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Résumé Le Provencal

du 24 mars 1958

 

Nos envoyés spéciaux ont vu les Marseillais rater le k.o.

après avoir été dominés territorialement

BEZIERS - O.M. : pas de verdict (0-0)

Le match a été joué sur un ton élevé

mais sans excès de virilité

(Par Louis DUPIC)

BEZIERS (par téléphone) - C'est sous un ciel gris et bas que Biterrois et Marseillais ont disputé ce match de la dernière chance, et il y avait un coquin de petit vent qui soufflait sur Sauclières et qui n'était pas chaud du tout... Mais les quelques centaines de supporters marseillais qui avaient fait le déplacement se chargèrent vite de mettre un peu de chaleur dans les relations provenco-languedociennes.

BEZIERS : vent en poupe !

Béziers gagna le toss et s'adossa au vent, ce qui lui permit de prendre, au cours des quarante-cinq premières minutes, un avantage territorial assez net sur son adversaire. Il fallut attendre la 8me minute pour voir Garofalo toucher la balle pour la première fois, Cueillant une passe trop longue de Jensen. Entre-temps, Luzi, Tagliagossi, Amara, Stojaspal et Bonato c'est-à-dire tous les avants locaux, avaient taquiné la sûre défense olympienne par des centres ou des tirs plus ou moins heureux. Mais on remarquait déjà les très bonnes dispositions du carré magique marseillais qui faisait de la bonne besogne, Leonetti en particulier.

À la 16me minute, Jean-Louis réalisa une magnifique ouverture de la tête de Curyl, mais Garofalo le captait de justesse. La rude défense biterroise, émue, durcissait son jeu et Grobarcik descendait proprement Curyl.

L'O.M. rate sa chance...

À la 30me minute, Vescovali passait Sieber et réussissait un bon centre. Garofalo s'élançait mais raté son interception, et la balle retombée derrière lui, sur la poitrine de Curyl, surpris, qui, dans une position très difficile, ne pouvait faire mieux qu'envoyer la balle sur le montant.

Immédiatement après, Jensen traversait la défense biterroise, mais était fauché par Grobarcik au moment de tirer...

Dans les dernières minutes Béziers portait son avantage platonique deux corners à 4 à 1, grâce à des actions de Bonato, son meilleur avant.

À la 40e minute, un départ manquait de Marcel prêt de son but créé une situation très dangereuse... et l'on arrivait au repos avec l'impression que l'O.M. s'en était bien tiré.

puis malmènent les Biterrois...

Dès le coup d'envoi du second half, Curyl "oubliait" Delhaye et plaçait un tir terrible, dévié malaisément en corner par Garofalo.

Tout de suite après, c'est Gunnar Andersson qui tirait à bout portant sur le gardien biterrois.

À la 4me minute, une action conjuguée Amalfi - Vescovali forçait Rodzielski à concéder un corner qui, bien tiré par Amalfi forçait Garofalo à en accorder un autre.

La flambée marseillaise était interrompue à la 22e minute, par Bonato, qui passait Gransart et centrait au cordeau sur la tête de Tagliagossi. Marcel Domingo ne pouvait qu'envoyer la balle sur la transversale et de la en corner. Le même Tagliagossi en obtenait un autre à la 19me minute, puis Leonetti, qui avait peu avant décocher à Garofalo un tir terrible de 30 mètres, était contraint de faucher Bonato très dangereux.

L'O.M., chez qui Andersson tirait la jambe, baissait nettement de pied et était dominé... Mais aussi que cela se produit fort souvent en pareil cas, les marseillais, tout en étant malmené passèrent de fois à un cheveu de la victoire.

À la 28e minute, Amalfi se débarrassait tour à tour de plusieurs adversaires de sa façon inimitable et expédie dans le camp adverse très dégarni une balle sur laquelle Andersson Curyl sont les premiers.

Hélas, Gunnar, le plus mal placé, tente sa chance et un fallacieux rebond lui fait manquer son tir.

Trois minutes plus tard, c'est Jensen qui, sur la gauche, passe irrésistiblement Delhaye, qui le retient par le bras !

Béziers fait le forcing. Luzi, Amara, Stojaspal construisent l'un des meilleurs mouvements du match à la 37e minute, mais Luzi tire au-dessus. Une minute plus tard, le même Luzi voit son tir arrêté par Domingo après un joli travail d'Amara.

Il est temps pour les Marseillais que le match finisse. Amara part sur la droite, centre très haut. Tagliagossi, Domingo sautent vers la balle... qui roule dans les filets. Mais M. Lequesne, bon arbitre du match avait sifflet hors-jeu du Biterrois pendant la trajectoire. Les Biterrois protestent violemment, en vain.

Le temps pour les supporter des deux camps de commenter bruyamment l'événement et c'est la fin.

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LE FOOTBALL

mis en pièces

par LUCIEN D'APO

TOUJOURS passionnant, quelquefois émouvant, viril mais correct, âpre mais sans art, ce match fut tout cela. Le seul regret qu'il laissera pour l'observateur sans amour particulier tient dans l'indigence de son football. La prévision se confirmait au fil des minutes. On ne peut pas extérioriser ses talents l'âme en paix. Or, pour l'O.M. et pour Béziers, il y va toujours de leur existence. Leurs préoccupations dépassaient hier, ce stade de la recherche, du bon travail, du "cousu main".

Il s'agissait de deux points, à arracher à tout prix. C'était là une rencontre trop importante, trop décisive pour que le jeu ne soit pas sacrifié sur l'autel de l'enjeu.

Et c'est ainsi que l'on vit pendant quatre-vingt-dix minutes, deux équipes qui dépeçaient le véritable football pour ne nous en donner quelquefois qu'une simple caricature. Et pourtant, ce match nous priva de la seconde qui nous permet d'allumer une cigarette. Le va-et-vient de cette balle roulant parfois à sa guise sur ce terrain fait de trous et de bosses, rassurait et inquiétait tour à tour.

Donc, du football, point. Ou si peu. Mais, par contre, qu'elle match à sensation ; quel suspense ; ce tir d'Amara que l'impavide Domingo détourna en corner, ce boulet de canon rougit au feu de la violence que Leonetti décocha vers Garofalo pour lui faire connaître tous les tourments, cette autre balle manquée d'un fil par Curyl et ce shoot d'Andersson que l'on voyait déjà agiter les ficelles, tout cela pouvait constituer le drame pour les uns, l'explosion de joie pour les autres. Malgré toute leur volonté, aucun des avants ne put lancer dans ce baril de poudre que constituer Sauclières, la flamme qui l'aurait fait crépiter puis sauter.

Un but, un seul but de part ou d'autre aurait changé la face des choses, la suite du championnat et partant, la vie sportive de l'une ou de l'autre cité.

Des centaines de Marseillais étaient venues pour pouvoir témoigner de ce match phare, des milliers de Biterrois étaient là pour entourer les leurs. Dans la tribune, comme sur le stade, c'était la fraternité d'armes. C'était la Provence et le Languedoc qui s'affrontaient pour vider une fois encore une vieille rivalité sportive que Sète entretint si longtemps.

Oui, c'était ça, par-dessus la bataille du championnat, par-dessus le côté financier que représente la compétition et ses suites.

Béziers prompt usant à excès d'un courage quasi extraordinaire, domina la première mi-temps. L'O.M. au football quand même plus étudié, tout aussi volontaire, imposa sa manière en seconde mi-temps. Le vent favorisa les hommes de Humpal en première mi-temps, puis ceux de Zilizzi dans la seconde partie du jeu. Les attaques de Béziers furent plus fréquentes ; celles de l'O.M. plus dangereuses. Les avants olympiens eurent la marque à cinq reprises au bout du pied. Mais, ni Domingo ni Garofalo ne furent battus. Le tableau d'affichage restait vierge... et l'eau à la bouche des supporters.

L'O.M. a pourtant trouvé à Béziers, dans ce match d'exception, son grand joueur de demain ; Jean-Louis Leonetti, dont l'audace et la solidarité ont augmenté avec le bagage technique. Son match fut un éclat permanent.

Avec lui, Jean-Jacques Marcel, dans les productions au poste de demi centre sont maintenant d'une garantie à toute épreuve. Et Amalfi ? Yeso, dont on craignait les réticences pour le jeu sévère, a été le premier à affronter les chocs, et dans cette manière très particulière, qui s'est montré digne de son nom.

Enfin, nous noterons, Gransart qui avait un ailier difficile à contenir en la présence de Bonato ; puis, Curyl entreprenants, vif et dont le grand mérite fut d'essayer d'imposer plus de clarté dans la production de sa ligne d'avants. Leurs coéquipiers ont joué vaillamment, mais c'est surtout, ce trio, Molla - Marcel - Leonetti qu'il faut rendre responsable de ce bon résultat si l'on veut bien admettre que l'O.M. ne pouvait décemment être considéré comme le favori.

Mais il était écrit que le destin des "relégués" du championnat ne se jouait pas à Béziers.

Ce sera peut-être à Lyon ou ailleurs.

Pas de pitié pour les cardiaques !

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Jean-Louis LEONETTI, technicien et athlète

incontestable no1 olympien...

On ne pouvait raisonnement demander au 16me et 17me de classement, jouant un match capital, de pratiquer l'art pour l'art et de sacrifier l'efficacité à la précocité... Aussi, hier à Sauclières, ne vit-on que le minimum de classicisme, le plaisir des yeux nous étant offert par le "jump" de Marcel, la technique solide et sure de Leonetti, celle plus précieuse de Yeso Amalfi ou de Stojaspal et les déboulés de Curyl ou de Bonato...

Mais, en revanche, quelle débauche d'efforts, qu'elle dépense énergie... Les joueurs de Béziers et de l'O.M. avaient hier un travail d'hommes à accomplir, ils avaient à s'efforcer de sauver leurs clubs respectifs, et Dieu sait s'ils s'y sont employés !

S'il n'y avait pas que des artistes, sur la pelouse pelée et raboteuse des Sauclières, il n'y avait pas de tire-au-flanc...

Jouer dans des conditions pareilles, la rencontre fut une vraie fête du courage, et non pas une corrida, malgré les velléités démontrées par le blond demi local Grobarcik, qui fut d'ailleurs, le meilleur élément d'une simple et rude défense biterroise. Avec lui, sont à citer : l'ailier gauche Bonato et ses camarades Luzi, Amara et Stojaspal pour leur excellente dernière demi-heure de jeu.

Telle est cette équipe languedocienne : une défense coriace et une attaque qui fait ce qu'elle peut - et qui n'est pas mal - en dehors du tir...

À Leonetti, le numéro un.

En ce qui concerne les Olympiens, disons tout de suite qu'ils furent désavantagés par l'état lamentable de la "pelouse" de Sauclières.

Jean-Louis Leonetti fut pour nous le meilleur homme sur le terrain. Sa production fut impeccable. Sa technique et son cran lui permirent d'être aussi bien défenseur intraitable qu'attaquant clairvoyant. Ce garçon de 20 ans fut, avec un surprenant Yeso Amalfi, le meneur de jeu de l'O.M. Au sujet de Yeso nous devons faire amende honorable. L'élégant virtuose lutta avec autant de cran qu'un quelconque "gregario" et fit son meilleur match sous le maillot blanc. Après ce qu'on lui a vu faire à Béziers, on va maintenant exiger beaucoup de lui...

Il devient fastidieux de répéter que J.J. Marcel est un arrière central hors de pair. Il ne laissa aucune chance au pauvre Tagliagossi.

Gransart, qui avait à faire à Bonato, lui livra un rude combat au cours duquel il eut le plus souvent l'avantage. Maurice est redevenu l'un des tout meilleurs arrières français.

Les deux Jean, Palluch et Molla échappent à la critique. Leur action fut soutenue et efficace celle du second surtout au jeu de tête excellent.

La ligne d'attaque, qui n'a pas réussi à marquer, ne mérite pas les mêmes éloges que la défense qui préserva ses filets d'un bout à l'autre de la rencontre. La rentrée d'Andersson était prématurée, si l'on considère l'âpreté de la lutte. Jensen très actif lutteur extraordinaire, ne réussit pas toujours dans ses entreprises, tandis que Vescovali, lui aussi plein de bonne volonté, ne parvenait jamais à faire la décision.

Avec Amalfi, Curyl, hargneux, incisif, décidé, bagarreur et insaisissable, fut le meilleur attaquant et il fit passer un mauvais après-midi à Delhaye.

Ses efforts auraient mérité d'être couronnés d'un but. Mais le blâme que l'on peut faire à ce compartiment offensif, c'est de n'avoir été qu'inquiétant, de ne pas avoir dominé la situation.

Louis DUPIC

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ZILIZZI : "Nous avons manqué

deux occasions. C'est impardonnable"

BEZIERS (Par téléphone) - "Regarder mes fesses, elles sont bleues. Si nous n'avons pas répondu à chaque action appuyer de nos adversaires, nous n'en étions pour les frais. Mais je vous l'assure, un point gagné ici en vaut deux ailleurs."

C'est Stan Curyl qui parle ainsi sous la douche, sur le ton haut qu'on lui connaît.

M. Zilizzi, assis à ses côtés, le regarde. Il est aussi calme qu'à l'accoutumée. Puis il nous glisse : "Nous devions gagner ce match je sais qu'il n'y a pas eu de football, mais ce sont les buts marqués qui comptent. Nous avons manqué deux occasions. Impardonnable."

M. Zaraya, lui, n'est pas abattu. On le dirait même satisfait. "J'aurais préféré un point de plus. Ils ont pourtant fait le maximum. Leonetti très bien. Je suis content d'Amalfi".

Mais ce que M. Zaraya de ne pas dire, nous le devinons : il pense qu'après ce match que l'O.M. sauvera sa place en Division Nationale.

Gransart a eu un adversaire difficile. Domingo répond pour son l'arrière : "Maurice l'a remarquablement tenu. C'était lui le plus dangereux". (entente, Bonato).

Andersson, Molla et Jensen se plaignent de l'état du terrain, vraiment d'effectuer. "Nos adversaires, eux, le connaissent c'est différent."

"Amara a été le meilleur attaquant", nous dit Molla et je crois que le résultat pouvait tourner en notre faveur".

Quant à Marcel, il s'insurge : "J'en ai assez de jouer demi-centre. Je suis obligé de me retenir, je ne cours pas assez. Regardez, mon maillot est sec. Ça n'est plus rigolo.

"Le match ? Ah ! oui, un point c'est toujours ça, mais ce n'est pas assez, mais avouez que les Olympiens savent serrer les dents.

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HUMPAL

et les BITERROIS

MECONTENTS...

On sait qu'à une minute de la fin, l'arbitre, M. Lequesne, refusa un but aux Biterrois pour faute de Tagliagossi. L'intéressé jurait ses grands Dieux qu'il n'était pas hors-jeu et qu'il n'avait commis aucune faute : "Je n'ai pas touché Domingo et je n'étais pas hors-jeu au départ !"

"Mais si, tu l'étais de quelques mètres !" Lui rétorquait son camarade Bonato et l'ex-gardien titulaire James, Pepi Humpal, d'ordinaire très courtois, était déchaîné.

"Qu'à-t-il sifflé cet arbitre ? Marius arrivait de derrière les arrières de marseillais. Ce but était parfaitement valable !"

Amara regrettait : "Nous n'avons pas eu de chance ! Tandis que Rodieski, très amère du répondait : "Est-ce qu'il y a eu un dimanche où on a eu de la chance ?"

En bref, tous Ces Biterrois semblaient désolés de n'avoir pu saisir leur chance, ce qui me n'étonnera personne.

Garofalo estimait que Curyl ne pouvait pas marquer, à la 30me minute, sur le centre de Vescovali qu'il laissa échapper...

Si cela peut consoler Stani... nous voulons bien !

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L'ARBITRE

au tableau d'honneur

L'arbitrage de M. Lequesne a été excellent. Le directeur de jeu a su maîtriser l'ardeur des deux équipes. Les choses auraient pu mal tourner sans l'autorité de M. Lequesne qui siffla à bon escient et sans erreurs.

L'arbitre, ce galeux, ce pelé et aujourd'hui un des meilleurs acteurs du match. Cela méritait d'être dit.

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Les deux occasions

manquées

35me MINUTE : Centre de Vescovali. Garofalo se précipite, manque la réception, lâche la balle derrière lui. Curyl accourt, pousse la balle avec la poitrine... mais trop loin, jusqu'à la ligne de but, au pied du poteau. Les Biterrois accourent, Curyl n'a pas le temps de redresser la balle et de l'envoyer dans les buts.

73me MINUTE : Andersson et Curyl partent avec la balle. Andersson, à gauche, shoote... sur Garofalo à bout portant. Curyl était au seul au centre. Il n'y avait plus d'adversaires.

 

 

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