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Résumé Le Provencal

du 20 septembre 1965

 

O.M. : C'EST LA VICTOIRE DE L'ENERGIE

REIMS, sans force de frappe, ne pouvait vaincre

le "onze" marseillais électrisé (2-1)

Une clique militaire, les joueurs sortant sur le terrain à travers ce qui est ordinairement le couloir de la cage aux fauves, quelques stupides coups de sifflet à l'adresse du matador Joseph... et aussi le soleil, le vent, des vides dans la tribune Borely, mais ses spectateurs juchés sur le mur de clôture, sur un blockaus de béton et jusque sur les toits des maisons jouxtant l'Huveaune... bref, avant que M. Tricot n'eût sifflé le coup d'envoi, ce match sentait la poudre, le derby, la corrida.

Fort heureusement, si en France tout est bien qui se terminait par des chansons, à Marseille tout s'arrange quand l'O.M. est finalement victorieux.

Un match trop chaud

Cette victoire, obtenu à l'énergie, est au demeurant très méritée.

Elle récompense, justement, l'équipe qui sut se créer le plus grand nombre d'occasions de buts et domina la plupart du temps.

Remarquons, ce qui est très agréable, que les deux buts olympiens ne durent rien à ce que l'on appelle l'ambiance. Ils furent, au contraire, fort nets et beaux.

Tout comme celui de Reims d'ailleurs.

A travers cette rencontre âpre, émaillée de trop d'irrégularités, de cette rencontre de coupe, on a cru deviner qu'il s'agissait de deux des meilleures équipes de l'actuelle deuxième division.

Mais, l'importance de l'enjeu primant la manière, les amateurs de bon football n'y retrouvèrent pas leur compte, si les supporters furent enchantés.

Ce qui n'est pas une nouveauté. Dans l'histoire du football, les rencontres trop chaudes ont rarement été du goût des puristes.

Reims et son béton

On s'est posé la question : "Reims ayant marqué le premier, a-t-il eu tort, trahissant ainsi la manière qui fit sa légende, de vouloir conserver ce mince avantage, en multipliant les défenseurs.

Sur ce match, on ne sait pas. Cependant, comme il est toujours difficile de changer de cible d'un dimanche à l'autre, nous croyons que les mauvaises habitudes prises par les Rémois, à l'extérieur, seront difficiles à perdre à domicile.

D'autre part, il nous a semblé que les équipiers de Raymond Kopa très dangereux quand ils attaquaient, commettaient de nombreuses fautes de défense, excès de précipitation, mauvaises passes, "tacles" insuffisant et souvent irréguliers... quand ils jouaient groupés devant le but de D'Arménia.

Nouvelle spécialité rémoise, le béton n'est pas encore parfaitement assimilé par les héritiers du jeu dit, autrefois, pétillant.

Un exploit de Brotons

L'O.M., pour sa part gêné par le mauvais état de la pelouse et les conditions de la partie, ne put développer convenablement son jeu ordinairement précis.

Face à une défense multipliée, les combinaisons les plus subtiles sont souvent vouées à l'échec et l'O.M. doit compter sur l'exploit individuel pour conclure.

C'est exactement ce qui se produisit.

Reims ayant marqué très joliment par Kopa (10me minute), l'O.M. entreprit avec le plus louable des énergies et un esprit de corps exemplaire de remonter cet handicap.

Les mêlées devant le but de d'Arménia succédèrent aux mêlées, les mauvaises manières aux mauvaises manières entre les joueurs sans résultat.

Et il fallut attendre la 52me minute pour voir le petit Brotons jongler littéralement avec deux défenseurs rémois et marquer un admirable but de voltigeur.

Le deuxième but de l'O.M. celui la victoire, obtenu par Gauthier, sur passe de la tête de Joseph, le matador réhabilité ne fit que concrétiser le constant avantage de l'équipe marseillaise (86me minute).

Car, en cette fin de match, l'attaque de Reims, après avoir trop couru, était passablement émoussée.

Brotons et Erhardt

L'O.M. a donc passé heureusement un cap périlleux.

On regrettera, cependant, que la plupart des joueurs des deux équipes se soient laissés prendre au jeu, au point de vouloir dresser un camarade syndiqué.

Que de pieds qui traînèrent, que de crocs, que de ciseaux, de tacles fous..., de coups défendus !

M. Tricot mérite de sincères félicitations, pour avoir courageusement fait front à l'orage.

Pour notre part, nous allons accorder deux prix :

1. Celui de la sportivité à Erhardt ; Hatchi, Kopa et Blanchard. Brotons aurait pu y prétendre, s'il n'avait sottement descendu but Guri d'un coup de ballon dans le bas-ventre, alors que le jeu était arrêté. Ce fut un incident bien sur, mais tout de même !

2. Quant au prix de l'antijeu nous l'accorderons à Bérange et à Lemenan, pour ne pas faire de jaloux.

Les meilleurs joueurs ?

À l'O.M. : Brotons et Erhrardt d'abord, Escale et Hatchi ensuite. Accessit à Casolari, Tassone et Gauthier.

À Reims, : D'Arménia, Kopa bien sur, Gori, Blanchard et Gaidoz. Grosses déception : Groschulsky.

Maurice FABREGUETTES

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BROTONS :"Nous avons

marqué trop tard"

Chez les Marseillais, les visages étaient radieux, on ne voulait songer qu'à la victoire.

M. Neumann affirmait : "Nous avons été largement supérieurs".

Tassone, qui avait reçu un coup à la jambe droite était laconique : "Ce fut dur !"

L'entraîneur Mario Zatelli disait : "Le résultat final est équitable ! Il ne faut pas oublier que nous étions menés par un but à zéro ! Nous avons fait un bon match ! Il faut souhaiter que cela continu ! Brotons à marquer un but admirable".

Gauthier résumait son opinion par ces mots : "Moi, je ne suis pas totalement content, car je n'ai pas fait le match que je souhaitais faire. En 1re mi-temps, nous avons été injustement menés au score !"

Lopez était radieux : "Les Rémois n'ont pas été souvent dangereux ! Dans le dernier quart d'heure ils paraissaient même au bout du rouleau."

Joseph nous a confié à son tour : "Ce fut dur pour moi, car il y avait longtemps que je n'avais pas joué ! Pour une reprise, j'ai été servi ! Je souffrais encore des adducteurs."

Brotons s'est montré volubile : "Nous aurions dû mener à la fin de la première mi-temps ! Nous avons marqué trop tard, s'il en n'avait pas été ainsi, nous aurions joué plus facilement, nous aurions été moins contractés, les fallait gagner à tout prix ! Il y a bien eu quelques accrochages, mais je crois sans gravité (Reims c'est une équipe qui joue bien au ballon).

Dans le camp rémois, la colère grondait :

D'Arménia s'exclamait : "Ils n'arbitrent pas ! Ils volent !"

L'entraîneur Robert Jonquet faisait remarquer : "Ce n'est pas un match ! L'arbitre avait trop la trouille ! On ne pourra pas disputer une rencontre convenablement tant qu'il y aura des arbitres dans le genre de M. Tricot ! Quand Gori a reçu un coup volontaire de Béranger, il a eu le tort de dire "Aie !". C'est parait-il interdit ! L'arbitre aurait même dû sortir le numéro quatre chez les Marseillais !

Grochulski exprimait sa rancoeur en ces termes : "Gauthier ne sait que matraquer ! Il n'y a que Hatchi qui fut correct ! Qu'est-ce que nous ayons reçu comme coups ! Cela n'a rien à voir avec le football ! Si le match s'était joué régulièrement, nous l'aurions emporté".

Gilles affirmait avec un accent méridional : "C'est une honte mais enfin on verra bien quand les Marseillais viendront à Reims ! "

Goldaz surenchérissait : "Nous n'avions pas le droit de lever même le petit doigt. Grochilski a reçu des cailloux ! Ce n'est pas très sportif."

Kopa s'efforcerait de demeurer lucide : "Si le jeu n'avait pas été gâché par l'arbitrage cela aurait mieux valu".

"Quand on s'énerve, quand on se met en colère, on ne va pas jouer convenablement. Il faut reconnaître une nette domination de l'O.M. Nous pouvions prétendre au match nul, non à la victoire ! On s'est trop cantonner en défense, on s'est contenté de défendre. Nous avons fait de même match qu'à Besançon ! L'O.M. n'avait pas besoin de l'arbitre pour gagner.

Hiegel soupirait : "Si c'est ça le football !..."

Le président Henri Germain : "Ce n'est pas du football !"

Alain DELCROIX

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(Photo Eric Betti)

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(Photo Christian Escale)

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