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Résumé Le Provencal

du 24 février 1969

 

L'orfèvre MAGNUSSON cisèle

un nouveau numéro !

...Et l'O.M. continue

AJACCIO battu 3 à 0

En rentrant sur le terrain, par la porte des artistes, nous avons croisé les joueurs du XIII qui, eux, en sortaient.

Aurions-nous été le plus chaud des supporters de Saint-Gaudens, qu'il nous eut été impossible de féliciter les nôtres.

Ils se ressemblaient tous. De véritables statuts de boue.

On se pose aussitôt la question ?

La pelouse était-elle jouable ?

Oui ! Mais pour quel jeu ?

Pour le football tel qu'il est ordinairement pratiqué, certainement pas.

Cependant, on ne saurait donner complètement tort à l'arbitre M. Ulhen.

Dans l'esprit de ses créateurs, le football était, aussi, un sport de mauvaise saison, comme le cross-country et le rugby.

Pour ces braves gens, élevés à la dure, il appartenait aux joueurs de tirer le meilleur parti des conditions diverses de la pelouse. Quand pelouse il y avait.

Mais nous sommes en 1969, l'être humain est devenu plus douillet que ses pères et grands-pères, le football lui aussi a évolué, il tend vers une plus grande perfection technique et peut-être faudrait-il, à temps nouveau, chercher des règles nouvelles.

Le meilleur a gagné

Le match ayant eu lieu tout de même, ces regrets peuvent paraître superflus.

Nous avons donc assisté à une rencontre à la fois pittoresque et dangereuse qui, en définitive, se termina par l'indiscutable victoire du meilleur.

Son principal mérite - et on ne saurait trop en féliciter les joueurs des deux camps - est qu'elle ne fut jamais lassante.

La supériorité de l'O.M., s'exprime aisément en quelques chiffres.

La cage de l'A.C. Ajaccio fut presque constamment en état d'alerte, tandis qu'Escale ne fut menacé que par une passe en retrait d'Hodoul et d'un tir de son autre ami Marseillais Sansonetti.

Donc, pas de problème. L'O.M., en condition physique rendue encore plus éclatante par la difficulté de la tâche, a dominé la rencontre, en dépit d'une forte bonne opposition de l'A.C. Ajaccio.

La patte du maître

La rencontre terminée, Henri Lopez, le Marseillais de l'A.C.A. nous disait avec la franchise qui le caractérise : "Ce Magnusson, quel joueur ! On ne sait comment le prendre".

À notre marque : "Et avec une mitraillette ?", Il répondit du tac au tac : "Peut-être, mais il faudrait tirer très vite".

Cette petite interview prouve à quel point le Suédois posa un problème insoluble à la défense corse.

Magnusson, nous ne faisons que nous répéter - et nous souhaitons avoir à le faire longtemps encore - est bien un footballeur à nul autre pareil.

Dans la boue, marqué au millimètre d'abord par Moïse, puis par Peretti, il réussit l'exploit de garder son maillot blanc jusqu'au bout et de multiplier les performances techniques.

Charme, élégance, plus efficacité !

Un numéro de football ciselé par un grand orfèvre.

L'accident Joseph - Brucato

Il y eut, aussi, l'accident Joseph - Brucato.

Emporter par l'élan et rendu très dangereux par son poids même "Zé", se rendit coupable de ce qui ressemble, vu de haut et de loin, à une agression caractérisée.

Nous avons vu Brucato à la mi-temps. À un centimètre près, il aurait eu la jambe broyée.

Joseph n'est pas méchant et nous le savons bien.

Mais on peut être le meilleur des hommes et conduire une voiture ou jouer au football de manière dangereuse.

Attention donc !

Brucato, aussi est un charmant garçon doublé, de surcroît, d'un footballeur très correct.

À Bonnel "le coup de chapeau"

Bonnel a réussi - pour la première fois de sa carrière peut-être - ce que l'on appelle "le coup de chapeau".

Trois buts consécutifs, au cours de la même rencontre.

D'autres joueurs de l'O.M. eurent de meilleures occasions que Bonnel de tromper le courageux Iche.

Ils échouèrent, par manque de chance et de sang-froid aussi.

Joseph Bonnel a su tirer le meilleur parti des circonstances.

C'est du football aussi !

Maurice FABREGUETTES

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ALORS, BONNEL PARTIT COMME

UNE FLECHE...

Nos amis Corses ne décoléraient pas. Il est vrai qu'ils venaient de trouver au Stade Vélodrome des conditions de jeu assez défavorables, deux jours de pluie ayant transformé en marécage une pelouse qui supporte cela plutôt mal.

Le terrain était-il ou no praticable ? Nous pensons que la réponse en est fournie par le match lui-même. Il s'est joué tant bien que mal et cela suffit à la démonstration.

Le tournant du match

On peut le situer à la 35e minute, lorsque Joseph, se lançant à corps perdu vers Brucato qui voulait dégager, lui ouvrit bel et bien la jambe, à tel point qu'on dut emmener l'Ajaccien sur une civière ! Auparavant si le rapide et souple défenseur avait réussi à tenir Joseph en respect, l'O.M. n'en avait pas moins bénéficié de plusieurs occasions de buts.

Magnusson avait aux 15e et 22e minute, donné des balles parfaites à Joseph et Fiawoo.

Le premier nommé, à la 23e minute, lui avait renvoyé l'ascenseur, mais le Suédois seul devant la cage, envoyait la balle au-dessus de la surprise générale. Puis, ce fut la blessure de Brucato qui provoqua une longue interruption de la partie.

Dès la reprise, M. Ulhen, décidé à être sévère, accordant sur la gauche un coup franc à l'O.M., la balle donnée par Djorkaeff était déviée tout d'abord par la tête de Fiawoo puis de près par Bonnel, que beaucoup virent hors-jeu (43e).

Les protestations corses n'empêchèrent pas l'arbitre d'accord le point. Sur sa lancée, l'O.M. malmenait son rival... Magnusson donnait à Bonnel une balle que ce dernier ne pouvait redresser (46e) lui-même, bien servi par Fiawoo, ne parvenait pas à marquer (47e). Enfin l'excellent Iche réussissait une superbe interception sur un centre en retrait du diabolique ailier marseillais.

À la mi-temps on pouvait considérer que l'A.C.A avait limité les dégâts.

La seconde partie du match, alors que le terrain devenait de plus en plus collant, démarrait lentement. L'entraîneur corse Muro avait fait permuter Moïse et Peretti, sans que son équipe en tire un bénéfice quelconque. Et, alors, Magnusson, longtemps oublié le long de la touche, ce déchaînait.

Bonnel par deux fois

Il réussissait une extraordinaire série de feintes "promenant" littéralement la moitié de l'équipe corse, et terminant son action par un centre à ras de terre. Fiawoo laissait passer la balle pour Bonnel, qui marquait de près le second but (68e). Cette réussite marquait le début d'un véritable bombardement du but ajaccien ! Iche se distinguait en repoussant coup sur coup des tirs de Fiawoo puis Joseph (70e). Il devait ensuite plonger dans les pieds de Joseph (72e). Enfin, il contrait des tirs successifs de Lopez puis de Joseph. C'est une série de corners qui allait permettre à Joseph Bonnel de signer son "hat-trick".

Le coup de coin était donné en retrait par Destrumelle. Bonnel partait comme une flèche, récupérait la balle au milieu d'une défense surprise et allait, tout seul, marquer un très joli but qui déclenchait l'habituelle pluie de coussins et de programmes.

Un but qui donnait au score des proportions plus exactes. La seule action insulaire dangereuse se situant à la 80e minute, lorsque Sansonetti se présenta seul devant Escale, auteur d'une très jolie parade.

Louis DUPIC

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M. LECLERC : "C'est très encourageant

avant ANGOULEME"

Dans les vestiaires de l'O.M., M. Leclerc était à la fois content et mécontent :

" O quel dommage ! Le mauvais temps nous a coûté plusieurs millions.

"Par contre, l'équipe est en grande forme, ce qui est très encourageant avant notre difficile déplacement à Angoulême faire. Je crois que, sur un terrain sec, nous aurions marqué deux ou trois buts de plus".

Bonnel, le plus entouré, devait nous dire :

"Contrairement à ce qu'ont dit les Ajacciens, je n'ai pas marqué le premier but de la main, mais du pied. Peut-être étais-je hors jeu, mais je n'en suis pas sûr".

Magnusson :

du water-polo

Magnusson cherchait un mot pour caractériser ce match. Nous lui avons soufflé "water-polo". Il a souri avant de surenchérir :

"la water-polo ! Pas football ça."

Faudrait-il croire que l'aimable Roger à des dispositions aussi pour ce sport aquatique ?

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Choeur ajaccien : "Donnez-nous

Magnusson ! "

"Donnez-nous un phénomène comme Magnusson, et le résultat était inversé !", tel était le point de vue insulaire, et notamment celui du président M. Biggi. Le directeur sportif, M. Antoine Federicci estimait que le terrain n'était pas jouable et que les officiels, en pensant seulement à la recette, n'avaient pas rendu un bon service à l'A.C.A.

Les joueurs évidemment faisaient choeur, Étienne Sansonetti était plus sévère pour Joseph...

Il aurait dû s'arrêter ! Brucato, au moment où il fut touché avait déjà éloigné la balle..."

Son camarade Risso ajoutait : "Comme cela ce n'est pas difficile. On blesse son adversaire direct, et le tour est joué..."

"Quant au terrain, je suis sûr que l'arbitre aurait déclaré injouable, si nous avions mené à la mi-temps..." prétendait Georgin, amer comme tous ses coéquipiers.

Mais nous laisserons le mot de la fin à Henri Lopez, ancien olympien qui nous retenait au moment où nous allions quitter le vestiaire, et nous demander :

"Dites-moi que faut-il faire pour arrêter ce Magnusson ? Commettre une faute ? Tirer sur lui avec un revolver ? Et encore. Je crois qu'il faudrait tirer vite !"

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