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Résumé Le Provencal

du 08 octobre 1962

 

L'O.M. marque, résiste une heure, puis s'effondre

devant le RACING-CLUB de PARIS (1-3)

supérieurement animé par Ujlaki

On attendait beaucoup de cet O.M.-Racing, dont la première mi-temps fut extrêmement médiocre, et la seconde futile en péripéties généralement défavorables à l'O.M.

Sous un chaud soleil automnal, les deux équipes entamèrent mollement le débat. Il ne se passa pratiquement rien jusqu'à la 26me minute au Farias, nouvelle recrue du Racing, et qui ne s'était signalé que par des courses aveugles stoppées par autant de "hors-jeu", se trouva seul devant Moreira sans parvenir à le battre, le gardien marseillais lui ayant fermé adroitement l'angle de tir. Et Heutte survenu plaça la balle à côté.

But de Milazzo

Le temps de commenter l'événement et de se dire que l'O.M. avait eu chaud, et l'on voyait Sansonetti lutter sur la gauche, perdre la balle, la récupérer et l'adresser vers le centre à mi-hauteur. Extrêmement habilement Milazzo la saisissait au bond et lobait Varini (28me). C'était un but inattendu, qui ne relançait nullement la partie... car tout le monde continuait à faire de l'à peu près.

Moulon blessé

Mais sans doute, avec le but marseillais, l'événement majeur de la première mi-temps était une blessure de Moulon (claquage à la cuisse) qui allait le contraindre à quitter sa place au centre de la défense pour aller se rendre très utile à l'aile gauche.

Le Racing domine

La seconde mi-temps n'allait être qu'une pression constante du Racing sur la défense marseillaise forcée à parer au plus pressé et employé les moyens les plus illicites pour stopper les avants parisiens. Corners et coups francs à la limite se multipliaient à un rythme ahurissant. À la 61me minute, un but était refusé à Magny pour faute de Heutte, ceci consécutivement à un corner.

Ujlaki égalise

Mais une minute plus tard, sur tir de Sénac contré par Milazzo, la balle revenait vers Ujlaki qui égalisait d'un tir croisé remarquable de force et de précision. L'O.M. avait tenu une heure et le souffle de la défaite passait sur lui maintenant.

Van Sam, Farias, Magny échouaient de justesse (68me, 69me, 70me, 72me minutes).

A la 75me, Magny marquait de la tête un nouveau but refusé pour hors-jeu.

Ce n'était que reculer pour mieux sauter.

Magny de la tête

Une minute plus tard l'un des nombreux coups francs obtenus par le Racing était parfaitement tiré par Ujlaki (78me), Magny surgissait et marquait de la tête comme à la parade. C'était bien fini pour l'O.M. Le Racing, décontracté, démontrait maintenant une vraie supériorité. Senac et Ujlaki menaient le bal. Heutte et Magny débordaient à tous coups et ne pouvaient être arrêtés que par des irrégularités.

Le coup de grâce

A 5 minutes de la fin, Heutte débordait Alauzun et centrait en retrait pour Ujlaki dont le tir tendu était remarquablement dévié par Moreira. Mais Farias était le mieux placé et il marquait à bout portant le troisième but. Peu après, un tir de Van Sam était lâché par Moreira qui ne récupérait la balle que d'extrême justesse.

Seul Moulon

Pendant tout ce temps-là, me diriez-vous, que faisaient les avants de l'O.M ? Ils pratiquaient un jeu extrêmement étriqué et paradoxalement, c'est le blessé Moulon, qui fut le plus dangereux d'entre eux et mit un peu de fraîcheur dans cette grisaille.

A la 72me minute, après un dribble aérien, il tirait de volée de peu à côté du but parisien. À la 82me, il perçait et contraignait Varini à lâcher son tir bien placé. Sansonetti arrivait trop tard...

Enfin, à 2 minutes de la fin, il perçait encore en démarquant Sansonetti qui ne faisait arrêter pour hors-jeu. Que l'arrière blessé Moulon ait été finalement le plus dangereux des avants de l'O.M. (avec un courageux Sansonetti), n'est pas à l'honneur de ses partenaires, vraiment dans un mauvais jour...

Ce sera notre conclusion.

Louis DUPIC

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LA BLESSURE DE MOULON :

une excuse pas une raison

L'O.M. avait mis son maillot rouge. Celui qui lui porte-malheur, si nous devons croire nos voisins.

Malheur ou pas, il est certain que ce rouge délavé, comme sorti d'une blanchisserie abusant du détersif, n'est pas digne d'une grande équipe de Première Division.

Nous en étions encore là de nos réflexions, à la 25me minute de la première mi-temps. Notre carnet de notes, désespérément blanc, attestait de la monotonie du débat. Les deux équipes semblaient figées dans le béton des consignes. Pierre Pibarot devait nous dire, une bonne heure plus tard, que les joueurs étaient accablés par la chaleur, inhabituelle en cette saison.

Milazzo saute de joie

Enfin, quelle que soit la raison de ce marasme général, nous commencions à nous endormir dans notre tribune.

Le réveil devait être sonné assez brutalement, en quatre minutes.

À la 25me minute, Van Sam, invisible à l'oeil nu jusque-là, démarqua adroitement et complètement Farias. Ce dernier seul à quelques mètres à peine de la cage de l'O.M., allait marquer immanquablement, quand Moreira lui plongea audacieusement dans les jambes, évitant à son équipe de connaître un premier affront.

Cette chaude alerte passée, "Sanso", le moins endormi des attaquants olympiens, se débarrassait de Lelong sur l'aile gauche, avant de centrer vers Milazzo.

Un quart de seconde plus tard, l'inter demi de l'O.M. sautait de joie, les deux bras tendus vers le ciel, tandis que Varini ramassait le ballon au fond de sa cage.

L'O.M. venait de marquer le premier but de la rencontre.

Une excuse : la blessure

de Moulon

Mais cette joie olympienne fut de courte durée, car on s'aperçut aussitôt que Moulon, le meilleur défenseur de son équipe jusqu'à ce moment, souffrant de son ancienne déchirure musculaire, n'allait plus jouer qu'un rôle de figurant.

Cette blessure marqua le véritable tournant du match..

Complètement désaxée, l'équipe marseillaise perdit le contrôle de la partie ; tandis que le Racing de plus en plus entreprenant au fil des minutes, allait prendre un net avantage, donc tous les domaines du jeu.

Vous trouverez par ailleurs le récit de cette longue fin de rencontre et le détail des trois buts qui sanctionnèrent la défaite de l'O.M.

Il faudrait être aveugle pour discuter la légitimité de cette victoire de l'équipe parisienne.

Cependant, sans faire preuve de chauvinisme, on peut affirmer que la mise à la demi-retraite de Moulon constitue pour les Marseillais une excuse valable.

Le Racing pas encore

au point

Force nous est cependant d'ajouter que le Racing, pourtant victorieux, nous a plutôt déçu.

On peut, certes, louer l'organisation défensive de cette équipe, admirer encore le coup de passe d'Ujlaki, vanter le dynamisme de Senac, applaudir à quelques déboulée de Heutte, cité Magny... mais l'ensemble n'a produit qu'un jeu offensif de qualité moyenne sans plus.

On nous a dit, dans les vestiaires parisiens que les "Pingouins" étaient encore en rodage, que les principaux mécanisme de l'attaque demandaient un supplément de mise au point, que certains joueurs n'avaient pas le quart de seconde de "jus" au démarrage séparant l'action décisive du geste contré par adversaire, etc... etc... Bref, l'état-major "marine et blanc", lui-même, ne paraît pas satisfait de son équipe.

Pourquoi serions-nous plus royalistes que le roi ?

Au bilan des bonnes choses parisiennes, notons toutefois :

L'activité bénéfique de Senac, la vision du jeu et la frappe de balle d'Ujlaki, les excellentes dispositions de Magny et la netteté des interventions de la défense, Poirot en tête... et de la tête aussi.

Moreira, Milazzo

Et Sansonetti

On s'étendra beaucoup moins sur le cas de l'O.M.

Il nous paraît inutile et cruel insister lourdement sur les erreurs et des déficiences déficience de garçons qui firent ce qu'ils purent comme il le pur.

De la défense, formant un tout assez perméable une fois Moulon parti, il est bien difficile de séparer le bon grain de l'ivraie.

Encore qui est abusé des crocs en jambe, Knayer nous apparut le plus utile.

Bruneton, une fois n'est pas coutume, fut noyée dans la masse.

En attaque, il est apparu assez nettement que Stopyra était dépassé par l'ampleur de sa tâche.

Roy, de plus en plus isolé au fil des minutes, ne sembla jamais irrésistible ; et Viaene, avec la conscience professionnelle qu'on lui connaît, défendit courageusement une cause perdue d'avance.

Il reste que les meilleurs furent Moreira Milazzo et Sansonetti.

Il ne sera pas difficile de faire mieux la prochaine fois... c'est-à-dire mercredi contre Lyon.

 

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UJLAKI mène le bal... et l'OM...

...succombe sous les coups du RACING

Trente mille spectateurs au Stade Vélodrome et bien peu qui se soient retirés satisfaits. Car non seulement le jeu fut d'une qualité médiocre, mais encore d'un cours nettement défavorable à l'O.M., chaque fois que le niveau s'éleva. C'est bien là un comble, et les Marseillais ne pouvaient espérer enlever la victoire que dans le cas navrant ou la partie aurait conservé l'allure extrêmement lente des 45 premières minutes.

Qui aurait pu se contenter de cela ?

À la pause, nous nous surprenions à bailler largement et à regretter que notre métier nous ait conduit là, alors qu'il devait faire si bon la plage.

La première mi-temps, en tous points différente de celle qui allait suivre, avait été marquée par trois événements.

1. Tout d'abord, l'intérieur argentin Farias, qui ne semble pas devoir apporter grand-chose à l'équipe du Racing, se trouvait miraculeusement démarqué face à Moreira, qui lui fermait l'angle de tir et déviait la balle vers Heutte qui la plaçait nettement à côté (2ème minute).

2. Deux minutes plus tard Sansonetti parvenait à centrer de la gauche et Milazzo, très opportunément, lobait de volée Varini, ouvrant ainsi la marque.

3s. À peu près au même moment, soit vers la 30me minute, on voyait Moulon se mettre à boiter bas, victime d'un claquage à la cuisse. Milazzo se repliait alors et le blessé venait prendre place à l'aile gauche.

Bien que deux de ces événements aient été favorables à l'O.M. le troisième allait handicaper cruellement. On sait qu'elle est l'importance du rôle dévolu à Moulon dans le système défensif de l'O.M. Sa vitesse de course et d'intervention parvient à pallier beaucoup de défaillance, à combler plus qu'une brèche.

D'autre part, si Moulon devenu attaquant se servit remarquablement du ballon, à tel point qu'il fut à plusieurs reprises dangereux pour la défense parisienne, sa blessure lui interdisait de le disputer, et l'O.M. n'était pas assez fort pour pouvoir se passer impunément des services d'un de ses meilleurs éléments.

À partir de la pause, le Racing qui avait été fort médiocre auparavant, fut le maître du jeu et de la balle, en raison de sa supériorité numérique. On vit alors apparaître Senac et Ujlaki, de même que les ailiers Heutte et Magny.

Par opposition, les défenseurs de l'O.M. qui s'étaient comportés non pas brillamment, mais tout au moins honorablement en première mi-temps, subirent une telle pression qu'ils durent selon l'expression consacrée faire "flèche de tout bois". Autrement dit, ils durent employer pour arrêter leurs adversaires déferlant constamment vers eux, les moyens les plus illégaux, voire les plus déplaisants.

Les Parisiens attaquèrent à la cadence d'un assaut par minute et une intervention sur deux coûtait un coup franc à la limite. En une ou deux occasions, M. Bois, vivement critiqué par les joueurs marseillais, fut même à leur égard d'une indulgence certaine. À l'extérieur, en opérant de la même façon, le penalty était inévitable.

À l'autre bout du terrain, les avants locaux, placés dans des conditions difficiles, il est vrai, déjouaient complètement (jamais on ne vit autant de passe à l'adversaire) et chacun de leurs assauts paraissait promis à l'échec dont il se déroulait mollement mort né.

Certes pendant une heure, ils furent privés de l'appui de Milazzo, mais Moulon, blessé leur donna à plusieurs reprises une leçon de football simple, claire et net. Trois actions dangereuses menées en seconde mi-temps furent son oeuvre et aucun de ses camarades ne peut en dire autant.

Et nous achèverons leur procès en rappelant qu'ils jouèrent au moins aussi mal avant la blessure de leur arrière central. Pourtant le Racing, en première mi-temps était adversaire extrêmement complaisant.

* * *

Donc pour nous résumer, carence générale de l'attaque marseillaise avant et après la blessure de Moulon. Après la pause, carence de la défense, privée de Moulon et supportant tout le poids de la rencontre. C'est dans cet ordre que nous répartirons les responsabilités.

Côté parisien, il n'y a pas de quoi illuminer. Pendant une heure le Racing nous parut très vulnérable. Ensuite, les Parisiens se trouvèrent d'autant plus forts que l'opposition marseillaise fut plus faible.

Heutte, que l'on n'avait pas vu auparavant nous rappela qu'il possédait de grands moyens techniques et physiques. Magny n'est peut-être pas un jongleur de ballon mais il est costaud rapide et décidé. Ce n'est pas si mal.

C'est à ces deux hommes qu'ira la citation après Senac, infatigable pourvoyeur et l'éternel Joseph, Ujlaki qui participera directement à la réalisation des 3 buts parisiens

Pour mémoire, il marqua le premier but à la 62me minute, donna sur coup franc, la balle sur la tête de Magny(74me) et plaça un tir très violent, lâché par Morel que Farias repris victorieusement (85me).

Si Senac fut le poumon du Racing Ujlaki mit à chacune des actions victorieuses la patte du maître.

À 34 ans, Monsieur Joseph est toujours là, et bien la.

Louis DUPIC

 

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PIBAROT :"Nous avons perdu nos semelles de plomb en deuxième mi-temps !"

Dans le vestiaire des Marseillais, les visages étaient détendus, soucieux.

M. Zaraya, en hochant la tête nous dit d'une manière laconique : "Nous avons joué à dix, s'était trop dure devant un onze comme le Racing !"

L'entraîneur Armand Penverne constatait avec un certain déplaisir : "Dommage, mais nous avons été particulièrement handicapés par la blessure de Moulon ! Alauzun se faisait soigner par le masseur Giraud et annonçait : "J'ai reçu un coup violemment à la cuisse gauche.

Roy était mécontent et répétait : "Nous n'avons pas joué comme nous aurions dû le faire en attaque. De cette façon il n'est pas possible de scorer".

Moreira soupirait : "Vous avez vu cet Ujlaki comme il a marqué le premier but des Parisiens ! C'était extraordinaire à mon avis !"

Chez les "Pingouins" hilarité générale et pour cause !

L'entraîneur Pierre Pibarot résumait le match en ces termes :

"Je pense que la chaleur ne nous convient pas. En deuxième mi-temps un air frais s'est levé et nous avons perdu nos semelles de plomb, comme quoi il ne faut pas grand-chose pour rétablir l'équilibre".

Le président Delaye nous a déclaré à son tour : "En deuxième mi-temps les Marseillais qui avaient couru plus que nous, au cours du premier half, ont paru fatigués. Le physique ne répond plus ! Nous avons fait preuve d'efficacité quand même. Je souhaite à l'O.M. de se reprendre.

Ujlaki remarquait enfin : "Les joueurs de l'O.M. s'énervent trop. Moi, j'ai eu de la patience..."

Alain DELCROIX

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FAUSSES NOTES

par Lucien D'APO

Convenons avant tout de la supériorité du Racing. Il ne viendra à personne l'idée d'ajouter l'un à l'autre tous les avatars dont fut infligée l'O.M. pour tenter d'établir la chaîne des circonstances atténuantes.

Que le onze marseillais, rendu à l'amour de ses supporters, ait eu à souffrir de l'effondrement involontaire de cette tour de défense qu'est Moulon fut un grand un bien grand désastre, certes. L'effacement, du à un claquage, du malheureux demi-centre marseillais correspondit en quelque sorte à la dislocation de ses lignes de défenses qui assurèrent jusqu'ici la majeure partie des bons résultats des hommes de Penverne.

Que l'on formule encore quelques regrets, à l'endroit de ce garçon de race, arraché depuis peu à la chrysalide de néo-pro pour s'imposer sans détail, loyalement et fièrement, est choses qui va de sol, Moulon est, à notre avis, le leader d'une nouvelle vague, dont on peut dire pour le moins qu'elle a retrouvé le goût de la lutte dans d'un championnat qui, un jour ou l'autre, ne pourra plus se laisser scléroser par l'emploi de demi valeur ou de galopeurs son ballon.

Ceci dit, il reste que le Racing a dominé avec une certaine clairvoyance ce match que nous marseillais ont eu la néfaste idée de perdre. Car il est à gagner. Celui-là plus que les autres peut-être.

Le Racing a une longue histoire accrochée aux crampons de ses joueurs. Avec sa bonne tête de croquemitaine et ses titres de noblesse, avec son blason, la puissance de son organisation, il est toujours celui dont on souhaite, aux quatre coins de France, piétiner le prestige - 90 minutes seulement - peut-être parce qu'il est le Racing, parce qu'il est Paris, tout simplement.

Au demeurant, la France entière se lamentait si, d'aventure, le club de la capitale disparaissait.

Le vieux Racing, avec ses jeunes Racingman, a donc battu l'O.M., en pleines retrouvailles depuis le début de saison. Voilà qui rafraîchit les enthousiasmes. Mais ce ne sera pas un drame. Tout s'en faut.

Cet échec, néanmoins, va donner à penser à M. Armand Penverne, un sage qu'il en est. Quelques pions sont à changer sur l'échiquier.

Et Milazzo aura voulu révéler -à travers son but, certes facile - tout l'appétit qu'il a lorsqu'il se met à table de la compétition.

Pour notre part, ce match disloqué n'était pas au rythme. Du moins le Racing jouait-il le plus juste, pour dire le moins mal, cette partition au-dessus des classes de solfège.

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