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Résumé Le Provencal

du 09 mars 1959

 

L'O.M. OBTIENT DEUX BUTS EN UNE MINUTE...

...puis ANGERS en marque trois

et l'emporte finalement par 3 à 2

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien DUPIC)

ANGERS - La 18me minute de la rencontre, Touré, en possession de la balle au milieu du terrain, l'expédia très fort en avant dans la direction de Jean-Jacques Marcel. Un sprint de l'international, poursuivi vainement par Rousseau, un shoot de près et la balle était dans les filets de Fragassi.

L'O.M. menait par 2 à 0 !

Le match semblait bel et bien gagné et le public angevin commençait à gronder.

Que s'était-il passé auparavant !

Les deux formations, sans respecter de période observation, s'étaient mises entrée dans le vif du sujet. Un très bon tir de Jean-Jacques Marcel était repoussé avec beaucoup de mal par Fragassi, mais Bruey répliquait par un shoot terrible qui passait de peu à côté.

La partie était lancée.

À la 6me minute, Molla était trompé par un rebond de la balle et Dereuddre, arrive seul devant Péri, ratait la première occasion du match. Mais Tillon lui rendait la politesse en échouant devant Fragassi quelques secondes plus tard.

C'était ensuite au tour de Hnatow de profiter d'une action Bourrigault-Dereuddre pour décocher de 25 mètres un tir à mi-hauteur qui trouva Péri à la parade.

But de CHICHA

A vrai dire, ce premier quart d'heure nous avait paru d'une brièveté étonnante, quand une offensive menée par Eschman et Alauzun mettait Chicha en possession de la balle. Il la plaçait sur son pied droit et, d'un tir précis, en haut et dans le coin, battait Fragassi sans rémission. Nous étions à la 17me minute et, une minute plus tard, Jean-Jacques Marcel, alerté par Touré, obtenait le second but qui semblait devoir donner la victoire visiteurs.

Le jeu ralenti

Ensuite, comme si la cause était entendue, les deux formations ralentirent leur rythme jusqu'à la mi-temps, et il ne se produisit vraiment rien de bien saillant.

Angers obtint trois corners, tirés sans résultat et l'O.M. ne se manifesta que par une brillante passe d'armes à laquelle participaient Alauzun, Chicha et Tillon, et qui se terminait par un très bon tir de Marcel, bien arrêté par Fragassi (cela à la 40me minute).

BOURRIGAULT réduit le score

Emoustillés par les lazzi d'un public contrarié par leur mauvais rendement, les Angevins commencèrent la seconde mi-temps tambour battant. Ils obtenaient trois corners à peu près successifs et, sur le troisième, tiré par Wognin, Péri ne pouvait toucher la balle que du bout des doigts ; elle retombait dans les pieds de Bourrigault qui, à la 51me minute, ramenait le score à 2 à 1.

Les choses commençaient à se gâter. Tillon obtenait bien, à la 53me minute, le seul corner marseillais de la journée, et, à vrai dire, ce fut peut-être là le tournant du match, Fragassi évitant le 3 à 1 à son équipe au prix d'une belle détente.

La débâcle !

A la 54me minute, Bourrigault expédiait la balle sur le montant, à la droite de Péri. Avertissement sans frais !

Une minute plus tard, Péri plongeait dans les pieds de Wognin, bien lancé par Dereuddre, et raté la balle, qui échouait sur le montant - le gauche cette fois.

Il ne manquait plus que la transversale !

Ce ne fut pas la transversale mais bel et bien les filets.

Faute de PERI :

BRUEY égalise

A la 18me minute de la seconde mi-temps, Bruey suivait sans trop de conviction une longue balle de Hnatow. Péri hésita à dégager du poing. Il essaya de la capter de la main, mais c'est Bruey qui, de la poitrine, la poussa dans la cage.

Célestin Oliver intervint désespérément, mais dégagea quelques centimètres à l'intérieur de la cage. C'était l'égalisation quelque peu tirée par les cheveux, mais bel et bien valable, à la 63me minute.

Le coup de grâce

C'est un O.M. abattu et un Angers revigoré qui reprirent la lutte. Mais dans ce combat, ce sont les locaux qui eurent l'avantage et dominèrent manifestement.

Il fallut attendre cependant treize minutes pour que l'on assista à la mise à mort des visiteurs.

Elle fut l'oeuvre de Bruey, qui profita d'un travail intelligent de Dereuddre pour expédier un tir terrible, qui frappa le dessous de la transversale avant de ricocher dans les filets.

Les Angevins avaient eu leur "transversal" et un but par la même occasion !

Il restait tout de même quatorze minutes à jouer. Touré et Chicha inquiétèrent Fragassi, mais le tir du second nommé était bien trop mou pour le battre.

L'O.M. n'obtint donc que deux corners avant que M. Bureloux ne siffla la fin de cette rencontre, pendant laquelle nous cru longtemps qu'elle sanctionnerait la première victoire des Marseillais l'extérieur.

On sait qu'il n'en fut rien.

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MARCEL le plus en vue

d'une équipe qui ne brilla que 20 minutes

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

L'Olympique a mieux commencé cette rencontre qu'il ne l'a terminé. Pendant les vingt premières minutes de jeu, il se montra très brillant et construisit le jeu à sa guise. Angers réagissait mollement et se faisait même conspuer par le public local.

Résultat : Marseille avait bientôt deux buts d'avance dans sa poche. C'était une riche hypothèque et une aubaine inespérée.

Nous n'aurions jamais cru que les Marseillais la détruirait, au point de perdre un match qui était à leur portée.

Les poulains de Maurer, après la mi-temps n'ont pas fermé le jeu Ils n'ont pas bétonné et ils ont alors été incapables d'endiguer les assauts répétés d'une formation angevine qui était devenu brusquement plus mordante et complètement régénérée.

Jean-Jacques Marcel fut le plus en vue d'une équipe olympienne encore fantasque et qui n'eut pas de rythme soutenu pendant les 90 minutes. L'international opéra avec aisance et rappela au public qu'il avait joué dimanche dernier le match international France Belgique.

Il marqua le second but de son équipe dans un angle très réduit et couvrit également énormément de terrain.

Tillon fut accrocheur et volontaire. Il ne se découragea pas devant un policeman puissant et à la 53e minute prit même de vitesse son garde du corps et faillit ajouter un troisième but.

Alauzun demeura calme et clairvoyant. Il mania la balle avec infiniment de netteté il se replia à la fin avec conviction.

Gransart fut, comme d'habitude un arrière plein de décision et de sûreté dans ses interventions.

Ramon n'eut pas la partie facile devant Wognin, mais il fut toujours en éveil et son marquage fut apprécié.

Molla ne commit pas de faute et de ce découvrit pas.

Derrière ces hommes-là, Eschman accompli une bonne mi-temps ou il fit preuve d'énergie.

Touré fut ardent mais ne shoota pas.

Chicha ne se mit pas souvent en évidence, mais eut le mérite de scorer un but surprise avec une étonnante précision. Célestin Oliver faillit sauver sa cage lors de l'égalisation. Péri fut nerveux, hésitant et eut le tort de sortir de façon imprudente.

Chez les Angevins, avant-centre Stéphane Bruey fut le puncheur numéro 1, très opportuniste, il scora à deux reprises.

Derreudre, très en verve, travailla avec une obstination souvent récompensée. Wognin fut entreprenant et se faufila à l'intérieur des 18 mètres phocéens dans un style plein d'arabesques. Bourrigault, à un poste qui ne lui est pas familier, celui d'ailier gauche, fut mieux qu'une utilité. Il marqua un but et tira deux fois sur le poteau.

Sbroglia défendit son gardien avec sûreté. Hnatow ratissa de nombreuses balles au centre du terrain. Rousseau fut un défenseur appliqué et n'eut pas de temps mort. Kowalski n'eut pas de difficultés énormes à nettoyer son compartiment. Zaetta fut convenable, sans plus. Quant à Fragassi, il n'a rien à se reprocher sur les deux buts qui lui furent décochés.

Marseille a sans doute gaspillé au stade Bessonneau son ultime chance de sauvetage. Il avait la possibilité de remporter sa première victoire à extérieur depuis le commencement de la saison.

Pour avoir voulu accepter le combat à visage couvert en deuxième mi-temps, a subi une nouvelle défaite qui le rapproche insensiblement du gouffre.

Il a fait preuve de beaucoup de bonne volonté, de beaucoup de courage, mais n'aurait-il pas dû être un peu plus astucieux ?

A présent, il faut vraiment compter sur un miracle pour assurer le maintien à l'aile de l'Olympique de Marseille en Division nationale.

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FRAGASSI : "L'O.M. ne mérite pas

de descendre en Division II

Dans les vestiaires olympiens, il régnait un terrible silence de nécropole, chaque joueur abordait un visage ferme, sombre et baissait la tête.

Quelques minutes plus tard, les langues finirent par se délier, ...non sans difficulté et cela se comprend aisément.

M. Zaraya avait les larmes aux yeux et nous dit enfin :

"Ce n'est pas possible, nous sommes "en masqués". Nous n'aurions jamais dû perdre cette rencontre. Nous avons encaissé de buts inimaginables. Peri n'a pas été très sur, pourtant à Barcelone, il avait accompli une prestation remarquable. Par contre, comme tâche de consolation j'ai pu constater qu'Eschman avait effectué une excellente partie comme demi-aile".

Maurice Gransart soupirait, faisant un sourire forcé, nous confia : "Mener deux buts à zéro puis perdre par 3 à 2 c'est stupide. À Alès, aussi nous menions à la mi-temps. C'est écrit, que faut-il y faire. C'est la catastrophe, il est dit que nous ne gagnerons pas un match extérieur. "

Ramon constatait, non sans le déplorer :

- "Il n'y a rien à faire pour gagner un match. Le but qu'a sorti Célestin Oliver était malheureusement un peu "neutre".

L'entraîneur les Angevins, Maurice Blondel nous dit à son tour :

- "Les Marseillais nous ont fait souffrir, mais nous avons mieux terminé que ce que nous avons débuté et puis nous avons tiré souvent aux buts et les poteaux ont rendu service aux Marseillais".

Fragassi était formel :

- "L'Olympique ne mérite pas de descendre. Marseille n'a pas de vaine. "Je reproche public angevin son attitude. Il nous a traité de "vendus" en première mi-temps, Marseille à pourtant le droit de marquer des buts et nous d'en encaisser".

Dereuddre se penchait sur le sort des marseillais avec commisération :

- "Marseille a cravaché ferme, mais il n'a pas eu de chance. Il n'arrive pas à s'imposer, c'est réellement surprenant".

Kowalski constatait avec objectivité :

- "Nous avons démarré trop mollement. Nous nous sommes repris à temps. Mais je n'aurais jamais cru que Marseille se laisserait remonter et serait même dépassé sur le poteau temps."

Les Marseillais ne comprenaient pas ce nouveau coup du destin, tandis que les Angevins, très sincèrement, ont recherché pour eux des circonstances atténuantes.

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POUGENC : "Perdre dans ces

conditions c'est incroyable !"

Les supporters marseillais n'étaient pas légion au stade Bessonneau. Nous n'en avons compté que trois : l'indomptable Marcel Pougenc, le liquoriste Robert Dalakeubian et Me Dominici du barreau de Marseille.

Ils commencèrent par trépigner d'aise avant d'être franchement déçus.

Après la partie, Marcel Pougenc était rouge émotions et s'exclamait d'un ton couroucé :

"Perdre dans ces conditions, c'est incroyable. Je n'ai jamais vu une équipe mener par deux buts d'écart à l'extérieur, après 20 minutes et être coiffée sur le poteau en deuxième mi-temps. C'est inconcevable et à désespérer de tout.

"Comment croire à un sauvetage possible de l'Olympique quand on constate qu'il tord le cou à une chance merveilleuse ! Dommage pourtant que Tillon, la 53e minute n'est pas marquée un troisième but, alors il y aurait plus de problème pour les Marseillais ! "

  

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