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Résumé Le Provencal

du 30 août 1965

 

L'O.M. a battu GRENOBLE (1-0)

Il lui reste à trouver sa manière

"À Marseille la table est toujours mise pour le football, il suffit d'un bon repas..."

Cette réflexion d'un supporter de l'O.M., ami de Rabelais aussi et la meilleure image pouvant illustrer cette journée de sport.

Le temps redevenu chaud, l'ouverture de la chasse et même l'heure du match tout paraissait se liguer contre cette O.M. - Grenoble.

Pourtant le stade rénové, mais encore bien vieux par certains côtés de l'Huveaune fut pris d'assaut s'avérant insuffisant pour les rencontres importantes.

Le culte du souvenir, le retour aux sources sont certes des sentiments louables ; mais au prix d'embouteillages inextricables, de grincements de dents et d'un inconfort dont le public marseillais avait perdu l'habitude.

Il n'en reste pas moins que l'engouement des Provençaux pour le football reste entier et c'est bien la note la plus encourageante de ce chaud dimanche d'août.

Attendons pour mieux voir

L'O.M. a gagné et cette victoire étriquée bien que méritée a paru satisfaire la majorité des spectateurs.

Pour notre part, nous ne savoir encore que penser de cette nouvelle équipe olympienne.

Qu'elle soit supérieure à sa devancière est une vérité tellement évidente qu'il semble inutile de l'écrire.

Mais dans la mesure où nous sommes pour elle, plus amitieux notre jugement doit rester nuancé.

Hier, l'un de ses attaquants de pointe Joseph, handicapé par une contracture musculaire se montrant inexistant, et la plupart de ses autres joueurs étant victime du trac - c'est du moins ce qu'on nous a affirmé - l'O.M. ne produisit pas l'impression d'une équipe dominatrice, capable de s'imposer indiscutablement dans ce long et dur championnat de 2e Division.

Mais il ne s'agit là que d'une impression et l'on doit pour l'instant accordé le plus large crédit à cette équipe dont la bonne volonté est évidente et la base technique certaine.

Bref, attendons pour mieux voir.

L'O.M. et son 4-3-3

Dans une rencontre jouée le plus souvent au pas les longs et lents travaux d'approche d'une équipe répondant laborieusement avec ceux de l'autre, l'O.M. fut trop souvent l'équipe d'un seul joueur en pointe : Casolari.

Sans doute le 4-3-3 de l'équipe marseillaise favorise-t-il et les défenseurs et les nombreux joueurs du milieu, mais il réduit l'attaque à une part vraiment trop congrue.

Nous savons trop bien que les tactiques valent ce qu'en font les joueurs, toutefois celle de l'O.M. nous paraît s'inspirer d'une prudence excessive.

Il suffit d'ailleurs que l'un des attaquants de pointe soit en petite forme - cas de Joseph hier - pour que l'équipe ressemble à un monstre au corps trop volumineux par rapport à la tête.

Hier Grenoble par son jeu très étudié mais offensif (zéro tir dans l'encadrement) fut le partenaire idéal pour cette façon de repartir les forces d'une équipe sur le terrain. Il n'en sera pas toujours ainsi.

SEJNERA, TASSONE, ESCALE...

On attendait le nouveau et ce sont surtout les anciens que l'on vit à leur avantage.

Sejnera, meilleur joueur de son équipe, Escale très sur, Tassone le plus tranchant et Lopez son stoppeur.

Parmi les nouveaux Hatchi est le plus fin footballeur, on le savait déjà d'ailleurs et Gauthier le plus actif, le plus autoritaire.

Erhardt possède de nombreuses qualités cependant il n'a rien d'un ailier d'une équipe pratiquant à la contre-attaque.

Attendons encore pour juger Béranger bouillant, dur... et assez imprécis.

Viaene, ignore encore les subtilités du métier d'arrière et Casolari, s'il n'eut pas de réussite, se démena beaucoup, parfois avec bonheur.

Dans l'équipe Grenoble, la triplette centrale Guillot, Ferrazzi et Toffoli fut à l'origine de la défaite par la lenteur et la petitesse de son jeu.

Par contre la révélation de la rencontre a été le jeune gardien Chauveau. Avec lui à l'arrière gauche Durand et l'ailier droit Pelisson se montrèrent sous un jour très favorable.

Mais vouloir jouer à la rémoise n'est-ce pas un trop lourd fardeau pour cette sympathique équipe ?

Maurice FABREGUETTES

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HATCHI signe à la 52me minute

le premier succès marseillais

Ce retour de l'O.M., au stade de l'Huveaune, ce retour aux sources comme le considère M. Leclerc, président du Comité de gestion, était attendu avec curiosité. En effet ce fut un succès qui faillit bien mettre les dirigeants locaux dans l'embarras puisque bon nombre de supporters, arrivés pourtant sur le coup de 16 heures, râlaient ferme de ne plus trouver de place à leur convenance.

Il y avait 8.500 spectateurs payants... On peut se demander ce qui adviendra lorsque, si tout va bien, le vieux stade devant recevoir 15.000 ! Enfin, il ne faut jamais bouder un succès et puisse succès il y a, réjouissons-nous-en avec tout le monde.

Précisons tout de suite que pour nous l'essentiel du spectacle se trouva autour de la pelouse, car le match lui-même fut bien l'un des ces vilains petits matches de début de saison que le public du Stade-Vélodrome trouvait si peu à son goût. Pourtant ce débat des plus calmes et sans drame et sans passions la majorité des assistants et nous en croyons nos oreilles.

Casolarie échoue...

Dès la 7e minute, l'O.M. se créa une occasion de but, ou plutôt Fossoud la créa pour Casolari qui, d'une position difficile, ne put battre Chauveau.

Peu après, il tentait sa chance de loin (11e), imité par Toffoli le Grenoblois (21e).

Escale touchait la balle pour la première fois et interceptait un centre de Pélisson qui inquiétait souvent Viaene en ce début de partie.

... et Hatchi aussi

A la 26e mn, sur l'une des rares actions "collectives" du match et à la suite d'un échange entre Casolari, Hatchi arrivait en bonne position mais Chauveau arrêtait son tir croisé.

Puis Ferrazzi (29e) et Toffoli (36e), les jeunes Grenoblois tentaient leur chance de trop loin.

Casolari se servait d'Erhardt comme puis, mais Chauveau sortait et lui enlevait la balle (40e).

On arrivait ainsi à la pause.

Hatchi marque

Les premières minutes voyaient Grenoble se livrer un peu plus, mais cela ne lui portait pas chance puisque, à la 52e mn, Béranger relançait la contre-attaque Fossoud, bien placé, ne pouvait enrayer. Hatchi, encore mieux placé, profitait de l'aubaine et Chauveau était impuissant, chaque fois.

Le jeune gardien dauphinois allait préserver l'intérêt de la rencontre en stoppant tout d'abord un tir remarquable de Tassone (57e), sur lequel il s'envola littéralement pour cueillir la balle "sans bavure".

Il s'opposa ensuite à une percée et un tir à bout portant de Casolari (59e).

Ensuite les Grenoblois s'efforcèrent de combler leur retard mais Guillot (64e), Ferrazzi (65e) et encore Guillot (73e) placèrent à chaque fois la balle à côté.

Finalement à cinq minutes de l'ultime coup de sifflet, Escale dut stopper un tir du jeune Bauda. La victoire saluait avec enthousiasme et les supporters ne regrettèrent pas leur après-midi, convaincu que l'O.M. venait d'abattre une "terreur".

Louis DUPIC

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Zatelli : "Et pourtant mes joueurs

étaient contractés !"

Il y a longtemps que nous n'avions pas vu une ambiance aussi joyeuse dans les vestiaires olympiens.

Mario Zatelli était enfin intarissable : "Mes joueurs avaient la trouillasse ! Ils étaient encore plus contractés qu'à Bastia. Il y avait le renouveau stade de l'Huveaune et l'obligation de remporter un premier succès. Grenoble a bien joué au football, c'est un peu trop latéral ! et nous avons eu de bons et de mauvais moments, mais nous avons eu plus d'occasions de buts, que nos adversaires ! Nous devons également tenir compte du fait que Joseph a été blessé et pratiquement indisponible pendant la moitié de la partie..."

Le président du comité de gestion M. Marcel Leclerc était souriant : "Nous avons pris deux points, c'est déjà quelque chose ! Il faut que l'équipe se rode, car elle est encore beaucoup trop contractée !"

Le dirigeant M. Neumann affirmait : "Grenoble est bien meilleur que Bastien, je crois que cette formation en fera souffrir beaucoup au cours de ce championnat."

Hatchi, n'était pas très prolixe : "Oh ! ce n'était qu'un match de début de saison et puis, moi, vous savez, les déclarations, ce n'est pas mon fort".

Gauthier faisait une légère moue, en nous disant : "Ce n'était pas terrible !"

Escale était radieux : "Il fallait gagner à tout prix et c'est ce que nous avons réussi à faire ! La prochaine fois, nous jouerons devant 20.000 spectateurs".

Viaene paraissait fatigué : "Il y avait un an que je n'avais plus joué en compétition. En première mi-temps, j'étais littéralement asphyxié..."

Le masseur Georges Bancal nous a indiqué que Joseph souffrait d'une crise de sciatique et qu'il devrait être mis au repos complet pendant une quinzaine de jours.

Alain DELCROIX

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BATTEUX : "Nous n'avons pas

cru au match nul"

Dans le camp grenoblois, les visages étaient tendus, sérieux.

L'entraîneur Albert Batteux, était soucieux, finalement il nous livra son opinion en ces termes :

"Ce fut moins saignant que devant le Racing ! Bien que l'O.M. ait fourni une prestation honorable, j'estime que cet O.M. était vulnérable ! En fin de partie, nous avons maîtrisé le jeu, sans croire au match nul. Ce fut une erreur capitale..."

Desgranges a analysé objectivement le match : "Ce ne fut pas une rencontre de haut niveau, les deux équipes furent handicapées par la chaleur, je crois qu'un match nul nous aurions mérité de marquer un but !"

Le jeune gardien Chauveau nous a dit à son tour :

"Dans l'ensemble, j'ai eu un peu plus de travail qu'Escale ; mais nous aurions ramené un point à Grenoble et personne n'aurait pu crier au scandale !"

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