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Un baptême du feu délicat

OM-BASTUA Mars 1985 : triplé de Zanon, première pour De Bono et Bruno réclamés par Bracci

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L'OM n'allait pas bien fort en ce début de mois de mars 1985. Comme souvent les promus. Les arrivées de certains "aigles déplumés" pour reprendre la formule d'André De Rocca qui avait fortement déplu à Jean Carrieu, le président de l'époque, n'avaient rien apporté. Avec Cunningham et Ling, l'OM venait de se faire éliminer en coupe de France au Vélodrome par Valence et la voiture du président avait été fortement bousculée par des supporters insensés.

La polémique était partie. Entre le président et la presse. Mais aussi en interne. François Bracci, défenseur international, capitaine revenu aider son club à remonter, allait prendre ses responsabilités et réclamer des changements : les titularisations de Diallo, Bruno, le retour de Lopez en défense centrale, lui-même pouvant retrouver le côté gauche et la fin de la mise à l'écart de De Bono, ostracisé par l'entraîneur depuis son arrivée en septembre. Avant d'affronter Bastia, le conflit était bouillant !

Bracci monte au créneau

"Oui, j'ai passé un calvaire, se souvient Jean-Charles De Bono, qui, début mars, n'avait pas encore joué une minute ; j'avais fait une super saison en D2 mais dès que Pierre Cahuzac est arrivé, il m'a mis à l'écart. Sûrement parce que j'étais en fin de contrat, en négociations pour prolonger. Le président me proposait une augmentation dérisoire sur mon premier contrat qui n'était pas très élevé, alors que les recrues gagnaient quatre fois plus que la plupart des Minots. L'entraîneur a obéi au président. Nous n'avions pas de bons résultats, mais dans la hiérarchie, tout le monde passait avant moi."

 

 Pas vraiment fixé sur un cap, l'entraîneur a suivi les recommandations de Bracci. Et il n'aurait qu'à s'en féliciter : victoire 5-0, susceptible de réconcilier tout le monde, car Cunningham avait marqué deux buts et Zanon, réussi un triplé unique dans sa carrière. Surtout, Éric Bruno arrière droit et Jean-Charles De Bono au milieu, pour leur tout premier match de D1, avaient été excellents. "J'ai tellement souffert, que ma rage, ma révolte, étaient plus fortes que la pression. Je suis allé au bout de mes forces. Nous étions en mauvaise posture et avions besoin d'un résultat. Battre Bastia 5-0, c'était un exploit qui ne nous était pas arrivé depuis un an."

Le fameux article 34

Cela aurait dû mettre l'OM sur la bonne voie. Mais le conflit n'allait pas s'éteindre. La semaine suivante, De Bono n'était pas titulaire. Il entrait contre Tours, marquait le but de la victoire mais allait subir une nouvelle humiliation à Nancy. "Il me fait entrer à la mi-temps et me fait sortir vingt minutes plus tard; là, sur le banc, j'ai explosé, mon mal-être a pris le dessus. Je leur ai dit : "vous voyez la tour où se tient la presse ? Je vais monter et tout déballer." Ce que j'ai fait et m'a valu de me faire traiter de petit con le lendemain par le président. Je ne pouvais plus m'entraîner avec le groupe, jusqu'à ce que les joueurs fassent bloc, que FR3 vienne filmer l'entraînement et que le président me réintègre ; Cahu aussi.

 

"Contre Metz, le public scandait mon nom. Cahuzac me dit : mais pourquoi ils chantent ton nom ? Mais qu'est-ce que vous croyez ? Que je leur ai tous promis 10 francs pour ça ? Il me fait entrer, je donne une balle de but à Dewilder avant de marquer et nous gagnons 2-1."

L'OM a fini par se maintenir, mais François Bracci s'est vu suspendre en vertu de l'article 34 du règlement du club pour s'être exprimé dans les médias, victime directe de son amour du club. Et De Bono est parti en fin de saison, comme les aigles déplumés d'ailleurs. "C'est encore grâce à François Bracci à qui Didier Couécou avait demandé conseil, que j'ai pu signer à Bordeaux, car aux autres clubs qui appelaient le président pour m'enrôler, ils répondit que j'étais un petit con à mauvaise mentalité. Ma femme travaillait dans son entreprise, elle entendait les conversations... François Bracci a été un grand joueur, mais aussi un grand bonhomme envers qui je suis extrêmement reconnaissant. Il a été très courageux, pour le bien de ce club qu'il aimait."

La plus large victoire de l'histoire de l'OM sur Bastia n'avait pas eu de conséquences heureuses.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Jean-Charles De Bono >>>

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