OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 15 mars 1965

 

Une honnête seconde mi-temps de CANNES

suffit à aire le malheur de l'O.M. (4-2)

Nous ne savons pas si vous avez lu "La fêlure" de Scott Fitzgerald ? Sinon, de grâce, procurez-vous cet hallucinant récit des affres du créateur devant la feuille blanche et la tâche qui n'est plus en mesure de remplir. Ainsi vous comprendrez de quel vertige est saisi le chroniqueur sportif devant sa rame de "papier copie" après avoir vu un match tel que O.M. - Cannes...

Un si vous êtes des 2.000 fidèles que le stade vélodrome a conservés et auxquels il faudra bien un jour décerner une médaille, vous serez de tout coeur avec moi. Si vous en avez oublié le chemin, vous pouvez difficilement vous faire une idée de l'abîme dans lequel est tombé une équipe qui, la saison dernière encore, était capable de nous procurer certaines satisfactions...

Étant déjà convaincu de cela depuis longtemps, nous attendions (faute de l'O.M.) que l'équipe cannoise, jusqu'à preuve du contraire en excellente position au classement, nous montre de quoi elle était capable... et nous étions prêt à nous montrer, quant à nous, bon public.

Un qu'avons-nous vu ? Pas grand-chose...

Les Azuréens, comblés d'entrée par un cadeau de Belloni, remplaçant Escale, firent à tel point preuve d'excès de confiance coupable qu'en une minute ils étaient non seulement rejoints, mais dépassés.

Trois minutes qui content

Barrou avait ouvert le score à la 8me minute, Cassar égalisait à la 10me à la suivante d'une percée de que Baeza n'avait su enrayer.

A la 11me, Markiewicz transformait remarquablement un penalty légitimement accorder aux Marseillais par M. Raynard.

Épuisés par un effort aussi intense, les deux équipes allaient s'endormir jusqu'à la pause et l'on notait, en 34 minutes, que deux événements : tout d'abord la blessure de Lopez (13me minute), qui eut une certaine influence sur la tenue de l'O.M., puis un très bon coup franc de Ferrari (27me), très bien stoppé par Belloni.

Ferrari et Barrou

En seconde mi-temps, Lopez prenait définitivement place à l'aile gauche et les Cannois face à l'équipe marseillaise très faible en attaque, allaient "s'énerver" quelque peu et appuyer un peu plus leurs actions.

Cela suffit pour que la défense locale donne de la bande, notamment sur le côté gauche.

À la 55me minute, Ferrari passait une défense figée et comptant sur le hors-jeu pour aller égaliser sans opposition.

À la 62me minute le même Ferrari allait irrésistiblement au but lorsqu'il fut fauché sans rémission par un "croc" de Markiewicz, à l'entrée de la surface. Ouf ! soupirait les supporters... Pas pour longtemps, Amand transformait directement le coup franc, la balle frappant le dessous de la transversale.

Deux minutes plus tard, Barrou perçait mais se heurtait à Belloni, bien sorti à sa rencontre.

À la 71me minute, Barrou grillait tout le monde mais tirait sur le poteau. Peu après il marquait de la tête, son but étant refusé pour faute sur Markiewicz.

Enfin, à la 77e minute, même Barrou, après relais avec Sparza, se jouait des défenseurs et de Belloni pour leur asséner le coup de grâce !

Sans forcer

Ainsi, il avait suffi de quelques accélérations des professionnels cannois pour que l'équipe amateur marseillaise ne sache plus ou donner de la tête. Dans le fond, rien n'est plus logique et les visiteurs, auquel on pouvait reprocher d'avoir joué pendant une grande demi-heure avec le feu, n'eurent même pas à puiser dans leurs réserves pour repartir avec les deux points de la victoire.

Cette équipe cannoise, nous l'avons trouvé assez molle pendant près d'une heure, mais peut-être est-ce son style ?

Sans avoir l'air d'y toucher, son attaque, la plus efficace du championnat avec celle de Nice, marqua bel et bien 4 buts à la défense marseillaise, et celle-ci n'en a pas souvent pris autant !

Ferrari, qui gagna la Coupe avec Le Havre, en fut le principal animateur tout au long de la partie. Il est actif et courageux, il voit clair et peut compter sur une bonne frappe de balle. Avec cela on est sûr de faire carrière en Seconde Division.

Le grand Barrou, qui se réveilla en seconde mi-temps, et notre ami Abdou Yansane, furent ses partenaires les plus valeureux en attaque. Mais il y a aussi dans certaines équipes cannoises des hommes qui savent jouer au ballon (ils se nomment Sparza, Laugier, Amand et Jacob) et le prouvèrent.

La déception, vint de Baeza et surtout de l'ex-monégasque Guillas, déception toute relative empressons-nous de le dire.

L'O.M. joua son pouce-ballon classique, que l'on voit même plus chez les équipes moyennes de CFA. La seule excuse à faire valoir est la blessure de Lopez. Mais il n'empêche que l'équipe marseillaise (si l'on excepte Tassone, volontaire et dominant Guillas) fut faible de A à Z et du numéro un Belloni au numéro onze Bordone. Mais comment pourrait-on critiquer ce garçon, demi ou intérieur valable, qui se trouve promu ailier gauche d'une équipe en perdition ?

Il y a à l'O.M. un lot de garçons qu'on est en train de dégoûter du football. N'est-ce pas, jeunes gens ?

--------------------------------------

BARROU et FERRARI ont fait la décision

Peu de monde au stade vélodrome lorsque M. Raynard, de Montpellier donna le coup d'envoi.

Les équipes ont la composition suivante :

Cannes, Simeoni (1) ; Esteve (2) ; Baeza (3) ; Aman (4) ; Jacob (5), Laugier (6) ; Sparza (7) ; Yansane (8) ; Barrou (9) ; Ferrari (10) ; Guillas (11) ; entraîneur : Louis Mus.

L'O.M. : Belloni (1) ; Tassone (2) ; Barellas (3) ; Sejnera (4) ; Lopez (5) ; Roig (6) ; Robinet (7) ; Markiewicz (8) ; Joseph (9) ; Cassar (10) ; Bordone (11) ; entraîneur Mario Zatelli.

Après quelques minutes sans aucun relief, Cannes ouvre le score à la 8me minute, à la surprise générale, la balle va de Ferrari à Yansane qui centre sur la tête de Barrou. Celui-ci reprend sans opposition et Belloni, pourtant bien parti, passe complètement "à travers".

La balle lui passe entre les bras et roule dans la cage !

L'on va égaliser, 2 minutes plus tard et prendre nettement l'avantage.

Tout d'abord par une percée de Cassar qui semble pourtant perdent la balle au profit de Baeza, Mais Cassar est assez habile pour centrer à son tour l'action de Baeza et marquer de près (10me).

Dès la remise en jeu, Roig s'infiltre dans la surface et Baeza l'abat... C'est le penalty indiscutable que le capitaine Markiewicz transforme avec un calme et précision (11me).

Il ne se passera rien de saillants jusqu'à la pause, en dehors d'une blessure de Lopez à la cheville gauche qui va handicaper l'arrière central marseillais est évidemment l'O.M. (13me).

À la 22e minute, Belloni s'envole et cueille un coup franc de 20 mètres très appuyer de Ferrari.

À la mi-temps : O.M. 2 - Cannes 1.

La seconde va être tout à l'avantage de Cannes.

À la 55me minute, la défense locale reste arrêtée, jouant le hors-jeu.

Ferrari la passe en vitesse et marque sans opposition.

À la 62e minute, Ferrari part de loin et se joue de la défense marseillaise.

À l'entrée de la surface, Markiewicz lui passe un croc-en-jambe alors qu'il allait au but.

Le coup franc est transformé directement par Amand, la balle heurtant le dessous la transversale avant de rebondir à l'intérieur.

Le juge de touche, bien placé valide le but.

À la 64me minute, Barrou passe sur la gauche et se présente seul devant Belloni qui sauve du pied.

À son 71me minute, Barrou trompe Markiewicz, déborde sur la droite et tire en force sur le poteau à la droit de Belloni.

À la 75me minute, Barrou reprend de la tête un centre de Sparza et marque.

Le point est refusé, le Cannois ayant au préalable bousculer Markiewicz.

Enfin à la 77me minute, Barrou, encore lui, se sert de Sparza comme appui pour tromper la défense marseillaise et devancer la sortie de Belloni.

Finalement Cannes 4 - O.M. 2.

La recette fut de 17.145 francs, pour 4028 spectateurs.

--------------------------------------

ZATELLI :

"Vivement que la saison se termine"

La joie la plus délirante éclatait dans le camp cannois.

Ferrari nous a dit simplement : "Nous pensons à la Nationale plus que jamais. Nous avons un match de retard ! Nous n'aurions jamais du être menés à la mi-temps et nous aurions dû finir la rencontre sur un score beaucoup plus large !"

L'entraîneur Mus s'exclamait : "Il ne faut pas nous juger sur ce match ! Nous sommes capables de faire beaucoup mieux. Nous avions peur de perdre. Si nous avions appuyé nous en marquions 6 ou 7.

Yansane supputait : "Nous avons des chances ! Surtout que nous devons recevoir sur notre terrain le Red Star et Nice".

Enfin, Amand révélait : "J'avais prévenu mes camarades : s'il y avait un coup franc, je voulais le shooter, car je le sentais ! Et c'est ce qui s'est passé."

Dans le camp marseillais, le désespoir commence à s'installer.

Mario Zatelli était réellement désabusé en nous disant : "Nous avons eu deux hommes touchés ! Le coup franc sifflait contre nous n'été pas valable ! Vivement que la saison se termine"

M. Haon soupirait : "Nous n'aurions pas dû prendre le deuxième but si Barellas était resté à son poste".

Markiewicz s'écriait : "Nous avons encore battu des records !"

M. Bicias protestait : "Même avec l'arbitrage contre nous, nous aurons du gagné".

Belloni constatait : "Les avants cannois se sont promenés. Ils ont pu faire de la dentelle ! Il faut aller au charbon !"

M. Martinelli soulignait : "Quand on s'en fiche, ça ne peut pas marcher."

Alain DELCROIX

-----------------------------

.

.

.

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.