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Résumé Le Provencal

du 17 février 1964

Contre l'O.M. en rouge, FORBACH

menait à la mi-temps (1 à 0)

mais tout de blanc vêtus

les Marseillais firent la loi (3-2)

En football, du moins à Marseille, une blanche vous trois rouges.

Toute l'histoire de la rencontre O.M. - Forbach tient dans cette constatation.

La fin de la première mi-temps venait d'être sifflée, mais pas plus que les joueurs olympiens regagnent les vestiaires la tête basse et le torse moulé dans un impressionnant maillot rouge.

Pensez donc, Forbach, le petit Forbach, l'insignifiant Forbach mené par 1 à 0.

Le rouge de la honte

C'est alors, au moment même où les supporters locaux broyaient du noir, qu'intervient une bonne fée, en la personne de M Cracolaci dit "Craco" concierge du stade de l'Huveaune.

Ce "brave" homme qui, depuis 45 minutes, rêvait du maillot blanc traditionnel de son équipe, entreprit de réaliser son rêve.

Empruntant le véhicule automobile d'Alauzun, il "fit un saut" jusqu'au bout du Prado et revint, une dizaine de minutes plus tard, dix maillots blancs sous le bras.

Et voilà pourquoi et comment, à la surprise générale, l'O.M., qui avait quitté le terrain en rouge - le rouge de la honte - y revint tout de blanc vêtu.

Blanc ne signifie pas pâle

Les effets de cette heureuse transformation ne tardèrent pas à se manifester.

Cinq minutes plus tard, à peine, Peretti égalisait, l'O.M. de pâle qu'il était en rouge devenait flambant en blanc... et le public reconquis - il n'en demandait pas davantage - de donner de la voix et du pétard.

Dans ce climat euphorique, les événements heureux pour les "blancs", se succédèrent à une cadence accélérée.

Viaene, d'un tir de 22 mètres environ, trouait littéralement le mur lorrain (2 à1) et un peu plus tard, sur centre de Viaene, Dogliani reprenait directement la balle, battant une nouvelle fois Bachortz (3 à 1).

Le tout en 20 minutes. Minutes fastes, bien entendu.

Un cadeau aux spectateurs

On aurait pu croire, alors que la partie était terminée.

Mais ce serait bien mal connaître les joueurs marseillais.

"Ces pauvres spectateurs, pensèrent-ils sans doute, vont s'embêter, eux qui font preuve d'une grande et méritoire fidélité".

Et, pour les récompenser, on leur offrit ce que les amateurs de cinéma noir appellent le "suspense".

Sur coup franc pour Forbach, de 22 mètres très exactement, si les traceurs de lignes servant au rugby mesurent juste, Konrady, le rouquin, trompa Escale d'une de ces balles à effets terreur des gardiens de but.

3 à 2 donc. Tous les espoirs d'un côté, toutes les craintes de l'autre... et c'est avec un soupir de soulagement, quinze minutes plus tard, que l'on entendit le coup de sifflet final.

L'équipe blanche de l'O.M. venait, somme toute, de remplir son contrat.

Le tournant du match

Mais il faut dire qu'en première mi-temps l'équipe rouge, elle avait cruellement déçu ses meilleurs amis.

Décontractée à l'extrême jouant en ordre très dispersée, elle avait constamment subi la loi d'une équipe de Forbach dans le jeu surprit agréablement.

Cette indiscutable domination des visiteurs ne se traduisit heureusement que par un fort joli but de Sinés (le No.10), à la 31e mn.

Mais, à deux minutes de la mi-temps, le même Sinés eut un deuxième but au bout du pied et l'on peut se demander ce que se serait passé si le jeune Lorrain n'avait péché par excès de précipitation.

Ce fut, vraiment, le tournant du match.

Sejnera le plus constant

Enfin, tout est bien qui finit bien, d'autant que sur les 90 minutes, la victoire marseillaise paraît méritée.

N'en considérons pas moins cette chaude alerte comme un avertissement sans frais aux joueurs marseillais.

Dans cette dure lutte pour la "montée", ils n'ont pas le droit de relâcher leur action, fut-ce en disputant le match en apparence le plus facile.

Sur l'ensemble de la rencontre, les meilleurs olympiens auront été Sejnera et Boucher. Le premier excellent "stoppeur" fut très précieux en première mi-temps, tandis que le second se montrait égal à sa réputation de bout en bout.

Escale a commis, sur le deuxième but de Forbach, une erreur de jeunesse. On ne doit jamais laisser rebondir une balle tirée avec effet. Pour le reste il faut, il fut irréprochable.

Tassone, trop impulsif, mais tout de même efficace, et Moulon peuvent être crédités d'un match honorable.

Les deux Bernard

Milazzo, compte tenu de son rendement habituel, fut seulement assez bon.

Mais il est certain que Bernard, trop souvent battu dans la dispute du ballon et d'une activité mesurée au plus juste, laissa à son partenaire du milieu de terrain le gros de la tâche.

Par contre le même Bernard réussit des actions très brillantes, si l'on ne veut considérer que le côté offensif de son rôle.

Viaene et Peretti eurent le mérite, qui n'est pas mince, de participer efficacement aux trois buts de l'O.M.

Même remarque pour Dogliani qui, s'il fit très peu, le fit de façon remarquable. La qualité, en quelque sorte, remplaçant la quantité.

Keller, bon dans le jeu ouvert, n'eut aucune réussite au moment de l'estocade.

Konrady, le rouquin

A Forbach, l'homme du match a été le rouquin Konrady. Beaucoup de travail et précision au-dessus de la moyenne.

Bieganski et Kowal, les deux "vieux" de dernière furent généralement à la hauteur de leur tâche.

Bachortz, lui, a deux buts sur la conscience. Mauvais dégagement du poing sur le corner terminé par le tir percutant de Viaene, et mauvais placement sur le but marqué par Dogliani.

Koch (No.3), Sine (No.10) et Griscar (No.11)sont les espoirs de cette sympathique équipe qui jamais ne ferme le jeu, ce qui nous valut, en définitive, un assez bon spectacle.

Maurice FABREGUETTES

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Jean ROBIN : "En deuxième mi-temps les Marseillais se sont bien engagés"

L'entraîneur Jean Robin était rasséréné dans les vestiaires : "En première mi-temps, contre le vent, il fallait garder la balle. Avec l'aide du vent, les Marseillais se sont bien engagés. Mais nous avons eu chaud..."

Le président Jean-Marie Luciani nous a dit : "Nous avons eu beaucoup d'émotions ! Forbach était un adversaire coriace. Les Olympiens ont eu le grand mérite de redresser la situation."

Viaene nous a fait remarquer : "J'ai eu la grippe, en deuxième mi-temps, cela allait mieux. Les Forbachers jouent bien derrière".

Keller nous a déclaré à son tour : "Les Lorrains ont une excellente défense. En deuxième mi-temps nous nous sommes mieux comportés".

M. Haon s'est exclamé : "Sans être superstitieux on peut dire que le changement de maillot nous a été favorable !"

Alain DELCROIX

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Louis Dupal : "Un but d'avance ce n'était pas suffisant"

Dans le camp forbachois, on était légèrement amer sans être triste. Louis Dupal remarquait : "Un but d'avance, ce n'était pas suffisant pour nous. Le jeune Sinnès a commis une faute en ratant un 2me but, autrement, nous aurions pu avoir deux buts ! Nous avons trois matches de retard à cause du verglas. Cet arrêt prolongé a cassé notre rythme..."

Bachortz soupirait : "Ce fut un match à suspense. J'ai bien cru que nous parviendrons à ramener un point !"

Konrady constatait : "On a eu un mauvais passage pendant un quart d'heure. J'ai brossé ma balle sur le coup franc, c'est pour cela que j'ai trompé Escale.

Sinnés soupirait : "Sochaux ne nous a pas payé, mais nous en avons mis un coup parce que nous avons cru en notre chance."

A.D.

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