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Guet-apens pour Zatelli

STRASBOURG-OM 10 mars 1946 : les Olympiens reçus avec des pierres, l'attaquant olympien exclu puis passé à tabac par des policiers aux vestiaires, lourde défaite. Amende avec sursis pour le Racing

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Triste jour pour le football. Ni le premier, ni le dernier. Mais avec le recul, quand on se rappelle le contexte, neuf mois seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale, les incidents de ce Strasbourg-OM sont à vous dégoûter du foot et de l'âme humaine. "Après un match qui s'est déroulé dans une ambiance surexcitée, sous un ciel gris et bas qui semblait lécher les plaies encore béantes dues à la guerre, Strasbourg ne donne pas l'impression d'une ville où viennent de se dérouler des incidents sportifs. Cependant l'OM était attendu dans une certaine fièvre", écrivait Louis Gaiffe, l'envoyé spécial du "Soir".

Le match aller à Marseille ayant été lui-même émaillé d'incidents, le retour à La Meinau avait commencé par des jets de pierre sur les joueurs olympiens, une ambiance surchauffée devant une affluence record de 15 000 personnes.

La dépêche d'AFP de mars 1946 est vraiment informative et sans commentaire : "Ce ne fut pas une belle partie, trop d'incidents la marquèrent. Strasbourg avait été mal reçu à Marseille ? On le dit. Marseille fut mal accueilli ici. Dès la dixième minute, Zatelli et Mattéo en viennent aux mains. Les deux équipes se portent au secours de leur équipier. Les deux antagonistes furent mis sur la touche."

 

Le compte rendu du "Soir" est beaucoup plus riche, évoquant l'intervention de la police dans la surface de réparation pour séparer les belligérants avant la reprise du match à dix contre dix, avec une très nette domination alsacienne ponctuée par un but de Wöhl, alors que Pardigon, le gardien olympien, avait jusque-là réussi à repousser tous les assauts.

Frappé dans les vestiaires

C'est en rentrant aux vestiaires à la pause, que les joueurs de l'OM trouvèrent Mario Zatelli sans connaissance et le visage tuméfié. "Les policiers chargés de ramener Zatelli aux vestiaires, faisant leurs les griefs de la foule, l'avaient passé à tabac", écrivait quelques jours plus tard "Le Provençal".

De fait, les joueurs de l'OM refusèrent d'abord de reprendre le jeu, avant de se résoudre à le faire, par peur de représailles de la foule menaçante. C'est en toute logique, et malgré la défense acharnée de Bastien, Gallian, Avellaneda, Dahan ou Scotti, que l'OM encaissa deux nouveaux buts en seconde période.

"Écoeuré du véritable guet-apens dont l'OM a été l'objet à Strasbourg, Paul Wartel, l'entraîneur olympien, a adressé un rapport à la fédération sur les incidents violents qui émaillèrent le match", rapporte encore "Le Soir".

 

Trois jours plus tard, l'OM adressait une plainte au procureur de la République, alors que la délégation marseillaise avait encore été agressée à l'Hôtel Métropole de Strasbourg.

Une amende avec sursis !

"On comprend les hésitations de Mario Zatelli, couvert de pansements et gêné dans son travail de patron de bar. Se faire casser la figure pour un prix aussi dérisoire tout en conservant une étiquette professionnelle ne représente aucun intérêt. Ne vaut-il pas mieux rester chez soi ou comme le dit Zatelli, se livrer au sport en pur amateur ?" écrivait alors "Le Méridional".

Le surlendemain, le Groupement des clubs professionnels suspendait Mattéo pour deux matches, Zatelli et Dard pour un match, le RC Strasbourg écopait de 10 000 francs d'amende avec sursis (!) et de l'obligation de rembourser les frais médicaux de Mario Zatelli. Après appel de l'OM, Zatelli allait lui aussi obtenir le sursis.

"Jugement lamentable : une amende avec sursis, ça ne veut rien dire", commentaient les journaux marseillais. Effectivement...

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

 

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