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Résumé Le Provencal

du 09 avril 1962

 

L'O.M. se hisse à la quatrième place

la pratique systématique de l'anti-jeu

n'a pas sauvé BORDEAUX de la défaite !

les 9 Marseillais valides l'emportent (2-1)

En 25 ans de football, nous n'avions jamais vu cela ! Certes, tous les footballeurs, amateurs ou professionnels, ne sont faits, un jour ou l'autre, tanner le cuir sur de lointaine pelouse... mais se faire bosseler sur son terrain devant 20.000 spectateurs, voici qui n'est pas banal !

Donc par opposition, nous n'avions jamais vu une équipe, Bordeaux en l'occurrence, se comporter à l'extérieur avec autant d'insolente brutalité. Bétonner, passe encore... Les visiteurs ne se livrèrent que dans le dernier quart d'heure, et conservèrent leur intérieur Calléja en défense du début à la fin, que les Marseillais aient joué à 11, à 10 ou à 9... mais matraquer !

Après dix minutes de jeu, Segurola, Mogul et Abossolo s'étaient déjà distingués en appuyant leurs crampons... vivement sur les épidermes marseillais, et l'O.M. avait pratiquement perdu Leonetti qui, après s'être fait soigner, revenait en claudiquant à l'aile droite, tandis que Tellechea devenait arrière et Milazzo demi.

C'était ensuite Navarro qui s'en prenait à Milazzo et trouvait à qui parler...

À la 19e minute, Tivoli était mis proprement k.o. par Rey et à la 30e minute, Debeilleix stoppait du pied (dans le ventre de Sansonetti !) une bonne attaque de l'O.M. amorçait par Tivoli.

Apris Leonetti, Tellechea

Sur ces entrefaites, Tellechea, dans la mêlée, était sérieusement blessé au genou, et on le voyait prendre le chemin du vestiaire tandis que la foule huait les Girondins, décidément surexcités.

Pendant toute cette mi-temps contrairement à ce qu'on aurait pu penser, les Bordelais se contentèrent de détruire, à tel point que Moreira n'eut à intervenir que pour cueillir des balles adressées par ses défenseurs...

Maintenant Milazzo était arrière droit et les avants n'étaient plus que trois et demis, ce qui n'empêchait pas l'O.M. dominer. Raphaël Tellechea boitant bas et fort applaudi, revint du vestiaire au moment où M. Faucheux sifflait la pause.

La rentrée des deux équipes "au toril" fut accompagnée de "mouvements divers" tout comme, dix minutes plus tard, le retour des Bordelais ! Ce n'était que justice...

La pause n'avait pas calmé les esprits, car, successivement, Robuschi blessait Milazzo au genou, alors que Seguroia recevait, enfin un avertissement (5e et 6e).

On ne donnait pas tellement cher des chances marseillaises, car il était logique d'estimer que la seconde mi-temps allait être bien longue pour les neuf joueurs valides. Mais en football, où est la logique. Interrogations

Deux buts, coups sur coups

A la 53e minute, les Bordelais mettaient délibérément en corner. Tivoli donnait le coup de pied de coin, et Lefevre, in extremis, et de la partie arrière de la tête, réussissait à dévier la balle dans les filets des "terribles" Girondins... Jamais but ne fut mieux accueilli par une foule !

Mais ce n'était pas tout !

Quatre minutes plus tard, au milieu de la cohue défensif bordelaise, le blessé Tellechea recevait la balle, la poussée de la pointe du pied vers Lefevre. Ce dernier parvenait à la déviée vers Sansonetti, qui, toujours de la pointe du pied, obtenait le second but (57e).

Dans la foule, c'était presque du délire... Ce n'était pas pour cela que les Bordelais se ruaient à l'attaque, actions probablement interdites par leur religion...

Gori recevait à son tour un avertissement, après qu'un centre de Tivoli ait été bien repris de la tête par Dogliani (60e).

La défense marseillaise, depuis un moment, avait entrepris de "venger ses morts" et il ne faisait pas bon de se frotter à Milazzo, Moulon, Tassone et Knayer... Cela explique peut-être l'extrême circonspection des attaquants visiteurs.

À la 82e minute, un centre de Sansonetti, qui était parvenu à éviter de multiples tentatives de fauchage, était à deux doigts d'occasionner le troisième but marseillais, mais Courtin sauvait de justesse devant Lefevre.

Robuschi réduit le la marque

C'est le plus "empoisonnant" des avants bordelais, Robuschi qui allait réduire la marque après échappée sur l'aile droite et bon tir à ras de terre que Moreira ne parvenait pas à contrôler.

Il semble que la défense locale, si courageuse et vigilante n'ait pas cru au danger en l'occurrence.

Il est resté 6 minutes à jouer, et l'ont eut un peu peur que l'O.M. qui se ne méritait pas de perdre un point en de telles circonstances. Mais les Bordelais semblent avoir tellement prient l'habitude de matraquer et de bétonner qu'ils sont bien embarrassés quand ils ont à faire le jeu !

L'O.M. passa dans ces 6 minutes sans encombre. Précisons tout de même que les bordelais protestèrent auprès de l'arbitre après le second but de l'O.M., un juge de touche ayant eu, semble-t-il, une attitude... contradictoire. Mais il valut mieux sans doute, pour le salut de leur épiderme, sinon pour la justice, que ce but ne soit pas refusé à l'O.M. !

Car beaucoup de spectateurs n'auraient pas eu scrupule à... "intervenir". Ainsi la réussite de la victoire de l'O.M. firent oublier à la foule toutes les avanies dont avaient pu souffrir ses favoris. Les Bordelais risquaient de "provoquer la tempête", mais ce n'était pas faute d'avoir consciencieusement "semé le vent !"

Les seuls à s'être comporté correctement étant, outre Ranoulih, le gardien, Courtin, et à un degré moindre, Calléja et Gori

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LA "BONNE MERE" NE l'A PAS VOULU

La force aveugle des Girondins

N'a pas battu la finesse et l'intelligence

Heureuse surprise ! Nous avons retrouvé hier, au stade vélodrome, l'ambiance et les embouteillages des rencontres de première division.

Le public marseillais n'a pas tardé à "remordre" au football. Il reviendra beaucoup plus nombreux, la saison prochaine, pour assister au championnat de "National". C'est maintenant - Besançon et Troyes aidant -presque une certitude.

Plan... rata plan... Et bang !

On souhaite cependant à ce bon, à cet excellent public marseillais des rencontres plus spectaculaires que cet O.M. - Bordeaux.

Car hier, si le cadre était celui de la première division, le jeu ne dépassa jamais le niveau de la deuxième.

La faute en incombe principalement aux Girondins de Bordeaux.

Rarement nous avait-il été donné de voir une équipe jouer de façon aussi stupide : et s'entêter presque de bout en bout, dans la stupidité.

Bordeaux était venu au Stade Vélodrome pour y arracher son 10e match nul extérieur de la saison.

D'où une tactique hermétique, agrémentée d'une excessive virilité.

Plan... rata plan... et bang !

De football, pas tellement question. On défendait d'abord ! et l'on comptait sur le hasard pour marquer, ensuite.

Le comble de la sottise

Q'une telle tactique soit celle des faibles nous voulons bien l'admettre. Mais quand on s'appelle les Girondins de Bordeaux, que l'on m'a déjà un pied en "Nationale" et onze joueurs de bonne valeur, on pourrait jouer plus intelligemment sans risque.

Comble de la sottise et de la peur de perdre, quand l'O.M. fut réduit à neuf joueurs valides (Leonetti et Tellechea faisant de la figuration) les Bordelais ne changèrent pas un iota à leur façon d'envisager les choses.

Il fallut qu'ils soient menés 1 à 0 - il n'est pas de bon mur qui ne s'effrite ! - pour les voir passer à l'attaque.

À force de déjouer

On s'aperçut alors que cette équipe n'avait aucune tactique offensif digne de ce nom.

Au néant succéda le désordre, le pousse-ballon.

À force de déjouer, on finit par perdre l'habitude de jouer.

Et l'on s'explique pourquoi Bordeaux qui accumule les points en déplacement, en perd et souvent sur son terrain.

Vraiment il eut été dommage que cette équipe l'emporta hier, au seul bénéfice de quelques contres heureux.

L'O.M. et l'esprit d'équipe

Devant un adversaire jouant le hérisson de manière aussi délibérée l'O.M. eut surtout le très grand mérite de jouer en équipe.

Jamais, même en début de match quand son attaque, comme étouffée par la puissance physique Bordelaise n'arrivait pas à garder la balle, aucun des Olympiens de donna prise au découragement.

En montrant qu'elle pouvait répondre aux arguments frappants par d'autres arguments frappants la défense, au sein de laquelle Knayer fit une rentrée remarquée, rassura toute l'équipe.

Du moment que se tenait derrière, le seul problème à résoudre était celui du passage du mur girondin.

Il fut résolu, en deux temps et trois mouvements, alors même que l'on commençait à désespérer.

Une récompense méritée

Il est heureux et juste que le sort ait voulu récompensait l'équipe ayant tenté d'apporter à ses offensives cette part d'intelligence, de finesse, sans laquelle le football n'est qu'un jeu grossier.

Sans doute l'attaque marseillaise, handicapée par la présence à ses ailes de deux blessés, fût-elle assez loin de rappeler celle que nous avons vue à Béziers.

Mais enfin, elle fut la seule à jouer de façon cohérente, à essayer de faire courir la balle ; et à ce titre elle mérite le gain du match.

Dans ce débat, de la force brutale voulut primer, il est encourageant de constater que les joueurs tout de finesse, comme Tivoli et Dogliani aient pu tirer leur épingle de ce jeu assez peu fait pour eux.

Rentrée remarquée de Knayer

Félicitons donc l'équipe de l'O.M. dans son ensemble. Son admirable esprit de corps lui a permis de triompher de l'adversité.

Nous voudrions en rester là. Mais comment ne pas signaler que Knayer a sans doute été le meilleur joueur du match ; que Milazzo s'est multiplié de l'avant à l'arrière, avec une grande lucidité ; que Moulon a confirmé ses grandes qualités ; que Sansonetti fut à la pointe de tous les combats ; et que Tassone a agréablement surpris même ses plus grands admirateurs ?

Rappelons que Tellechea et Leonetti surent se rendre utile ; et que Tivoli et Dogliani furent à la base de toute les offensives combinées de l'O.M.

Dommage pour Bordeaux

Qui citer à Bordeaux ? ? Robuschi et Geri sans doute. Rey à la rigueur et peut-être Courtin. Mais quel dommage qu'une telle équipe ne puisse préparer sa rentrée en "Nationale" avec plus de panache... et de clairvoyance.

Maurice FABREGUETTES

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M. ZARAYA : "On verra ... à la fin du mois"

Le moment était propice pour demander à M. Zaraya si une telle ambiance, et la réussite, probable maintenant, de l'O.M., n'allait pas inciter à demeurer à la tête du club :

"Il est encore un peu tôt pour en parler. Tout d'abord, nous ne sommes pas encore en première division ! Ensuite, je ne pourrais reconsidérer ma position, qui est toujours la même, que s'il y avait du nouveau !"

Pour "du nouveau", M. Zaraya semble vouloir dire qu'il espère un concours extérieur.

TIVOLI : "J'ai passé la première mi-temps dans l'herbe"

Joie mitigée dans le vestiaire marseillais ou, si l'on se réjouissait de la victoire, on déplorait des blessures par dizaines.

Il semble que la saison soit finie pour Raphaël Tellechea, dont le ménisque est atteint.

Chacun montrait ses estafilades. Tivoli, fatigué, mais heureux, nous disait : "Vraiment, je n'ai jamais vu cela ! J'ai passé la première mi-temps étendu dans l'herbe."

Milazzo se réjouissait de l'aveuglement des Bordelais "ne se livrant pas contre 9 joueurs valides !

Enfin explosion de joie générale en apprenant les défaites des concurrents directs : Besançon et Troyes.

ARTIGAS, ROBUSCHI, DEBEILLEUX...

... et le choeur des Bordelais :

"C'EST UN SCANDALE !"

Après la rencontre, le vestiaire des Bordelais était transformé en véritable bureau des pleurs.

"C'est un scandale !" criaient en choeur l'entraîneur Arribas, Robuschi (couvert de savon de pied en cap), Debeilleix... et les autres.

Résumons leurs griefs :

"Le but de Sansonetti était hors-jeu : l'arbitre n'a voulu voir que les irrégularités bordelaises : et l'arbitre de touche, en levant son drapeau, à tout propos et hors de propos, a été le meilleur arrière de l'O.M.

Cette fureur sacrée s'exprimait de façon véhémente et colorée.

Robuschi - on n'est pas azuréen pour rien ! - était sans doute, le plus excité.

Quant à Artigas, il devait ajouter :

"C'est incroyable de perdre ainsi un match aussi nettement à notre portée. Nous prenons un but idiot et, là-dessus, l'arbitre en accorde un second à notre adversaire."

Une fois cette crise un peu calmée, nous avons demandé à Debeilleix :

"Mais enfin pourquoi une équipe aussi forte que la votre joue-t-elle de cette façon primaire ?

Réponse : "c'est en jouant ainsi que nous avons pu gagner 17 points en déplacement et d'envisager la "montée". En Deuxième Division c'est la seule tactique payante".

Voilà ! ! !

M.F.

 

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