche un tir croisé du gauche. Abbes plonge, mais sans résultat, et c'est le but, saluer par un vacarme indescriptible.

Sauvetages

Le jeu reprend sur une sur un bolide de Jensen : à côté. L'O.M. n'entend pas en rester là : Curyl échappe à Michel Tylinski, mais centre... derrière.

À la 50me minute, pourtant, Palluch sur sa ligne supplée Predal in extremis.

Après quatre corners shootés par les Foréziens, Prédal sauve, sur shoot de Goujon.

... Tout arrive : à la 67me minute, Andersson bien que claqué, se détend, frappe le "cuir" de la tête. La barre renvoie, il y avait hors-jeu il est vrai...

À la 70me minute, à l'occasion d'une splendide anticipation devant Vescovali, Abbes donne un échantillon de sa classe. Huit minutes encore et en reprenant du pied un tir de Jensen, Abbes se distingue à nouveau.

Une dernière attaque menée par Curyl et Andersson, un ultime corner de Saint-Étienne, et c'est la fin.

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Bon match d'ensemble de l'O.M.

direct en attaque et solide en défense

(Les commentaires de Louis DUPIC)

Les Stéphanois ont subi à Marseille, devant l'O.M., leur deuxième défaite de ce championnat et on peut dire qu'ils auraient mérité vraiment d'y échapper...

Ils connurent en première mi-temps la loi des joueurs marseillais qui jouaient avec beaucoup de détermination et menaient les attaques les plus dangereuses, les plus directes. Si les Olympiens baissèrent le pied en seconde mi-temps et furent malmenés à leur tour, c'est que les champions accélérèrent quelque peu le rythme pour refaire leur retard, mais aussi parce que Gunnar Andersson, victime d'un profond claquage à la cuisse, dut se résigner à jouer les figurants à l'aile gauche, alors qu'il avait jusqu'alors montré beaucoup d'activité, allant jusqu'à disputer, avec succès parfois, des balles de la tête...

Les Marseillais

Cette équipe marseillaise renouvela devant Saint-Étienne la bonne sortie qu'elle avait accomplie devant Alès, et qui nous avait fait faire une restriction en raison de la faiblesse des cévenols.

Hier, Andersson et ses camarades surent encore se créer nombre d'occasions. Deux buts leur furent refusés pour des hors-jeu discutés... et il n'aurait pas fallu grand-chose pour qu'ils soient valables. Mais cela créa une ambiance sud-américaine dans le stade.

Predal eut quelques hésitations ; il fut faible sur les corner en seconde mi-temps, mais sauva son but sur un tir de Goujon.

Gransart mis dans sa poche Nyers, très faible, et qui rata, à deux mètres du but, une occasion en or.

Marcel fut très bon. Il avait pourtant affaire à Njolea, qui est bon technicien, souple, rapide et remuant. Il était seul capable de remonter un adversaire de cette classe, comme ils le firent à plusieurs reprises.

Palluch fut honorable devant Goujon, un client bien difficile lui aussi... et il préserva la victoire marseillaise en suppléant Predal, battu à la 50e minute.

Bruneton et Molla donnèrent satisfaction dans des styles différents. Ils furent tous les deux volontaires et précieux, surtout en défense. Un bon point pour eux !

Amalfi et Jensen renouvelèrent leur dernière sortie : le premier en artiste, et le second en "battant"...

Vescovali et Curyl donnèrent un mal inouï à Wicart, pris de vitesse comme Michel Tylinski qui dut multiplier les irrégularités sur Curyl.

Andersson, en bonne condition, eut plus de mal avec le jeune Herbin, mais il avait plut jusqu'à sa blessure.

Les Stéphanois

A Saint-Étienne, Wicart, Tylinski et Nyers furent le plus souvent dépassés par les événements.

Abbes fut très bon, tout comme le junior Herbin, qui a une classe et un sang-froid exceptionnels.

Domingo et Peyroche, avec Mekloufi à court de forme et le grand pourvoyeur Oleksiak, firent souvent la loi au milieu du terrain, dont ils furent maîtres en deuxième mi-temps ; Goujon et Njolea sont de bien beaux joueurs, mais ce n'est pas leur jour de réussite.

En somme, un match fertile en situations dangereuses, en incidents, en émotions... en somme tout ce qu'il faut pour faire vibrer 26.000 personnes. Mais les Stéphanois doivent regretter le petit mais grand Rijvers.

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LA VOLONTE N'A PAS D'AGE

Par Lucien D'APO

On vous dira encore que le public marseillais à la rancune tenace. On vous dira aussi qu'il accorde difficilement son pardon. N'en croyez rien. Cette fois, il est pris en flagrant délit. Cette fois, il ne peut plus rien cacher de cet amour immodéré qu'il a pour "son Olympique". En quinze jours - le temps de deux victoires - il a fait table rase de toutes ces critiques de ses rancoeurs, de ses déceptions et de l'ire furieuse qu'il le congestionne jusqu'ici.

C'est un public bon enfant, en sucre fondant. Il a vite la larme à l'oeil et son enthousiasme éclate avec autant de promptitude que sa colère explose avec, virulence. Et il avoue ses faiblesses, un sourire sur les lèvres, quand tout va bien.

Ainsi est ce public marseillais, dans la vie duquel l'O.M. entre pour un large part. Il peut tout donner et tout refuser. Mais en fait, ces périodes de révolte ne sont que des attitudes, rien de profond, rien de définitif. La part de l'O.M. est bien fixé dans le coeur des Marseillais.

Mais que ce petit couple sentimental ne nous laisse pas passer sous silence la moralité de cette seconde et éloquente aventure. On en vient à mesurer toute la culpabilité des héros d'hier, et à rétrécir en quelque sorte le long tissu de compliments tressés depuis la fin du match.

Comment peuvent-ils expliquer aujourd'hui leur longue passivité des mois passés ? Comment peuvent-ils expliquer, si ce n'est pas un aveu de taille, le grave renoncement qui présida les heures sombres ? EUX, QUI EN DEUX MATCHES VIENNENT DE NOUS ADMINISTRER LA PREUVE QU'ILS SAVENT AUSSI BIEN JOUER AU FOOTBALL ET QUI PEUVENT ARRACHER À LEUR CORPS TOUTE L'ÉNERGIE QU'IL CONTIENT.

En établissant le rapport, ils méritent tout un blâme. Mais nous n'aurons pas le coeur à le faire, tant il est vrai que faute avoué est à moitié pardonnée.

Souhaitons simplement que les onze continuent sur le chemin de la conscience professionnelle retrouvée.

Et parlons, si vous le voulez bien, de Jean-Jacques Marcel. Lui qui aura peut-être mit quelques années à trouver sa voie. Elle passe sur celle d'avant-centre au point même où les techniciens ont fixé ce qu'il a appelé le policeman. Marcel a d'abord rué dans les brancards. Les critiques, le palissement de son étoile l'avaient atteint. Alors il a réappris à se battre, et à cette place ou toutes ses qualités d'anticipation et de réflexes extériorisent. Il scintille maintenant comme jamais, peut-être. Ou nous nous trompons fort, ou Marcel sera un jour prochain le successeur de Jonquet, à ce poste qui n'avait même pas envisagé lui-même.

Ceci dit, nous ne devrions pas faire - pour suivre un principe, faux du reste - des cas particuliers. TANT IL EST VRAI QUE CET ENSEMBLE OLYMPIEN A ETE HIER A LA HAUTEUR DE SON PASSE ET DE SON PRESTIGE.

Remarquez que l'on ne parle plus d'équipe vieille et blasée. C'est pourtant la même, ou presque, mais avec la petite différence contenue dans cette courte phrase : " La volonté n'a pas d'âge".

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ENCORE UN BUT

Qui vaut deux points

(Ce qu'ils ont dit à Jean PEYRACHE)

Deux fois 1 but à 0 et deux fois 2 points en une semaine !

La vapeur est-elle renversée ?

L'O.M. a infligé à Saint-Étienne sa deuxième défaite de la saison et enregistrée du même coup une quatrième victoire beaucoup plus significative que la troisième vieille à peine du dimanche précédent.

Inutile de préciser qu'au terme des 90 minutes, les héros étaient fatigués !

Dans un coin du vestiaire, séchant ses larmes, M. Zaraya se contenta de nous dire :

"Je crois bien que cette fois nous tenons le bon bout et pourtant nous n'avons pas fini à onze... mais c'est égal voilà encore un but qui vaut deux points !"

Pour M. Zilizzi, le passage à vide de la fin du match n'est pas alarmant :

"Vous verrez que nous arriverons à faire de Vescovali et de Bruneton d'indiscutables titulaires".

Jean-Jacques Marcel était évidemment radieux comme tout le monde avec une seule restriction :

"Je n'aime pas jouer arrière central.. On y est esclave de trop strictes consignes...". Comme nous comprenons l'impétueux Brignolais !

Bruneton : "Le match s'est joué très vite et les Stéphanois ont fait le forcing pour nous rejoindre à la marque. Je ne pense pas avoir déçu. Quelle ambiance aujourd'hui, en comparaison de celle qui régnait après le match contre Béziers !"

Palluch : "Je suis maintenant entièrement dans le bain et j'ai la conviction que nous nous sauverons".

Amalfi : "Saint-Étienne est une belle équipe qui nous a bousculé dans la dernière demi-heure mais n'était-ce pas son rôle ? Elle était menée au score et éprouvait un impérieux besoin d'égaliser..."

Andersson : "Mon premier but de la tête n'était pas hors-jeu. Dommage que je me sois claqué car j'étais aussi frais en deuxième mi-temps qu'en première. Quel plaisir de jouer quand on sent que ça tourne rond autour de soi. Vous avez vu le petit Bruneton ?"

Le vestiaire d'Olympiens était hier un lieu pour "gens qui rit..."

Souhaitons leur que dure la fête... pour notre plus grande satisfaction aussi.

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Jean SNELLA

"MATCH INDECIS JUSQU'AU BOUT !"

"Comme je vous le disais samedi soir, ce fut un match disputé avec acharnement par les deux équipes qui, pour des raisons différentes, avaient besoin des deux points de l'enjeu.

"Si les Marseillais avaient toujours joué comme cela, ils ne seraient pas menacés. Je pense que ce match fut intéressant pour le public.

"Mais ces arbitres, ils sont tous les mêmes... Ils font des observations aux joueurs pour n'en pas tenir compte enfin d'une partie qu'ils écourtent...

"Nous pouvions tout aussi bien enlever cette rencontre ou obtenir le nul ! Tout le monde s'est engagé et Andersson se claquait pour avoir lutté jusqu'à la limite de ses forces..."

 

 

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