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Résumé Le Provencal

du 21 septembre 1959

 

L'O.M. excellent, A BATTU LILLE

SUR LE FIL

Un passionnant match poursuite

du onze olympien

Lille - Le soleil, un soleil digne de la canebière, et une foule assez importante malgré la concurrence du match Lens-Reims, préludent au match Lille-Marseille qui remue énormément de souvenirs dans le coeur des vieux supporters lillois.

Les équipes se présentaient dans les formations annoncées, mais on note cependant une modification cher les visiteurs ou les deux inters ont permuté.

D'entrée, le jeu est vif de part et d'autre, avec cependant une légère prédominance, pour Marseille.

La première action sérieuse se situe à la 5me minute. Elle voit Boulle se rabattre au centre et servir Olliver, lequel shoote à ras de terre, mais trop faiblement pour inquiéter Van Gool.

Aussitôt après, le même Ollivier rate un centre de Norbert Eschman et Chiarelli, replié, transmet en retrait à Van Gool pour écarter le danger.

A la 8me minute, sur un coup franc de Chiarelli, Fischbach rate l'interception, mais Bobik le supplée.

Deux minutes après, Fischbach repousse coup sur coup deux envois de Fatoux. La contre attaque fuse immédiatement et l'on croit au but lorsque Durand prolonge de la tête un shoot d'Olliver. Mais Zamparini parvient à dégager sur la ligne même.

En l'espace de 20 minutes, deux buts pouvaient très bien être enregistrées, un de chaque coté.

But pour l'O.M.

Ce point que l'on pressent est effectivement acquis par Marseille à la 15me minute. Mais, hélas son auteur, Célestin Olliver, était nettement hors-jeu et il est annulé.

Une action Chiarelli-Fatoux met Fischbach en sérieux danger, mais celui-ci l'écarte.

Attaques et contre attaques se succèdent jusqu'à 26me minute où l'on voit Durand monter à l'assaut de la cage nordiste et se faire descendre par Jacquelin.

 L'arbitre n'hésite pas. Il siffle penalty, sévère peut être, mais non injustifié.

Olliver, après avoir feinté le tir à droite, marque dans le coin gauche.

L'O.M. mène par 1 à 0.

Une tête de Durand qui passe à côté, puis un retourné de Gardien qui ne trouve personne à la réception sont à noter avant un corner pour Lille. Walzack le tire. Fischbach sort malencontreusement et, de la nul, Fatoux est assez heureux pour égaliser, 36me minute.

LILLE mène

Sept minutes après, sur une action de Walzach, Ramon passe en retrait à Fischbach qui plonge et laisse échapper la balle. Gardien, aux aguets, profite de l'aubaine. Lille mène par 2 à 1, score qui sanctionnera finalement la première mi-temps.

Marseille n'est pas au bout de ses peines. Cinq minutes après la reprise, sur un centre de Fatoux, déporté à aile gauche, Chiarelli, prenant Fischbach à contre-pied, marque le numéro 3.

Le match est-il joué ?

Marseille dominait jusque-là et c'est une contre attaque qui semble avoir fait définitivement la décision.

On peut croire que le match est joué. C'est méconnaître les Phocéens qui ne veulent pas s'avouer battus. Il faut bien, car sur un service en profondeur de Léonetti, Boulle relaie pour Eschmann, qui surprend deux adversaires par une magnifique feinte de corps et bat irrémédiablement Van Gool (58me minute).

Marseille appuie davantage ses attaques et le jeu est équitablement partagé jusqu'au moment où Péri est touché à la tête par un coup de coude de Fatoux.

Troupel modifie alors sa formation, Péri devenant ailier gauche, Boulle avant centre, Durand ailier droit et Léonetti demi.

Par le courant contraire des évènements, Marseille venait de trouver la meilleure façon de s'exprimer, de se libérer.

Il restait alors un quart d'heure de jeu au cours duquel l'O.M. allait accomplir des merveilles, grâce à un incessant forcing, une mobilité supérieure et une meilleure technique d'ensemble.

Egalisation

A la 78me minute, après un cafouillage devant la cage lilloise et plusieurs renvois à la godille de défenseurs locaux, Durand récupérait la balle à l'aile droite et la centrait à mi-hauteur pour Boulle, qui égalisait de la tête.

On croyait alors le score acquis, mais les Provencaux ne voulaient pas l'entendre ainsi.

Installés au commandement, ils y demeuraient et harcelaient sans cesse leurs opposants.

Une première fois, Olliver, qui avait échappé à ses gardes du corps, marqua une belle occasion par excès de précipitation.

Puis Durand réussit un bel exploit personnel qu'il gâcha en assurant mal sa place.

Enfin, à 6 minutes de la fin, sollicité par Léonetti, Olliver expédia un shoot puissant en coin contre lequel, en dépit d'une belle détente Van Gool se montra impuissant.

L'O.M. venait de prendre l'avantage et il sut d'autant mieux le préserver que son rival était quelque peu abasourdi. IL y avait de quoi !

N'avait-il pas cru, pendant longtemps, tenir un succès facile ?

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L'attaque marseillaise (OLIVER 2 buts

ESCHMANN et BOULLE ) a taillé en pièce

la lourde défense nordiste

L'arbitre, M. Debran, venait à peine de siffler la fin de la rencontre que l'on vit des dix olympiens revêtus du traditionnel maillot blanc, plus MM. Zaraya, Troupel et du remplaçant Bedelian, toutes embrassades cessantes, faire, sans s'être concertés, une sorte de marche à reculons. Le but visé par cette manoeuvre collective était le onzième olympien vêtu du maillot vert, le gardien de buts Fischbach.

 Et l'on vit alors cette chose, peut être unique dans les annales du match de football : dix joueurs victorieux consoler et réconforter leur onzième camarade qui, lui, pleurait.

C'est qu'à tort où à raison, Fischbach s'estimait directement responsables des deux premiers buts encaissés par son équipe tandis que ses camarades voulaient lui démontrer par cette manifestation de sympathie, que la victoire chèrement et brillamment conquise, était l'oeuvre de toute l'équipe.

Aucune comparaison

avec la victoire sur ROUEN

Cette séquence finale d'une rencontre qui en compta d'innombrables, toutes hautes en couleur et d'une valeur émotionnelle assez rare, prouve que ce succès, les Olympiens la doivent autant à la valeur morale qu'à leur valeur technique ou physique.

Car, empressons-nous de le dire, il n'y a aucune ressemblance possible entre cette équipe qui vient de s'imposer sur le vieux stade Henri Jooris, encore chargé de souvenirs sportifs glorieux ; et celle que nous avions vu battre Rouen huit jours plus tôt.

Contrairement à ce qui c'était passé au Vélodrome, nous venons d'assister à une rencontre professionnelle, d'une bonne tenue d'ensemble, jouée de bout en bout sur un rythme ultra rapide ... et gagnée de haute lutte par l'O.M. sur l'adversité d'abord et un Losc pas du tout négligeable ensuite.

Ce fut le triomphe de l'offensive qui nous valut en deuxième mi-temps, alors que la cause marseillaise paraissait désespérée, trois buts, un d'Eschmann, un de Boulle et d'un Oliver d'excellente facture. Trois buts tellement nets, tellement clairs qu'ils ne pouvaient soulever la moindre contestation et qu'ils furent tous saluées comme ils le méritaient de l'être par le sportif public lillois.

L'O.M. mené par 3 à 1

Pourtant, l'affaire se présentait mal, deux minutes après la reprise du jeu.

Alors que l'O.M. avait fait au moins jeu égal avec le L.O.S.C. en première mi-temps, il se trouvait, à la pause, mené à la marque 2 à 1.

A un penalty obtenu par Durand et magistralement marqué par Oliver (un classique en somme), avait répondu deux erreurs de l'infortuné Fischbach.

On venait à peine de réengager donc que l'habile Chiarelli réceptionna comme à la parade un centre de Fatoux pour glisser la balle dans la cage devant Fischbach et Bobik passablement ahuris.

Le retour au sprint de l'O.M.

Pendant longtemps on crut que la cause était entendue.

Mais c'est alors que l'on constata que l'O.M., loin d'être battu par ces différents coups du sort, se portait résolument à l'attaque.

Ce fut un peu plus tard que Eschmann, exactement comme l'avait fait Chiarelli dans le même style et avec la même facilité, trompa Zamparini et Van Gool (3-2).

Pendant longtemps on resta comme suspendu à cette marque cruciale. De quel coté allait pencher la balance ?

La réponse vint de Durand et de Boulle. Le premier redevenu ailier droit, sema ses opposants dans une manière qui rappelait cette de son père et centra légèrement en retrait. Un joli centre très tendu que Boulle reprit de la tête au prix d'une détente acrobatique... et ce fut un but admirable, le meilleur certainement de la partie.

Quant au quatrième marqué par Oliver, il est le résultat d'un de ces gauches dont l'ex Sedanais s'est fait une spécialité.

Un tir de 20 mètres environ, mais fulgurant, et qui ne laissa aucune chance au gardien lillois Van Gool. Lequel Van Gool pourtant venait de se couvrir de gloire quelques minutes plus tôt en détournant un tir de Boulle suivi d'un second tir à bout portant de Célestin Oliver.

Et c'est ainsi que l'O.M., pourtant handicapé en fin de rencontre par une blessure de Péri, réussit un des plus beaux retournés de situation qui se puisse imaginer

Cette victoire obtenue avec panache à la suite d'un match dont l'intérêt, ne faiblit jamais, vaut à l'O.M.deux points en or qui pesèrent lourdement dans la suite de sa carrière.

Avant tout, il s'agit d'un soucis collectif et même le malheureux Fischbach doit être compris dans les félicitations que nous adresserons à l'équipe toute entière. Car elle a bien joué.

Faudra-t-il aller voir jouer l'O.M. en déplacement pour le voir sus son véritable et séduisant visage ?

Très bons débuts de BOULLE

Sur la pelouse du stade Henri Jooris, tous les joueurs du champ ont fait leur devoir et plus particulièrement Leonetti, Eschmann, Mola, Oliver, Bruneton et Durand.

Boulle après avoir joué de façon assez effacée en première mi-temps, fut excellent en deuxième au poste d'avant centre qu'il occupa après la blessure de Peri. Son but précédé d'un tir de la même veine, fut un modèle du genre. Bobic, Ramon et Peri complétèrent l'équipe de façon heureuse.

A Lille, dans un ensemble qui reste redoutable et qui sera certainement un candidat sérieux à la monté, on nota la finesse de Chiarelli, l'allant de Fatoux et du jeune Montagne et la puissance de Walzack.

Mais la défense nous a semblé bien lourde et c'est peut être une des raisons essentielles de la victoire marseillaise.

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VANDOOREN N'EST PAS CATASTROPHE

Jules Vandooren n'était nullement catastrophé après le match.

"Nous avons été battus par une formation plus tranchante que la nôtre, se contenait -t-il de déclarer.

"Les Marseillais ont dû opérer en ligne ; quand il fallait attaquer ils étaient six et des mêmes six se repliaient lorsque les besoins de défendre se faisait sentir, alors que les efforts de nos joueurs étaient trop dispersés.

"Voila toute la différence entre les deux équipes. De toute évidence, nous nous attendions à un match serré et difficile et il le fut. Marseille nous a surpris agréablement par sa condition physique surtout, supérieure à la nôtre, pourtant excellente.

"Mais si nous avons perdu une bataille - et nous ne contestons pas notre défaite - la saison ne fait que commencer.

Nous connaîtrons sans doute d'autres déboires mais également d'autres joies, car, nous ne rencontrerons pas en chaque circonstance, des adversaires aussi bien armés que les Olympiens Marseillais "

oVilà qui est net et prouve bien que l'O.M. n'a pas volé son succès.

N.D.

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PERI : Quelques points de soudure

Touché au front par un coup de coude de Fatoux. Peri largement entaillé, a été conduit à la cité hospitalière de Lille, où on lui a mis quelques points de suture. Mais il a pu prendre le train de retour pour Marseille avec ses camarades.

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DURAND le roi du penalty

" Il est revenu le roi du penalty" a dit après la rencontre Bruneton à son jeune ami Durand.

En effet, c'est le troisième penalty en trois rencontres consécutives de championnat qu'obtient Durand et c'est aussi le troisième marqué de la même façon par Célestin Oliver : une feinte à droite et un tir à gauche, lequel tir a aujourd'hui surpris Van Gool, comme il avait précédemment surpris Vincent et Desrumeaux.

CE QU'ILS DISENT

Lucien TROUPEL : " Je savais que moralement et physique nous en étions capables ! "

Le premier arrivé dans les vestiaires olympiens fut l'entraîneur lillois Vandooren.

Le grand Jules, avant même que M. Zaraya ou Lucien Troupel aient pu prendre la parole, déclarait :

" Je vous félicite. Vous n'avez pas volé votre victoire, physiquement et moralement vous étiez supérieurs aux miens. Ce fut un très bon match professionnel dont vous avez été les beaux vainqueurs.

Lucien Troupel, toujours aussi calme et aussi froid que le vrai Lyonnais qu'il n'est pas, d'ailleurs, ajouta :

Je savais que physiquement et moralement mes hommes étaient capables d'un tel exploit. Mais à Marseille, ils souffrent d'un complexe. Que voulez vous, quand des joueurs sont habitués à se faire "matraquer "(sic) ils ont peur en entrent sur le terrain. Vous avez pu, en effet, constater aujourd'hui que mes hommes n'ont pas faibli d'un bout à l'autre de la partie et que placés dans les plus mauvaise conditions ils n'ont jamais désespéré. J'ai la plus grande confiance en mon équipe et je suis persuadé qu'elle obtiendra cette saison un très beau résultat d'ensemble.

Quand M. Zaraya, il était ravi et extrêmement détendu, on s'en doute.

" Ces deux points déclara-t-il, peu après, c'est de l'or en barre.

"Je suis très content. Ce que les petits ont faits aujourd'hui, mérite un grand coup de chapeau.

 

 

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