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Résumé Le Provencal

du 09 janvier 1961

 

AU STADE BONAL, SOUS LA PLUIE ET SUR UNE PELOUSE EXTREMENT SPONGIEUSE

L'O.M., jouant avec maîtrise et sang froid tient en échec un excellent SOCHAUX (1-1)

Sansonetti (23' minute) et EDIMO (40' minute) furent les deux scoreurs

de ce match de très bonne qualité

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

Sochaux (par téléphone). - Il faisait beau temps pour la saison et pour la Franche-Comté quand nous sommes arrivés samedi soir à Montbéliard avec une équipe marseillaise visiblement animée des meilleures intentions.

À l'heure du coup d'envoi, juste au moment où l'O.M., Molla en tête, entre sur le stade, on se croirait en Bretagne. Ciel uniformément gris, petit crachin persistant et pelouse grasse à souhait.

Le petit tour traditionnel aux vestiaires ne nous a rien appris. De part et d'autre les équipes sont au complet, au grand complet. Apparemment, les 22 joueurs sont en forme et les deux entraîneurs, Troupel et Dupal, également optimiste.

Un round d'observation

Le début de la rencontre est tellement calme qu'on entendait un ballon volé. Les deux équipes qui paraissent se craindre, jouent tellement prudemment que le public n'a guère l'occasion de se manifester. Bref, c'est ce qu'on appelle en boxe le round d'observation.

Premier élément d'intérêt : le duel qui s'annonce aussi coloré que spectaculaire entre Edimo le Noir et Misiasek le Blond. Jusqu'à présent, "Bibiche", comme l'appellent ses amis marseillais, n'a laissé aucune chance à son sombre rival. Il faut cependant attendre la 15e minute pour voir le premier tir de l'O.M. Un gauche d'Aygoui, bien sûr, mais donné de trop loin pour mettre Alberto vraiment en danger.

À l'actif de Sochaux, on ne note que deux corners. C'est dire si le début de cette rencontre a été joué au petit trot.

Premier exploit de Corazza

A la 18e minute, bon départ de l'O.M., mais Ugolini dernier servi, et arrêté irrégulièrement. Coup franc à la limite de la surface de réparation. Aygoui le tir par-dessus le mur sochalien, mais dans les bras d'Alberto... Tout de suite après, même coup franc, mais pour Sochaux cette fois. Le ballon renvoyé par le mur marseillais, revient devant le pied droit de Jo Tellechea, et c'est un tir tendu, ras de terre et en coin. On croit au but et Corazza plonge et d'une providentielle autant qu'excellente manchette, sauve sa cage.

Sansonetti ouvre le score

Et, après cette chaude alerte, on arrive tout doucement à la 23e minute quand le ballon paraît devoir sortir à côté du poteau gauche de corner. Mais, freiné par l'herbe, il ne sorte pas et Lefevre, après l'avoir récupéré, esquive adroitement la charge de Loiseau et centre ras de terre légèrement en retrait.

Aygoui reprend directement, rate son tir, mais le ballon et dévier sur Sansonetti, qui marque de près.

O.M. : 1 - Sochaux : 0

Ce but, dû essentiellement au sang-froid et à la finesse de Lefevre, récompense le jeu plus ordonné de l'O.M.

Sochaux à l'attaque

Là-dessus, comme on pouvait s'y attendre, Sochaux s'énerve un tantinet, mais sans toutefois troublé tellement la belle organisation défensive de l'O.M.

En fait, Corazza est sérieusement menacé cas deux reprises. Une première fois sur coup franc, il est sauvé par le poteau et une deuxième fois, sur percée en force de Skiba, il réussit à plonger dans les pieds de son adversaire et à lui prendre la balle.

L'O.M. pendant ce temps, avait failli marquer lui aussi par Milazzo dont le tir puissant passa de peu à côté.

Edimo égalise

Mais, à la 40e minute, Sochaux obtient un corner ; tirait par Leroy, de la droite, il fut dégagé du poing par Corazza ; toujours vers la droite, rencontre du même Leroy, tête acrobatique d'Edimo et le ballon, involontairement dévié au passage par Gransart, entre dans la cage.

L'O.M. : 1 - Sochaux : 1.

C'est aussi le score à la mi-temps, après qu'Aygoui, en combinaison avec Kominek, ait tiré un coup franc indirect, obligeant Alberto à plonger... et que Sochaux ait obtenu un nouveau corner.

L'O.M. s'organise en défense

Agréable surprise pour les joueurs à leur retour sur le terrain ; la pluie a complètement cessé. On assiste incontinent à un jeu très lié de l'O.M., un jeu généralement orchestré par Kominek... et aussi à un tir de Nuremberg, arrêté sans trop de peine par Corazza.

Le thème de la partie est devenu très clair. L'équipe marseillaise, bien assise sur une défense parfaitement organisée, joue la contre-attaque, Kominek tenant un rôle d'aiguilleur passablement replié.

Reste à savoir si le contre sera payant ou si la domination forcée de Sochaux finira par faire la décision.

A la 15e minute de la reprise rien de bien nette n'a encore et été fait de part et d'autre.

Certes, Sochaux se montre menaçant, surtout par Leroy et Skiba. Mais l'O.M. joue avec beaucoup de sang-froid et même de vivacité en attaque dans ces jeunes avants ont le ballon.

Attaque et contre-attaque

A mesure que le temps passe, la domination de Sochaux se fait de plus en plus lourde et à présent, ce n'est pas du très, très beau jeu ; une sorte de rouleau compresseur, principalement symbolisé par le travail en force de Skiba.

À la 72e minute, Nuremberg en tombant au bon moment dans la surface de réparation obtient un coup franc indirect. Il n'en résulte qu'un corner, que Leroy tire hors de la surface de jeu.

Nous voilà à la 30e minute de cette deuxième mi-temps, alors que l'O.M. vient de remonter tout le terrain par petites passes, conduite par Aygoui, Lefebvre et Sansonetti.

" Sochaux ! Sochaux ! " Crie le public, qui sent que son équipe est en train de perdre la cadence et la partie. Le fait est que sur ce terrain lourd, le style plus économique parce que plus ordonné de l'O.M. commence à devenir payant.

C'est ce qui nous permet d'assister à une remarquable percée de Sansonetti, qui réussit à échapper à son redoutable ange gardien Knayer.

Dernier exploit de Corazza

C'est alors (80me minute) que vont se produire deux événements qui réveilleront complètement le stade.

Lickel, arrivé au point de penalty, est retenu par le maillot par Milazzo.

" Penalty " hurle le public. Mais l'arbitre n'accorde qu'un coup franc indirect, ce qui, évidemment, a le don d'énerver les spectateurs.

Un peu plus tard, Leroy centre de la gauche et l'envoie le ballon entrait dans la cage de l'O.M.

Mais Skiba ayant bousculé Corazza avant que ce dernier n'ait touché le ballon, ce but est justement refusé par l'arbitre.

Ce n'est pas tout. Sur une attaque collective de Sochaux, Skiba sert Edimo. Ce dernier va-t-il marquer ? Non. Au prix d'un plongeon héroïque dans les pieds du noir ailier sochalien, Corazza réussit à repousser le ballon.

Et c'est la fin de la partie qui se termine donc sur le score de 1 à 1.

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Corazza héroïque, Misiasek, Lefevre

et Kominek animateurs de l'O.M.

Sochaux (par téléphone) - sur un terrain non point lamentable, mais extrêmement spongieux, et sous une pluie qui ne cessa de tomber qu'au début de la deuxième mi-temps, nous venons d'assister à une bonne rencontre de deuxième division.

Une rencontre qui, de l'avis de toutes les personnes autorisées que nous avons pu interroger à la fin du match, annonçait la première division, également souhaitée par les deux adversaires.

L'O.M. a joué cette importante partie avec un calme et une détermination qui firent plaisir à voir. Aucun affolement, aucun geste d'énervement dans le jeu des Marseillais qui, s'ils acceptèrent d'être le plus souvent dominés, ne perdirent jamais le contrôle de leurs actions.

Quand Molla, Gransart Misiasek dégageaient en touche, ce n'était qu'à la suite d'une glissade pour enrayer une offensive particulièrement dangereuse des Sochaliens. La plupart du temps les défenseurs marseillais, solidement épaulés par Milazzo et Tellechea, une fois devenus maître du ballon, s'efforçaient de le conserver à leur équipe.

C'est donc un bloc parfaitement huilé et participant activement à la contre-attaque qui s'opposa avec succès aux offensives de l'adversaire, des offensives menées par des joueurs de classe, comme Skiba, Edimo et Lickel, et qui eussent certainement pris en défaut une défense moins bien organisée.

Par suite, ce demi-succès sur le terrain des virtuels premiers du championnat, un demi-succès qui pour nous, vaut largement la victoire de dimanche dernier sur Cannes, est du en premier lieu à l'efficacité du bloc défensive de l'O.M.

Tous les joueurs qui le composaient, arrières et demis, méritent la citation. Tous firent leur devoir avec brio même, mais il est juste d'accorder une mention spéciale à Misiasek et a Corazza.

Misiasek avait la lourde tâche de marquer le redoutable autant que vif Edimo et on peut dire qu'il ne laissa pas une seconde de répit à son rival.

Quant à Corazza, il fit un très grand match, ne commettant aucune faute est sauvant des buts qui paraissaient certains, à trois reprises.

On retiendra surtout la manchette, en première mi-temps, sur le tir de Jo Tellechea et son plongeon dans les pieds d'Edimo à quelques secondes de la fin.

Kominek l'aiguilleur

Kominek, à mi-chemin entre sa défense et sa ligne d'avants, a joué à la perfection un rôle d'aiguilleur.

Sans doute Jo Tellechea oublia-t-il de le marquer de près, mais il ne reste pas moins que l'éminent stratège viennois de l'O.M. fut un excellent chef d'orchestre et que ces coups de patte, par leur opportunité et leur précision furent d'un grand secours à son équipe.

Parmi les quatre autres attaquants, l'homme du jour fut l'habile Lefevre. La façon dont il esquiva la charge de Loiseau faisait passer le ballon d'un côté et passant, lui de l'autre pour amener le but de son équipe, fut un chef-d'oeuvre du genre.

Aygoui, s'il n'eut que très peu d'occasions de placer son fameux gauche, a joué cependant très intelligemment, s'appliquant à garder le ballon quand il fallait le faire desservant ses partenaires à la perfection.

Sansonetti et Ugolini luttèrent comme de beaux diables contre la meilleure défense de la deuxième division. Tous deux firent exactement ce qu'on pouvait exiger d'eux dans des conditions aussi difficiles.

Sochaux : une puissante

machine de championnat

Dans la puissante équipe de Sochaux on remarqua évidemment Knayer et Alberto en défense tandis qu'en attaque avec Edimo toujours aussi dangereux, les meilleurs furent les jeunes Lickel et Leroy.

Skiba lutta comme un lion de bout en bout, mais la réussite ne fut pas avec lui.

Quant à Nuremberg, il sembla un peu émoussé.

Il est cependant certain que Sochaux possède une forte belle équipe et que la tenir en échec chez elle et une performance de qualité.

L'arbitre M. Tricot eut le grand mérite de l'impartialité. Sur l'ensemble de la rencontre, on peut estimer que son arbitrage a été bon.

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Lucien Troupel :

"C'est comme ça qu'il fallait jouer"

Sochaux - c'est une équipe marseillaise très satisfaite du résultat que nous avons retrouvée aux vestiaires.

Corazza, le nez en sang, suite à son dernier plongeon dans les pieds et percutant Edimo, été allongé sur la table de massage, mais pour souffler seulement, sa blessure étend très superficielle.

"Restez longtemps sous la douche" disait Lucien Troupel à ses joueurs, tandis que M. Zaraya, appuyé au radiateur, était muet de contentement.

A notre intention, l'entraîneur marseillais ajouta :

"C'est comme ça qu'il fallait jouer. Pour moi ils ont fait sur ce terrain très lourd un excellent match.

"Corazza nous a sauvé le point du match nul en fin de rencontre, mais tous ses camarades ont tenu leur rôle à la perfection. Nous rencontrions une forte équipe, la meilleure du championnat sans doute, et la tenir en échec sur son terrain et une grande performance.

"Voilà un petit point qui comptera double".

M. Zaraya : "Ils m'ont fait plaisir !"

Milazzo, très calmement, tard à nous expliquer l'origine de sa faute sur Lickel :

"J'ai voulu, nous dit-il, passer la balle à Corazza, et comme je tenais à assurer le coup, le Sochalien m'a écarté du bras. C'est alors que je l'ai retenu par le maillot. J'avoue que c'était risqué".

Enfin revenu de ses légitimes émotions, M. Zaraya devait nous confier :

"Je suis très satisfait. On le serait à moins. Ils m'ont fait vraiment plaisir. Je commence à croire maintenant très sérieusement que nous monterons en 1re division cette année".

DUPAL :

"Un des meilleurs matches de la saison"

Sochaux - Dans les vestiaires de Sochaux, l'entraîneur Dupal n'avait rien perdu de son calme habituel.

" Ce fut, nous dit-il avec celui que nous nous avons discuté contre Lille, la meilleure rencontre de la saison sur notre stade.

"A mon avis, notre équipe a fait un de ses bons matches. Certes, je crois sérieusement que l'arbitre aurait dû nous accorder un penalty, car Lickel fut retenu par le maillot dans la surface de réparation.

"Mais enfin mon rôle n'est pas de critiquer l'arbitrage.

"D'autre part, l'équipe marseillaise, par son jeu lié, méritait bien d'obtenir ce point du match nul.

"Mon souhait est que ces deux équipes que nous venons de voir se retrouvent la saison prochaine en Division Nationale. Elle semble en avoir les moyens. "

Paul Wartel : "L'O.M. m'a plu"

Paul Wartel, le vétéran de tous les entraîneurs sochaliens qui s'occupent présentement des jeunes était à peu près du même avis que Dupal à cette nuance près que l'on ne pensait pas qu'il y eut penalty.

"Je suis content pour l'O.M., confia-t-il. Son équipe m'a produit aujourd'hui une impression on ne peut plus favorable... Et surtout, n'oubliez pas de donner le bonjour à mon vieux et excellent ami marseillais M. Gascard. "

Voilà qui est fait.

 

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