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Le premier match après la guerre

Racing-OM : 25 août 1945, après une interruption de six ans, le championnat professionnel reprend avec une victoire de l'OM à Paris face au Racing

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La vie reprend son cours. En cet été 1945, on recommence à se préoccuper de choses futiles, on parle d'avenir, les joueurs de football renouvellent leurs contrats à l'OM : Jean Robin, Félix Pironti, Jo Gonzales, Dominique Franceschi, René Gallian. Manu Aznar se fait opérer du genou gauche dans une clinique du Prado. On envisage même de faire revenir Larbi Ben Barek de Casablanca, et l'OM, aidé de son ancien attaquant et dirigeant René Scheibenstock, entre en concurrence avec le Stade Français pour ramener en métropole "La Perle Noire".

Bref, le foot reprend comme si de rien n'était après près de six années de guerre et le 25 août 1945, à Paris, l'OM rejoue enfin son premier match de championnat professionnel face au Racing de Paris. 14 000 spectateurs ont pris place au Parc des Princes. Libres...

Seuls nos ainés ayant vécu ces années noires peuvent comprendre ce que signifiait le mot "Libération", auquel il était inutile d'ajouter quoi que ce soit. Tout y était : le territoire, les gens, les âmes, les sentiments, la parole. La reprise du foot pro en 1945-46, puis le premier Tour de France en 1947, les Jeux olympiques en 1948 allaient marquer ce retour à la normale.

Les stades réquisitionnés

À la normale, pas tout à fait, en fait, car ce premier championnat de l'après-guerre qui sera remporté par le LOSC nouvellement créé de la fusion entre l'Olympique Lillois et le SC Fives, voit l'OM obligé de disputer ses trois premiers matches à l'extérieur, avant de rester trois semaines sans jouer, car le Vélodrome est occupé par l'armée américaine.

Le stade de l'Huveaune aussi d'ailleurs. Quand les Olympiens s'y sont présentés le 23 juillet pour la reprise de l'entraînement, une cinquantaine de camions y sont garés. Marseille manque cruellement de terrains. Le Cesne, Ganay, le stade Michelet et bien d'autres ont été accaparés par l'armée américaine et Gaston Defferre, au nom du conseil municipal, a fait savoir qu'il était opposé à des réquisitions supplémentaires.

 

Mais le temps que les pelouses soient remises en état, les joueurs se préparent comme ils peuvent et l'OM joue en déplacement. On proteste un peu, mais c'est bien futile au regard de ce qui vient de se passer depuis 1940...

Pendant la guerre : un championnat tronqué

Le championnat devait débuter le 27 août 1939 mais la déclaration de guerre imminente l'a suspendu jusqu'à nouvel ordre. En décembre, ce sont des championnats inter-régionaux qui commencent, et en 1942 on a deux championnats : zone occupée et zone non-occupée. En 1943-44, le "gouvernement" de Vichy décidera lui-même de la composition des effectifs de clubs rebaptisés Marseille-Provence, Nice-Côte d'Azur, Lens-Artois ou Montpellier-Languedoc.

Seule la coupe de France conservera de la tenue et d'ailleurs, dans les palmarès officiels, ces championnats de guerre ne sont pas pris en compte, alors que la coupe oui. L'OM qui a perdu la finale en 1940, la gagne en 1943, remportant d'abord la compétition de la zone sud, avant d'affronter à deux reprises les Girondins de Bordeaux à Paris, la finale ayant été rejouée car un Bordelais, Nemeur, n'était pas qualifié. L'OM aurait dû gagner sur tapis vert mais le Colonel Pascot, patron des sports, en avait décidé autrement. Ces équipes fédérales avaient disparu à la libération. Mais l'urgence nationale n'était pas de refondre les compétitions de football...

C'est en novembre 1944 qu'avait débuté une "coupe de la Libération", par un OM-Avignon au Vélodrome. Deux championnats de zones démarrent aussi le 31 décembre, avec un OM-Lyon devant moins de 1 000 spectateurs. Mais beaucoup de joueurs manquent encore à l'appel, certains sont mobilisés (Félix Pironti est aux transmissions à Saint-Menet), d'autres, tel Jean Bastien, engagé dans les FFI, demeurent introuvables. L'OM terminera 5e de la zone sud. Les choses sérieuses ne débuteront qu'en été...

 

 

Georges Dard comme un symbole

Les Olympiens reprennent donc l'entraînement au moment où est publié le calendrier de la première saison d'une nouvelle vie. Outre l'OM et son premier adversaire le Racing, on retrouve Saint-Étienne, Sochaux, Roubaix, Lyon, Rouen, Strasbourg, Sète, Reims, le Red Star, Cannes, Lille, Metz, Le Havre, Lens, Bordeaux et Rennes.

C'est un Marseillais, un pur, qui va marquer le premier but de l'OM de l'après-guerre : Georges Dard. Il n'a renouvelé son contrat que la veille du match, et il ne joue que parce que Mario Zatelli est malade. C'est pourtant un joueur destiné à devenir une figure historique ; il a déjà disputé deux finales de coupe de France en 1940 et 1943 et il est l'un des fils de Gabriel Dard, président de l'OM dans les années 20. M.Dard a même fait planter deux platanes dans la cour du stade de l'Huveaune, qu'il a baptisés Georges et Roger, du nom de ses deux jumeaux, futurs joueurs de l'OM.

À la 30e minute de ce Racing-OM, Georges Dard, sprinter émérite, qui aurait sûrement pu faire une carrière internationale sur 100 m, échappe à son garde du corps et va lober Molinuevo, le gardien parisien. Le "marquis" Louis De Maréville doublera la mise deux minutes plus tard, prélude à un triplé, complété par Volfin et permettant à l'OM de gagner 6-2, avec un penalty arrêté par Pardigon.

C'était bien reparti, les Marseillais pouvaient se remettre à rêver : le 23 septembre, ils retrouvaient le Vélodrome et en juin 1948, l'OM serait champion de France. La vie était belle. De nouveau.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

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