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Résumé Le Provencal

du 14 avril 1958

 

Mené par 2 à 0, l'O.M. se déchaîne

égalise, puis triomphe

du R.C. de LENS (3-2)

(Compte rendu de Georges LEOST)

Quand, cinq minutes après la reprise des opérations, Théo, de 30 mètres, plaça un tir puissant et soudain qui trouva, sous la barre, le chemin des filets de Predal, pantois, et obtint le second but Lensois, on n'eut pas donné cher des chances locales.

Quelques minutes pour encaisser ce rude coup et l'O.M. refit son retard par Molla et Jensen avant de gagner, à 6 minutes de la fin, sur un heading précieux du premier nommé.

Manque de réussite

olympienne et buts lensois

Dès la 4me minute d'un match qui avait débuté sous un ciel menaçant, Andersson reprit de la tête (mais oui !) un centre de Jensen. Il semblait avoir battu Sowinski surpris lorsque le poteau renvoya.

À la 24me minute cette fois, Yeso Amalfi évita trois adversaires et, au terme d'une course parallèle aux buts de Sowinski déclencha un tir qui ne demandait qu'à faire mouche mais que le poteau repoussa encore.

Et si Predal (à la 6me minute) avait eu un réflexe étonnant pour détourner au-dessus de la barre une reprise de Stievenard alerte par Courtin, Sowinski du (à la 15me minute) prendre quelques risques en se jetant dans les pieds de Curyl, parti avec décision.

À la 10me minute, même Kowal avait sauvé Sowinski...

À la 32me minute, Wisnieski, une fois de plus mystifia Palluch, servit Théo, lequel s'empressa de solliciter Courtin, qui ne laissa aucune chance à Predal. La phase avait été anodine puis brutale.

À la 50me minute, Théo réalisa l'exploit dans nous avons déjà parlé.

L'affaire paraissait être entendue ; les Olympiens, boudés par la réussite, ne semblaient nullement capable de se reprendre.

Quelques minutes durant et donnèrent l'impression d'avoir irrémédiablement perdu : après deux headings de Molla et Curyl (57') on nota une belle action de Predal, détournant un shoot de Wisnieski à la limite de ses 18 mètres, mais aussi un tir d'Andersson renvoyé par le montant (62').

Molla et Jensen

font mouche !

Après un nouvel exploit de Predal sur essai de Placzek, l'O.M. se réveilla et passa la surmultipliée. Farouchement, désespérément.

À la 61me minute, ainsi, Rustichelli obtient de Kowal un corner. Il le shoota lui-même et, alors que Marcel accourait, attirant l'attention des défenseurs nordistes, Molla, calmement, catapulta la sphère de la tête, hors de portée de Sowinski.

Quatre minutes plus tard tandis que, portés par la foule, les Marseillais commencèrent à croire à leurs chances, Rustichelli, partie du milieu de du terrain, s'infiltra dans le réseau artésien, l'ailier droit crocheta vers le centre et ouvrir en direction de la cage de Sowinski.

C'était suffisant pour permettre à Jensen de reprendre la balle comme à l'entraînement, et de la loger dans les filets.

L'espoir renaissait...

Tête de Molla

L'espoir renaissait et les Phocéens appuyaient leurs actions, redoublaient d'efforts, trouvaient sans cesse de nouvelles ressources. À la 67me minute pourtant, Predal, remarquable, du faire appel à toutes ses qualités pour contenir Wisnieski échappé à Palluch.

Mais Amalfi plaça un bolide au ras de la barre (71') et Rustichelli puis Leonetti (75') shootèrent à côté.

On apprécia une sortie opportune de Sowinski au devant de Rustichelli (77') et un tir lourd mais lointain de Leonetti (81') et on pensait que les choses en resteraient là quand Rustichelli bénéficiaire d'un coup franc concédé par Zimzak donna encore superbement à Molla.

De la tête, le demi marseillais offrait aux siens un succès que l'on attendait plus.

Il restait six minutes à jouer.

Elles ne permirent à Lens de mettre en doute une victoire acquise à force d'énergie.

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Si les MARSEILLAIS avaient

toujours joué ainsi

L'O.M., indiscutablement, a reconquis son public au moment ou on n'y comptait plus.

Il a fallu un retard de deux buts pour assister à ce réveil aussi brutale que totale.

On parlera cette semaine de cette débauche d'efforts, débauche bien sympathique et tellement payante que l'on se prend à regretter que les Phocéens n'aient pas toujours joué avec la même détermination.

À Lyon, par exemple...

Longtemps, trop longtemps, les locaux attendirent. Puis ils se ruèrent à l'assaut des buts de Sowinski avec un méritoire acharnement.

Applaudissons-les d'avoir réussi (en n'ayant garde d'oublier leur malchance du premier half) mais mettons-les en garde contre un excès de confiance qui, dès dimanches, à Paris pourrait leur être néfaste.

Il y a lieu de noter, en effet, que Molla profita d'un corner puis d'un coup franc de Rustichelli pour réaliser, de la tête, deux des trois buts.

Il ne s'agissait donc pas de réelles phases...

En étudiant le comportement des joueurs, il est difficile de dissocier les composants d'un team courageux à l'extrême et qui valut, lorsqu'il réalisa le danger couru, surtout par la foi manifestée et par le jeu d'ensemble.

On citera pourtant Predal, Marcel, Molla (pour ces deux headings), Rustichelli (excellent en deuxième mi-temps et aide précieux de Molla), ainsi qu'Amalfi (qui évolua plus en pointe qu'à l'ordinaire).

À Lens, Fiori, Kowal, Wisnieski et Théo ressortirent d'une équipe qui parut lourde et incapable de changer de rythme.

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ANDERSSON : "Ah ! Cette poisse..."

cru que tout était perdu. C'eut été injuste car, à la mi-temps, nous aurions pu mener nettement sans ce manque de réussite qui fit échouer Andersson et Amalfi.

Marcel reconnaissait :

"Si nous avions toujours joué ainsi, nous n'en serions pas là. Nous revenions de loin. Et pourtant notre victoire ne souffre d'aucune critique".

Predal concéder :

"Théo, sur son but, m'a surpris par sa soudaineté et sa violence. Autrement j'ai fait de mon mieux".

Molla, heureux, répétait à qui voulait l'entendre :

"Marquer deux buts, c'est presque trop pour moi... Ce n'est qu'en suivant toutes les balles que l'on peut exploiter au maximum les occasions qui se créent. J'ai eu de la chance, peut-être. Mais en première mi-temps se sort ne nous ont pas gâtés.

Andersson, silencieux, laissait tomber :

"J'aurais effectué une rentrée plus remarquer sans cette poisse..."

C'est vrai, Gunnar n'eut aucun cadeau avec ses deux balles sur le poteau.

Rustichelli résumait ainsi les événements :

"Les joueurs de Joseph Zilizzi (toujours aussi peu bavard) portaient dans les vestiaires, les traces de leur impressionnant rush vers la victoire.

Tandis qu'ils reprenaient leur souffle et échangèrent les idées d'après match M. Zaraya détendu (après quelques émotions) tirait en ces termes la leçon d'une journée qui faillit tourner à la catastrophe :

"Ces deux points n'ont pas été volés. Quand Théo scora pour la seconde fois j'ai bien

"Je reviens en forme j'ai trouvé le front de Molla sur ma route à deux reprises j'en ai profité.

Curyl toujours aussi gagneur concluait :

"Il faut se battre. C'est en luttant que nous l'on sortira de l'ornière. Que chacun se persuade de cette vérité et l'O.M. gagnera sa place en 1re Division

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LA PEUR DE L'ENFER

par Lucien D'APO

CERTES, L'épée de Damoclès pend toujours au-dessus des onze et quelques têtes de l'Olympique de Marseille. Mais depuis hier en fin d'après-midi, on a l'impression que ce fil de la vie tiendra jusqu'au jour du 11 mai, date extrême d'une aventure tumultueuse et affolante, qui dure depuis neuf mois.

Ce revirement d'un match perdu après cinquante minutes de jeu, et gagné au trille final dans un ouragan de joie, nous invite à espérer. Il nous invite aussi à mesurer toute la culpabilité de cette équipe qui, par deux ou trois fois dans le courant de la saison, aurait pu triompher de cette adversité trop longtemps prétextée.

Et pourtant, ce succès d'hier n'est pas un miracle. Ce n'est même pas un exploit. C'est le résultat logique de la juste récompense qui sanctionne un débat dans lequel O.M. engagea toute sa bravoure et de l'audace de ses vingt ans. Car les onze hommes qui arrachèrent à leur corps toutes ses ressources ont joué hier au-dessus de leur rythme habituel. Ils ont abattu le spectre de l'indolence pour ne plus être suivis. La peur de cet enfer qu'est la Seconde Division, la perspective de voir le fragile édifice de leur prestige s'écrouler définitivement, les ont poussés, entraînés vers cette fin de match qui fit craquer le stade dans un feu d'artifice.

La chance ne les avait pas favorisés durant la première mi-temps. Ces tirs d'Andersson plaquant sur la barre avec ceux d'Amalfi, étaient un avertissement solennel. Une raison de plus pour ne pas plier sous le joug sous lequel le championnat place des équipes sans âme et sans coeur.

Les événements étaient favorables à Lens. Le premier but de Courtin, splendide, fut sans appel. Celui de Théo ricochant sur la barre dans les meilleures conditions pouvait connaître le même sort que le premier tir d'Andersson. Deux buts n'en étaient pas moins dans la cage de Predal.

Lens avec conduit le meilleur football au centre du terrain dans le jeu d'approche. L'O.M. avait été moins élégant peut-être, mais plus hardi et constantes devant ses buts.

On crut, à la 50me minute, après le tir vainqueur de Théo que le découragement allait s'emparer des hommes à la casaque blanche.

Ce ne fut vrai qu'un petit moment, un tout petit moment.

Le temps pour le public en or du stade de libérer toutes ses vieilles colères, de rejeter ses rancunes passées et de lancer à "ses joueurs" à "son équipe" le plus émouvant message affection. Des treize mille poitrines, un seul cri. C'était l'appel désespéré, l'encouragement de toute une foule que l'on sentait atteinte en plein coeur et qui, dès lors, allait porter sur les ailes de la foi, son équipe transformée, ragaillardie, comme électrisée par la volonté populaire. Et l'étonnante histoire de ce match prit un autre cours. Elle inscrivit un second épisode pathétique avec les rushes de Rustichelli, la ténacité de Jensen, et ces deux coups de tête de Molla, agitant les filets dans un indescriptible enthousiasme.

Une sorte de fureur collective ; celle que ce public marseillais tient en réserve depuis des mois à l'intention de cette équipe qu'il considère comme un enfant égaré, les plus comme un enfant perdu.

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Michlowsky furieux

Karel Michlowsky, L'entraîneur lensois, que l'on avait vu s'agiter sur son banc du bord de la touche, tandis que les Marseillais amorçaient leur redressement, ne mâchait pas ses mots à l'issue de la défaite de ses poulains :

"Il n'est pas permis de perdre ainsi un match qui ne nous a pas surpris, puisque nous savions dans quelles dispositions les locaux aborderaient. J'estime que l'arbitre a favorisé l'O.M. Mais cela n'explique pas la perte des deux points à notre portée".

C'était aussi l'avis du technicien Théo :

"Nous avons sombré dans la facilité. Après l'égalisation, nous n'avons pu retrouver notre rythme du début. Devant des adversaires déchaînés, ce qui devait arriver, arriva..."

 

 

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