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Résumé Le Provencal

du 29 novembre 1965

 

FESTIVAL AFRICAIN A L'HUVEAUNE

JOSEPH (2 buts) et FIAWOO

estoquent LIMOGES (3-1)

Ce qui est vrai en musique ne l'est pas toujours en football.

Hier, à l'Huveaune, ce fut même exactement le contraire, deux noirs ayant largement valu quatre blanches.

Dès la 4me minute, le ton de ce qu'allait être la symphonie olympienne nous fut donné.

Sur un coup franc tiré par Gauthier la tête de Joseph plana nettement au-dessus de toutes les autres, Marseillais et limougeaudes, mais le ballon passa de peu à côté.

Remetter qui n'est pas né d'hier, comprit aussitôt d'où viendrait le danger. Il donna des ordres en conséquence à ses deux adjoints le grand Desrumaux et le souple Surray.

Mais allez donc arrêter Joseph et Fiawoo, ces deux athlètes du football, quand le jeu est assez aérien et simple pour leur convenir et la chance de leur côté.

Rien donc ne put empêcher le festival noir de se poursuivre et l'on allait voir la forteresse limougeaude, pourtant réputée solide, voler en éclats sous les coups de bélier répétés de nos deux sympathiques Africains.

Le Festival noir

(1er acte)

La première brèche ouverte à la 6me minute. Sur un dégagement de Remetter, Casolari jouant franchement en retrait, reprit le ballon de la tête.

Joseph devait s'en emparer presque aussitôt et son tir, en super-force, une droite à la Cassius Clay, ne devait laisser aucune chance au gardien ex-international de Limoges.

À la 15me minute, Rampant l'espoir limougeaud, se laissait subtiliser le ballon par Gauthier. Ce dernier servit Fiawoo qui fonça à la manière d'un bulldozer avant de passer à Joseph.

Lequel Joseph baptisé "Zé" par ses amis, remit, très astucieusement, le ballon dans le sens de la course de Fiawoo...

...Et ce une-deux Togo - Cameroun - Togo se termina par le lancement d'un deuxième missile absolument inarrêtable.

Le Festival noir

(2e acte et fin)

En deuxième mi-temps, sur une touche faite par Tassone, le ballon lobait Desrumaux. Notre bon Joseph était à l'affût, comme un spécialiste du Safari... et battait, imparablement Remetter une troisième fois.

Si nous ajoutons à ces trois buts un tir du pied de Fiawoo et un de la tête de Joseph, arrêtés à grande peine par Remetter, nous aurons à peu près fait le tour du travail des artilleurs olympiens.

C'est dire combien fut grande la part prise par Joseph d'abord et Fiawoo ensuite, dans le succès de l'O.M.

Le football a beau être un jeu d'équipe, d'association si vous préférez dans le cas particulier de la rencontre d'hier, deux individualités ont primé la collectivité, de manière indiscutable.

Trop mauvaise pelouse !

Ces quelques exploits ont fait que la rencontre ne nous a pas paru trop fade.

Car, par la faute du vent et d'une pelouse en piteux état, le jeu fait de grands coups de pied, de dégagements en touche et de passes ratées, fut extrêmement médiocre.

L'O.M. sentant que sa force était dans l'extrême simplicité et la force athlétique de ses deux Africains déchaînés, se borna expédier le ballon loin et haut.

Limoges, à la défense complètement affolée, essaya de ramener la balle au sol, mais sans grand résultat.

Bref, d'un côté une équipe jouant dans le style Coupe de France, de l'autre une équipe incapable d'harmoniser son jeu et surtout de trouver la bonne distance pour tirer.

Nous excuserons cependant les joueurs des deux équipes, car jouer sur la pelouse de l'Huveaune doit être un calvaire pour les meilleurs.

Gauthier toujours

précieux

A l'O.M., Escale, pour la première fois depuis longtemps, lâcha une balle et ce fut le but de Limoges.

Des quatre arrières, le plus sûr, le plus précis a été Trusas.

Au centre du terrain Hatchi, jouant à la place ordinairement tenue par Gauthier, ne fit qu'un match modeste pour sa valeur.

Incomplètement guéri, Gauthier n'en fut pas moins très utile.

Casolari essayant de jouer comme le fait Brotons, se débattit avec une bonne volonté extrême sans que ses efforts généreux soient couronnés de succès.

Les conditions du jeu ne convenaient pas du tout à Erhardt, c'est évident.

Limoges, jusqu'à son claquage, Wognin, le fin Ignace, mérita le numéro 1.

Surray le N 4 fit de l'excellent travail défensif tandis que Desrumaux paraissait lourd et raide.

Nous pensons que les deux ailiers Barret et Boucher, l'avant-centre Invernizzi et le jeune Rampant (N 10) peuvent être plus redoutable qu'ils ne le furent hier.

Remetter ne pouvait absolument rien, contre les buts marqués.

Maurice FABREGUETTES

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Un match de Coupe...

Ce furent les deux Africains de l'O.M. : Joseph et Fiawoo étonnants de puissance, de vitalité et aussi de réussite qui firent la décision.

Tout d'abord Joseph, à la 8me minute, profita d'une passe de Gauthier pour tirer une première fois, récupérer la balle est battre Remetter.

À la 35me minute, Fiawoo attaquait en force, donnait à Joseph qui lui remettait impeccablement la balle dans la foulée. Un tir terrible et Remetter était battu imparablement.

À la 6me minute, Joseph profita d'une touche longue de Tassone et d'un mauvais placement de Desremeaux pour marquer le 3me but.

Invernizzi, à la 75me minute, obtint le but visiteur en reprenant la balle lâchée par Escale sur un tir à bout portant et très dur de Barret.

Les faits marquants

10me minute : escale arrête curieusement entre les jambes et en tombant un tir de Barret.

13me : Reprise de volée de Invernizzi en plein sur Escale.

44me : Barret en très bonne position, rate complètement son tir.

63me : très bon tir de Fiawoo de 30 mètres, bien arrêté par Remetter.

73me : Coup franc de Tassone, reprise de la tête de Joseph. Remetter plonge et dévie... sur le poteau.

75e : Tir très sec de Barret au-dessus.

85me : Barret s'en va de loin. Arriver seul à proximité du but. Il tira à côté.

88e : Fiawoo donne à Joseph qui place un tir repoussé par Remetter.

Le jeu

Entre deux équipes de valeurs semblablement égale, aux ambitions identiques, l'avantage du terrain et du ballon fut un peu près partagé, de même que le nombre d'occasions de buts. Le jeu fut loin d'être académique, mais très ouvert et très rapide, ce qui explique le nombre assez élevé accrochages et les difficultés éprouvées par l'arbitre pour maintenir l'ordre.

Des deux côtés, les attaquants ne furent pas ménagés et il fallut les super costaud Joseph et Fiawoo pour que l'O.M. s'en tir à son avantage.

Curieusement, l'O.M. mena 3 à 0 devant l'une des équipes les plus redoutables vues cette saison à Marseille.

Les joueurs

Ben sûr, Joseph et Fiawoo, auteur des buts marseillaises et d'autres actions dangereuses, furent les héros du match. Joseph était dans un très bon jour et Fiawoo montra qu'il pouvait être un attaquant valable, à sa véritable place d'avant-centre.

Autour d'eux, Marseillais et visiteurs se battirent avec un acharnement particulier, et sans que personne n'émerge nettement en dehors d'un excellent Wognin et de Surray, étonnant de souplesse et de détente.

Remetter n'a rien à se reprocher malgré les buts encaissés. Rampant est un réel espoir.

Gauthier qui fut très utile, sentit, à la 10me minute, sa blessure à la cuisse se réveiller. Il se montra, on le comprend assez prudent par la suite. Wognin, lui, abandonna toute activité à un quart d'heure de la fin, souffrant d'une hernie.

L'arbitrage

Nous parlons assez rarement des arbitres. Si nous le faisions pour M. Steiner, c'est parce qu'il fut violemment pris à partie par le public à la suite de fautes sanctionnées contre des joueurs marseillais. Le match était très heurté est difficile à diriger. L'arbitrage de M. Steiner n'eut aucune influence sur le résultat final et il n'y avait donc pas à faire autant de bruit.

Le public

Moins nombreux que d'habitude (5.479 spectateurs pour 45.235 fr. de recette), il se montra exceptionnellement violent.

Lorsque Sejnera passe un croc-en-jambe à un adversaire, comment le spectateur peut-il trouver anormal que l'arbitre siffle coup franc ? Nous avons entendu quelqu'un dire à un agent de police : "Tire lui donc une balle dans la tête !"

Et peut-être ne plaisantait-il pas !

Le terrain

Après avoir rompu quelques lances avec M. Leclerc au sujet de l'exiguïté du stade de l'Huveaune, nous ne voudrions pas lui chercher querelle pour la pelouse, d'autant plus qu'il n'y peut rien pour le moment.

Mais il faut bien dire qu'elle est épouvantable, pelé par endroits, bosselée en d'autres et fort incertaine aux parties herbeuses. Il ne fait pas bon jouer ailier à l'Huveaune ! Boucher et Barret ne nous contrediront pas.

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BLONDEL :

"L'O.M. méritait de gagner"

Dans le camp limougeaud, la défaite n'avait pas engendré la mélancolie.

Entraîneur Blondel nous dit sur un ton joyeux : "Même en 3me division chez les amateurs il n'existe pas un terrain aussi mauvais que celui de l'Huveaune. Chez nous, nous l'utiliserions même pas pour faire paître nos boeufs, tout juste des chèvres ! Cet après-midi, il y en avait beaucoup sur le terrain. Mais l'O.M. méritait de gagner !"

Wognin constatait avec le sourire : "Même en Afrique il y a pas un terrain aussi mauvais".

Noureddine nous fit remarquer : "Nous avons eu peut-être plus d'actions dangereuses que les Olympiens mais nous n'avons pas su en profiter".

François Remetter nous confia à son tour : "Il ne faisait pas chaud sur la pelouse. Les buts marseillais n'ont pas été la conclusion d'actions d'ensembles, mais ils ont été réussis à cause d'erreurs commises par notre défense. Si nous avions eu un bon noir dans notre équipe, nous aurions peut-être égalisé ! Je crois que l'O.M. devrait jouer au Stade Vélodrome et non sur ce terrain pelé ! Evidemment il y a la question du public, mais ce n'est pas lui qui marque les buts !"

Desremeaux soulignait enfin : nous avons été handicapés par la blessure de Wognin qui est atteint d'une hernie."

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GAUTHIER :

"Et maintenant Forbach"

Chez les Marseillais, joueurs et dirigeant exultaient.

Mario Zatelli était radieux : "Je suis content du rendement de mon l'escadron noir ! Vous avez vu notre troisième but !"

Tassone était ravi : "Depuis le commencement de la saison, nous avions décidé de marquer à la suite d'une touche, mais nous ne l'avions jamais essayé ! Cette fois-ci cela nous a réussi !"

Escale poussait un profond soupir : "Nous avons enfin renoué avec le succès. Ce n'est pas trop tôt".

Gauthier songeait déjà à l'avenir : "C'est deux points sont les bienvenus, mais à présent nous devons vaincre Forbach ! "

Joseph nous montra sa satisfaction par ces mots : "Ca a bien marché, mais moi, je me trouve plus à l'aise quand je suis au centre qu'à l'aile ! Je peux mieux foncer, j'ai marqué deux buts, mais j'ai eu deux autres occasions qui auraient pu faire mouche".

Fiawoo, après avoir été félicité par Jean Robin, s'écria : "Ca m'a fait chaud au coeur de marquer".

Le masseur Édouard Moroni nous indiqua que Gauthier avait reçu un coup sur l'emplacement de son ancienne contracture à la cuisse.

M. Neumann tempêtait : "Le délégué, parce qu'il a reçu trois petits gravillons, veut faire un rapport contre nous, alors que nous, nous avons reçu des bouteilles de bière à Boulogne, sans pouvoir dire quelque chose ! Enfin, nous avons gagné et bien gagné, c'est l'essentiel !"

Alain DELCROIX

 

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