Résumé Le Provencal

du 01 mars 1965

L'O.M. battu a MONTPELLIER

(De notre envoyé spécial Maurice FABREGUETTES)

MONTPELLIER - Les joueurs marseillais, l'entraîneur Mario Zatelli, leurs deux dirigeants accompagnateurs, MM. Bicais et Haond, plus leur supporter unique, l'excellent M. Gascard, ont quitté le vieux stade du Parc des Sports de Montpellier ulcérés et persuadés d'avoir été volés par l'arbitre de la rencontre M. Barde.

Relatons les faits ayant motivé ce sentiment :

A la 80e d'abord alors que le S.O. Montpellier ne menait que par 1 but à 0, but sur lequel nous reviendrons, Baulu, arrive seul devant Dessons en compagnie de Joseph, trompa le gardien de Montpellier, lequel ne put que dévier du pied le ballon dans sa cage. But refusé pour hors-jeu non pas de Baulu mais de Joseph qui, après le demi loupé de Dessons, aurait amené le ballon derrière la ligne de but.

Ce refus assez discutable de souleva cependant que des remous mineurs.

A la 88', alors que la partie paraissait jouée, se produisit un second incident qui, lui, devait tourner franchement à la révolution.

Sur coup franc tiré de la droite par Baulu, le ballon revint vers l'arrière devant Markiewicz qui tira assez mollement. Entre Markiewicz et le but de Montpellier se trouvait au moins une douzaine de joueurs des deux camps.

Par extraordinaire, le ballon passa ras de terre à travers toutes les jambes avant de rouler au fond de la cage, sans avoir été touché par un seul joueur, même pas par Dessons qui avait crié : "Laisse, laisse !" à ses partenaires.

Joie ici, déception là, mais M. Barde, d'un geste impératif du bras, signifia qu'il refusait le but et accordait un coup franc à Montpellier.

Pourquoi ?

Nous avons appris plus tard, aux vestiaires, que M. Barde avait voulu sanctionner une obstruction de Joseph sur Archimbeau, obstruction bien sûr invisible des tribunes ou nous nous trouvions et qui est d'ailleurs contesté par le principal intéressé.

Les choses, alors se gâtèrent. Les joueurs marseillais firent cercle autour de l'arbitre. Mario Zatelli, fou de colère, pénétra sur le terrain et l'on vit Escale quitter sa lointaine cage et piquer un sprint en direction de M. Barde. Ceinturé par son capitaine Markiewicz, Escale se mit à vociférer on ne sait quoi, mais on le devine sans peine.

Quoi qu'il en soit, l'arbitre, qui n'est pas sourd, tant s'en faut, l'entendit et l'expulsa illico, non sans quelques protestations supplémentaires.

Le calme revint, Tassone joua gardien de but et, deux minutes après, la fin était sifflée sur une nouvelle et, cette fois, injuste défaite de l'O.M.

Résumons le geste de la partie.

Après un début assez mou, le S.O.M. réussit à marquer à la 10' le seul but validé de la rencontre.

Un centre de Terrasse, bien servi par Calmettes, un cafouillage et un tir de près de Couronne qui fit mouche.

1 à 0 donc pour Montpellier.

Par la suite, à la surprise générale du public local qui croyait la rencontre jouée, l'O.M. se mit à dominer et c'est miracle qui n'égalisait pas avant la mi-temps.

Nous avons noté un tir remarquable de Roig, un autre de Joseph qu'Aubert prit en pleine figure, et un troisième de Markiewicz d'excellente facture également.

En seconde mi-temps, avant les événements dont il est questions plus haut, l'O.M. avait continué à conduire le jeu presque à sa guise au bénéfice de son indiscutable supériorité au centre du terrain.

Mais une fois encore, malchance plus maladresse, rien n'avait pu être conclu.

Pourtant on avait vu Aubert sauver de la tête sur sa ligne. Joseph dirigeait un puissant coup de tête quelques centimètres au-dessus la transversale et Markiewicz d'un tir royal de 25 bons mètres, obliger Dessons à s'y reprendre à deux fois pour arrêter le ballon.

À ces nombreuses tentatives de l'O.M., Montpellier n'avait répondu que par d'assez timides contre-attaques et un but refusé à Durand pour hors-jeu. Ce qui autorisa le public Montpelliérain à déclarer avec une belle unanimité, la rencontre terminée, que l'O.M. l'avait agréablement surpris.

Mais ces louanges méritées ne consolèrent les joueurs marseillais d'avoir perdu la prime du match.

MARKIEWICZ et ses camarades ont fait le meilleur jeu

MONTPELLIER - Sur le vieux stade du Pont Juvénal qui ressemble de plus en plus à un terrain vague à peine amélioré par quelques tribunes où gradins dans un état de délabrement avancé, l'O.M., comme cela se produit souvent en déplacement, joua beaucoup mieux qu'il ne le fait d'ordinaire sur son stade vélodrome.

Sans attendre, bien sûr, des sommets qui leur sont inaccessibles, les joueurs marseillais, brillamment dirigés par un Markiewicz omniprésent, furent la plupart du temps les maîtres du jeu et du ballon.

Au centre du terrain les Roig, Bordere, et Sejnera principalement, prirent un net avantage sur leurs opposants montpelliérains, se permettant même d'orchestrer quelques très bons mouvements.

Malheureusement - et ce n'est pas nouveau - malgré la puissance de Joseph et la finesse un tantinet tarabiscoté de Baulu, les buts ne s'accumulèrent pas dans la cage de l'adversaire, tant s'en faut.

Une fois de plus, l'O.M. domina, fit preuve de beaucoup de bonne volonté et perdit par manque d'efficacité surtout.

Car si M. Barde semble avoir donné le coup de grâce aux marseillais, il est bien évident que l'on aurait fait moins de cas de ses buts refusés s'ils avaient été précédés d'autres buts, validés, eux.

Enfin, cette réserve faite, nous pouvons écrire avec plaisir que l'O.M. nous apparut jouer à Montpellier en équipe ayant conservé toute son ambition et tout son dynamisme.

Il y a, c'est certain, du ressort dans cette malheureuse équipe qui mérite d'être, un dimanche ou l'autre, servie par cette chance qui la fuit obstinément.

Au tableau d'honneur citons en premier lieu Markiewicz, Roig et Sejnera qui furent parmi les meilleurs joueurs de la rencontre.

Mention et également à Escale, Tassone, Baulu et Pradere

Le S.O. Montpellier, lui, a franchement déçu, opinion d'ailleurs partagée par son entraîneur Favre.

Toujours d'après lui, son attaque n'avait jamais aussi mal joué qu'hier. Par contre on a remarqué la classe de Calmette, l'un des meilleurs joueurs du match, la vivacité de Mosca et la réussite du gardien Dessons, bien que certaines de ses sorties furent aventureuses.

M. BARDE :

MONTPELLIER - C'est très calmement que M. Barde nous a dit :

"J'ai fait ce que je devais. Croyez bien que si j'avais voulu désavantager l'O.M., j'aurais pu le faire très facilement, ne serait-ce qu'en accordant un but refusé à Durand pour hors-jeu, ou en sifflant penalty contre Barellas qui avait touché très nettement le ballon de la main dans sa surface de réparation, mais involontairement à mon avis.

"Sur les deux incidents dont il est question, j'ai très nettement vu Joseph hors-jeu à l'occasion du premier but refusé à Marseille, quant au second le même Joseph avec fait sous mes yeux acte d'obstruction très nette contre Archimbeau."

Donc acte.

Dans les vestiaires marseillais, la déception le partageait à la colère.

"J'ai dit à l'arbitre exactement ce qu'il méritait", criait Escale.

À quoi son capitaine Markiewicz ajoutait : "Oui mais il y a certaines vérités qui ne sont pas bonnes à dire.

Mario Zatelli qui piquait une colère comme on ne lui en connaît plus depuis longtemps, cria :

"Nous avons été volés comme sur un grand chemin. Enfin, que faut-il faire pour gagner un match ici ? Mon équipe a très bien joué, vous l'avez vu. Je suis très content d'elle. Je ne puis que féliciter mes joueurs, mais il est regrettable qu'ils aient perdu le bénéfice de tous ces efforts par la faute d'un arbitre que je trouve scandaleux".

"Ouf ! nous a dit l'entraîneur de Montpellier Favre, une fois la rencontre terminée. J'ai souffert de bout en bout. Cette équipe de l'O.M. dont on m'avait dit beaucoup de mal vaut beaucoup mieux que sa réputation. Il y a là d'excellents joueurs en puissance. Il est certain que mon équipe a fait un mauvais match mais cela n'explique pas tout. Il m'est apparu que l'équipe marseillaise était, quoi qu'on en ait dit, une équipe d'avenir".

Recette : 10.319 fr. 50 pour 3.128 spectateurs