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En 1924, la première coupe pour l'OM

SETE-OM 13 avril 1926 : À jamais le premier club de province à gagner la coupe de France, le 13 avril 1924. Des dizaines de milliers de supporters font la fête au retour, de la gare jusqu'à Castellane

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Le 13 avril, c'est un peu tôt pour une finale de coupe de France, surtout si on compare avec la saison actuelle où cette apothéose risque de survenir en juillet. Mais dans les années 1920, les saisons étaient beaucoup plus courtes.

Le 13 avril 1924 est donc un grand jour dans l'histoire de l'OM : celui de la conquête de son premier trophée. Et le 15, celui du premier défilé dans les rues de Marseille, avec le football pour prétexte. Des dizaines de milliers de Marseillais ont attendu à la gare Saint-Charles le retour des héros, en majorité nés dans la ville, sauf les deux buteurs, comme nous allons le voir.

Le grand escalier de la gare déverse des torrents de gens, joueurs et supporters mêlés. Les premiers portent un costume trois-pièces et ôtent leur chapeau pour saluer leur public qui les transporte, au propre comme au figuré. Ils sont hissés sur des épaules pour être posés dans des véhicules ornés de bleu et de blanc qui les conduisent jusqu'à la place Castellane où l'OM a son siège.

L'OM est considéré comme champion de France, car dans ce foot amateur, le championnat n'existe pas encore, il y a juste des divisions d'honneur régionales, dont les quatre ou cinq champions se disputent au mois de mai le titre national dans une poule finale. C'est la coupe de France qui fait les héros et les Olympiens sont à jamais les premiers de province à venir briser l'hégémonie parisienne.

Deux Titis parisiens

L'Olympique de Pantin, les CA Sports Généraux, le CA Paris, puis le Red Star par trois fois se, sont partagé les victoires depuis 1917. Alors, est-ce cette fin du règne parisien, le style résolument défensif de l'OM qui gagne cette finale en contre ou le fait que les deux buteurs de l'OM sont des "titis" venus de la capitale ? Toujours est-il que le contraste est saisissant entre les critiques et les sifflets qui accompagnent le succès marseillais au stade Pershing et la fièvre olympienne qui envahit Marseille et dont la ville ne sera jamais guérie un siècle plus tard.

 

Tout est parti de l'expédition parisienne de Pierre Robin, le jeune dirigeant dont le fils Jean, né en 1921, a été inscrit à l'OM avant même d'être déclaré en Mairie. Le club ayant gagné quelques sous parce que le stade de l'Huveaune a fait le plein, il a pris rendez-vous dans une brasserie de la capitale avec Edouard Crut, un attaquant (inter gauche) du Gallia Club. Ce dernier, la veille, en a parlé à son pote Jean Boyer, avant-centre des CASG puis de Choisy-le-Roy, qui a disputé les Jeux Olympiques de 1920 à Anvers et a même marqué en demi-finale pour l'équipe de France contre la Tchécoslovaquie. "Vois un peu s'il n'y a pas aussi une place pour moi !"

Un choix tactique inédit

Quand Crut popose son ami Boyer à l'OM, Pierre Robin obtient vite l'aval du club où le président d'honneur, Paul Le Cesne, les embauche comme courtiers en grains à 1 100 francs par mois (ils sont théoriquement amateurs). Une affaire en or : en coupe, Boyer signe un quadruplé contre les Scouts Gapençais, trois doublés contre Mulhouse, Dieppe et le Stade Français, Crut, qui marque pratiquement à tous les matches, ajoute un doublé en demi-finale face à Rouen. Ils sont les principaux atouts offensifs de l'OM. Ils sont même les seuls attaquants olympiens en finale. En effet, le fidèle André Gascard, qui a repris son poste d'entraîneur en cours de saison, quand l'Écossais John McLalhan est parti, choisit avant tout de défendre, persuadé de la supériorité technique du FC Cette (l'orthographe deviendra Sète en 1927).

Le demi Jean Cabassu, futur vétérinaire, dont le frère Joseph, joueur aussi, est mort en octobre, est chargé d'alimenter en bonnes ouvertures les deux avants parisiens et les autres font le reste : "Ils frappèrent, dégagèrent, centrèrent, shootèrent, exercèrent leur activité à qui mieux mieux, dépensèrent leur énergie sans ménagement, ils eurent des moments de défaillance, ils les surmontèrent, tant infatigable était leur ardeur", écrivait dans le Miroir des Sports Gabriel Hanot, le futur inventeur de la coupe d'Europe.

 

Vers d'autres lauriers

Dès la 3e minute, Subrini sert Crut qui marque d'une frappe du gauche. Après l'égalisation de Cazal, Boyer redonne l'avantage à l'OM avant la pause, "d'un shoot splendide", l'un de ses "quelques chefs-d'oeuvre intermittents", comme l'écrit encore Gabriel Hanot. En seconde période, Torta, égalise contre son camp et il faut disputer une prolongation. C'est au cours de cette prolongation que "Doudou" Crut va donner la victoire aux Marseillais, d'un coup franc très puissant que Henric, le gardien cettois, relâche dans son but.

"Que le vainqueur de la coupe de France ait subordonné le sport, l'esprit sportif, l'amour du jeu a un gain brutal pur et simple du match, est un fait certain", commente le Miroir. "Nous lirons encore des commentaires acerbes coupés de si et de mais ; pour nous, il faut chanter la gloire de l'OM, le meilleur cette année. Crut et Boyer sont parisiens, ils ont trouvé à Marseille une affectueuse amitié qui les a fait se surpasser. Votre gloire sera lourde, vous devrez maintenant vous garder de toute défaillance et recueillir de nouveaux lauriers", répond Le Soleil.

Conseil suivi à la lettre avec deux autres coupes de France pour l'OM en 1926 et 1927. Et une souscription a été ouverte pour faire fabriquer une plaque de marbre commémorant ce grand moment. Mais entre Marseille et Paris, c'était parti...

 

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

 

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