OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 10 novembre 1963

L'O.M. donne la leçon

au Red Star (5-3)

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

PARIS - Au moment ou les deux équipes regagnèrent le vestiaire à la pause, et de la façon dont les choses s'étaient passées, on n'aurait pas donné cher des chances de l'O.M., qui allait reprendre la partie à dix contre onze.

Mieux, il semblait que l'O.M. avait laissé passer sa chance et n'avait pas profité au mieux des circonstances au cours d'une demi-heure de jeu véritablement hors-série et qu'il nous faut bien raconter chronologiquement.

Les 25 premières minutes s'étaient déroulées sur un rythme de match amical, avec un meilleur football de la part du Red Star. Mais les occasions échues à Bérard, Munoz, Keller, il n'allait bientôt plus rien rester dans la mémoire des spectateurs, bien qu'elles aient été jusqu'alors les "hauts faits"...

À la 26e minute, Dantheny, le gardien parisien, plongeait dans les jambes de Keller et, heurtant de son front le tibia du Marseillais, s'ouvrait proprement l'arcade. Cet incident, car il n'y avait eu aucune brutalité de la part de Keller, fit perdre complètement les pédales à l'arbitre, M. Wattrelot, qui allait accumuler les décisions ahurissantes :

1. - Penalty sifflé contre Moulon qui avait chargé Munoz à l'épaule (33me).

2. - But accordé à Bérard alors qu'Escale avait arrêté la balle sur la ligne (46me).

3. - Exclusion de Joseph (49me) qui n'avait fait aucun geste répréhensif et avait été bousculé par Davion.

4. - But refusé la Keller dans les pieds duquel Dantheny, sans avoir été chargé avait lâché la balle.

5. - But accordé à Bérard parti nettement hors-jeu.

Que dans ces conditions, l'O.M., qui répétons-le, n'avait pas parfaitement profité de son avantage numérique en première mi-temps, alors que Oliver gardait la cage parisienne, soit parvenu à construire en seconde mi-temps une très sympathique victoire, voilà qui en dira long sur son alacrité pendant cette période.

Mais il faut bien le dire : l'O.M. assez brouillon quoique plein de bonne volonté en première mi-temps, se transforma dans l'adversité en un O.M. efficace et lucide, est toujours courageux.

Il n'avait pu marquer que 2 buts à Oliver protégé par 9 camarades. Il allait, lui-même réduit à 10, en marquer 3 à Dantheny revenu dans sa cage, et il faut reconnaître que ce n'est pas cher, il y avait la place pour 2 buts de plus.

En fait l'O.M. est plus à l'aise (ses attaquants surtout) quand il y a du champ pour manoeuvrer. Nous le savons depuis longtemps. Le Red Star continuant à occuper le terrain laissa des espaces béants dans lesquelles Viaene, Peretti, Keller, Dogliani et Milazzo s'engouffrèrent à loisir.

Pour les spectateurs qui, bien à tort, avaient hué les Marseillais lors de la tumultueuse fin de première mi-temps, ce fut un changement à vue complet. Des lors, ce fut le Red Star qui fut accablé de lazzis et l'O.M., flamboyant portée au pinacle.

Escale et Milazzo

Hier après-midi, à Saint-Ouen, dans une ambiance hostile, jusqu'à l'épanouissement final, et dans l'adversité, aucun marseillais ne faillit à sa tâche. Dans le cas contraire c'était l'inéluctable défaite à laquelle nous aurions pu apporter de nombreuses circonstances atténuantes.

Mais dans l'euphorie de la victoire, comment ne pas signaler le rôle prépondérant joué par Fanfan Milazzo, qui fournit un labeur écrasant, fut à la fois au four et au moulin, défenseur farouche et intraitable, attaquant lucide et adroit, dont les deux buts furent des modèles du genre.

Il faut mettre aussi en évidence Jean-Paul Escale, pour une demi-douzaine de parades éblouissantes, pour autant d'arrêts difficiles et dont le contre-ut fut une admirable détente sur le penalty bien tiré par Rodighiero.

Tout le monde tint cependant parfaitement son rôle au cours d'un match hors série, tumultueux et émouvant, passionnant et passionné. Un seul point noir pour l'O.M. : l'expulsion de Joseph. Mais dans ce petit malheur, une satisfaction : le jeune ailier n'a absolument rien à se reprocher.

Ne terminons pas sans signaler que J.P. Dogliani revient vers sa meilleure condition. Que toute la défense fit une partie héroïque, que Peretti et Keller renouvelèrent leur sortie de Toulon et que Viaene joua peut-être son meilleur match sous le maillot blanc.

Quant au Red Star, qui possède de bons éléments en attaque (Munoz, Oriot, Bérard, Rodighiero et Robinet) en absence de ses arrières titulaires, il aligna défense qu'il lui voudra d'autres désillusions.

  ------------------------

Jean ROBIN : "Il faut savoir rester calme"

PARIS - C'est un climat de joie sereine qui régnait dans le vestiaire après le match pourtant tumultueux. L'entraîneur Jean Robin nous dit : "Notre victoire est avant tout de la victoire du calme. Je m'explique : à la mi-temps, après l'invraisemblable expulsion de Joseph et le deuxième but accordé irrégulièrement au Red Star, les joueurs et moi-même avant passer le temps de repos à les calmer en leur disant : Votre seule chance de surmonter tant d'adversité c'est de rester calme". Les joueurs de l'O.M. ont effectivement retrouvé leur sang-froid et ont donné à leurs adversaires une leçon de football.

Dogliani : "Ca nous réussit de jouer à 10".

Dogliani, après nous avoir expliqué les raisons (physiques) d'un médiocre début de saison ajoute : "Je ne me suis pas aperçu qu'on jouait à dix". Puis il précise sa pensée : "L'absence du malheureux Joseph n'a pas pesé ni sur nos épaules ni sur les jambes tellement que ça à tourner en rond et tellement nous avions le désir de vaincre...".

Un peu plus loin, Viane nous interpelle : "Vous avez vu non seulement on a gagné mais on a bien joué au ballon". Nous en convenons entièrement avec lui.

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.