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Résumé Le Provencal

du 05 octobre 1959

 

CONTRE L'O.M., METZ ALLAIT L'EMPORTER AU STADE VELODROME QUAND

OLIVER creva le mur messin

Les deux équipes à égalité (1-1)

(les commentaires de Maurice FABREGUETTES)

"Quand le bâtiment va" dit-on couramment et sans doute justement.

Cette agréable constatation ne doit, cependant pas être du goût des habitués du Stade Vélodrome, saison 1959/1960.

Pour eux "quand le béton va, c'est le football qui ne va pas du tout".

Il est bon d'ajouter que ces infortunés cochons de payants marseillais commencent à être de véritables spécialistes en matière de béton.

Béton scientifique des Roubaisiens, béton à la "desperado" des Sétois... béton armé des Messins... et ce n'est certainement pas fini.

Il y a la joie... passée et à venir, comme le chanterait Charles Trénet.

"Marquons d'abord"

avait dit TROUPEL

Hier après midi sur la pelouse du Stade Vélodrome, qui nous offrait une assez criarde opposition de couleurs, vert, blanc, et rouge sang de boeuf, l'habituel scénario fut toutefois agrémenté de quelques variantes.

Les Marseillais dûment prévenus, on le serait à moins, tentèrent de prendre leurs adversaires de vitesse dès le départ.

"Nous marquons u but, ce qui oblige les Messins à se découvrir", tel était le plan, raisonnable, de bataille des hommes du général Troupel.

Mais, si les tacticiens proposent, les joueurs eux, disposent... et on s'aperçut assez rapidement qu'en matière de vitesse et de vivacité, les Messins n'avaient pas de leçons à recevoir des Marseillais.

Ce fut la première cause du demi-échec de l'O.M.

...et c'est Metz qui ouvrit le score

Durant la première mi-temps, Marseille domina grâce à son meilleur jeu collectif au centre du terrain, mais la défense messine, renforcée par le robuste inter Masucci, renvoyait sans trop de mal ; et la jeune, très jeune même, attaque visiteuse (19 ans de moyenne d'âge, si l'on excepte Nagy) se montrait à son avantage.

Ce n'était, certes, pas du grand football de part et 'autre, mais une rencontre disputée sur un rythme très élevée et d'un niveau très honorable pour la Deuxième Division...

Football ou rugby à XV :

En seconde mi-temps, changement total de décor. Les Messins fatigués et devenu conservateurs, se transformèrent en machine à renvoyer la balle, si l'on excepte quelques contre-attaque de plus en plus rares, à mesure que le temps passait.

Or, dans le même temps, l'O.M. se rendant compte qu'il risquait de perdre le match, s'énervait de plus en plus au fil des minutes.

Adieu les belles montées savamment construites, les passes savantes, les tentatives de débordement par les ailes ; il n'y eut plus que d'un coté sept ou huit garçons, groupés devant l'héroïque Corazza, se défendant avec l'énergie du désespoir et, de l'autre, un nombre à peine inférieur d'attaquant tentant la percée en force au centre.

Il n'y eut plus par la suite, qu'une succession de mêlées homériques ou tous les coups semblaient permis.

Un France - Galles à VX, égaré sur une pelouse de football.

Ouf !...

De cette obscure mêlée jaillit une étincelle ; un arrêt de Corazza ou plus exactement un coup de manchette, sur un excellent tir de Leonetti.

Ce fut la deuxième cause du match nul de l'O.M.

Car, tout-à-fait en fin de rencontre, Celestin Oliver avait réussi, au risque de se blesser à crever le mur messin.

2galisation, certes, méritée, mais combien difficile à obtenir.

Ouf !

Corazza, héros du match

Il n'est pas aisé de faire la part de chaque joueur, après une partie jouée dans de telle condition.

Tout le monde, nous le croyons, sera accord pour accorder le numéro un à Corazza, héros du match.

A l'O.M., ou Fisbach, nous nous plaisons à le souligner, fut irréprochable, on ne louera jamais assez Celestin Oliver pour son opiniâtreté à un poste de pointe particulièrement exposé.

Eschman travailla énormément au centre du terrain et Leonetti, blessé, fut l'auteur de deux tirs remarquables, un par mi-temps.

Les autres firent de leur mieux avec cette réserve que les lignes arrières d'une équipe qui domine trop sont rarement vues à leur avantage.

Deux jeunes à suivre

A Metz, chapeau pour le courage et l'esprit de corps ! Le football, il convient de ne pas l'oublier, n'est pas le jeu de grâce.

ON a également noté, dans cette équipe riche en possibilités, la classe naissante de Erhard, Muller et Massucci, l'extrême mobilité de Grimbert et l'abattage des Petitfils, Fuch et Dosdat.

M. Kitabjian, pour son importante part, se tira très honorablement d'une tâche on ne peut plus délicate.

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UN BOLIDE DE LEONETTI...

...UNE PARADE INOUIE DE CORAZZA

(le match vu par LOUIS DUPIC)

Comme nous l'imaginions, dès le coup d'envoi, l'intérieur droit, messin, Masucci, vint doubler son arrière central Dosdat. Ce solide élément qui ne perdit d'ailleurs aucune occasion de contre-attaquer allait d'ailleurs être l'un des meilleurs hommes sur le terrain, l'auteur du but messin... et le responsable du but de l'O.M....

Beaucoup pour un seul homme...

L'O.M. domine...

L'O.M. va donc occuper la majeure partie du temps le camp messin. Mais ses offensives manqueront par trop de spontanéité pour surprendre la vigilante défense lorraine.

Et ce sont les visiteurs qui feront à plusieurs reprises passer un frison dans le dos des supporters locaux à l'issue de contre-attaques vivement menées.

Ramon sauve

Mieux, à la 29e minute, Muller échappe à Molla en pivotant et lance Nagy. Entre le subtil Jules et Wagner, à l'aile gauche, il n'y a que Ramon qui ne peut intercepter la passe. Wagner s'avance et bat Fischbach mais son tir, trop mou, est dégagé par Ramon survenu en toute hâte ! Une occasion en or, ratée par timidité !

Et Masucci marque...

Metz venait d'obtenir un corner, tiré en retrait par Nagy. Le bétonneur Masucci plaça à travers une forêt de corps un tir dévié au passage et qui échoué dans les filets marseillais.

Sur leur lancée, les messins allaient d'ailleurs malmener l'O.M. A la 35me minute, Erhardt reçoit la balle en bonne position, mais la pousse trop loin et Fischbach la ramasse.

Jusqu'au repos, l'O.M. allait obtenir plusieurs corners. Tirés sans résultat. On notera aussi un tir terrible de Célestin Oliver sur coup franc à 30 mètres, mais qui arrivera en plein sur Corazza et une balle puissante de Leonetti, bien déviée par l'excellent gardien visiteur.

Domination totale

La seconde mi-temps serra une pression constante de l'O.M. sur un adversaire de plus en plus massé devant son but. Mais cette domination ne se traduira que par un nombre élevé de corners et de coups francs à la limite pour régularités des défenseurs au maillot rouge.

De tout ceci, nous extrairons une phase curieuse.

A la 52me minute, un centre de Durand était capté par Oliver, qui tirait à ras de terre dans le coin gauche de Corazza. Boulle, qui croyait que la balle allait à coté, arrêtait ce tir qui aurait donné l'égalisation à l'O.M.

Un exploit de Corazza

Il restait dix minutes à jouer quand Celestin Oliver, près du but messin, mais marqué étroitement, passait habillement de volée la balle de Leonetti qui arrivait en courant. Le tir de l'inter marseillais, de six mètres, fut d'une puissance inouïe, mais Corazza réalisa une parade ahurissant en renvoyant la balle d'une manchette au prix d'une détente fantastique...

Tout était à refaire...

Enfin, alors que tout le monde pensait que Metz avait match gagné, ce fut l'égalisation inespérée...

Célestin Oliver égalise

Il restait à peine deux minutes de jeu, quand l'excellent Masucci, qui avait cent fois le temps de dégager la balle, à 30 mètres de ses buts, temporisa et se fit contrer par Peri. La balle monta, fut cafouillée par la défense messine et parvient à Celestin Oliver, qui, à quelques mètres de Corazza, ne rata pas l'occasion de battre enfin ce farouche adversaire.

Ainsi, l'O.M. ne perdait donc qu'un point, après qu'on ait longtemps pensé qu'il subirait, du fait de Metz, sa première défaite à domicile.

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LE FOOTBALL, DEPOUILLE DE SES CHARMES

Pour les puristes, le terme "football" doit être entendu dans son sens le plus général, riche de tout ce que ce sport peut contenir de mouvements coordonnés, rationnels et spectaculaires.

Pour ces fervents de l'art footbalistique, notre crainte est de savoir ce championnat de Seconde Division d'une conception opposée et de nature à détruire dans leur coeur tout l'amour qu'ils nourrissent pour les belles choses de leur jeu de prédilection.

Car après Sète et tant d'autre, le F.C. de Metz est venu nous apporter hier une nouvelle démonstration de ce que peut donner l'anti-jeu. Cette tactique rompt le fil du spectacle, dépouille le football des charmes de son classicisme et le rend presque indigeste à la lumière de la compétition.

Précisons notre pensée. Notre idée n'est point ici de rechercher quelques circonstances atténuantes au demi-échec de l'Olympique de Marseille, mais simplement de traduire l'heureuse constatation que nous apportent Lucien Troupel et ses hommes. Eux, du moins, sont-ils restés fidèles à l'orthodoxie d'un jeu dont les savants calculs des techniciens d'avant garde nous jettent dans l'obscur couloir de la négation.

Metz avait pourtant des éléments de valeur. Certainement aptes à nous offrir un spectacle de qualité. La prudence, la conquête d'une prime, la nécessité d'arracher un maximum de points sur l'herbe adverse recommandent finalement cette fin. L'enjeu tue le jeu. Et il en sera très souvent ainsi dans cette compétition divisionnaire où le droit à la vie vaut toutes les critiques, seraient-elles hebdomadaires.

Ceci dit, qu'il nous soit permis, à l'occasion de ce "papier de rentrée" de noter l'esprit meilleur de cette équipe au blanc maillot. Ses troubles intérieurs ont disparu. Autrefois sans âme et même sans idéal, elle errait.

Sur la prière de M. Zaraya, qui avait enfin pris le bon bout de la cognée, un homme vint. C'était Lucien Troupel. Sa méthode est d'une Robustesse évidente, en matière de football. C'est dément, beaucoup plus solidement que toutes les insipides théories dont on nous abreuva pendant longtemps dans ces mêmes vestiaires où, maîtresse régnait la méfiance.

Les choses sont maintenant plus claires et nettes, il est inutile de trier ses mots. Autrefois un mauvais choix dans la dialectique pouvait mettre le feu aux poudres.

Les uns et les autres travaillent maintenant plus quiètement.

Pou nous le résultat final ne fait aucun doute.

Lucien d'Apo

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LUCIEN TROUPEL

"Il y a encore des problèmes à résoudre"

Deux ballons sous un bras, un sac d'équipement au bout de l'autre. Lucien Troupel, en débouchant du tunnel avant de rejoindre les vestiaires sortit de son mutisme "Vous rendez-vous compte des problèmes que j'ai à résoudre ! on ne peut plus appeler ce système du 'béton' . C'est au-dessous de la vérité. Il faut trouver une autre appellation".

"Sans doute, les adversaires ont-ils le droit de se disposer sur le terrain comme ils l'entendent. Il me semble que l'on peut être footballeur professionnels et conserver l'esprit du jeu... Mais je n'ai pas le droit de me lamenter. Il faut que je cherche. Nous en sommes encore au début du championnat. Pour forcer la porte d'une défense renforcée, j'avais les atouts Oliver et Eschmann capable de s'infiltrer en combinant. Leonetti pour le passage en force ou une tête éventuelle. Metz pose vraiment d'autres problèmes. Nous avons raté le tour nant du match : le shoot de Leonetti ..."

Eschman regrettait ce point perdu et constatait :" Les Messins ont tord de tout sacrifier au béton. Ils sont capables de faire beaucoup mieux. En première mi-temps, pendant dix minutes, ils ont montré qu'ils n'ignoraient pas la façon de jouer le véritable football. Pour nous avants, se heurter à des défenseurs qui composent un mur, c'est également accepter les coups plus ou moins réguliers..."

Nous montrons son oeil tuméfié : " j'ai reçu un coup de coude... comme un rugbyman ".

Les joueurs messins étaient heureux de s'en retourner avec ce score nul, dans leur ville.

Jules Nagy, décidément gourmand, accusait ses jeunes "d'avoir perdu le contrôle " au moment décisif.

Nous lui demandâmes si le jeu que son "onze" venait d'offrir au public marseillais était accidentel ou traditionnel : "A l'extérieur, toujours défense et contre attaque rapide. A Metz, jeu normal..." répondit-il avec son accent hongrois.

André HATCHONDO

 

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