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Résumé Le Provencal

du 01 décembre 1958

 

L'O.M. ne sortit ses griffes qu'en 2me mi-temps

laissant à REIMS une étroite victoire (2-1)

PIANTONI a battu LEONETI... et l'O.M.

Après deux tirs du gauche à un...

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

Reims baignait dans une atmosphère humide de fin automne ou de début d'hiver.

Horizon borné, ciel gris et puis fine.

Cela n'était pas fait pour donner des ailes aux Marseillais qui dès le début laissèrent l'initiative des opérations aux locaux, tout de bleu vêtus.

Dès la quatrième minute, Fontaine lancé par Leblond contraignait Fischbach à un bel arrêt... Et le même attaquant, peu après, échouait de justesse de la tête, sur service de Penverne.

A la 10me minute, après avoir obtenu un corner, Vncent échappait à Gransart et tirait vivement en coin après avoir mimé le centre, Fischbach plongeait et arrêtait bien.

Cela commençait mal pour l'O.M., qui semblait gêné par le froid et le terrain gras et qui ne devait sortir de sa coquille qu'à la 13me minute ou un échange de balle entre Touré et Leonetti voyait Jean-Louis rater l'une des rares occasions marseillaises de marquer, par manque de conviction.

Norbert Eschman devait peu après (19me minute) adresser à Colonna de 20 mètres un excellent ras de terre que le gardien national mettait en corner en plongeant.

PIANTONI frappe

une première fois

Alors que l'O.M., semblait trouver son équilibre, une offensive classique en triangle commençait par Penverne et relayée par Fontaine était achevée par Piantoni dont le tir du gauche à ras du sol ne laissait aucune chance à Fischbach. Ceci à la 21e minute.

Les trois Rémois étaient passés sans coup férir à travers la défense olympienne.

Vincent obtenait un troisième corner peu après et Reims menait le bal avec élégance.

Et récidive bientôt...

Sur une poussée de l'attaque champenoise, Gransart dégageait in extremis en retourné.

La balle était récupérée par Piantoni dont le tir du gauche eut lieu de 20 mètres. Après avoir frappé le dessous la transversale, Fischbach ne pouvait rien.

Nous étions à la 34e minute et la cause semblait entendue. Tillon avait permuté avec Touré. Gransart avait concédé un quatrième corner à Vincent. Mais à 40me minute, un demi raté de Rodzik avait laissé à Vescovali une balle que celui-ci envoya... dans les nuages.

Et il s'en fallut d'un rien que Reims n'aggravât la marque, quand Piantoni et Fontaine "grillèrent" la défense marseillaise qui supportait tout le poids du match, mais n'obtinrent qu'un cinquième corner devant Fischbach.

Au repos, chacun pensait que Reims allait aisément doubler son capital. Les dix premières minutes de la première mi-temps nous confirmèrent dans cette impression. Penverne puis Piantoni obtenant deux nouveaux corners après que Vincent profitant d'une des rares erreurs de Marcel ait obligé Fischbach à une belle parade.

Une action

MARCEL - LEONETTI

relance le match

Mais à la 58me minute une remarquable montée offensive de Jean-Jacques Marcel jusqu'au 16 mètres rémois mettait Leonetti en possession de la balle. Un rapide contrôle et un bon tir du gauche très sec, dans le coin du but de Colonna ramenait le score à 2 à 1 à la stupéfaction générale.

Reims se ruait à l'attaque et l'O.M. coup sur coup concédait deux corners.

BLIARD sort et l'O.M. domine

A la 60e minute, Touré et Bliard se heurtaient violemment en disputant la balle de la tête et l'on emmenait le Rémois sur une civière.

C'était alors autour de l'O.M. de dominer, mais ses défauts apparaissaient au grand jour, et aucun tir ne partait vers Colonna.

Au contraire, à la 71me minute, Piantoni toujours lui, forçait Fischbach à s'envoler et à mettre en corner avec la complicité d'un montant. Ouf... On avait eu chaud, si l'on peut dire...

L'O.M. jouait cependant nettement mieux qu'en première mi-temps et ramenait le rapport des corners à 9-3 puis 9-4, ce qui, d'ailleurs, ne signifie pas grand-chose.

Billard entrait à la 75me minute, après l'absence d'un quart d'heure. Et finalement, malgré la contenance bien meilleure des marseillais, c'est Reims qui, sur des contre-attaques, se créait le plus d'occasions par Lamartine (75me et 77me minute) et par Piantoni, maître-tireur, qui forçait Fischbach à étaler toutes ses qualités au 79me, 80me et 83me minute.

Les deux dernières fois notamment ou l'excellente Camille s'opposa seul aux tentatives de près de l'intérieur gauche de l'équipe de France.

À cela, l'O.M., ne put, hélas, répliquer que par ses généreuses poussées habituelles, qui avaient la plupart du temps Touré et Marcel à l'origine et par un bon centre tir de Vescovali, bien intercepté par Colonna...

Le soir tombait sur le stade. Nos représentants me suppliaient leurs efforts, mais tout leur courage ne pouvait que leur permettre d'obtenir une défaite extrêmement honorable après que leur première mi-temps hésitante nous ait laissé craindre le pire

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L'attaque marseillais, une fois de plus

manqua d'homogénéité et de force de pénétration

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

REIMS - Sur une pelouse spongieuse et dans l'ouate d'un temps tellement gris que la flèche de la célèbre cathédrale rémoise s'estompait dans le brouillard, l'O.M. pris un départ extrêmement timide devant le champion de France et vainqueur de la Coupe.

Dès la quatrième minute, Fontaine s'infiltrait avec une facilité dérisoire à travers la défense marseillaise, obligeant Fischbach à faire son premier arrêt de la partie.

On eut alors nettement l'impression que l'O.M. allait à la catastrophe.

Penverne dirigeant la manoeuvre avec une tranquille assurance, les Rémois faisaient courir la balle par petites passes ou par habile déviation, dans le style si particulier qui leur a valu leur juste réputation international.

En face les "maillots blancs" se débattaient comme ils le pouvaient, avec surtout une énorme bonne volonté, et l'on ne pouvait que se montrer inquiet sur la suite des événements.

Mais petit à petit, on vit Gransart et Alauzun d'abord, Marcel et Leonetti ensuite, s'opposer avec vigueur et bonheur aux tentatives rémoises.

L'O.M. donc, commencer à faire figure d'adversaire possible, quand Piantoni frappa deux fois.

On put croire que cette réussite du meilleur gaucher du football français allait abattre les Marseillais qui, jusqu'à la mi-temps, n'avaient guère répandu dans le domaine offensive, que par un tir lointain et violent d'Eschman.

Il n'en fut rien et tout au contraire, dès le début de la deuxième mi-temps, assista-t-on à un spectaculaire réveille des Marseillais.

L'O.M. joue son va-tout

Molla, Oliver, Eschman, jusque-là assez effacés, joignirent leurs efforts à ceux des joueurs déjà cités, et l'on vit alors le stade de Reims trembler sur ses bases.

Une fois que Leonetti paraphant admirablement une montée offensive de Jean Jacques Marcel, eut trompé son ami Colonna d'un tir du gauche de 20 mètres environ, l'O.M. joua son va-tout.

Pendant une bonne vingtaine de minutes, Reims, il est vrai handicapé par l'absence de Bliard, se contenta de protéger son maigre avantage.

Que manqua-t-il à l'O.M., à ce moment pour concrétiser au tableau d'affichage s nette domination ? Tout simplement deux ailiers.

En effet Tillon passé à l'aile droite et Vescovali toujours aussi mal à l'aise à gauche, manquèrent l'un de vitesse, l'autre de précision.

Touré, au centre, luttait bien avec un certain brio, mais il lui fut impossible de tromper seul la vigilance de Jonquet.

Faiblesse de l'attaque

marseillaise

Il n'en reste pas moins que l'O.M. dans des conditions de terrain et de climat qui ne l'avantagèrent pas, produit somme toute à Reims une impression favorable.

Mais une fois de plus, force nous est de constater que l'attaque marseillaise ne représente pas un bien grand danger pour les défenses qui lui sont opposées.

Cet après-midi, si l'on excepte le tir victorieux du demi Leonetti et la tentative d'Eschman, Colonna n'eut pas à se surpasser.

Pourtant la défense rémoise ne nous a pas paru imbattable. Et à chaque fois qu'elle fut attaquée vivement et à ras de terre, elle fut sur le point de céder.

Malheureusement la ligne d'attaque de l'O.M. manque à la fois d'homogénéité et de force de pénétration.

C'est là que la le bât blesse le plus gravement l'infortunée "lanterne rouge" du championnat.

L'homme du jour :

PIANTONI

Dommage pour Gransart et Alauzun qui furent irréprochables de bout en bout. Pour Marcel et Leonetti qui se dépensèrent avec une folle prodigalité et même pour Touré que l'on trouva à la pointe des meilleures offensives marseillaises.

Notons aussi la bonne rentrée de Fischbach qui joua en gardien de classe à une fausse sortie près.

Oliver, Eschman et Molla firent une bonne deuxième mi-temps.

Tillon paraissait souffrir d'un point de côté, s'exila rapidement à l'aile droite. Et répétons que le courageux et véloce Vescovali est déplacé à l'aile gauche.

À Reims l'homme du jour et du match fut Piantoni, auteur de deux buts admirables et des meilleures actions de la rencontre.

Vincent, Penverne, Jonquet et le jeune Rodzik méritent également d'une bonne note.

Fontaine, pour sa rentrée, joua en demi-teinte, au grand déplaisir du public.

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J.J. MARCEL :" Nous n'avons pas

su profiter"

M. Zaraya et l'entraîneur Louis Maurer avaient donné, de leur banc, maints signes extérieurs d'exaspération à l'issue de certaines décisions de M. Bureloux. Au vestiaire, ils le chargèrent de tous les péchés d'Israël.

"Non pas que M. Bureloux nous ait désavantagés, mais son arbitrage pour un match capital fut un scandale... Et puis, quelle réussite a eu ce Piantoni..."

Jean-Jacques Marcel, lui, estimait que l'O.M. aurait dû mieux profiter du passage à vide que connurent les Rémois et qui dura une bonne partie de la seconde mi-temps.

"Mais il ne fallait pas les heurter de front avec des balles longues. Il fallait les faire courir pendant qu'ils n'étaient que dix... Ils étaient sur les boulets."

Maurice Gransart : "Nous n'avons pas suivi les consignes. On avait dit que les attaquants qui se trouveraient devant à une mûre devaient donner les balles en retrait pour nous faire tirer de loin. Avec la balle et le terrain glissant, cela aurait pu être payant..."

Célestin Oliver ignorait que son père avait été victime d'une attaque dans la tribune et il enlevait mélancoliquement la boue de ses souliers.

Camille Fischbach était content de sa rentrée sans douleur, au sens propre du terme.

Côté rémois, on ne pavoisait pas.

Albert Batteux estimait que la sortie de Bliard avait cassé le rythme de son équipe, qui de plus alignait un Fontaine en quelque sorte convalescent.

Il avait d'autre part appris le premier échec du Racing, le grand rival des rémois, et cela seul suffisait à lui mettre du baume au coeur, à cet homme...

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PAUVRE JUST

Les spectateurs rémois ne sont pas aussi calmes qu'on le prétend dans le Midi.

Plusieurs fois, en seconde mi-temps, de v véritables "bronca" - comme on le dirait à Nîmes - soulevèrent le stade.

Savez-vous à qui elles s'adressaient ?

Tout simplement à Fontaine, pas assez combatif au gré de la foule.

Pauvre Justo... Six mois à peine après la Suède, se faire conspiler par son propre public...

La Roche, à Reims, serait-elle plus près du Capitole qu'à Rome même ?

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CELESTIN

ne le savait pas

Juste avant le coup d'envoi, un spectateur s'effondra soudain, victime d'un malaise, et dut être transporté à l'infirmerie du stade.

Ce spectateur en détresse n'était autre que le père de Célestin Oliver, venu de Sedan voir son fils.

A la fin de la rencontre, nous apprîmes, avec plaisir, qu'il ne s'agissait que d'une fausse alerte, le malade étant apparemment rétabli.

Mais, seul dans le petit clan marseillais, Celestin Oliver n'était pas au courant de cet incident qui aurait certainement gravement atteint son moral

 

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